Paris : ce week-end, c’est freakshow chez les fachos
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeRacisme
Lieux : Paris
Ça commence avec la manifestation du 9 mai : en 1994, lors de la dispersion d’une manifestation anti-américaine organisée par plusieurs groupes d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, un militant de l’Œuvre française, tombe du toit d’un immeuble alors qu’il était poursuivi la police. Cette date est devenue les années suivantes un prétexte que se donne l’extrême droite radicale pour défiler en toute tranquillité dans les rues de Paris avec drapeaux et insignes fascistes (plus d’information sur les manifs du 9 mai ici). L’an passé, alors que c’était les 20 ans de la mort de Deyzieu, il n’y eut pas de véritable manif, et c’est ce qui restait du GUD autour de Logan Djian qui assura le service minimum. Il semblerait cette année que la mobilisation risque d’être plus importante : on a pu voir en tout cas un collage tout le long du parcours de la manif du Premier mai du Front national invitant à renouer avec le trajet originel de la manif.
En effet, Entre 2010 et 2013, Serge « Batskin » Ayoub avait été l’organisateur de cette date et en avait déplacé le lieu (passant du quartier Port-Royal à celui d’Opéra) afin de pouvoir coller au fesses de la manifestation en l’honneur de Jeanne d’Arc organisée à la fois par l’Action française et l’Œuvre française à la même date. Mais après l’implication de ses militants (visibles en première ligne lors des manifs du 9 mai) dans le meurtre de Clément Méric, Ayoub est depuis revenu à ses amours tout chaîne tout cuir de sa jeunesse. Les militants de l’Œuvre française, estimant la manif pour Deyzieu débarrassée du « juif » Ayoub (c’est eux qui le disent), ont donc appelé cette année à rejoindre l’initiative après la tenue de leur « Forum de l’Europe », préparée dans la plus grande discrétion, et qui devrait rassembler des néofascistes de toute l’Europe, organisés au sein de l’Alliance for Peace and Freedom (APF).
Ce Forum de l’Europe parisien, sur le thème de « la répression anti-nationaliste », s’inscrit dans la continuité des réunions de l’APF qui se sont déjà tenues les mois passés. La première, en décembre dernier en Italie, dans un hôtel milanais, avait rassemblé selon la presse locale environ 300 personnes. L’AFP est présidée par Roberto Fiore, dirigeant du petit parti néofasciste Forza Nuova, et regroupe une petite dizaine de partis nationalistes, dont certains ont (ou ont eu) des élus au Parlement européen, ce qui leur a permis très officiellement de se réunir le 4 février à Bruxelles. S’y sont retrouvés les vieux potes de Jean-Marie Le Pen, Nick Griffin, ancien député britannique du BNP, Udo Voigt, député allemand du NPD et bien entendu Roberto Fiore, ainsi que des représentants de l’Aube dorée grecque, du Dans Karnas-Parti danois, de la Democracia Nacional espagnole ou encore des Belges de Nation. L’objectif de l’AFP est de « protéger, célébrer et promouvoir nos valeurs chrétiennes communes et le patrimoine culturel européen » et de s’opposer au « mondialisme sioniste » (sic) : normal que ce qui reste de l’Œuvre en devienne le représentant français. On devrait donc retrouver sur Paris ce week-end à peu près les mêmes participants (à l’exception du BNP) : Roberto Fiore bien sûr ; Manuel Canduela, président de Democracia Nacional ; Daniel Carlsen, chef du Dans Karnas-Parti ; Irène Dimopoulou-Pappa, directrice du journal d’Aube dorée ; Hervé Van Laethem de Nation ; Jens Pühse du NPD.
On prend les mêmes et on recommence
On est donc revenu cette année à la configuration traditionnelle : manifestation confidentielle le 9 mai organisée par « des camarades » anonymes mais derrière lesquelles on peut sans peine reconnaître le GUD, et trois défilés nationaux-catholiques le 10 mai autour de Jeanne d’Arc : l’an passé, on avait pu voir, à la queuleuleu, et bien séparés les uns des autres, l’Action française, le Renouveau français, les Amis de Pierre Sidos et ses pseudopodes (ce qui reste de l’Œuvre depuis sa dissolution) le matin ; et l’après-midi, c’était au tour des cathos intégristes de Civitas, avec en guest star Farida Belghoul, d’assurer l’animation. Plus de détails sur cette folle journée dans le compte rendu que nous en avions fait, à lire ici.
L’année dernière, les cortèges était plutôt clairsemés. Pourtant, cette année, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands, avec des « animations médiévales » à partir de midi, avant la manif. Pour assurer la promotion, le site d’extrême droite Média-Presse-Info a demandé à des « personnalités » d’appeler à soutenir l’initiative. De façon assez cocasse, on peut ainsi entendre le gourou misogyne Alain Soral nous parler de « cet être surhumain » qu’est la Pucelle d’Orléans, réussissant à glisser comme de bien entendu quelques petites allusions antisémites, suivie de Marion Sigaut, qui nous explique que « pour que la France soit sauvée, il faut que des femmes se lèvent ». Fichtre, s’agirait-il d’une manif féministe ? Pas vraiment, car Sigaut complète : « les femmes ne sont pas là pour faire le travail des hommes, mais pour leur montrer leur devoir. (…) Quand les hommes n’y arrivent plus, c’est à nous les femmes, de les aider. » Question : y aura-t-il pendant la manif distribution de Viagra ?
Ensuite, plus classiquement, les fous de la messe prennent le relais : l’historien Pierre Hillard, qui nous révèle « ce que personne ne sait », même parmi les patriotes catholiques, à savoir que « le message premier » de Jeanne est de vouloir « restaurer la royauté du Christ sur la France » ; Béatrice Bourges du Printemps français (qui avoue prier Sainte-Jeanne d’Arc « tous les jours »), nous met en garde : « si ce n’est pas Dieu qui gouverne la Terre, alors c’est Satan » ; et enfin, Elie Hatem, candidat FN-RBM dans le IVe arrondissement de Paris lors des dernières municipales mais surtout cadre de l’Action française, y va lui aussi de sa petite litanie : pas de surprise pour nous, on l’avait déjà vu aux côtés de Civitas et de Jany Le Pen à la tribune d’une manifestation pour les Chrétiens d’Orient en septembre dernier.
Dieu leur avait envoyé la pluie l’an passé pour les éprouver : mais il serait peut-être temps que nous aussi on s’organise pour perturber leur petite fête…
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