Depuis le début de la rébellion à propos de l’assassinat de George Floyd le 26 mai 2020, nous avons vu une énorme vague de soutien national et international au soulèvement, même face aux millions de dollars perdus à cause des pillages, des expropriations et des destructions de biens aux États-Unis. Ce soulèvement a été marqué par la mise en cendres du troisième commissariat de police de Minneapolis, la construction de la zone autonome de Capitol Hill à Seattle et l’incendie du bâtiment du département des services correctionnels à Kenosha après une nouvelle fusillade d’un homme noir non armé du nom de Jacob Blake. L’appareil répressif de l’État a repris le dessus dans cette guerre sociale, avec des milliers de manifestant.e.s de tous bords condamné.e.s à de longues peines de prison, et bien sûr, l’occupation fédérale (par des armées et polices fédérales)  de la ville de Portland.

Il existe une myriade de façons différentes d’analyser, de critiquer et de comprendre ce qui s’est passé ces derniers mois. Pour nous, il est important de choisir une méthode qui reflète notre politique. Contrairement aux textes historiques, sociologiques ou marxistes qui utilisent des méthodes pseudo-scientifiques afin de généraliser un « grand récit » des événements passés, nous espérons créer une histoire parmi d’autres à utiliser dans le projet libérateur/émancipateur. Pour ce faire, nous essayons d’utiliser des exemples spécifiques tirés des expériences subjectives des gens, tant passées que présentes, ainsi que des outils analytiques plus abstraits qui sont spécifiques au contexte américain. Comme les rébellions sont en augmentation dans le monde entier, la tendance est d’essayer de tirer des conclusions traduisibles de Hong Kong à l’Argentine, du Liban à la Grèce, et bien qu’il existe certaines caractéristiques généralisables, elles sont, dans l’ensemble, uniquement tactiques. Chaque rébellion a ses propres particularités qui la font fleurir. La généralisation de routine, par souci de précision scientifique, masque plus qu’elle ne révèle, et fait partie du projet académique impérial et colonial.

Un point monumental pour comprendre la spécificité de la lutte de libération des Noirs aux États-Unis et des relations raciales en général est formulé par Hannah Arendt lorsqu’elle dit : « Les États-Unis ne sont pas une nation… Ce pays n’est uni ni par l’héritage, ni par la mémoire, ni par le sol, ni par la langue, ni par l’origine« . Les premiers navires négriers et les camps de concentration autochtones en sont un exemple. Arendt était juif en Allemagne pendant la montée d’Hitler et, après avoir été arrêté par la Gestapo, elle a fui l’Allemagne pour finir par se retrouver aux États-Unis. Son expérience a contribué à façonner sa compréhension des États-Unis d’Amérique et de leur appareil d’État, qui semble très différent de celui d’autres pays européens qui avaient un certain type de points communs avant la formation de l’État lui-même.  Le critère de citoyenneté aux États-Unis est le simple consentement à la constitution. L’État nous rappelle constamment le caractère sacré de ce bout de papier.

 

les États-Unis sont un pays « gouverné par la loi, pas par des hommes » et cette dynamique importante illustre l’obsession à la fois libérale et conservatrice de la loi et de l’ordre, c’est la seule chose qui maintient la cohésion de la société américaine.  Pour les États-Unis d’Amérique, l’État est l’élément unificateur et le point commun. Cet ordre est façonné par l’exploitation nécessaire du travail par le capital et la hiérarchie raciale ( et sociale/genrée…) qu’il exige.

La guerre que le gouvernement américain a menée contre différents groupes : les indigènes contre le génocide parrainé par l’État, ou les esclaves et les abolitionnistes contre l’esclavage (qui a culminé avec la guerre civile) n’a jamais pris fin, avec la saisie continue des terres indigènes pour des projets d’extraction comme celui de Standing Rock, ou la poursuite du travail des esclaves avec des clauses spéciales dans le 13e amendement, permettant le travail des esclaves tant que la personne est classée comme « criminel ». Ainsi, les esclavagistes modernes connus sous le nom de police continuent leurs raids dans nos communautés, et rencontrent notre résistance.  Ce dont nous avons été témoins au cours de cette rébellion n’est pas nouveau, mais les conflits résiduels qui constituent le tissu de la société américaine.  En outre, nous pouvons constater que pour rompre définitivement cette relation de domination et de violence, nous devons attaquer l’État et permettre à nos propres relations plus libératrices de prendre sa place.

 

 

« Politique identitaire »

Parmi les nombreuses tactiques contre-insurrectionnelles et anti-insurrectionnelles utilisées pour mettre fin aux soulèvements, le renforcement de la « politique des identités » pendant les manifestations a été une méthode importante utilisée pour pacifier nos mouvements à des fins libérales et réformistes. Motivés par la culpabilité de certain.e.s Blanc.he.s et l’autoritarisme identitaire, des militant.e.s performatifs ont exigé que « les Blanc.he.s soient en première ligne », comme si leur privilège pouvait arrêter les balles en caoutchouc, ou les exigences plus anodines des dirigeant.e.s noir.e.s autoproclamé.e.s de n’utiliser que des tactiques non violentes pour atteindre tous les objectifs politiques. La mythologie libérale de l’ère post-droits civils a construit un archétype de l’acteur politique authentique. Cet acteurice est modelé.e sur les personnes les plus acceptables pour l’État, les résistant.e.s non violent.e.s qui cherchent à se réformer.  Henry David Thoreau et le Dr Martin Luther King dans le contexte américain sont l’épine dorsale de cette forme modélisée d’action politique acceptable.  Selon Thoreau, « Sous un gouvernement qui emprisonne injustement toute personne… la vraie place d’un homme juste est aussi une prison« .  En pratiquant la désobéissance civile non violente, Thoreau et King acceptent tous deux la logique étatiste (de l’État)  et de ses prisons. La politique identitaire a brouillé les pistes entre l’identification à un groupe systématiquement opprimé et la prescription des actions à prendre pour mettre fin à cette oppression. Il n’y a pas de relation inhérente entre ce que vous êtes et ce que vous faites, c’est un acte de volonté.

L’utilisation actuelle de la politique d’identité est le maintien de l’identité (qui peut et ne peut pas agir en fonction de qui il/elle est) et par extension le maintien de l’ordre sur ce à quoi ressemble une action politique acceptable. Cela explique pourquoi celleux qui agissent en dehors de ces limites de comportement sont qualifiés de « blanc.he.s » ou d' »agitateurices extérieur.e.s », indépendamment de la personne qui mène effectivement ces actions.

Raoul Vaneigem a observé de manière succincte que « le rôle est une forme de comportement modèle… L’accès aux rôles est assuré par l’identification. Le besoin d’identification est plus important pour la stabilité du pouvoir que les modèles auxquels on s’identifie« . La police de l’identité est un élément crucial de la réification des rôles au sein du pouvoir.

 

Avant la première nuit de grands bouleversements à Oakland, le 29 mai, 2020, la leader noire autoproclamée d’Oakland, Cat Brooks (qui est en fait (maintenant) de Las Vegas) a dénoncé la manifestation via Twitter avant même qu’elle n’ait lieu :

  •     « Laissez-moi être clair : les blancs n’ont pas le droit d’utiliser la douleur noire pour justifier la réalisation de leurs fantasmes d’émeute. Ce qui se passe à Minneapolis, c’est la Rébellion des Noirs. Ça ne peut pas être fabriqué et on ne va pas remonter le temps à Oakland. Ne me faites pas descendre de cette montagne, s’il vous plaît.»

 

Ces sentiments ont été répandus  par les autoritaires et les chefs d’État récupérateurs pendant la rébellion dans toutes les villes des États-Unis. Si Cat avait été sur le terrain et non « sur la montagne » le premier jour de la rébellion, elle aurait été témoin de ce que nous voyons dans la rue depuis la rébellion d’Oscar Grant.  Une multitude multiethnique se rassemblant comme une allumette et de l’essence, l’étudiant et le résident du projet se tenant côte à côte pour surmonter spontanément, toutes les divisions imposées par la société, pour allumer un feu qui ne s’éteint jamais.

La nuit suivante, après de violentes émeutes, des dirigeant.e.s ont tenté de rétablir la paix et le contrôle en appelant à un sit-in de manifestation au coin de la 14ème et de Broadway. Des milliers de personnes ont inondé les rues et se sont assises à un carrefour pendant plus d’une heure pour écouter des discours et sont finalement rentrées chez elles.  Le bon ordre avait été rétabli.

 

S’il est vrai que la « rébellion multiethnique a réussi à surmonter spontanément les divisions raciales codifiées » pendant les premiers jours de la rébellion, il vaut la peine d’explorer plus avant, les types de relations entre les abolitionnistes insurgé.e.s dans l’histoire des États-Unis pour nous donner des exemples sur la façon dont cela pourrait être fait, et ce dont la rébellion multiethnique à long terme est capable. Le dernier mouvement en faveur de l’abolition aux États-Unis a dégénéré en guerre civile, les ancien.ne.s esclaves et les abolitionnistes menant la charge. La relation entre Harriet Tubman et John Brown en est la meilleure illustration. Ils se rencontrent pour la première fois le 7 avril 1858 pour planifier le raid sur Harpers Ferry, qui cherche à s’emparer d’un arsenal militaire de Virginie occidentale afin d’armer les esclaves du sud pour déclencher une insurrection d’esclaves. Leur première rencontre, notée par l’historien Phillip Thomas Tucker, est exemplaire : « l’important à plusieurs niveaux était le fait que l’expertise du monde radical noir – sous la forme de Harriet Tubman en l’occurrence – se réunissait au bon moment et au bon endroit avec le monde radical blanc (les abolitionnistes du Nord, tels que John Brown les personnifie le mieux) ».

Au moment où ces deux humains se sont rencontrés, ils se connaissaient déjà de réputation, Harriet Tubman ayant libéré plus de 300 esclaves grâce au « chemin de fer clandestin », et John Brown étant connu à l’époque pour avoir libéré des esclaves dans le Missouri en utilisant des tactiques de guérilla et notamment pour le meurtre de 5 colons pro-esclavagistes dans le territoire du Kansas. Leur relation a créé « un lien profond… l’une des relations les plus uniques de toute l’Amérique, composée de deux individus remarquables… Un homme blanc et une femme noire étaient complètement unis dans un même esprit en ce qui concerne leur guerre sainte et leur mission, qui ont surmonté les différences de race et de sexe dans une relation symbiotique tout à fait unique qui était extrêmement rare en Amérique en 1858 ». Sans ces deux personnes, l’abolition de l’esclavage aux États-Unis n’aurait pas été possible, les Noirs et les Blancs étant unis dans un même but : l’abolition.

Un exemple plus contemporain de rébellion multiethnique peut être tiré du système de plantation moderne, la prison. En Californie, à la prison d’État de Pelican Bay en 2011, le collectif Short-Corridor a été formé et, 3 ans plus tard, il a entamé la grève de la faim dans les prisons de l’État de Californie, à laquelle ont participé 29 000 détenus dans les prisons de l’État de Californie :

  • «Les créateurs du Collectif Corridor ainsi que les meneurs de la grève sont Todd Ashker, Arturo Castellanos, Ronnie Dewberry et Antonio Guillen. Chacun des leaders était prisonnier au sein du SHU (Security Housing Unit) de la prison de Pelican Bay, Ashker étant membre de la Fraternité Aryenne, Castellanos appartenant au gang de rue Florencia 13 de Los Angeles, Dewberry faisant partie de la Black Guerrilla Family, et Guillen du gang Nuestra Familia.»

La grève visait à « mettre fin à l’isolement cellulaire de longue durée, aux punitions de groupe, à une alimentation meilleure et plus nutritive, ainsi qu’aux politiques d’identification et de traitement des membres de gangs suspects ». Au cœur de certaines des conditions d’oppression les plus dures du monde moderne, ces prisonniers ont trouvé dans la solidarité la seule arme entre des groupes très différents pour riposter au système carcéral. Un moyen d’atteindre un tel objectif a été imprimé dans leur déclaration « Accord pour mettre fin aux hostilités » :

  •     Par conséquent, à partir du 10 octobre 2012, toutes les hostilités entre nos groupes raciaux… dans les prisons de SHU, Ad-Seg, de la population générale et de comté, cesseront officiellement. Cela signifie qu’à partir de cette date, toutes les hostilités entre groupes raciaux doivent prendre fin… et si des problèmes personnels surgissent entre des individus, les gens doivent faire tout leur possible pour épuiser tous les moyens diplomatiques pour régler ces différends ; ne laissez pas les problèmes personnels et individuels dégénérer en problèmes de groupes raciaux !

En tant que révolutionnaires et abolitionnistes, nous devons prendre exemple sur ces braves combattants de la liberté. Les divisions raciales imposées dans le système carcéral sont exemplaires des divisions qui existent dans toute la société. Les mécanismes de répression et de division ne sont pas aussi clairs à l’extérieur d’une cellule.

  •     Un grand juré de l’affaire Breonna Taylor s’est présenté pour dire que les jurés n’ont « jamais eu l’occasion » de délibérer sur les accusations d’homicide. Comparez cela avec le discours de l’AG Daniel Cameron sur le RNC pic.twitter.com/6inPJnP20i  – NowThis (@nowthisnews) 20 octobre 2020

À ce stade, nous devons porter notre attention sur deux exemples qui nous aident à comprendre et à résister aux mécanismes de division hiérarchique qui sont ancrés dans le langage de la politique identitaire. Après l’annonce de la décision du Grand Jury par le procureur général du Kentucky Daniel Cameron dans le cas de Breonna Taylor, l’organisatrice et activiste Tamika Mallory a fait une déclaration sur le verdict qui met en évidence une nuance dans la politique identitaire dont on parle rarement, déclare-t-elle :

    Alors que je m’allongeais, pleurais et souffrais pour Tamika Palmer, pour Breonna Taylor, pour Kenny Walker… J’ai pensé à lui (Daniel Cameron) disant qu’il est un homme noir – j’ai pensé aux navires qui sont allés à Fort Monroe et à Jamestown avec notre peuple à bord il y a plus de 400 ans, et au fait qu’il y avait aussi des hommes noirs sur ces navires qui étaient chargés d’amener notre peuple ici. Daniel Cameron n’est pas différent des traîtres qui ont vendu notre peuple en esclavage et qui ont aidé les hommes blancs à capturer notre peuple. Vous avez été utilisé par le système pour nuire à votre propre mère noire, nous n’avons aucun respect pour vous, aucun respect pour votre peau noire, parce que tous nos skin people ne sont pas de notre famille.

Tamika nous montre la continuité historique entre le passé et le présent, entre les « vendus » noirs des navires négriers et le procureur général noir qui est complice du meurtre de Breonna Taylor. Tamika jette temporairement le regard sur les actions de Daniel Cameron telles qu’elles sont et pour qui elles servent, et révoque sa capacité à utiliser son identité pour se cacher derrière sa lâcheté. Ce sont les actions de Cameron, et non son identité, qui font de lui un serviteur de la suprématie blanche.

  •     Lettre d’Idris Robinson à Michael Reinoehl : « Le triste fait est que tous ceux qui sont de notre côté prétendent attendre le prochain John Brown, mais quand il apparaît enfin devant nous, nous faisons plutôt la queue pour le rejeter à l’unanimité. » https://t.co/wUoBLmgIvr   – Wendy Trevino (@prolpo) 24 octobre 2020

Les groupes armés suprémacistes blancs ont fait de plus en plus d’apparitions en décrétant ou en menaçant d’utiliser la violence partout aux États-Unis en réponse aux soulèvements pour la libération des Noir.e.s. Des manifestant.e.s de droite ont tiré sur des foules de manifestants du BLM, Alan Swinney des Proud Boys a été vu en train de pointer une arme sur des manifestant.e.s, et Kyle Rittenhouse, un jeune suprémaciste blanc de 17 ans, a tiré sur trois personnes et en a tué deux lors d’une marche à Kenosha, dans le Wisconsin.
A Portland, Oregon, après plusieurs semaines de manifestations suite à l’assassinat de George Floyd, le 29 août 2020, dans un acte de solidarité révolutionnaire, l’antifasciste Michael a tiré sur un suprémaciste blanc armé, Aaron J. Danielson, et l’a tué. Reinhold a réalisé une interview sur le meurtre sur VICE. Il admet avoir tué Danielson comme un acte de légitime défense et déclare dans l’interview : « J’aurais pu rester assis là et les regarder tuer un de mes amis de couleur. Mais je n’allais pas le faire ». Une semaine plus tard, le 3 septembre, Reinoehl a été assassiné par le FBI et les US Marshals. Ces deux exemples montrent l’abandon de l’utilisation de l’identité pure comme facteur déterminant de l’action. Cameron, le procureur général qui aurait dû soutenir Breonna Taylor en tant que Noir, a choisi de servir la suprématie des Blancs ; Michael Reinoehl, qui est un bénéficiaire du « privilège blanc », a sacrifié sa vie pour être solidaire de personnes de couleur.

Dans la quête de la politique identitaire pour trouver les plus opprimé.e.s, nous faisons le tri entre les différentes formations identitaires à la recherche de l’acteur de changement le plus authentique. Mais comme l’a souligné Frantz Fannon, l’écrivain algérien spécialiste de la décolonisation, la décolonisation et la libération sont des processus dans lesquels l’action définit et crée un nouvel être humain :

  •     La décolonisation ne passe jamais inaperçue, car elle influence les individus et les modifie fondamentalement… Elle fait naître un rythme naturel, introduit par de nouveaux hommes, et avec lui un nouveau langage et une nouvelle humanité.

Conclusion

Cette compréhension est de la plus haute importance et souligne simultanément les lacunes de la politique fondée sur l’identité.
Loin de son origine dans le « féminisme noir » de la fin des années 1970, la politique identitaire américaine se concentre aujourd’hui principalement sur les comportements et les attitudes individuels, reflets des privilèges et de l’oppression sociale.
Le fait d’élever les comportements individuels au rang de seules représentations de l’oppression signifie un recul par rapport à la politique et aux conditions matérielles de l’oppression elle-même.
En se disputant pour savoir « qui est autorisé à brûler le poste de police » avant d’allumer une seule allumette, de nombreux militants, organisations à but non lucratif, ONG et politiciens vivent en déclarant continuellement que leur type d’action est authentique et efficace, alors qu’il est tout sauf cela, pour ce faire, ils s’appuient fortement sur la représentation et la médiation de notre haine légitime de ces systèmes.

Les théories de la politique identitaire nous conviennent pour comprendre la hiérarchie raciale hégémonique et l’identité, mais commettre l’erreur de leur permettre de nous essentialiser toustes et de nous définir dans notre totalité ne fait que renforcer le pouvoir, en refusant les nouvelles constructions et formations d’identité et de solidarité par la lutte.
Nous devons commencer à nous évaluer les un.e.s les autres sur la base de ce que nous faisons, et pas seulement sur ce que nous sommes perçu.e.s comme étant.
Si nous croyons en un changement social radical, nous devons également croire que les individus sont capables de changer radicalement. Reconnaître que les actions menées dans les rues ces derniers mois ont déjà fondamentalement changé les personnes qui ont participé au soulèvement. Ce qu’on attend de nous maintenant, c’est la capacité de rendre ces changements lisibles pour nous-mêmes en ouvrant notre compréhension de qui sont les participant.e.s à cette lutte pour la libération collective.