[nantes] rencontre avec bernard friot
Publié le , Mis à jour le
Thèmes : CntLuttes salarialesRetraites
29
Nov
le vendredi 29/11/2019 à 17:30
B17, 17 rue Paul Bellamy 44000 Nantes, dans la deuxième cour à gauche au-dessus du garage associatif "l'Atelier"
Pour y accéder : Trouver B17 - CNT de Nantes
B17, 17 rue Paul Bellamy 44000 Nantes, dans la deuxième cour à gauche au-dessus du garage associatif "l'Atelier"
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CNT Nantes
Syndicats nantais de la Confédération nationale du travail, organisation anarchosyndicaliste et syndicaliste révolutionnaire, le seul syndicat sans permanent.es ni subventions !
Le vendredi 29 novembre, en prévision de la grève générale qui débutera le 5 décembre, la CNT 44 reçoit Bernard Friot qui présentera sa conférence gesticulée « Je veux décider du travail jusqu’à ma mort ».
Rendez-vous à 18h30 au local autogéré B17 (17 rue Paul Bellamy à Nantes).
Entrée prix libre, il y aura une buvette et de quoi grignoter, les bénéfices de la soirée viendront alimenter la caisse de grève de la CNT 44.
A l’heure où le PS se propose de « réformer » les retraites, ou plutôt de les diminuer sous une forme ou une autre, plusieurs voix s’élèvent à gauche pour défendre « d’autres réformes, citoyennes, démocratique, etc. » L’une d’entre elle est celle de Bernard Friot. Un économiste et sociologue, enseignant à Paris X, proche du Front de Gauche. Mais que propose au juste cet universitaire altermondialiste ? Faut-il prendre pour argent comptant ce qu’il dit ? On va essayer de décrypter son projet de « salaire socialisé ».
Pourquoi parler de Friot en particulier ? A tantquil, on a rien de personnel contre lui. Mais il fallait bien commencer quelque part. Et puis les théorie loufoques de Friot sont bien significatives d’un argumentaire qui obtient aujourd’hui de plus en plus d’échos dans l’extrême gauche, y compris libertaire : une gestion alternative du capitalisme serait possible. Il suffirait ainsi de repeindre en rouge le salariat pour faire disparaitre l’exploitation qui va avec d’un bon coup de baguette magique (et citoyenne)… Allons donc voir ça de plus près.
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Tout commence bien : Friot fait une critique du discours patronal sur les retraites. Il explique que la hausse de la durée de travail et du départ à la retraite n’est pas inéluctable, ce avec quoi on ne peut qu’être d’accord…
Ensuite, il explique que les cotisations sociales font partie intégrante du salaire, ce qui est son point de départ.
Salaire indirect ou salaire socialisé ?
En effet, les cotisations salariales s’élèvent à 23% du salaire brut et alors que les cotisations patronales représentent environ 50% du salaire. Si elles ne vont pas directement dans la poche du salarié, elles font partie du salaire, elles financent indirectement une série de caisses. Si celles-ci n’existaient pas, ces dépenses coûteraient très cher au salarié : assurance maladie, chômage et retraites.
Par exemple, un smicard qui travaille à plein temps, va toucher 1 121,29€ net. Cela va représenter son salaire direct. Son patron va aussi payer 23% de cotisations salariales et entre 50% et 53% de cotisation patronales. En plus de son salaire direct de 1121,29€, il touche 257,80€ de cotisations salariales et 571,70€ de cotisations patronales, soit 829,60€ de salaire indirect. Il ne touchera pas cet argent directement, qui servira à payer des cotisations dans de diverses caisses d’assurances étatisées.
Ces cotisations payent l’assurance maladie, le chômage, et les retraites. Quand l’état ou le patronat réduisent le montant de ces allocations, de ces prestations ou augmentent la durée de cotisation, ils réduisent le salaire indirect ou salaire différé.
Là où on sera moins d’accord avec Friot est que celui-ci va parler de salaire « socialisé » pour qualifier ce système de cotisation. Socialisé voudrait dire, que ce salaire appartient à tous les salariés, et que tous décident démocratiquement de comment s’en servir.
Or, c’est loin d’être le cas. Le chômage, l’assurance maladie et surtout les retraites fonctionnent comme des caisses d’assurances. Une certaine cotisation (en trimestres, en heures de travail) ouvre droit à une indemnisation plus tard. Ces gigantesques caisses d’assurances sont gérées par l’état, les patrons et les syndicats représentatifs (qui n’ont qu’un tiers des voix), et si les partenaires ne tombent pas d’accord, c’est une loi qui tranche.
Ce mode de gestion est très loin d’être socialisé, mais plutôt étatisé. S’il suffisait à quelque chose d’être financé par des impôts et encadré par l’état pour être « socialisé », les coups de matraques donnés par des flics à des ouvriers qui se font licencier seraient aussi du salaire « socialisé » redistribué généreusement par l’état.
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Une grande réforme magique
A partir de l’idée que les cotisations sociales représentent un salaire « socialisé », Friot développe un grand projet de réforme qui fusionnerait capitalisme et communisme, le tout sans violence.
L’idée de base est simple, peut-être un peu trop simple. Tout le monde touche un salaire, qui est indépendant du travail, grâce à une taxe à 100% sur le chiffre d’affaire des entreprises. L’état redistribue cette taxe sous forme de salaire socialisé et tout le monde devient en quelque sorte fonctionnaire avec 4 grades de rémunération correspondant aux diplômes, comme les grades A, B, et C de la fonction publique.
Des mesures fantaisistes voire étranges…
Tout d’abord, son projet présente des réelles incohérences qui rendent ce système au mieux fantaisiste, au pire illusoire. Parmi les incohérences les plus flagrantes :
– Dans son projet, les retraites n’existent pas et les retraités continuent de travailler, mais selon des modalités assez vagues on ne sait pas s’ils travaillent moins, s’ils s’arrêtent de travailler ou s’ils travaillent jusqu’à leur mort.
– Les bourgeois ne sont pas expropriés, ils sont encore à la tête de leur entreprise mais on ne sait pas trop ce qu’ils en font, on les voit mal attendre à se tourner les pouces sans essayer de s’attaquer au salariés.
– Les salaires sont sur une grille de 4 niveaux de 1500 euros à 6000 euros. Ils sont liés au niveau de diplôme. En gros, un prolo niveau bac ou moins, touche 1500 euros, un ou une fonctionnaire à Bac +3 touche 3000 euros, une titulaire de master 2 est à 4500 euros et un docteur ou universitaire touche 6000 euros et comme par hasard Friot est prof de fac. Du coup, dans ce système, il suffit d’avoir des diplômes pour gagner 3 ou 4 fois plus qu’un prolo de base, et en général les plus diplômés ne sont pas les fils de cantonniers ou les filles de mineurs, mais plutôt issus des couches supérieures les plus riches et diplômées.
Socialiser le salariat ou l’abolir ?
C’est tellement simple que ces réformes ne sont pas très loin du grand coup de baguette magique.
Ce projet réformiste présente les mêmes tares que tous les autres projets réformistes: Les patrons vont –il l’accepter comme ça ? Quel va être le rapport de force pour l’imposer ? On voit mal des élections mettre en place le projet « Friotiste »… Et en cas de révolution, ça serait bête de s’arrêter là…
Et oui, si ce projet se propose de changer radicalement le capitalisme, pour gérer le salariat, il ne prend pas en compte la dynamique même qui pourrait amener à ce changement : la révolution sociale.
Or pour nous, l’abolition du salariat, ce n’est pas juste une belle idée : c’est une arme contre les capitalistes. Si, dans la révolution sociale, nous organisons la société en dehors des rapports capitalistes d’échanges et d’exploitation, à quoi leur servira leur capital, leur or, argent ? En somme, abolir le salaire, instaurer la gratuité c’est agir contre le pouvoir que procure l’argent.
L’utopie bancale de Friot est une resucée de veilles recettes réformistes qui est mêlé à des mesures fantaisistes et incohérentes : ce n’est ni réaliste d’un point de vue capitaliste, ni une arme pour nous, dans cette crise. Aussi, ce qui nous étonne le plus dans ce projet est son relatif succès sur Internet mais aussi au travers d’une série de conférences.
Ce succès est le symptôme du fait qu’il n’y a plus que très peu de critique radicale dans le domaine de l’économie politique, qui soit accessible et audible, ce qui laisse le champ libre pour des hurluberlus dans le genre de Bernard Friot. C’est à nous de faire en sorte que les révolutionnaires soient audibles.
Pour ceux qui veulent voir par eux même ce que dit Friot, quelques articles :
http://www.reseau-salariat.info/5abf1bfb96df1682c10a0539ebb8e8b0
“Les retraités, modèles d’une nouvelle production de valeur économique“
http://www.reseau-salariat.info/d6a9997d6ee5288692bd6f2071e6313e
Bernard Friot semble être devenue une icône révolutionnaire chez une partie des jeunes révoltés d’aujourd’hui, avec des idées soi-disant « neuves », « révolutionnaires » et « vraies ». Or, Bernard Friot n’est pas un révolutionnaire, mais a été depuis Mai 1968 (il est membre de l’Union des Etudiants du Capitalisme étatico-stalinien – UEC – de Nancy dès cette époque, avant de diriger celui-ci après 1969) un contre-révolutionnaire actif au sein du Parti du Capitalisme étatico-stalinien Français (PCF), avec de vieilles idées contre-révolutionnaires et complètement fausses (du genre qu’un retraité crée de la valeur économique dès lors qu’on lui reconnaîtrait une telle capacité, alors même qu’il ne vend pas de marchandise et que donc son activité n’a pas de valeur d’échange – puisqu’il n’effectue pas d’échange marchand – et donc pas de valeur économique) tirées de sa thèse d’économie autour de la Sécurité sociale. Bernard Friot avec son organisation a directement participé au sabotage de Mai 68 : sabotage du mouvement de grève générale (PCF s’empresse de négocier avec Pompidou des Accords de Grenelle qu’ils accepteront dans l’optique de mettre fin au mouvement) et du mouvement de révolte étudiant, insulte du mouvement étudiant (Pierre Juquin du PCF parle en Avril 68 d’ « agitateurs – fils à papa » au sujet des étudiants insurgés de Nanterre) – et on voudrait en faire un ami de l’émancipation ? L’UEC (Union des Etudiants prétendument Communistes), organisation de Bernard Friot, scande au cours du 1er Mai 1968 « Au boulot les fils à papa », arrachent et déchirent des drapeaux noirs, et s’en prennent aux étudiants révoltés, et on voudrait qu’il soit une icône révolutionnaire ? L’UEC de Bernard Friot s’est alignée sur l’ensemble des positions contre-révolutionnaires du PCF visant à un arrêt complet du mouvement (réussi, malheureusement) et soutiendra quelques mois plus tard l’intervention des chars soviétiques en Tchécoslovaquie pour mettre violemment fin au vent de révolte et de liberté du Printemps de Prague (sans parler de son passé historique de zélateur stalinien, de son négationnisme des crimes de Staline, de son soutien au brutal écrasement de Budapest insurgée en 1956), et on voudrait qu’il soit notre guide intellectuel pour un mouvement émancipateur ?
Bernard Friot, comme l’ensemble des marxistes-léninistes, et particulièrement de l’espèce du PCF, se fait passer pour ce qu’il n’est pas, un révolutionnaire visant à une émancipation du capitalisme, et réussi à faire oublier ce qu’il est, c’est-à-dire un contre-révolutionnaire visant à museler toute volonté d’auto-organisation n’étant pas destinée à une récupération partisane (il est au Front de Gauche, n’oublions pas !) et à interdire toute perspective d’émancipation réelle du capitalisme.
Bref, Bernard Friot est un marxiste-léniniste contre-révolutionnaire depuis Mai 68, visant à une récupération partisane des mouvements d’auto-organisation comme Nuit Debout au profit d’un capitalisme d’Etat semblable au modèle soviétique (n’oublions pas, encore une fois, qu’il est au PCF, qui n’a toujours pas admis que l’URSS était un capitalisme d’Etat criminel). Ce qu’il propose n’est rien d’autre qu’un capitalisme d’Etat comme l’URSS avec « sécurité sociale » universelle et un salariat universel, comme il y en avait une en URSS.
BERNARD FRIOT, UNE ESCROQUERIE – UNE CRITIQUE DES PROPOSITIONS DE BERNARD FRIOT DANS APRÈS L’ÉCONOMIE DE MARCHÉ
Bernard Friot et son « Réseau salariat » nous assène comme s’il s’agissait d’évidences masquées un certain nombre de contre-vérités :
– Le PIB serait une « mesure en argent de la valeur économique » (alors même que Marx explique que cette dernière n’est pas mesurable concrètement, et sachant que l’argent est en grande partie une anticipation de survaleur future, aujourd’hui, puisque l’émission de monnaie se fait sous forme de crédit)[1] ;
– 35 % du PIB, donc de la valeur, serait créée par l’ensemble des fonctionnaires et des bénéficiaires de la Sécurité sociale (alors que ceux-ci ne font que consommer de la survaleur produite ailleurs – tout en assurant effectivement une production de services nécessaires au procès global de reproduction du capitalisme national, en formant des futurs travailleurs, en assurant une défense militaire du capitalisme national, etc. –, et cela même s’ils ont créé de la survaleur antérieurement – retraités, en-dehors des fonctionnaires et des travailleurs de la Sécurité sociale –, puisqu’ils ne produisent pas de marchandises qu’ils vendent contre davantage d’argent qu’ils avait investis au départ – ils ne peuvent donc pas réaliser de survaleur, puisqu’ils ne font pas de plus-value, de profit)[2] ;
– Le fait qu’on dénie aux fonctionnaires et aux bénéficiaires de la Sécurité sociale de créer de la valeur serait une mystification idéologique (alors qu’il s’agit d’une réalité : un retraité ne produit pas de valeur puisqu’il ne produit-vend pas de marchandises, même s’il rend effectivement des services à ses proches – Bernard Friot veut absolument que la valeur soit partout, y compris des relations non-marchandes qui soi-disent en créeraient, pour qu’on reste enfermé au sein de l’idéologie capitaliste)[3] ;
– Le retraité serait « au travail » et « payé pour soi », à vie, producteur de valeur, sans employeur, sans recherche d’emploi, sans produire de marchandises (alors qu’il n’est pas au travail puisqu’il n’a pas vendu son activité sous forme de marchandise-travail – y compris comme fonctionnaire d’Etat –, qu’il ne produit pas de valeur puisqu’il ne produit pas de marchandises vendues, qu’il n’est pas payé mais simplement rétribué en raison de ses cotisations passées par une caisse qui, si elle n’est pas financée par de la survaleur créée donc possiblement cotisée, fait faillite – c’est-à-dire qu’il n’y a pas de Sécurité sociale sans valorisation effective, sans survaleur réellement créée)[4] ;
– Les fonctionnaires ne connaîtraient pas « le marché du travail, ils ne vendent jamais leur force de travail, ne sont jamais demandeurs d’emploi. Ils sont reconnus comme porteurs de la capacité à produire de la valeur économique » (alors qu’ils sont devenus fonctionnaires précisément après avoir été demandeurs d’emploi sur le marché du travail, ils vendent simplement leur force de travail à l’État plutôt qu’à des entreprises privées. Ils ne sont pas reconnus comme porteurs d’une capacité productrice de valeur économique, mais simplement rétribués pour leurs services permettant une reproduction globale du capitalisme national – un enseignant étant rétribué pour former des futurs travailleurs, un policier pour assurer l’ordre capitaliste, etc.)[5] ;
– Les fonctionnaires et retraités produiraient 35 % du PIB en produisant des « non-marchandises » et sans vente de leur force de travail (encore une fois, ils ne produisent pas de marchandises, donc ils ne produisent pas de valeur, et ils vendent ou ont vendu leur force de travail)[6] ;
– Il y aurait deux conventions, une « capitaliste de travail », une « salariale de travail », alors qu’il s’agit d’une seule et même réalité, le contrat de travail ;
– Qu’avec une généralisation du fonctionnariat, de la cotisation et de la qualification, il n’y aurait plus de marché du travail, et que chacun serait payé sous forme de cotisations de minimum 1500 euros (alors même qu’être fonctionnaire c’est avoir simplement vendu sa force de travail à l’État, son employeur « durable », et que d’autre part on se demande comment est-ce que ces cotisations universelles – même versées aux non-travailleurs – seront financées dans une situation de crise structurelle du capitalisme français et du capitalisme mondial, alors qu’un nombre croissant de travailleurs ne sont plus rentables économiquement et que ce n’est qu’au prix d’un niveau de productivité du travail énorme que nous parvenons encore à vendre de manière rentable des marchandises mondialement ?)[7] ;
– La propriété lucrative serait supprimée – et remplacée par des caisses d’investissements –, puisqu’elle est nuisible aux investissements utiles, qu’elle s’approprie une partie de la survaleur sans réinvestir celle-ci ; et d’ailleurs, la Sécurité sociale montre que cela marche, puisque nos hôpitaux sont extrêmement performants simplement grâce à une augmentation du taux de cotisation (cela signifie, en réalité, qu’il n’y a pas de suppression de la propriété privée ; mais surtout, d’autre part, il est complètement faux que la Sécurité sociale « marche » comme ça, toute seule, puisque l’augmentation du taux de cotisation dépend de la survaleur créée : en cas de crise structurelle, comme depuis 40 ans, ce taux de cotisation ne peut augmenter qu’au détriment de la survaleur, puisqu’il augmente relativement le salaire – qui est relativement baissé par d’autres moyens, d’ailleurs – et donc baisse la survaleur, nécessaire aux investissements pour rester compétitifs et aux dividendes pour assurer un approvisionnement régulier en capital financier nécessaire aux investissements et aux frais courants – la Sécurité sociale ne « marche » donc qu’en raison d’une survaleur continuée, et au sein d’un « capitalisme friotien », cela n’a aucune chance d’arriver puisque son modèle implique une hausse des salaires et une baisse de productivité-compétitivité, donc une chute brutale des exportations, un renchérissement des importations, une survaleur extrêmement faible voire inexistante – puisque comment vendre des marchandises non-rentables ? –, etc.)[8].
La raison du succès de Bernard Friot est évidente : c’est un besoin de croire en un certain nombre de mensonges rassurants, celui du fonctionnaire-et-du-retraité-producteurs-de-valeur (en s’appuyant sur un indicateur extrêmement problématique, celui du PIB) ; celui d’une Sécurité sociale comme institution extra-capitaliste, sans problèmes de financement, non-liée aux performances du capitalisme national ; et celui d’un « bon salariat » et du « bon travail producteur de valeur » débarrassé des « parasites » (vœu également d’Alain Soral), et donc d’un possible « capitalisme social ». Le projet de Bernard Friot est pourtant non seulement non-émancipateur puisqu’il maintient l’ensemble des structures capitalistes (travail, marchandise, valeur, argent, capital), mais de surcroît fondé sur des contre-vérités, irréaliste, et même assez dangereux en termes de blocage d’une émancipation réelle du capitalisme.
[1] Après l’économie de marché, p. 9.
[2] Après l’économie de marché, p. 9. Addentum : L’Etat crée de la valeur, mais pas de survaleur, et du point de vue du capital (privé), il représente des « faux frais » nécessaires à sa reproduction.
[3] Après l’économie de marché, pp. 9, 13.
[4] Après l’économie de marché, pp. 10-11.
[5] Après l’économie de marché, p. 11.
[6] Après l’économie de marché, p. 12.
[7] Après l’économie de marché, p. 9.
[8] Après l’économie de marché, p. 15.
Bernard Friot propose un capitalisme de « sécurité sociale », où nous continuerions de vendre notre activité et notre temps d’existence sous forme de travail pour produire des marchandises et de la survaleur (du profit, du capital), en continuant de dépendre du Marché et de sa dynamique aveugle, où nous continuerions d’être dépossédés de moyens d’existence autonomisants au profit des entreprises et autres « propriétés privées », où nous continuerions de produire ce qu’on nous demande de produire dans des entreprises et en fonction du Marché, où nous continuerions de gagner en majorité 1500 euros pour une vie d’aliénation, d’exploitation et de destruction, où nous continuerions d’être dominés étatiquement, sans compter que son scénario est complètement irréaliste puisqu’il ne tient compte ni de l’actuelle crise du capitalisme (qui réduit toute marge de manoeuvre pour un système capitaliste de « sécurité sociale » universalisé), ni du rapport de force capitaliste actuel (qui rend ce scénario complètement impossible, sauf révolution, et dans ce cas pourquoi maintenir des entreprises, l’Etat, des rapports capitalistes, etc. ?), ni du caractère mondialisé du capitalisme (laquelle rendrait un système capitaliste de « sécurité sociale » non-compétitif mondialement, donc voué à une faillite). Simplement, nous aurions 1500 euros « à vie » grâce à des caisses de cotisation dont on se demande comment elles seront financées en phase de crise structurelle du capitalisme (parce que, pour avoir de l’argent, il faut en produire, forcément), en travaillant pour nos mêmes entreprises de merde, pour produire des mêmes marchandises de merde, pour une même vie de merde, des mêmes rapports sociaux de merde, avec un même Etat de merde et soumis à un même Marché de merde ! Un capitalisme de « sécurité sociale » laissant intact une même dépossession, aliénation, exploitation, avec des rapports marchands et de domination étatique, en plus complètement irréaliste sauf révolution – et, dans ce cas, faire une révolution pour une sous-réforme du capitalisme, c’est vraiment idiot. Abolition du salariat, du travail, du capitalisme !
Je ne me lasse pas de cette puissance de penser.
Bernard nous aide à nous émanciper, vraiment, en profondeur et pour longtemps.
Il faut écouter ses conférences le crayon à la main : 0% MG… du début à la fin.
Il y a des fulgurances dans cette conférence, comme chaque fois, des formules fortes que nous pourrions retranscrire et publier en commentaires, non ?
En cette période de dévastation criminelle de notre assurance retraite (et de toute la sécurité sociale, en fait), il est urgent que tous les citoyens connaissent la précieuse analyse de l’enjeu des retraites par Friot. Les syndicalistes d’abord, bien sûr, devraient connaître cette argumentation sur le bout des doigts ; les militants aussi, sans doute ; mais aussi tous les citoyens dignes de ce nom.
[L’antienne d’Étienne : ] Ne pas perdre de vue que, si nos prétendus « représentants » peuvent ainsi nous voler comme au coin du bois sans rien craindre de notre colère, c’est parce que nous n’avons pas de constitution digne de ce nom. Et si nous n’avons pas de constitution digne de ce nom, c’est parce qu’il n’existe pas (assez) de citoyens constituants. Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Pendant les ateliers constituants, nous nous relevons, nous ne sommes plus à genoux, nous devenons des adultes politiques, nous n’acceptons plus d’être ravalés au rang humiliant d’électeurs (c’est-à-dire d’enfants, d’incapables politiques), nous sommes en train de devenir libres, simplement parce que — enfin — nous le voulons !
Dans un peuple devenu constituant, il n’y aura plus de place pour des tyrans.
Ne pas oublier non plus que la destruction de la sécurité sociale est programmée dans les GOPÉ (Grandes Orientations des Politiques Économiques) et imposée par la Commission européenne, et que ça va continuer de plus en plus cruellement tant que nous resterons dans l’UE. Aucune souveraineté populaire, aucune démocratie digne de ce nom, n’est possible dans le carcan de la prétendue « Union européenne ». En devenant constituants, nous deviendrons souverains et nous sortirons du même geste, sans doute par RICs, de la prison européenne (UE) et de la prison française (5ème « République »).
Je tique encore sur l’affirmation de Bernard : « en économie, il n’y a que de l’aujourd’hui », qui semble dénier la possibilité de conserver des droits-sur-la-valeur-créée-par-la-société avec des signes monétaires épargnés (des titres-porteurs-de-pouvoir-d’achat-utilisables-plus-tard-quand-je-veux). Il me semble que c’est nier une des fonctions essentielles de la monnaie. Il faudra que je lui en parle la prochaine fois qu’on se verra ????
Il faut aider Réseau Salariat (même un peu c’est beaucoup) :
https://chouard.org/blog/2019/11/25/retraites-passionnant-urgent-et-important-bernard-friot-retraite-salaire-continue-ou-revenu-differe/
Chers amis,
Il y a quelques années, en juin 2010, j’ai découvert Franck Lepage (dans une magnifique émission de Daniel Mermet), et Franck m’a fait ensuite découvrir le travail formidable de Bernard Friot. Depuis, nous sommes devenus amis tous les trois et je trouve que Bernard progresse sans cesse (Franck aussi, d’ailleurs) : son discours est de plus en plus précis et pénétrant, son diagnostic et sa proposition sont de plus en plus puissants, de mieux en mieux argumentés.
Si vous ne connaissez pas cette alternative, c’est le moment de la découvrir, avec ce nouveau livre (petit et pas cher) qui en propose une synthèse très claire. Il s’intitule « Vaincre Macron » (je n’aime pas trop ce titre) mais il dépasse bien sûr (de loin) les problèmes de personnes et vise le cœur (les institutions) du système dit « capitaliste » : décider QUI est légitime pour attribuer la VALEUR économique ?
• Je reproduis ici sa courte introduction, que je trouve puissante, ainsi que son plan.
• Je vous signale ensuite la vidéo d’une bonne conférence où Bernard décrit l’essentiel de son nouveau livre.
• Je vous signale aussi une conférence que Bernard donne ce soir, à Marseille, ainsi qu’un atelier qu’il anime demain après-midi.
• je vous rappelle enfin que l’association « Réseau salariat » a besoin de notre aide à tous pour continuer la bagarre.
Salut. J’me permets de vous faire un copié-collé d’une réponse que j’ai
faite ailleurs au sujet de Bernard Friot et son « amitié » avec Etienne
Chouard.
J’en profite pour vous dire que j’ai déjà publié une photo de la soirée
ici : https://www.flickr.com/photos/valkphotos ; je vais essayer de
mettre d’autres photos dans la journée/soirée/nuit, quand je pourrai,
quoi…
/Pas sûre que j’aie le courage de faire un compte-rendu de la soirée
: presque 3h de conf c’est beaucoup trop long et passées les
premières minutes fort sympathiques il a de plus en plus fait la
promo du communisme, seul apte à nous sauver, c’était très lourd…
sans parler de paroles et attitudes capacitistes ou gênantes pour
certain-e-s catégories (bras d’honneurs, cris du cœur pour que tout
le monde travaille jusqu’au bout de sa vie afin de « mourir sans
age »)… mais super ambiance et caisse de solidarité bien remplie :
c’est le principal.//
//
//Concernant l’extrait vidéo où il dit son amitié pour Chouard et
renvoie dos à dos fachos et antifas
<https: />, puisque ça a été évoqué ça
et là, il a reconnu son erreur et son emportement et s’en explique
ici : //
//?J’ai toujours dit également – et le 5 février comme à d’autres
occasions- ce qui me sépare d’Etienne Chouard, dont le travail m’a
alerté, et je lui en suis reconnaissant, sur le caractère
antidémocratique de la logique représentative /…/ Je considère que
le complotisme est aussi dangereux que démobilisateur. Que la
liberté d’expression a et doit avoir des limites légales, entre
autres en matière de lutte contre l’antisémitisme. Que « lutter
contre la doxa » ne fait pas de la personne un « résistant »,
surtout quand la « doxa » à laquelle on « résiste » est l’existence
des chambres à gaz. Et que vouloir s’adresser aux électeurs du RN ne
passe en aucun cas par la prise au sérieux de ceux qu’ils prennent
au sérieux, sauf à risquer d’être une passerelle vers la nébuleuse
floue de groupes d’extrême-droite très présents sur les réseaux
sociaux.?//
//source :
https://gauchedecombat.net/2019/08/25/antifas-droit-de-reponse-du-reseau-salariat-et-de-bernard-friot/