Depuis 1995, la commune vendéenne souhaite faire construire un port de plaisance, synonyme d’après eux de création d’emploi et d’augmentation du tourisme. Un projet qui a évidemment fait des vagues, principalement pour des raisons écologiques compréhensibles.

Que ce soit le projet ou les arguments des deux camps… nous avons passé un coup de fil à la Communauté de Communes puis à ses opposants. Nous avons tenté de joindre la Préfecture, qui nous a redirigé vers le Bureau des Communications inter-ministérielles que nous n’arrivons pas à joindre pour le moment.

Si vous n’étiez pas tout à fait au point sur la situation politico-environnementale de Brétignolles-sur-mer, on fait le tour pour vous aider à comprendre ce qu’il s’y passe réellement.

Le projet

Ce projet de port de plaisance a tout d’abord été envisagé en 1995. Sensé être construit initialement sur le spot de la Sauzaie, c’est en 2002 que la municipalité a décidé de redéplacer le projet sur le site de la Normandelière car une base nautique y est déjà existante. Directeur général des services de la communauté de commune du pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Jérôme Denéchau nous a précisé : « une consultation de la population est demandée en 2003 et les avis sont favorables ». 

« Cependant, l’enquête publique menée la même année a émis 7 avis défavorables » pour 4 arguments principaux :

– Une ferme bio se trouve sur le site
– Il y a un risque d’impact de la zone humide (marais Girard)
– Les finances de la commune sont insuffisantes
– Il y a une possibilité de fouilles archéologiques sous la dune.

En 2015, le projet est révisé et relève dorénavant de la compétence de la Communauté de Communes du Pays de St Gilles La Croix, et non plus de Brétignolles-sur-Mer. La Communauté a retravaillé le projet en veillant à corriger les caractéristiques contestées en 2003.

« Une seconde enquête publique, rassemblant près de 8 000 avis,  est menée en 2018. Sur ces avis, 53% sont favorables au projet ».

Suite à cette nouvelle enquête, 4 avis favorables sont émis ainsi qu’un non-favorable. Toujours selon la Communauté de Communes, « l’avis défavorable a été émis car il n’était pas en accord avec les mesures compensatoires, jugées trop nombreuses et qui demanderaient trop d’expropriations. Les mesures compensatoires avaient pour but de recréer un peu plus loin et artificiellement les zones littorales détruites pour le projet ».

Le préfet de Vendée a signé, le 16 juillet 2019, la Déclaration d’Utilité Publique (nécéssaire à la mise en oeuvre d’un tel projet). 

Les sujets de discorde

Les opposants au projet mettent en avant principalement des arguments écologiques. D’après ces derniers, la construction de port  serait tout simplement « illégal », pour des raisons notamment de non-conformité à la loi littoral.

D’après Franck Boutet de l’association locale La Vigie : « ce qui est légalement contestable, c’est la zone des 100 mètres qui figure dans la loi littoral, mais aussi et surtout l’espace remarquable ». 

L’espace remarquable, c’est un espace littoral considéré comme sensible et devant être protégé car il présente des caractéristiques remarquables, de patrimoine naturel et/ou culturel du littoral. Selon le code de l’environnement (code mis en place en 2000), il est nécéssaire à l’équilibre biologique environnant.

Autre désaccord, celui concernant le sort d’une ancienne carrière de 340 000 m³ pour y former la zone d’activité, alors qu’elle est devenue « une réserve d’eau brute connectée aux eaux sous-terraines ».

Cette zone se verra vidée, rebouchée puis surélevée. La zone de loisir qui se développera autour du port de plaisance demande elle aussi d’important travaux qui viendront, en plus d’empiéter sur une zone naturelle, dénaturer le paysage. D’autant plus que 4 bassins devront être creusés dans les champs pour y accueillir les voiliers.

À ce sujet, la Communauté de Communes, via Jérôme Denécheau, répond que « les géologues qui sont venus inspecter le site ont déclaré qu’il s’agissait majoritairement d’eau de pluie qui ne serait donc pas exploitable, ni même rentable d’exploiter ».

De plus, toujours selon la Communauté de Communes, boucher la carrière avec de « l’argile, du sable, de la terre végétale, c’est-à-dire des matériaux non-polluants va permettre de s’assurer que la nappe phréatique ne risque rien et ne peut pas être modifiée, ni même s’effondrer ».

Mais l’impact n’aura pas lieu uniquement dans les terres mais bel et bien aussi sur le littoral.

La dune surplombant les deux plages principales sera quant à elle coupée en 2 sur une longueur de 150m. Alors que cette même dune est victime d’érosion, elle sera partiellement détruite. Avec l’amputation de cette dernière, c’est toute une partie de la Zone Naturelle Ecologique, Faunistique et Floristique qui serait détruite, ainsi que toutes les espèces qui y vivent. 

Concernant la dune, la Communauté déclare : « nous avons conscience de la destruction de plus de 5 000 m² de dune ainsi que de la biodiversité qui s’y trouve mais nous sommes actuellement en train de prélever les espèces pour les réimplanter dans un nouvel espace de compensation plus dans les terres ».

D’après la Communauté de Communes, la question du marais Girard qui posait problème en 2003 est partiellement réglée. « Le projet a été déplacé le projet plus au Sud afin de ne pas s’étendre sur la totalité du marais ».

De même que la question de la ferme biologique. L’exploitant de l’époque « a vendu son terrain à un promoteur immobilier car il avait d’autres projets. Il est donc parti de lui-même. Puis la Communauté a négocié avec le promoteur en lui expliquant qu’il ne pouvait rien faire sur ce site là ».

Enfin, si les opposants remettent en question le financement du projet, la Communauté affirme que sa mise en oeuvre « ne coûtera rien au contribuable ». À vérifier.

Toujours d’après la Communauté de Communes, la question des vestiges archéologiques aurait elle aussi été réglée. « La commune a demandé à la DRAC d’anticiper la réalisation des inventaires. Ces derniers ont été réalisé par l’Institut Nationale des Recherches Archéologiques Préventives. Cette dernière préconise 2 endroits à coder au moment de la réalisation de travaux ». 

Les associations

Près de 70 recours ont été déposés par diverses associations. Parmi ces associations, La Vigie, mais aussi la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) ou encore Surfrider Foundation. Ces recours viennent majoritairement remettre en question les arguments utilisés par la Communauté de Communes.

Toutes les associations environnementales mobilisées contre ce projet contestent l’aspect « naturel » et vert de ce dernier, aspect qu’elles ne considèrent pas conciliable avec son financement. Le regroupement des associations leur a permis de défendre leur point de vue via un cabinet d’avocats .

Le projet étant toujours d’actualité, les mobilisations de l’opposition ne sont pas prêtes de s’arrêter. Un rassemblement est même prévu dimanche prochain.

Pour suivre l’actualité et l’avancement des contestations, rendez-vous sur le site de La Vigie ainsi que sur celui de Surfrider Foundation Europe.

 

des ressources :

https://www.la-vigie.org/

https://www.surfsession.com/articles/environnement/mais-se-passe-t-il-bretignolles-mer-916191928.html

https://veillenormandeliere.blogspot.com/2019/10/normandeliere-et-deboisage-massacre-la.html