Aujourd’hui, seules nos références anciennes, nos mots anciens nous aident encore à penser, à nommer ce à quoi nous assistons.

Les actes ignominieux perpétrés ces dernières heures au CRA du Mesnil Amelot, par leur violence et leur inhumanité assumée, nous renvoient aux vieux démons qui bornent notre histoire récente, aux noms des lieux qui la ponctuent.

Des bagnes de la IIIe République, aux camps de regroupement d’où sont partis des convois complets à destination des camps d’extermination nazis – Drancy, Pithiviers et Beaune la Rolande – l’Histoire ne se répète pas mais bégaie.

En réalité, une obstination jamais démentie à enfermer, à déporter ; une obstination aveugle à la domination – encadrée par des lois ou non – une violence d’État continue, marquée d’infamie mais pleinement assumée, sans discontinuité, depuis maintenant 75 ans.

Avec seulement des trêves devant la poussée du mouvement populaire.

Nous ne le répéterons jamais assez, avec nos pauvres mots bientôt incompréhensibles ou simplement démodés, la persistance des dominés, la persistance de l’enfermement, du camp, des CRA aujourd’hui, la persistance de la déportation – massive ou individuelle – la persistance du non-droit érigée en politique d’État, est la marque indélébile des gouvernements français successifs depuis Vichy.

Le CRA du Mesnil Amelot, celui de Vincennes et tous les autres centres de rétention semblables sont aujourd’hui le bubon pestilentiel de cette maladie jamais éradiquée.

La Commission antiracisme politique

Pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 13 avril 2020.