Parmi la rafale de mesures annoncées, nous en retenons deux particulièrement inquiétantes : la sélection et la possibité pour des établissements non publics de délivrer des masters.

La sélection, rebaptisée « gestion des flux » (sic), est donc clairement évoquée comme une mesure nécessaire. Bien que déclarant que tout étudiant inscrit en master 1 a vocation, sauf cas exceptionnels, à poursuivre en master 2, le rapporteur estime qu’une sélection doit être imposée dès le master 1. On se souvient que cette proposition avait déjà suscité un tollé à deux reprises ces dernières années. Pour Sud étudiant, le master doit rester accessible à l’ensemble des étudiant-e-s de licence, ce qui suppose donc aussi que l’on aille vers la fin des « licences professionnelles » empêchant les étudiant-e-s de poursuivre en master.

La seconde annonce scandaleuse est la volonté de faire en sorte que tous les établissements dits « d’enseignement supérieur » puissent délivrer des formations et des diplômes, après habilitation de l’état. Ceci rendrait donc possible le fait que des organismes privés, des entreprises proposant une formation professionnelle, puissent délivrer des masters !

Outre le danger intrinsèque d’assister à une dévaluation des diplômes, à un éclatement des référentiels et donc par là même à une casse du droit du travail (puisque les conventions collectives sont fixées en fonction de diplômes nationaux), le rapporteur souhaite amplifier cette dévaluation. En effet, il est proposé d’effacer la distinction entre masters professionnels et masters recherche. Si nous partageons le sentiment que cette distinction n’a pas lieu d’être, c’est bien parce que nous souhaitons que les formations universitaires maintiennent un lien étroit avec la recherche. Or, ce que le rapporteur propose à plusieurs reprises correspond bien plus à une volonté de rapprocher les formations des entreprises que de la recherche… Ceci se traduit par une batterie de considérations sur la nécessité pour l’université de fournir des indicateurs sur les taux d’insertion professionnelle à la sortie des formations, mais aussi par une volonté de mettre en place des stages obligatoires pour les étudiant-e-s.

En contrepartie, le rapporteur feint un intérêt pour nos conditions de vie et d’études, évoquant la nécessité de meilleures garantie en matière de droits sociaux pour les étudiant-e-s, de versement plus réguliers des bourses, etc