#nddl: compte-rendu du débat “#intermittents et #précaires, ceux qui n’agréent pas”
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Art/cultureExclusion/précarité/chômageLuttes salariales
Touchées, c’est le mot : très vite le côté “tous concernés” a pris le pas sur le “qu’est-ce qui vous arrive ?” : la parole a beaucoup circulé et les témoignages, précieux, ont complété les questions très ouvertes. Avec, bien sûr, deux ou trois interrogations liées à la désinformation qui nous ont permis de tordre le cou aux préjugés entretenus par les médias, lesquels mènent une véritable “campagne de dépopularisation” du mouvement et ce depuis le début des années 1990 (selon les propos de C. Langeard) : déficit des annexes 8 et 10, dénonciation des privilèges, des abus, de la fraude, etc. Il a été rappelé les origines historiques de l’assurance chômage dont l’objectif premier est d’assurer socialement et dans le cadre de la solidarité interprofessionnelle (depuis 1984) les salariés qui connaissent le risque de chômage. S’ensuivirent des questions plus générales autour de l’ANI du 22 mars 2014 et de ses conséquences sur les salariés intermittents du spectacle, les intérimaires et autres salariés à l’emploi discontinu. Il a été dit que “l’ANI institutionnalisait de fait la précarité de l’emploi par une imbrication plus étroite entre deux catégories jusqu’ici disjointes : l’emploi et le chômage”, spécificité qui caractérisait jusqu’ici le régime d’emploi des intermittents du spectacle (selon les propos de C. Langeard). D’où l’importance de la convergence des luttes.
Je citerai deux moments forts : les nuances apportées par Vincent Bouchy, du Synavi, expliquant en quoi l’intermittence est un véritable symbole d’avenir de la forme que prendra le travail et donc de la précarité si on ne se bat pas pour défendre nos droits. Et un homme, médecin du travail, extrêmement touchant, nous racontant combien il voyait, quotidiennement, les drames liés à la dangerosité de certaines taches, combien il était donc primordial de maintenir, coûte que coûte, la solidarité interprofessionnelle…
Des paroles sont souvent revenues sur la notion de sectorisation, ou critiquant une forme de corporatisme peu lisible, quelque chose de l’ordre de “vous dites que vous nous défendez pour tous, mais vous feriez mieux de vous appeler simplement chômeur pour que tout le monde se sente vraiment concerné“… Le slogan “Chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, SOLIDARITÉ” était déjà passé chez quelques uns. Il y a eu aussi une curiosité du travail de lutte et d’information fait dans la foulée du mouvement de 2003 et des précédents (ainsi qu’un long applaudissement pour les artistes et techniciens bénévoles sur le rassemblement). En fait, les questions finales tournaient sur les moyens à trouver pour donner de l’ampleur et plus de “couleurs” à ce mouvement : comment accueillir les précaires dans la lutte actuelle sachant qu’il sera toujours difficile pour un chômeur de revendiquer son droit à chômer. La notion du travail elle-même, à l’aune de la notion d’activité choisie, a été sérieusement écornée par plusieurs. Celle du partage des richesses et du besoin de temps pour faire des choix de vie joyeusement abordée aussi. Et bien sûr les propositions du comité de suivi tout comme celles de la CIP IdF.
Au final, ces deux heures de débat sont passées très vite, beaucoup de sujets ont été abordés et notre complémentarité a permis d’ouvrir de nombreuses voies, entre la connaissance technique, l’analyse sociologique, la réalité du terrain des luttes et l’envie de faire bouger les lignes. De nombreux contacts ont été noués ensuite, en particulier une délégation d’Angers qui nous a confirmé son souhait d’une formation type “CIP grand ouest” pour certains évènement et l’échange de savoirs. Cela a renforcé aussi la conviction qu’il nous fallait trouver les mots et la forme concrète de cette convergence dont il était tant question ce week-end, pour s’attaquer aussi massivement à l’origine du mal plutôt que subir ses multiples attaques sur nos bases en nous divisant.
Un slogan croisé sur le mouvement des MilleVaches me semble d’une grande justesse : “Ce n’est pas nous qui détériorons ton bien privé, c’est toi qui dégrades notre bien commun.”
Côté scène et loges, d’autres temps forts ont eu lieu : banderoles, prises de paroles d’artistes, prise de parole des organisateurs (via Dominique Fresneau), distribution de l’Interluttants (ainsi que sur les différents infokiosques du site…).
Pour finir 22.000 personnes se sont croisées sur le site : des dizaines de débats, de spectacles, des centaines d’échanges et de retrouvailles, des milliers de gouttes de pluies et de sueur, et surtout une envie commune, tangible, de convergence.
Alors convergeons !
Compte-rendu écrit par ValK. et précisé par Chloé Langeard.
Photos du collectif Bon Pied Bon Oeil par ValK : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/sets/72157645608861503/
Comments
Les commentaires sont modérés a priori.Leave a Comment