hier avait lieu une journée nationale de grève contre la loi travail. A Caen, la manif syndicale était pour le moins classique : rendez-vous 10h30 place saint-pierre pour le trajet habituel. Elle a rassemblé 10000 personnes. Cela reste bien en-dessous des mobilisations contre la réforme des retraites ou contre le CPE par exemple.
L’AG inter-lycées et l’AG de Lutte rassemblant étudiant-es, chômeurs-euses, salarié-es appelaient à partir à 10h du Phénix (campus 1) et à prendre la tête de la manif. Il n’y aura pas de soucis pour la prendre, contrairement à d’autres époques. En revanche, à peine ce cortège passé en tête, le SO de la CGT se déploie derrière et met de la distance avec le reste du cortège, empêchant toute jonction entre la plupart des salarié-es et les étudiant-es et lycéen-nes. Au milieu du service d’ordre cgtiste, des flics de la DCRI (ex-RG), et les allers-retours entre la bureaucratie syndicale et le chef de la sécurité publique du Calvados Papineau, posté sur le bord du trottoir, sont incessants. Alors même que les interpellations se sont multipliées depuis des semaines contre les lycéens, qui portent depuis le début cette lutte à bout de bras à Caen, la bureaucratie de la CGT a choisi son camp : celui de la dissociation et des flics. Cela a été le cas dans de nombreuses villes, où ils ont même essayé parfois de livrer à la police des gens cagoulés.
Pendant la manif, à plusieurs reprises le cortège bigarré et plutôt jeune de tête attend le reste de la manif. A chaque fois le SO de la CGT stoppe et maintient 50 à 100 mètres de distance. Après quelques discussions, il recolle finalement au cortège. Pendant cette manif, des affiches vont être collées, et au moins deux banques taggées.
Arrivée à la Préfecture, fin de la manif syndicale. La CGT prend la parole et appelle à la dispersion: les slogans « on lâche rien », « ou sinon ça va péter » ne sont définitivement que des slogans… Un fly a pourtant circulé massivement dans la manif : l’AG de Lutte appelle à une action à la fin de cette manif traîne-savates. Pendant que le collectif des intermittents-es repeint le théâtre, un cortège se reforme de 1000 à 1500 personnes. Il part en action. Le cortège se scinde en deux en bas du Gaillon : l’un part vers l’avenue de Creully, l’autre vers la rue du magasin à poudre en longeant la fac. Les flics sont surpris par la manoeuvre. Les deux cortèges se rendent à la vallée des jardins, où le périph est accessible en grimpant un talus et traversant des buissons.
La BAC sert de près et commence à interpeller des gens isolés. Les flics sont déjà positionnés sur le périph et balancent des grenades lacrymogènes. Quelques-unes sont renvoyées, agrémentées de quelques projectiles. Une poignée de personnes met un pied sur le périph, mais rebrousse chemin parce qu’entouré de flics. Les gens tentent de déborder le dispositif par la gauche et parviennent à s’installer sur la voie d’accès du périph et le boulevard Richemond. Un face à face se met en place avec la police. 70 flics en tenue anti-émeutes sont sur les voies. Un nombre impressionnant de BACeux complète le dispositif : entre 30 et 40, du jamais vu à Caen. Il n’y a plus que quelques centaines de personnes à leur faire face.
Les flics tirent finalement de nouveau des grenades lacrymogènes, pendant que la BAC contourne les manifestant-es. Le cortège reste groupé et solidaire (de toute façon elles ne piquent même pas leurs lacrymo, c’est limite vexant…), empêchant les flics de le pénétrer et de ramasser du monde. Le cortège soudé redescend l’avenue de Creully, non sans laisser des barricades de poubelles derrière lui. Les BACeux suivent de près, et sont un peu partout sur les côtés. Le cortège remonte à la fac pour assurer une dispersion plus sécure. Au final, 5 interpellations.

Les prochains RDV : mardi 5 avril pour une AG le matin et une action l’après-midi.