La page de soutien à Jean Jacques Reboux : https://www.facebook.com/solidariteavecJJRebouxpoursuiviparBrigitteLamy

Son texte suite à son audition par les flics de Saint-Nazaire :

Compte-rendu d’audition du suspect Jean-Jacques Reboux, poursuivi pour injures publiques par Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes

Jeudi 1er octobre 2015, j’ai été auditionné pendant 3h30 par le lieutenant Patrick L. de la PJ de Nantes, dans le cadre de la plainte pour « injures publiques », déposée contre moi par Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes. Cette affaire, qui fait suite à un article publié le 9 avril 2015 sur mon blog [LIRE ICI], a été dépaysée au parquet de Saint-Nazaire, qui décidera de me poursuivre devant sa juridiction ou de classer l‘affaire sans suites.
En attendant, voici mes impressions sur cette audition, en trois points. Et une conclusion, sous la forme d’un appel à soutien.

Facebook ne communique pas le nom des dangereux délinquants à la police française

1°) C’est une affiche placardée sur les murs de Nantes les 15-16 avril 2015 (ci-contre) qui a décidé Brigitte Lamy à porter l’affaire devant la justice, en s’attaquant au site Nantes Révoltée, qui a relayé l’affiche placardée. Sur la lancée, Mme Lamy portera plainte contre moi, en tant qu’auteur d’un article illustré par une reproduction de ladite affiche (dont j’ignorais qu’il s’agissait d’une affiche, et pour cause, mon papier, datant du 9 avril, est antérieur de 6 jours au placardage).
Le media Nantes Révoltée étant hébergé sur Facebook, les enquêteurs de la police française se sont adressé à l’hébergeur, afin de connaître l’identité du responsable de cette page. Le siège juridique de Facebook étant situé aux Etats-Unis, où le délit d’injures publiques n’existe pas, Facebook a refusé de communiquer l’identité du responsable de Nantes Révoltée. (Face à mon étonnement, l’OPJ me répondra qu’il en serait allé différemment en cas d’affaire plus « grave », terrorisme, par exemple.) Bien que l’enquête de police ne soit pas tout à fait terminée, la plainte de Brigitte Lamy contre Nantes Révoltée sera vraisemblablement classée sans suite. Le seul site poursuivi reste donc le blog d’un citoyen ayant témoigné à visage découvert, sans se camoufler derrière un alias.

Ne dites pas à ma mère que mon sourire est un peu triste, elle croit que je travaille à la brigade du rire.

2°) Dans le rapport de la procureure de la République de Saint-Nazaire, qui instruit la plainte de sa consœur nantaise, la totalité de mes propos est globalement mise en cause, ce qui laisse supposer que tout l’article serait injurieux, y compris lorsque j’écris : Lunettes customisées, boucles d’oreilles fantaisies pour égayer le sourire un peu triste, Brigitte Lamy pourrait être une Française ordinaire, une brave dame qui en bave dans la vie, épicière à Vallet, boulangère à Mauves-sur-Loire, caissière à Saint-Herblain. Une dame avec qui on serait tenté de s’attarder si on la croisait dans la rue ou au marché, vêtue d’une blouse ou d’un tailleur vintage.

« Il est matériellement impossible pour un agent de la force publique de viser la tête d’un manifestant. » (extrait du Manuel du maintien de l’ordre)

4 jeunes gens mutilés pour raison d’État
3°) L’OPJ qui m’a auditionné m’a certifié que Quentin Torselli (l’un des blessés de Nantes, le plus gravement atteint, puisqu’il a, rappelons-le, perdu l’usage d’un œil) se trouvait à proximité d’un groupe de casseurs, alors que les images vidéos ont prouvé qu’il s’en tenait éloigné, qu’il ne marchait pas et se tenait debout, les mains dans les poches. La chose a son importance dans la mesure où elle justifie pleinement la formule à l’emporte-pièce utilisée dans mon article : « que des jeunes gens se fassent crever un œil dans la rue en se faisant tirer comme des lapins par des policiers, (…) des flics fascistes qui tirent les manifestants pacifistes comme des lapins. Ce qui ne serait pas le cas si Quentin Torselli s’était trouvé dans le groupe des « casseurs » (comme le prétend l’OPJ Patrick L., qui n’aura de cesse de me répéter que, dans une manifestation, un agent de la force publique « ne peut pas viser la tête des manifestants car c’est matériellement impossible à cause de la pression physique [de la manif] qui empêche de se concentrer. » Ce qui revient à dire que c’est totalement par hasard que les balles arrivent à la tête. (Vital Michalon, Malik Oussekine, Rémy Fraisse et quelques autres sont là – ou plutôt ne sont plus là, hélas – pour prouver le contraire.)

Lors de ma déposition, j’ai reconnu :
– avoir écrit cet article par solidarité avec les victimes des violences policières, en particulier Quentin Torselli, dont je connais la famille, dans un réflexe épidermique de citoyen choqué que l’on puisse, en France, se faire crever un œil dans une manifestation et que la plainte des victimes ait été classée par une procureure dont le journal Ouest-France avait vanté « l’éthique exigeante »
– l’avoir écrit en m’inscrivant dans une tradition de liberté d’expression volontiers satirique, dans un pays réputé pour être celui des « droits de l’homme »
– ne pas avoir eu l’impression d’avoir injurié Mme Lamy, ni d’avoir porté atteinte à l’autorité judiciaire
– m’étonner du fait qu’un magistrat, après avoir censuré le débat sur les violences policières en classant six plaintes des victimes de violences policières, utilise la coercition pénale à l’égard d’un simple citoyen, ce qui provoquera, si les poursuites ne sont pas annulées, la poursuite du débat autour d’un procès.

APPEL À LA SOLIDARITÉ

Comme moi, vous pensez qu’il est scandaleux que la plainte des six victimes de violences policières ait été classée sans suite par la procureure de la République de Nantes ? Vous souhaitez manifester votre solidarité à mon égard ?
Rien de plus simple. Il vous suffit de reprendre à votre compte l’intégralité de mes propos sur votre page Facebook, votre page Tweeter, votre blog, votre site, etc. Il vous suffit pour cela de faire un copié-collé de l’article incriminé et de le reproduire in extenso.
Ce qui contraindra les enquêteurs de la PJ de Nantes, dont le sérieux n’est plus à prouver, à approfondir leur enquête. Bien évidemment, cette opération ne sera pas sans risque pour vous. Par cette action, vous courez le risque de voir s’abattre sur vous le glaive implacable de la « justice » française et d’être poursuivi pour « injures publiques à fonctionnaire public ». À vous de voir… Pour ma part, je persiste et signe : en prétendant que « Brigitte Lamy estime que la police a le droit de crever les yeux des manifestants », je n’ai injurié personne et n’ai fait que mon devoir de citoyen attachés à nos libertés publiques, ou ce qu’il en reste… Merci d’avance.