Denys-Louis Colaux était un épisodique compagnon de route de l’anarchie. Intéressé qu’il était par la proposition libertaire. Il regardait ça d’un œil bienveillant. 

Indiscutablement, sa classe littéraire était reconnue. Comme son ingéniosité, son travail et son inspiration. De l’émeraude !

Son œuvre poétique lui a notamment valu en 1994 le prix Émile Polak de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, pour l’ensemble de son œuvre. En 1998, il reçoit le prix Frans De Wever pour son recueil de poèmes Le galop de l’hippocampe (Les Éperonniers). En tant que romancier, il a été finaliste du prix Rossel (événement majeur de la vie littéraire en Belgique) pour Le fils du soir, paru aux Éperonniers en 1998. Premier Prix concours «Un auteur / Une voix», Radio Télévision Belge francophone (RTBF), 1998. 

On lui doit aussi un important travail autour de la réalisatrice Nelly Kaplan : Nelly Kaplan, portrait d’une flibustière, Dreamland, 2002.

Mais le gaillard a des répulsions ! 

Il a un goût prononcé pour la bouffonnerie et le doute. Certes ! Une misanthropie dans le plus pur style individualiste. D’accord. Mais, il balance aussi ses glaviots. Il sème les gnons. Il t’harponne. Il souhaite secouer le cocotier ! 

En 1995, on lui décerne le Premier Prix Concours « Scénarios contre le racisme et l’extrême-droite », Romulus Films & Horizon 2000. Tu vois où je veux en venir ? Il soutiendra des événements antifascistes. Le racisme et la connerie des zigues lui mettaient le cerveau de traviole. 

Avec Verdun, il reçoit le Grand Prix de la Communauté française de la nouvelle 1999. Un pamphlet antimilitariste. Un gars dans la boue des tranchées. Envapé. Un rythme haché et sec. Rarement égalé. On dégueule sa guerre. 

Compagnon de route donc. En 1993, Il participe à La journée libertaire qui se tient à La Louvière. Une intervention poétique en compagnie de l’écrivain français Guy Ferdinande. A Écaussinnes et au 65 rue du Midi/Bruxelles, Il viendra causer avec Marc Wilmet de « Georges Brassens libertaire ». On peut le lire parfois dans le mensuel belge Alternative Libertaire.

En novembre 2012, à La Louvière, le jeune Papa Becaye Ba est agressé en raison de sa couleur de peau, il est tabassé à mort. Denys sort une carte blanche (1). Poignante, rageuse. Il file une toise à cette société qui permet le lynchage. Il nous met en garde. Attention aux duchnoques ! Gaffe à la résignation. À la banalisation.

Alors oui, sans jamais se rallier complètement, il sera un généreux complice. Un partenaire dévoué « des fils de la chimère/des assoiffés d’azur/des poètes/des fous.» (2)

L’ami s’est esbigné et c’est dur à encaisser. 

Sandro Baguet

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1) http://www.lejim.info/spip/spip.php?article316

2) Les oiseaux de passage, texte de Jean Richepin, chanté par Georges Brassens