Casseurs, provocateurs, infiltrés – les jeux troubles de la violence
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesLuttes salarialesMouvementRépression
Lieux : NantesNotre-Dame-des-Landes
Journaliste engagé pour l’écologie, Fabrice Nicolino est chroniqueur à La Croix et à Charlie Hebdo, où il a été blessé dans l’attentat du 7 janvier 2015. Il s’exprime aussi sur son blog, Planète sans visa, et a publié récemment Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture.
Une ville en état de siège. Nantes. Des policiers qui barrent des ponts et de nombreuses routes. Des gens ordinaires qui ne parlent plus que des casseurs. À de multiples reprises, les Abribus, les panneaux de signalisation, des magasins, dont certains étaient des merceries ou des marchands de journaux, ont été fracassés. La gare SNCF a été proprement dévastée et les billetteries en partie détruites.
Qui est responsable ? D’évidence, une fraction de la jeunesse locale — disons entre 500 et 800 personnes — sympathise avec ces actions, et y participe plus ou moins activement. C’est beaucoup d’un côté et cela reste peu si l’on rapporte le chiffre à la population générale de Nantes Métropole, 602.000 habitants en 2012.
Aucune société historique n’aura échappé à la violence sociale et politique. L’État, forme actuelle de l’autorité légitime, est fatalement contesté. Et les couches et classes sociales qui forment le socle commun s’affrontent constamment pour la raison que leurs intérêts ne sont pas le mêmes. Pas toujours les mêmes. La violence est donc un fait social. Est-elle utile ? Elle est parfois inévitable. Au risque de la ritournelle, qu’aurait pu offrir la non-violence face à la barbarie hitlérienne ?
Les violences ne sont nullement stériles, car elles fabriquent une opinion apeurée
Il est des situations où la violence est utile, dévastatrice sans doute, mais utile. Et puis quantité d’autres où la non-violence active, vivante, massive est de loin préférable. J’ai connu dans mon jeune temps la bagarre contre l’extension du camp militaire du Larzac. À l’été 1972, quand je posai le pied pour la première fois sur le Grand-Causse, je n’avais pas encore 17 ans. À cette époque, il n’y a aucun doute que j’étais en faveur de la violence armée pour renverser l’ordre que je connaissais. Les pacifistes et non-violents qui menaient le combat sur le plateau m’énervaient beaucoup. Dans mes bons jours, je les voyais comme d’excellents tacticiens, qui déjouaient les plans du pouvoir. Mais dans mes jours de rage juvénile, qui dominaient, je maudissais ces indécrottables naïfs qui entraînaient dans une impasse tragique les milliers de jeunes qui leur faisaient confiance.
J’avais tort. Dieu du ciel, comme ils avaient raison ! Ceux du Larzac avaient trouvé ensemble, comme par miracle, la forme politique seule qui leur assurait de durer dans l’unité, et d’épuiser les imbéciles alors au pouvoir. Bref. Le Larzac aura été de bout en bout une école de vaillance, de ténacité, d’intelligence, de démocratie. Et de non-violence. Quelques années plus tard, j’ai pu suivre, un cran au-dessous, la superbe bagarre contre les barrages sur la Loire et ses affluents. Cette longue mobilisation, avec campement permanent sur les rives de la Loire, choisit elle aussi la non-violence, et aurait péri sans doute en lui préférant l’affrontement.
À l’inverse, sans la détermination physique des zadistes de Notre-Dame-des-Landes, sans leur témérité, sans leur courage face aux si nombreux policiers qui les ont constamment assaillis, le chantier de cet aéroport maudit aurait déjà commencé depuis des lustres. Quiconque ne reconnaît pas cela est un aveugle, ou un menteur. Je leur rends hommage sans hésitation, et ce n’est pas la première fois. Merci à vous !
Mais il faut bien revenir à Nantes, en ce 20 mai de 2016, où de considérables violences ont lieu, à répétition. Elles ne sont nullement stériles, car elles fabriquent sous mes yeux ou presque, une opinion apeurée qui désormais confond, au moins en partie, le combat contre l’aéroport et la destruction de la gare SNCF. À quelques semaines d’un référendum pour ou contre le projet, qui devient chaque jour un peu plus une arme de guerre du pouvoir socialiste.
Je ne crois pas à l’innocence de ces destructions
Cette violence n’est pas défendable, car elle s’attaque aux conditions de vie et de travail d’une population qu’on prétend vouloir convaincre de lutter contre le projet de loi travail El Khomri. Telle qu’elle apparaît, elle est une aubaine pour un gouvernement qui sait au moins comment instrumentaliser des images de barres de fer et de vitres brisées. Les jeunes gens qui cassent ne parlent nullement au peuple de leur pays, ils ne disposent d’aucune stratégie susceptible d’expliquer, encore moins d’entraîner. Ils recherchent et ils obtiennent un face-à-face avec l’adversaire rêvé : des policiers débordés, tantôt incités par leur hiérarchie à ne pas bouger, tantôt poussés au contraire au contact direct, potentiellement meurtrier. Ce tableau est connu depuis des lustres, et mutatis mutandis, ces jeunes pourraient entonner le chant imbécile des barricades de Mai 68. Les CRS y étaient, rappelons-le, des SS.
Ceci posé, je dois écrire un complément : je ne crois pas à l’innocence de ces destructions. Il existe bel et bien un combustible, et je l’ai dit : quelques poignées de jeunes surexcités, qui croient vivre de grandes heures de leur vie, et qui ne veulent pas voir le formidable cadeau qu’ils offrent à toutes les forces politiques et policières de la régression. Oui, le combustible est là. Mais qui allume la mèche ?
Voyez, je suis en train de terminer un livre qui raconte une histoire passionnante. Bien qu’édité à nos portes — en Angleterre —, il n’a pas été traduit en français. Une preuve de plus de notre désolant provincialisme. Dans Undercover, des enquêteurs rapportent comment une petite fraction de la police anglaise, tout hermétique aux autres services, a mené depuis 1968 une renversante opération de déstabilisation des mouvements sociaux et politiques.
Croyez-vous que la police anglaise soit si différente de la nôtre ?
Pendant cinquante années, des policiers ont hérité de ce que les services secrets appellent une « légende ». Une autre identité, une nouvelle vie, un domicile idoine. Laissant pousser leurs cheveux, se faisant éventuellement tatouer, ces messieurs — et dames, plus rares — sont devenus membres de groupes politiques. Écologistes, antispécistes, anarchistes, altermondialistes, etc. Sans généreusement hésiter à faire des enfants avec certaines de leurs victimes. Et cela pendant des années, voire des décennies. Vous n’y croyez pas ? C’est un grave tort.
Les pouvoirs de répression, surtout militaires et policiers, ont connu après 1968 — en réalité, un peu avant — une période de grande crainte. Elle était peut-être exagérée, mise en scène, mais il est certain qu’on les a crus. Et les pouvoirs en place leur ont laissé la bride sur le cou. Qu’ont-ils fait, et jusqu’où ? Cela devrait intéresser tout ce que la France compte d’actifs politiques. Or, tout le monde s’en fout. Or, sincèrement, croyez-vous que la police anglaise soit si différente de la nôtre ?
Je ne dispose d’aucune preuve et n’ai pas le loisir d’en chercher. Peut-être les violences en cours sont-elles ce qu’elles prétendent être. Peut-être comptent-elles aussi d’autres acteurs. Je suis assez vieux pour avoir été le témoin de très étranges phénomènes au cours de mobilisations importantes. Ainsi de la manifestation antinucléaire de Malville, en 1977. Ainsi de la manifestation parisienne des sidérurgistes, le 23 mars 1979. La liste est plus longue.
Et justement, voilà notre président lui-même qui nous replonge dans le passé. Le 17 mai, parlant sur Europe 1, il déclarait connaître les responsables des manifestations contre la loi El Khomri et des violences : « C’est un mouvement qui vient des zadistes et qui, quelques fois, peut comporter des personnes qui sont étrangères. » Et il ajoutait : « Il y aura reconduite à la frontière. » On jurerait Pompidou expulsant Cohn-Bendit vers l’Allemagne en 1968. On jurerait Raymond Marcellin, ministre des policiers entre 1968 et 1974. On jurerait Alain Peyrefitte, imposant en 1979 sa célèbre loi anticasseurs. Il règne en France une atmosphère irrespirable. Le gaz lacrymogène, irritant autant qu’aveuglant, est partout.
On a là encore un bien bel article… ahah
Fabrice Nicolino, journaliste de la presse bourgeoise.
Je me permets de citer un morceau de la page Wikipedia le concernant :
« En janvier 2013, lors des débats sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, il approuve et relaie sur son blog un texte de Thierry Jaccaud, rédacteur en chef de la revue L’Écologiste11, dans lequel il s’oppose à ce projet de loi. Dans celui-ci, il estime que « supprimer les notions de père et de mère, ce serait […] une violence destructrice des liens entre les hommes et entre les générations », que ce projet de loi « serait une négation sidérante de la nature, l’aboutissement consternant de notre société industrielle qui détruit la nature non seulement dans la réalité mais aussi dans les esprits », faisant la comparaison avec les OGM12. »
Voilà, ensuite, concernant le site sur lequel ce vomi a été posé, Reporterre, donc, on pouvait y lire il y a quelques jours un article faisant parler les flics (vous savez, Alexandre Langlois, ce flic de CGT qui s’est fait interviewer par un media proche de l’extrême droite et dont la vidéo a ensuite été reprise par E&R).
Lien, non cliquable, ici : reporterre[POINT]net/Le-dialogue-inattendu-entre-policiers-et-manifestants-de-Nuit-debout
C’est évidemment pas la première fois, ni la dernière, que Reporterre publie de la merde confuse voire conspi.
Est-il bien nécessaire de parler du fond de cet article ? On nous ressort la sauce habituelle, à savoir que les manifestants sont bien trop imbéciles pour se révolter concrètement, il faut des éléments provocateurs infiltrés (des flics) pour faire dégénérer les « bonnes » manifestations pacifiques. Et l’auteur de nous faire partager sa propre histoire, quand il était jeune et con et qu’il pensait que la violence était une bonne chose…
Reporterre qui publie des écos fascistes verts de gris et des néo nazis comme vincent vauclin de la « dissidence française »
Comme les spam du Sylvain Baron
PAS DE CA SUR Indymedia
https://kvetchman.wordpress.com/2015/12/09/reporterre-net-ou-les-affinites-selectives-vitrine-de-lecologie-francaise-neo-fasciste/
Nicolino = Renaud
pourquoi ca passe ca?
Black block terroriste, infiltré par la police, et manipulé par les extraterrestres…on connaît la chanson
Hé les puristes c’est fini le bordel ? Assimiler Nicolo aux fachos c’est juste à vomir. Flinguer Reporterre alors qu’il font des choix largement moins pires que les medias mainstream, c’est dommage. Mais surtout publier à l’infini des liens qui correspondent à un passif révolu (certains journalistes de Reporterre ont tapé du poing sur la table et un gros nettoyage a été fait) à un moment ça devient pathétique.
Vraiment ok pour la critique, mais étayez politiquement et actualisez alors. Et parlez de l’article, pas des « on-dit ».
je sais pas si l’argument « les flics infiltrent en angleterre et en allemagne, ils doivent le faire ici » est vraiment valable…
d’abord, de ce que j’ai compris pour l’angleterre, la brigade de flics anglais avait de comptes à rendre à à peu près personne, et est couverte légalement (ils ont le « droit » d’infiltrer n’importe quel groupe, n’importe quand, n’importe comment, si tant est qu’il est sur la liste de ceux qu’ils doivent surveiller). genre c’est possible pour eux d’infiltrer un groupe indéfiniement pour savoir qui va faire caca où et quand.
pour l’allemagne ça doit être à peu près pareil, avec en plus la lutte armée et la réunification l’héritage de la stasi et de la chasse aux rouges…
ici, toujours de ce que j’ai compris, les flics « peuvent » pas infiltrer un groupe « légalement » si y a pas une enquete sur des faits précis. genre c’est possible d’infiltrer un groupe pour savoir qui n’a pas tiré la chasse à tel endroit à tel moment. ça laisse nettement moins de marge, surtout en terme de durée d’infiltration.
ensuite, ben à ma connaissance, on en pas pas choppé. du moins, pas depuis 30 ans. alors soit ils sont très fort, soit on est très mauvais, soit ils font pas ça.
je remettrais jamais en doute le fait qu’il « nous » arrive d’être très mauvais. par contre, je doute qu’ils soient très forts, vu les incohérences et absurdités dans le dossier de tarnac, par exemple…
des tas d’exemples, comme la bonne blague de la surveillance de la disordia, ou les témoignage de copains approchés par des flics pour jouer les indics et bien évidement toujours tarnac, nous montrent qu’ils ont d’autres pratiques, carrément moins couteuses en argent et en paperasse que d’infiltrer un fonctionnaire « parmi nous ».
alors je dis pas « ça ne peut pas arriver », je dis que dans l’état actuel des choses, j’en doute fortement.
et juste un truc sur la casse en manif: ça rend des choses possibles… quand quelqu’un pete une vitre devant 200 personnes, et que les flics arrivent pas à la chopper, et ben ça décrédibilise (pour une fois) les flics sacrément… que le type casse un DAB, un panneau de pub ou la vitrine de l’épicier qui lui vend des cannettes 2 euros, c’est pas ça qui me vient en tête, c’est « putain, pourquoi j’y arrive pas? pourquoi j’ai si peur de le faire, de casser ce que je trouve moche, ce qui me révolte ou ce qui m’a pourri la vie la semaine dernière? »
Nicolino est un excellent journaliste d’investigation en matière d’environnement.
Mais,Nicolino fait partie d’une classe « respectable » même s’il endosse un rôle de dissident,mouton noir au sein de cette même classe » propre sur soi » et on ne peut plus « respectable » .
Nicolino devrait revoir la définition, mais il la connait parfaitement, de la violence qui n’a rien à voir avec la casse .
Nicolino n’appécie pas les gens qui se révoltent et passent à la confrontation avec l’Etat car Nicolino n’envisage pas l’abolition de l’Etat .
Quant à Reporterre il y aurait beaucoup de choses à dire .
« l’ envoyé spécial pour la protection de la planète » de François hollande,le triste sir Hulot est un ami de Reporterre.
Fabrice Nicolino en écrivant sur Reporterre fait un choix qui a effectivement un sens
Pourtant, lui qui a été touché physiquement lors de l’attentat contre le journal Charlie hebdo, aurait pu parler de la violence d’Etat, des yeux crevés ,des opposants persécutés , maltraités et considérés comme des terroriste mais …
Dommage !
Il me vient une soudaine envie de casser du nicolino…