Ce matin, une trentaine de personnes se sont invitées à la table du refectoire du bâtiment dans lequel Air France a ses bureaux à la mairie de Montreuil (cf tract qui suit). Suite à l’action, 3 personnes ont été interpellées. Il y aura un rassemblement demain vendredi 1er mars à midi à la mairie de montreuil pour montrer notre solidarité aux camarades

Au palmarès des boîtes collabo, les compagnies aériennes occupent une place de choix. Elles sont, depuis toujours, un des maillons essentiels de la chaîne qui permet à l’État d’expulser les personnes étrangères. Directement renvoyées dès leur arrivée, celles-ci peuvent aussi, du jour au lendemain, être emmenées de force à l’aéroport depuis les lieux qui enferment les personnes n’ayant pas les bons papiers : centres et locaux de rétention administratives.

Environ 70 % des expulsions réalisées chaque année en France le sont avec des vols commerciaux. C’est à cause d’Air France et des autres compagnies aériennes nationales, comme Royal Air Maroc, Lufthansa ou encore British Airways que l’État peut mener sa politique raciste, comme le montre la récente loi Darmanin, qui vise à enfermer et expulser toujours plus. En 2023 près de 12 000 personnes ont subi un « éloignement forcé » selon la novlangue de l’État. Les compagnies aériennes viennent s’ajouter aux vols affrétés directement par la police aux frontières, qui fait appel pour cela à une petite entreprise basée à Caen, Challair Aviation, ou à des vols européens groupés sous la bannière Frontex.

Alors évidemment Air France ne s’en vante pas : participer au maintien des frontières, qui trient, contrôlent et tuent, c’est pas terrible pour son image de marque.

C’est pour rappeler à ses salarié.es, des bureaux à l’équipage, qu’iels bossent dans une boite bien pourrie, qu’on est là aujourd’hui.

En clair voilà comment ça se passe : quand une personne refuse d’être expulsée, elle se retrouve menotée, scotchée, casquée et baillonnée. Mise au fond de l’avion avant l’arrivée des passager.èress, elle est entourée d’au moins 3 flics qui ne vont pas hésiter à la tabasser pour l’empêcher d’alerter les voyageureuses. La violence est telle que des personnes meurrent durant leur expulsion, étouffées par l’entrave.

« Pendant l’avion je suis rentré calmement. De toute façon, je n’avais pas le choix. J’étais menotté et casqué. Ils m’ont fait entrer par l’arrière. C’était un gros avion Air France. Y avait les 3 flics de l’escorte hyper costaud et au moins 5 flics de l’aéroport. Une fois assis entre deux flics. Ceux de l’aéroport sont repartis. J’ai attendu que beaucoup de voyageurs entrent dans l’avion. Puis d’un coup j’ai essayé de me lever en gueulant.

J’ai crié, « lachez-moi », « vous voulez me tuer », je me suis débattu. Mais les flics m’ont fixé sur mon siège, y’en a un qui me tapait, pendant qu’un autre m’écrasait la tête sur mes genoux et m’étouffais. Je ne pouvais plus respirer alors au bout d’un moment, j’ai laché l’affaire. Ils m’ont maintenu comme ça jusqu’au décollage. Une fois en l’air c’était fini. Plus de retour possible. »

Témoignage vu sur abaslescra, juillet 2023

Les expulsions sont tellement industrialisées que les autorités aériennes ont établi tout un protocole pour ce qu’elles nomment les DEPA (DEported PAssengers ou personne expulsable accompagnée par une escorte). Elles ont même rédigé un « guide pratique » des expulsions, grâce à « une collaboration entre les gouvernements et l’industrie du transport aérien pour (…) la gestion des frontières ».

L’aviation civile a donc totalement intégré cette politique répressive dans son fonctionnement et les pilotes y jouent un rôle essentiel. Prévenu.es à l’avance qu’iels vont décoller avec une ou plusieurs personnes expulsées, iels peuvent bloquer l’expulsion s’iels estiment que la sécurité de l’avion n’est pas garantie. Iels peuvent refuser que la personne embarque ou, une fois à bord, exiger que les flics descendent de l’avion. Au cours des quatre dernières années plus de 3 000 expulsions ont ainsi été annulées. Mais dans la majorité des cas, les pilotes ferment les yeux et exécutent les ordres de l’État. Le racisme est donc bien dans l’air. Chez Air France, c’est tout un monde qui détient un rôle décisif dans la machine à expulser.

Les compagnies savent bien que ce qu’elles font est dégueulasse. Ainsi, elles fixent un quota d’expulsion à ne pas dépasser pour éviter que cela ne leur fasse une mauvaise pub. Et bien entendu, être une boite collabo ça rapporte. En 2023, l’État a déboursé 27,7 millions d’euros pour acheter des billets (avions, train, bateau) pour expulser des personnes étrangères. Une partie de cette somme est allée dans les caisses d’Air France.

Air France et tous vos copains on sait ce que vous faites !

Le kérosène c’est pas pour les avions, c’est pour brûler Air France, les CRA et les frontières.