Nantes, 2 février : nouvel après-midi de colère
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : AntifascismeGilets jaunesRépression
Lieux : Nantes
A Nantes, le cortège s’élance sur le Cours des 50 Otages en début d’après midi. Pour refuser les parcours imposé par les forces de l’ordre depuis des semaines, une division de la manifestation est organisée. Deux défilés pour atteindre la rue de Strasbourg. Mais la première partie est bloquée devant la préfecture, l’autre agressé par la BAC quelques rues plus loin. Réunification le long de l’Erdre, et premiers gaz. Tout le monde repart vers la Cathédrale dans une ambiance tendue, puis entre dans Bouffay. Dans les rues étroites, le cortège peut enfin défiler sans l’omniprésence policière. Slogans, bonne ambiance et détermination. Dans le cortège qui compte environ 4000 personnes, beaucoup de slogans, de pancartes et de banderoles en soutien aux blessés du mouvement.
Les CRS empêchent la fête de continuer, en bloquant l’accès à la Place Royale. Rue du Calvaire, nouveau barrage. Cette fois, les manifestants ne veulent pas se laisser séquestrer sur le Cours des 50 Otages, transformé chaque samedi en stand de tir. Salve de gaz. Nouveau départ vers Bouffay.
Une quinzaine de militants d’extrême droite, royalistes et néo-nazis, sont repérés dans le cortège. Ils appartiennent à cette mouvance raciste qui a toujours soutenu la répression, qui divise les opprimés, et qui a agressé des manifestants la semaine précédente. Ils sont éjectés par des Gilets Jaunes, sous les applaudissements. Un nervis d’extrême droite a amené des béquilles, pas pour des raisons de santé, mais pour frapper des manifestants. Il repart en courant à toutes jambes. Les fascistes se réfugient derrière une ligne de BAC qui tire des grenades pour les protéger.
La manifestation repart. Mac Donald reprend quelques coups supplémentaires. Retour sur le Cours après des charges de la BAC. La rue du Calvaire, bloquée plus tôt, est finalement envahie. L’objectif ? L’ancien tribunal transformé en hôtel de luxe de la Place Aristide Briand. Tout un symbole. Au passage, le siège de la BNP a ses grilles forcées, reçoit de la peinture. Un début de feu est allumé devant l’entrée. Le défilé n’atteindra pas l’hôtel de luxe. Les lieux réservés aux riches sont toujours bien gardés. Gaz, affrontements, et retour rue du Calvaire.
Le cortège se dissipe dans le centre-ville. Des artistes font fleurir les murs de slogans inventifs. Des banques, pourtant barricadées, sont esquintées après que des manifestants aient forcé les rideaux de fer. A Commerce, une charge très violente et concentrée de tous les effectifs de maintien de l’ordre fait plusieurs blessés graves, dont deux atteintes sérieuses au visage, à coté de l’œil et à la mâchoire. Des cafés sont envahis par les gaz. La BAC entre dans un kebab, frappe des personnes à l’intérieur, et prend le téléphone d’une personne qui filme.
Square Daviais, les manifestants restants sont repoussés vers l’ouest. Les Gilets Jaunes sont encore nombreux, mais éparpillés tout le long de la ligne de tram. Les CRS reoivent des investives de toutes parts : manifestants, passants, adolescents ou grands mères. Comme chaque samedi, des irréductibles veulent tenir la rue le plus longtemps possible. A la croisée des trams, une file de camions de CRS fait des embardées dangereuses. Elle est arrosés de projectiles. L’exaspération est manifeste. Des feux d’artifice sont tirés, comme à chaque fin de manifestation désormais. Comme s’il s’agissait de fêter une victoire : celle d’avoir mis mise à distance cette colonne de CRS.
La nuit tombe, il ne reste qu’une centaine de manifestants. Échanges de grenades et de feux d’artifice. Les derniers manifestants restants seront témoins d’une arrestation arbitraire. Une personne arrêtée par des policiers à moto, vexés d’une moquerie à propos de leur véhicule qui ne démarrait plus. Une vengeance manifeste. La soirée se prolonge autour d’un banquet, sur l’île de Nantes, dans la soirée.
Une chose est sure, la détermination reste intacte. Les manifestants restent nombreux à Nantes comme ailleurs, malgré l’adversité, et alors que plusieurs groupes de Gilets Jaunes de la région appelaient à se rendre à Paris. C’est donc un mouvement tenace qui s’enracine dans le temps. Mais il s’agit de dépasser le rituel des affrontements hebdomadaires pour faire plier le gouvernement. Pendant toute l’après-midi, une pancarte : « mardi 5 février : tous en grève » était tenue à bout de bras.
Alors, rendez-vous mardi pour la grève générale …
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- Un militant néo-nazi, accompagné d'une quinzaine de militans d'extrême droite, et équipé d'une béquille pour frapper des manifestants, est éloigné du cortège.
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- Sur le casque d'un policier de la BAC : "LE GANG LE PLUS DANGEREUX EN VILLE". Un aveu autant qu'un symbole.
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« Il s’agit de dépasser le rituel des affrontements hebdomadaires pour faire plier le gouvernement. Pendant toute l’après-midi, une pancarte : « mardi 5 février : tous en grève » était tenue à bout de bras.
Alors, rendez-vous mardi pour la grève générale … »
Décidément, vous évitez encore et toujours de réfléchir !
1) Si le « rituel hebdomadaire » n’est pas suffisant pour « faire plier le gouvernement », pourquoi y participez-vous ? Pour aller vous taper avec les flics, casser une ou deux vitrines, mettre le feu à un DAB, ce qui ne sert donc STRICTEMENT À RIEN ? Je le sais depuis longtemps, vous le constatez, mais vous continuez !
2) Vous croyez réellement qu’une grève massive se décrète ? C’est une vision complètement stalinienne de la grève, de la classe ouvrière qui se lève par décret, de la grève d’un jour qui va, si elle est « générale », faire plier la bourgeoisie.
3) La vision de la « grève générale » date d’une époque où la grève de type syndical et purement économique était capable de faire plier UN patron particulier. Là, c’est l’État capitaliste qu’il faut faire reculer, et c’est un peu plus compliqué. Rosa Luxemburg a très bien expliqué cela il y a un siècle déjà : la grève générale est une utopie irréalisable, et surtout elle refuse l’indispensable caractère POLITIQUE de la grève aujourd’hui. Ce qui compte n’est pas la « détermination » ni même le nombre, mais la compréhension de ce que le rapport de force avec la bourgeoisie ET SON ÉTAT est avant tout une question d’organisation, de discussion, de centralisation, d’unité des revendications, de mettre en face de l’État l’organisation autonome de la classe ouvrière qui se définit en tant que classe, contre l’exploitation et ceux qui en vivent. Ça a toujours fonctionné comme ça historiquement, la dernière fois c’était en Pologne en 1980, il serait temps de vous mettre un peu au courant !
Donc, hier c’était mardi, comme d’habitude l’appel syndical dans le désert a résonné creux, parce que pour l’instant la classe ouvrière n’a pas l’intention de se laisser dicter sa conduite par des syndicats qu’elle sait confusément ne pas être de son côté, et surtout parce qu’en ce moment le prolétariat réfléchit, et se confronte à l’expérience Gilets jaunes qui n’est pas du tout de son côté. Voilà où on en est. Si ça vous dit de continuer à être les porte-voix des saboteurs syndicaux, tous vendus à l’État depuis longtemps, libre à vous. Mais réfléchir n’est pas plus cher…