Revenons sur les faits du 27 juin. Ce matin-là, Nahel, 17 ans est poursuivi par deux policiers à moto. Refusant de se soumettre à un contrôle routier, il est appréhendé à bord d’une Mercedes AMG. Visé au thorax par un tir à bout portant d’un des policiers, Nahel décède des suites de ses blessures quelques minutes plus tard. L’auteur du tir mortel, un homme de 38 ans, est mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention deux jours plus tard.

Les médias nationaux n’hésitent pas à dresser un profil bien lissé pour défendre ce policier. Selon Le Figaro : «cet ancien militaire a reçu huit lettres de félicitations et une médaille de la sécurité intérieure», ainsi que deux décorations de Didier Lallement, pour le récompenser d’avoir, entre autres, réprimé les Gilets Jaunes. Une formule honorifique pour récompenser sa participation à la répression sanglante des manifestations, qui ont fait de très nombreux blessé·es, mutilé·es, ou tué·es. L’article met à mal le récit d’un acte isolé de la part d’un agent mal formé et peu expérimenté. Au contraire, il illustre le caractère systémique des violences policières meurtrières.

Suite à cette énième violence policière, des révoltes populaires éclatent dans la région parisienne avant de s’étendre sur le reste du territoire fRançais. Dans la nuit du 28 au 29 juin, elles gagnent le pays lorientais. À Bois-du-Château, un engin de chantier et un container sont détruits par le feu. Plusieurs barricades sont installées sur le bord de la route. Dans le quartier de Kervénanec, des voitures sont brûlées et des feux d’artifices sont utilisés.

Le vendredi 30 juin, quelques jeunes lancent un appel à se rendre dans le centre-ville de Lorient sur les réseaux sociaux. Vers 22H30, plusieurs groupes d’une centaine de jeunes se retrouvent vers les commerces de la Rue Faouedic et du parc Jules Ferry.

A proximité d’elleux, on aperçoit des partisans de Re-Conquête : Le Gall, Volkova, Zagradsky, Lessard. Vers 23H, plusieurs groupes se rassemblent vers le Mc’Do et tirent des feux d’artifices. Des commerces sont visés, des feux de poubelles et de terrasses sont allumés.

C’est à partir de ce moment que tout se gâte !

Que s’est-il passé ? Les forces de l’ordre, accompagné·es par d’étranges individu·es masqué·es, cagoulé·es, gants coqués, et équipé·es de serflexs, se rapprochent des jeunes. Cette milice d’une trentaine de personnes appelée «anti-casseur» par la presse quotidienne régionale semble très bien organisée et leur dispositif est rodé lors de cette soirée. Iels vont se substituer aux policiers de Lorient, ville notamment connue pour abriter 4 000 militaires de la marine nationale. Iels vont mener des interpellations, charger des dizaines de jeunes, ratonner une partie du centre-ville, et tabasser au moins une personne au sol, comme en témoigne les photos ci-dessous.

Plusieurs femmes présentes dans cette milice sortaient du groupe régulièrement. Elles incitaient les badauds qui regardaient les scènes à caillasser les policiers.

Ces derniers jours, nous avons recueillit de nombreux témoignages en ce sens :

«Deux groupes d’individus se sont formés hier soir pour former une milice, casser du ‘’bougnoul’’, et défendre la police. Nous avons vu un jeune homme se faire tabasser et rouer de coups près de la discothèque La Suite.»

«Alors bordel ouais on a assisté à une scène de fou Rue des Fontaines ! Une petite milice bien organisée qui a capturé deux ‘’casseurs’’ en mode chasse à l’homme, il les ont embarqués jusqu’aux flics. Flippant…»

Ils étaient plus clairement en collab avec la police, avec talkie et membre de la BAC qui faisaient des allers et retours entre les groupes et les flics.»

«Ils ont fait des balayettes à des p’tits aussi, ils enlevaient les chaussures des mecs et après ils se baladaient pieds nus dans Lorient.»

Rappelons qu’une milice ne peut se faire justice elle-même, elle ne peut se surbstituer aux forces de l’ordre depuis la loi du 10 janvier 1936. Pour autant, deux policiers interrogés par le Ouest-France dans un article du 1er juillet : «disent ne pas les connaître mais acceptent ce renfort inopiné (…)».

Il est donc désormais possible de procéder à des contrôles, arrestations, tabassages, et cela sans être assermenté. Cette réaction est plus que glaçante et posent des questions. Pourquoi la police lorientaise a autorisé ces exactions ? Pourquoi a-t-elle laissé faire des individu·es masqué·es, cagoulé·es, et armé·es ? Faut-il rappeler qu’une dissimulation volontaire du visage, sans motif légitime est interdite ? Ou bien cela ne vaut que pour les militantes qui défendent la justice sociale et environnementale ? L’État fRançais glisse assurément vers un régime autoritaire ou le fascisme prend place !