Gaza, un désastre moral
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeRacismeRépression
Au risque de choquer, ce n’est pas tant des morts et des blessés dont je veux vous parler aujourd’hui que du désastre que cette affaire risque de provoquer dans les consciences. Car à la mort s’ajoute une fois de plus l’arrogance. Celle du Premier ministre israélien et de son très raciste ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, qui ont trouvé en eux assez d’impudeur et de mépris pour promettre des médailles aux tueurs en uniforme. « L’armée la plus éthique du monde », a même commenté Benyamin Netanyahou, au comble du cynisme.
Il n’est pas difficile d’imaginer l’effet que peuvent produire ces mots de défi sur tous ceux qui sont sensibles au drame palestinien. Il faut y ajouter la rage que peut faire naître en eux un sentiment d’impuissance moqué, à des degrés divers, par ce qu’on appelle la communauté internationale : rejet de toute condamnation par les États-Unis, appel « à la retenue » par les Européens, selon une formule désinvolte reprise ad nauseam depuis cinquante ans. Pour bien comprendre l’ampleur du désastre dont les capitales occidentales sont aujourd’hui en quelque sorte coresponsables, il faut redire un mot ici du sort qui est celui depuis onze ans des habitants de Gaza. Soumis à un double blocus israélien et égyptien, ils vivent pour la moitié d’entre eux sous le seuil de pauvreté, ne disposent que de quelques heures par jour d’eau potable et d’électricité, et leurs hôpitaux sont privés de médicaments. Trente mille d’entre eux vivent toujours dans les ruines de leur propre maison détruite par les bombes israéliennes en 2014, et jamais reconstruite, faute de matériaux.
Voilà les gens sur lesquels on a tiré vendredi 30 mars, et que l’on nargue à coups de communiqués provocateurs. Enfin, pour que le tableau soit complet, il faut dire qu’il est aujourd’hui bien difficile dans nos régions de manifester un quelconque soutien à cette population. En France, les appels au boycott d’Israël sont criminalisés, sans que l’on nous dise jamais ce qui est permis, et alors même que les États restent inertes face à un gouvernement qui défie le droit international.
J’entends déjà les objections au propos qui est le mien. Je les connais. Les morts de Gaza sont peu de chose à côté de ceux de Syrie ou du martyre des Rohingyas birmans. Certes, mais Israël-Palestine, c’est beaucoup de notre propre histoire. Et cette évidence, nul ne peut l’effacer. On voit donc bien à quoi peut conduire cette impasse totale. Ce verrouillage systématique de toutes les issues, au propre comme au figuré, au physique comme au moral. Elle peut conduire au désespoir bien sûr, et dans certains cas à la violence la plus extrême, et quoi qu’il en soit condamnable. C’est d’ailleurs un miracle que Daech ou Al-Qaïda n’aient pas encore trop prospéré sur ces territoires. Cela viendra. Et c’est en ce moment que nous préparons cet avenir. Comme proliférera un antisémitisme né de l’amalgame entre gouvernement israélien et juifs, de France ou d’ailleurs. Un amalgame évidemment inexcusable, mais qu’il n’est pas utile d’encourager comme l’a fait récemment le président du Crif en confondant une marche blanche contre un crime antisémite avec une manifestation de soutien à la politique israélienne. Le lien entre l’antisémitisme musulman et le conflit israélo-palestinien est indiscutable. Pour détourner nos regards, les propagandistes du Crif tentent d’entretenir le mythe d’un antisémitisme arabe primitif et endogène qui n’a, en réalité, jamais existé.
Il faut lire à ce sujet le remarquable article de Mark R. Cohen dans Histoire des relations entre juifs et musulmans[1]. Cet éminent professeur de Princeton estime que la première cause est « le colonialisme […], qui a généré des rancœurs contre ces juifs arabes qui se sont identifiés aux colonisateurs européens ». On pense évidemment à l’Algérie et au fameux décret Crémieux de 1870, qui conférait aux juifs une citoyenneté qui était refusée aux musulmans. Mais l’historien rappelle surtout que « la flambée la plus récente d’antisémitisme musulman, fortement empreint d’antisionisme, suit l’éruption de la seconde Intifada, à la fin de l’année 2000 ». Si on n’y prend garde, Gaza aura le même effet. Pour notre part, nous ne nous écartons pas de notre ligne de conduite. Nous refusons à toute force de confondre judaïsme et politique coloniale israélienne, comme d’assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme. Dans un cas, c’est une terrible confusion ; dans le second, un sordide amalgame.
[1] In Histoire des relations entre juifs et musulmans, ouvrage dirigé par Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, Albin Michel, 2013.
https://www.politis.fr/articles/2018/04/gaza-un-desastre-moral-38623/
On peut se déchaîner contre le premier ministre autant qu’on le veut ? il le mérite. Mais en définitive il faut se rappeler : Ce n’est pas Benjamin Nétanyahou. C’est la nation. Au moins la plus grande partie de la nation. Tout le déploiement de férocité de ces derniers jours et toute cette farce ont été conçus pour satisfaire les désirs les plus malicieux et les instincts les plus vils des Israéliens. Les Israéliens voulaient du sang à Gaza, autant que possible, et des expulsions de Tel-Aviv, autant que possible. Il n’y a aucun moyen de l’embellir ; il ne faut pas brouiller les faits. Nétanyahou ? faible, pathétique, méchant ou cynique – était mu par un seul motif : satisfaire les Israéliens et réaliser leurs désirs. Et ce qu’ils voulaient, c’était du sang et de l’expulsion.
Si seulement le problème résidait en Nétanyahou et son gouvernement. Alors, en une élection, ou peut-être deux, le problème pourrait être réglé. Les gentils reprendront le contrôle, Gaza et les demandeurs d’asile seront libérés, la provocation fasciste s’arrêtera, la probité des tribunaux sera assurée et Israël sera à nouveau un endroit dont on peut être fier. C’est une chimère. C’est pourquoi la campagne contre Nétanyahou est importante, mais certainement pas décisive. La vraie bataille est beaucoup plus désespérée et sa portée est beaucoup plus large. C’est une bataille pour la nation, parfois même contre elle.
Même les critiques de Nétanyahou admettent qu’il sait identifier les désirs de la population. Il a reconnu que la majorité voulait le nettoyage ethnique à Tel Aviv, l’ultranationalisme, le racisme et la cruauté. Nétanyahou, n’étant pas tout aussi méchant que ses supporters, a essayé un autre chemin pour un moment ? plus humain et plus rationnel. Mais quand il s’est brûlé et s’est rendu compte qu’il avait négligé le désir du peuple, il a rebroussé chemin en un temps record et est redevenu lui-même. La base, l’électorat, la majorité veut le mal. C’est ce qu’il a fourni, et c’est quelque chose qu’aucune élection ne changera. La vraie calamité n’est pas Nétanyahou ? c’est le fait que toute manifestation d’humanité en Israël est un suicide politique. […]
http://www.ujfp.org/spip.php?article6301
De fait, tandis que les condamnations affluaient samedi dernier, l’armée israélienne a affirmé sur son compte Twitter avoir agi de façon « précise et mesurée ». « Nous savons où chaque balle a atterri », a assuré le porte-parole de l’armée. S’il a depuis été supprimé, ce message sonne comme un terrible aveu.
En substance, l’armée israélienne laisse penser qu’elle a tiré pour tuer. En frappant fort dès le premier jour à Gaza, elle aurait ainsi cherché à dissuader les Palestiniens susceptibles de pénétrer sur le territoire israélien, mais aussi à tuer dans l’œuf la mobilisation qui doit durer six semaines. Si elle est pour l’heure invérifiable, la théorie est en tout cas invoquée côté palestinien. Dans un communiqué publié mardi, l’Autorité palestinienne affirme que le « massacre » de vendredi a été planifié sur ordre de l’état-major israélien.
http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2018/04/tuer-pour-dissuader-israel-assume-ses-methodes-a-gaza-chloe-demoulin-mediapart.html
Muslih Sheikh Khalil, 24 ans, est traité à l’hôpital al-Shifa de Gaza ville pour une blessure causée par une balle qui s’est fragmentée dans sa jambe. Il fait partie des 800 personnes blessées quand les forces israéliennes ont ouvert le feu à balles réelles sur les Palestiniens qui prenaient part le 30 mars, pour la Journée de la Terre, aux rassemblements le long de la frontière Gaza-Israël. Seize Palestiniens sont morts sous les tirs israéliens. (Mohammed Asad)
Les Palestiniens appellent à intensifier les campagnes mondiales pour isoler Israël après que son armée ait tué 16 personnes dans la Bande de Gaza et blessé presque 1.500 autres.
Cependant, Israël a refusé les demandes d’enquête internationale et son ministre de la Défense a félicité les soldats pour la tuerie de vendredi.
« Evoquant les souvenirs du massacre de manifestants pacifiques en 1960 à Sharpeville par le régime d’apartheid sud-africain, l’armée d’Israël a commis un nouveau massacre contre les civils palestiniens alors qu’ils commémoraient pacifiquement la Journée de la Terre des Palestiniens », a dit lundi le Comité National palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BNC).
Le BNC, association qui dirige le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), a exhorté les gens du monde entier à « prendre en compte l’exigence pour toutes les entités privées ou publiques de votre pays de mettre fin à toute coopération et/ou commerce avec l’armée israélienne et le ‘secteur de la sécurité’ ».
Il fait aussi appel à des campagnes accrues ciblant les sociétés et les institutions financières complices des crimes d’Israël.
Blessures dévastatrices
Lundi, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que Fares al-Ruqab, âgé de 29 ans, avait succombé aux blessures dont il souffrait après que des snipers israéliens aient ouvert le feu vendredi à l’intérieur du territoire.
Des dizaines de milliers de personnes ont pris part à la Grande Marche du Retour pour réclamer leur droit au retour sur les terres d’où les Palestiniens ont été chassés par un nettoyage ethnique et pour protester contre le blocus de Gaza vieux de dix ans.
Cela a fait monter à 16 le nombre de Palestiniens tués.
L’armée israélienne a blessé presque 1.500 personnes, dont plus de 800 par balles réelles, selon le ministère de la Santé.
Le docteur Mohammed Ziara, médecin généraliste à l’hôpital al-Shifa de Gaza ville, a postésur Twitter des photos qui montrent les blessures dévastatrices subies par les manifestants. Ziara a dit à The Electronic Intifada que ces photos avaient été prises par les chirurgiens de l’hôpital qui avaient soigné ces blessures.
Ces photos montrent que les forces israéliennes pourraient avoir utilisé des balles qui se fragmentent dans le corps, causant des dégâts considérables dans les tissus. Les balles à expansion ou à fragmentation sont interdites selon le droit international.
Manipulation israélienne
Pendant le week-end, Israël a continué à essayer de présenter les victimes de sa violence comme des militants inconditionnels qui avaient organisé une violente invasion en traversant la frontière.
Mais ce discours de propagande s’est dégonflé alors que sortaient des vidéos qui fournissaient des informations sur ce qui ressemble à des crimes de guerre, en particulier le tir mortel sur Abd al-Fattah Abd al-Nabi, 19 ans, alors qu’il s’éloignait en courant de la barrière frontalière Israël-Gaza. On dit que Abd al-Nabi a reçu une balle dans la tête.
Samedi, l’armée israélienne a tweeté une déclaration revendiquant l’entière responsabilité de ces meurtres, affirmant que « tout était juste et mesuré, et nous savons où a abouti chaque balle ».
Mais elle a rapidement effacé sa déclaration alors que surgissaient des preuves qui démentaient sa revendication.
Un massacre prémédité
D’ailleurs, l’association des droits de l’Homme B’Tselem avait alerté à l’avance sur les préparatifs et les menaces d’Israël de « tirer-pour-tuer sur des Palestiniens non armés ».
B’Tselem avait également alerté à propos des efforts d’Israël pour diriger son attaque préméditée sur les civils qui dénonçaient la « désastreuse réalité à Gaza ».
« Ne tenant aucun compte du désastre humanitaire à Gaza et de la responsabilité qui en incombait à Israël, [les responsables israéliens] décrivent la manifestation prévue sous l’appellation de risque pour la sécurité, et transforment les manifestants en terroristes, faisant référence à Gaza comme à une ‘zone de combat’ », a déclaré B’Tselem la veille du carnage.
On a vu aussi des exemples choquants d’incitation publique. La revue de droite Israel National News, par exemple, a publié un éditorial affirmant que « la direction palestinienne veut des photos de cadavres jonchant le sol et, pour une fois, dans l’intérêt de notre peuple, nous devrions les lui donner ».
« Ils pensent que nous n’aurons pas le cran de les abattre massivement et que notre hésitation leur permettra de nous attaquer », déclare le rédacteur à propos des Palestiniens. « Tirez pour tuer. Rien de moins. »
[…]
http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2018/04/05/israel-va-t-il-payer-pour-son-dernier-massacre-a-gaza/
« Les affrontements à la frontière de Gaza reprennent alors que des milliers de personnes assistent aux funérailles de 15 Palestiniens tués lors des manifestations de vendredi. » « Des images de Gaza montrent un manifestant tué dans le dos alors qu’il fuyait le mur de la frontière israélienne. »
Il n’est pas difficile d’imaginer ce qui se serait passé si un colon avait été poignardé – les reporters sur place ; les studios ce TV en pleine activité. Mais à Gaza, les Forces de défense israéliennes (IDF) ont continué à massacrer impitoyablement, à un rythme effrayant, alors qu’Israël célébrait Passover.
S’il y avait un problème, c’était parce que les soldats ne pouvaient pas célébrer le Seder. A la tombée de la nuit, le nombre de cadavres avait atteint au moins 15, tous sous l’effet de balles réelles, avec plus de 750 blessés. Des chars et des tireurs d’élite contre des civils non armés. Ça s’appelle un massacre. Il n’y a pas d’autre mot pour ça [1].
Le porte-parole de l’armée a apporté une note comique lorsqu’il a annoncé dans la soirée : « Une attaque par balles a été déjouée. Deux terroristes se sont approchés de la clôture et ont tiré sur nos soldats. » Cela est arrivé après la 12e victime palestinienne et qui sait combien de blessés.
Les tireurs d’élite ont tiré sur des centaines de civils, mais deux Palestiniens qui ont osé riposter contre les soldats qui les massacrent sont des « terroristes », leurs actions qualifiées d’« attaques terroristes » et la sentence : la mort. Le manque de conscience de soi n’a jamais atteint de telles profondeurs dans les IDF.
Comme d’habitude, les médias ont apporté leur épouvantable soutien. Après 15 morts, Or Heller sur Channel 10 News a déclaré que l’incident le plus grave de la journée avait été le tir des deux Palestiniens. Dan Margalit [journaliste de « relief »] a « salué » l’armée.
[…]
Mais une armée qui s’enorgueillit d’avoir tiré sur un agriculteur travaillant sur sa terre, en montrant la vidéo sur son site Web afin d’intimider les Gazaouis ; une armée qui dresse des chars d’assaut contre des civils et se vante d’une centaine de tireurs d’élite qui attendent les manifestants, une telle armée a perdu toute décence. Comme s’il n’y avait pas d’autres mesures. Comme si les IDF avaient l’autorité ou le droit d’empêcher les manifestations à Gaza, menaçant les chauffeurs de bus de ne pas transporter les manifestants sur un territoire où l’occupation a pris fin depuis longtemps, comme tout le monde le sait.
Des jeunes hommes désespérés se faufilent depuis Gaza, armés d’armes ridicules, marchant sur des dizaines de kilomètres sans blesser personne, n’attendant que d’être pris pour échapper à la pauvreté de Gaza dans une prison israélienne. Cela ne touche la conscience de personne non plus. L’essentiel est que les IDF présentent fièrement leurs prises. Le président palestinien Mahmous Abbas est responsable de la situation à Gaza. Et le Hamas, bien sûr. Et l’Egypte. Et le monde arabe et le monde entier. Mais pas Israël. Il a quitté Gaza et les soldats israéliens ne commettent jamais de massacres !
Les noms ont été publiés le soir. Un homme se levait de ses prières, un autre a été abattu alors qu’il s’enfuyait. Les noms ne vont ébranler personne. Mohammed al-Najar, Omar Abu Samur, Ahmed Odeh, Sari Odeh, Bader al-Sabag. Cet espace est trop petit, à notre grande horreur, pour énumérer tous leurs noms.
Source : Haaretz
https://alencontre.org/moyenorient/palestine/gaza-cela-sappelle-un-massacre.html
Les premières phrases de cet article (sous copyright ?) manquent (volontairement ? ) :
Le lien entre l’antisémitisme musulman et le conflit israélo-palestinien est indiscutable. Les propagandistes du Crif tentent d’entretenir le mythe d’un antisémitisme arabe primitif et endogène qui n’a, en réalité, jamais existé.
Combien de morts faudra-t-il pour qu’ils se décident à prendre des sanctions ?
20 morts vendredi 30 mars 2018. Au moins 9 morts le 6 avril, dont un journaliste Yasser Mourtaja exécuté de sang-froid alors même qu’il portait un gilet « presse », et plus de 400 blessés par balle. Deux jours après cette deuxième journée meurtrière pour les Palestiniens, le Ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a déclaré qu’« il n’y a pas d’innocents » dans la bande de Gaza.
Reporters sans frontières (RSF) a condamné « avec la plus grande indignation les tirs délibérés de l’armée israélienne contre des journalistes » et plusieurs organisations de défense des Droits de l’Homme ont dénoncé la répression sanglante à laquelle se livre Israël.
L’Europe a, elle, parlé d’une enquête « indépendante », mais le gouvernement israélien n’en veut pas et tue. Pourquoi la Cour pénale internationale ne juge-t-elle pas les criminels récidivistes que sont Ne?tanyahou et Lieberman ?
Nous disons aux dirigeants européens et français : en ne sanctionnant pas, vous donnez un permis de tuer. Vous êtes donc complices de ces tueries. En maintenant les multiples accords existant avec Israël, vous permettez aux assassins de continuer impunément leur sale besogne : un ethnocide perpétré de sang-froid, qui disqualifie odieusement la prétention de cette armée à être la plus morale du monde.
Nous disons au CRIF et à ceux qui le suivent qu’ils sont également complices de ces tueries et qu’en prétendant que les Juifs de France approuvent Israël, vous les mettez sciemment en danger.
L’UJFP refuse que les Juifs de France soient associés à de telles tueries et enjoint à nouveau la France et l’Europe à prendre leurs responsabilités et donc à prendre des sanctions.
L’UJFP soutient la marche du retour du peuple palestinien, appelle à rejoindre la campagne internationale et non violente BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), seule capable de lutter contre les crimes commis par l’État d’Israël, face au silence des politiques et exige la levée du blocus criminel et illégal de Gaza et la libre circulation de ses habitants.
Le Bureau national de l’UJFP, le 8 avril 2018
Le meurtre de 18 manifestants palestiniens à Gaza vendredi dernier était tout à fait prévisible. Il était aussi tout à fait évitable. Les victimes prenaient part à la marche annuelle du Jour de la Terre en commémoration du meurtre, en 1976, de six Palestiniens qui protestaient contre la confiscation par Israël de milliers de mètres carrés de leurs terres. L’événement de cette année marque aussi les 70 ans de nettoyage ethnique des Palestiniens et l’expulsion de leurs terres lors de la création de l’État d’Israël. Les participants ont marché vers la limite Est lourdement fortifiée entre Gaza et Israël, dans une démonstration symbolique de retour vers leur terre et vers les maisons dont eux et leurs familles sont originaires. Mais, avant même que la marche n’ait débuté, Israël annonçait qu’il déploierait plus de 100 snipers, des hélicoptères chargés de gaz lacrymogène et des tanks pour tirer sur les manifestants. Au bout d’une journée, les soldats israéliens avaient tué 18 Palestiniens à balles réelles et en avaient blessé plus de 1 700. Et ce, en dépit du fait qu’aucun soldat israélien n’a subi de préjudice ni n’a même été en danger.
C’est bien là que réside la tragédie : les Palestiniens manifestant contre le meurtre de Palestiniens non armés se font eux-mêmes tirer dessus par l’armée israélienne.
L’armée israélienne a tweeté que « tout a été sous contrôle, tout était pertinent et mesuré, et nous savons où chaque balle a abouti ». Le tweet a vite été détruit quand une vidéo est sortie montrant des soldats tirant dans le dos sur Abed el-Fatah Abed el-Nabi, âgé de 19 ans.
La tragédie ne réside pas seulement dans le meurtre de Palestiniens, mais dans les réponses d’Israël et des États Unis à ce massacre. C’est devenu un lieu commun, certes attendu, que le meurtre de Palestiniens soit ignoré, mais, ce qui est plus effrayant, applaudi par les Israéliens comme l’a été le massacre de plus de 2 200 Palestiniens à Gaza en 2014. Avigdor Lieberman, le ministre de la défense d’Israël – qui un jour a appelé à la décapitation de citoyens palestiniens d’Israël qu’il estimait déloyaux – s’est bien sûr empressé de féliciter l’armée israélienne, déclarant que ses soldats « méritent un éloge ». Les appels de Palestiniens, de l’Union Européenne et des Nations Unies pour une enquête indépendante furent promptement rejetés, Israël et l’administration Trump se rejoignant pour bloquer toute approbation d’une enquête par le Conseil de sécurité. Israël a aussi immédiatement annoncé qu’il ne passerait même pas par la mise en scène consistant à mener sa propre enquête interne. Le message envoyé par Israël et par les États Unis est que les vies des Palestiniens sont superflues, ne valent la peine d’aucune enquête, même lorsqu’il est clair que leurs vies leur ont été ôtées dans l’illégalité. […]
http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2018/04/06/apres-les-tueries-de-gaza-il-est-temps-de-prendre-des-mesures-repressives/