Sautons !
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Comment est-ce devenu acceptable de se faire installer dans la misère économique, intellectuelle et affective ? Comment est-il devenu si goûteux de perdre le goût ? Comment l’idée de liberté a-t-elle pu se laisser flétrir dans le placebo généralise ? Quel monde nous-a-t-on laissé, et quel monde voulons nous laisser ?
Tant que les cœurs battront, il sera toujours possible de se révolter jusqu’à la liberté totale, jusqu’à ce que nos nihilismes soient vaincus.
Jusqu’à retrouver le gout
Le cœur bat encore.
- Contact : lecoeurbat@riseup.net
- Site : https://lecoeurbat.noblogs.org/
A propos de ce site : La possibilité singulière
Au bord de la possibilité du vide, de l’acceptation du désastre ou de la résignation à ce monde inodore, incolore, sans saveur qui ne nous promet rien d’autre que sa misère, sa séparation, ses réseaux sociaux, ses prisons, sa police et ses frontières,
Alors qu’on veut nous apprendre à toujours plus se protéger, s’assurer et se prémunir, jusqu’à ce que le risque même de vivre paraisse insoutenable,
Alors même que les révoltes, insurrections et révolutions du passé semblent définitivement ensevelies sous la poussière d’un présent qui se prétend achevé, ou rangées dans les écrins dorés d’une muséification glaçante,
Quand il pourrait sembler que plus aucun vent ne souffle pour nous emporter ailleurs,
Le cœur bat encore.
Alors que les analyses, les pratiques et même les mots tendent à perdre leur charge subversive, quand la joie devient réussite, quand la liberté devient discipline, quand la singularité devient identité, quand la solidarité devient soutien, quand transformer le monde devient cogérer sa misère,
Le cœur bat encore
Alors que le mot peuple, son nationalisme et sa xénophobie n’inquiètent plus grand monde, qu’il paraît qu’on devrait désirer plus de justice et plus de punition, alors que lutter devient dénoncer, que se défendre devient accuser et harceler, alors que la séparation se présente comme la condition nécessaire de la radicalité,
Au moment où chacun se laisse enfermer dans la misère de ce que ce monde veut qu’il soit,
Le cœur bat encore
Alors que nos aspirations se retrouvent réduites et étriquées aux conditions de ce monde au point que le repli sur soi et le ressentiment se donnent comme la seule réassurance possible et l’attaque de ses semblables comme la seule intervention réalisable,
Le cœur bat encore
Et ses battements résonnent dans le vide de cette époque mortifère jusqu’à ouvrir peut-être une brèche dans son épaisseur engluante, et nous rappellent à la vie, à la lutte, à l’urgence.
Le cœur bat
Pas sur un blog, même pas dans les textes qu’il contient,
Mais partout où quelque chose vient enrayer la bonne marche et la normalité de ce monde, le cœur bat.
A nous, ici ou ailleurs, comme on le fera ici ou autrement, de trouver les moyens de l’entendre, de l’amplifier et de le distordre jusqu’à ce qu’il ébranle ce monde silencieux étouffé et misérable.
Et, enfin, partir à l’assaut du ciel.
Je suis tombé sur un texte, sur Non Fides et qui a été publié sur le blog “Le coeur Bat” (y a un lien entre ces deux blogs ?), qui dit “soyons autistes, ne dialoguons plus jamais avec le pouvoir”.
Alors là je me pose deux questions :
– soit les auteurs s’amusent avec des concepts douteux qu’ils ne comprennent pas, dans ce cas l’autisme, qui est un truc dans la vraie vie que des gens vivent, et qui n’a pas sa place dans un slogan simpliste d’un tract politique
– soit ils ont très bien conscience de la réalité de ce concept, et en font un usage identitaire, comme d’autres s’identifieraient à une race, une religion, un genre, etc. (la fameuse catégorie de neuroatypique)
Si les auteurs du texte peuvent m’expliquer, donc, pourquoi utiliser le terme “autiste” dans un texte qui parle de tout autre chose, ça éclairerait bien ma lanterne !
Merci d’avance.
Aucune de ces deux hypothèses ne correspond au texte en question, et je crois que le lire suffit à pouvoir les écarter. Ce texte ne parle pas de “tout autre chose” que l’autisme, puisqu’il parle précisément du rapport au monde, de la connivence qu’on peut entretenir ou non avec l’existant.
Mais en l’occurrence ce qui est proposé ici c’est une affiche, serait-il possible pour une fois que ce soit ce qui est proposé à la publication qui soit discuté ?
Salut, je ne suis pas un « auteur du texte » comme tu dis, mais j’ai suivi le parcours de cette affiche car cette histoire m’as tout particulièrement intéressé. Il me semble avoir compris deux trois choses de tout ça, choses qui peuvent je pense t’intéresser, toi aussi, au vu de tes questions.
Pour te répondre, quand l’affiche « rien n’est à nous » est sortie, elle a d’abord fait polémique sur le site paris-lutte info. Deux « camps » se sont formés, un premier avançant que l’autisme (qualifiée alors de maladie mentale par un.e de ces horribles personnes, au passage) est une réalité bien trop dure pour ceux qui la vivent, que donc proposer un « soyons » serait une insulte à tout les autistes. Entendons nous bien, c’est ici le camps de la séparation, de la catégorisation, de la défense de l’identité justement, qui cloisonne entre autistes et non autistes, avec un discours terriblement normatif qui bataillerait pour qu’il soit entériné que l’autisme est un mal, surtout pour qu’il le soit pour toujours, un discours identitaire post-moderne ressemblant par bien des aspects aux discours ethnodifférencialistes que nous connaissons aujourd’hui. Ce discours est porté par des autistes et des non-autistes, les premiers étant identitairements affirmés comme tels avec un discours de « premiers concernés ». Ne nous trompons pas, c’est bien cette position qui est identitaire puisqu’elle cloisonne chacun sous les catégories médicales et scientifiques évidemment normopathes de ce monde, et qu’elle milite pour le bon maintien de ces identités. Ce camps affirme que cette affiche est validiste. De l’autre côté, nous avons des discours qui maintiennent que non, cette affiche n’est ni validiste ni identitaire. Et en effet, ce que cette affiche propose avec sa phrase finale, c’est précisément de balayer la catégorie normative d’« autiste », avec un « soyons » qui entend retourner ce qui est entendu (en partie) par l’Etat dans « autiste », un rapport au dialogue complexe avec le reste du monde, le retourner en un rapport offensif contre ce dernier (l’Etat) et le partager avec tous et toutes.
Et effectivement, soyons autistes, ne dialoguons plus jamais avec le pouvoir.
Et aussi, essayons de ne pas critiquer l’inversion d’un stigmate (chose qui peut sans doute être critiquable par d’autres aspects) par une défense du stigmate, cela serait pour le coup normatif, validiste, et surtout le niveau zéro de la subversion et de la guerre contre ce monde, puisque clairement en parfaite connivence avec les défenseurs actifs de la normalité.
Alors on a d’un côté un discours de scientifiques de droite pour ce monde et ses catégories, identitaire, militant pour que la souffrance se taise et n’aille vers rien, et de l’autre l’idée qu’être offensif et se confronter avec l’Etat est important, l’idée qu’il est possiblement subversif de trouver dans l’autisme une force contre ce monde, et surtout que cette force est avant tout potentiellement diffuse et rejoignable, brisant alors identités et norme, rien que ça.
J’espère avoir répondu à tes question par rapport à cette phrase et l’affiche « Rien n’est à nous ».
Comme le dit le commentaire ci-dessus, et si maintenant nous nous intéressions au contenu de l’affiche « Sautons ! », pour la critiquer sérieusement si besoin, sinon pour réfléchir à ce qu’elle propose (ou même les deux à la fois, et peut-être même soyons fous, pour songer à la coller et à la diffuser) ?
PS : Je trouve que cette phrase finale n’est pas sans lien avec le reste du texte, au contraire, puisqu’il parle, rappelons-le, du mouvement des « Gilets Jaunes », particulièrement traversé par des tendances bavardes et conciliantes avec le pouvoir, s’il en est (prenons comme exemple le RIC, et les autres exemples dont le texte en question traite). Je conseille vivement la lecture de ce texte qui est intéressant, et dont la phrase de fin résonne bien avec le reste du texte (et vice versa). Ceux qui ont milité contre cette affiche ont d’ailleurs maintes fois séparé le texte de sa phrase finale, charcutant même cette dernière avec « Soyons autistes, ne dialoguons plus jamais », enlevant en effet à cette phrase tout son caractère subversif et vivifiant.
PPS : A titre informatif, suite au premier commentaire d’un modérateur de PLI (zippo) qui parlait donc de « maladie mentale », avançant que ce texte était validiste, une réponse est écrite :
« Bonjour, je suis autiste diagnostiqué psychiatriquement. Je ne suis pas un “malade mentale”,
contrairement à ce que vous dites. L’État et sa MDPH (ex-COTOREP) me considèrent comme
“handicapé” à un niveau entre 51% et 79%, jamais je n’ai été qualifié de malade mental, hormis
par votre commentaire. Par ailleurs, je suis « spécialement contre le pouvoir » mais pas « contre
toute personne », comme vous dites, et cela fait partie de mon rapport autistique au monde.
Ensuite, il n’est pas dit dans ce texte que la caractéristique principale de l’autisme soit une absence
de dialogue, cependant, c’est une caractéristique présente chez de nombreux autistes. L’autisme
n’est donc pas l’absence de dialogue (ce serait extrêmement réducteur) mais des problèmes ou des
refus de communication, aux conditions de ce monde, divers et variés, qui pour certains d’entre
nous, autistes et révolutionnaires, pourraient être porté comme une fierté. Et le mouvement le plus
autiste de ces 20 dernières années en France a peut-être été novembre 2005. Zéro communication,
zéro connivence. Voila donc pour l’explication du mot « autiste » dans cette affiche. Mais je me
permet de remettre en question votre vocabulaire, car si vous pensez qu’il y a une « caractéristique
principale » de l’autisme, comme il y a une caractéristique principale quand on est amputé, alors
vous ne comprenez rien à l’autisme et peut être ne devriez vous pas en parler ainsi seulement pour
modérer des articles. Sachez seulement qu’une des caractéristiques de l’autisme, c’est les
situations de harcèlement subies, vous en avez la preuve avec le premier commentaire sous cet
article. Un harcèlement (d’une véritable balance, parce que les mots ont un sens, et celui-là aussi)
qui dure depuis des années et qu’on continuera d’ignorer.
Un participant à l’écriture de cette affiche. »
Dommage que pour se dire autiste il faille un vrai diagnostique, qu’on fait dans un CRA, avec une batterie de tests divers, et pas un auto-diagnostique parce que c’est à la mode et que ça permet de se victimiser et de se coller une étiquette de plus (tout en crachant sur ceux qui se donnent d’autres étiquettes).
Se déclarer autiste tout en étant un personnage charismatique, en ayant toujours été le petit roi de sa bande, étant à l’aise pour s’exprimer, étant un fin séducteur et maniant complètement l’humour, sous-entendus, et manigances, et donc avoir toutes les habilités sociales qu’un autiste n’a pas, c’est la meilleure blague de l’année ! Vous devriez la faire à des autistes, je pense qu’elle serait dans le top 5 de plus grosses conneries à ce sujet.
Vive les gourous “autistes” ! Et puis bientôt on nous parlera de sourds qui ont l’oreille absolue !!
Des muets chanteurs d’opéra ! Des aveugles peintres de génie !
Sur ce coup là mon grand (ou peut-être plutôt ma grande), il va falloir remettre à jour tes connaissances générales (sur les sourds avec l’oreille absolue, les peintre aveugles et les autistes charismatiques par exemple) et tes petites fiches particulières. Jusqu’où es tu capable d’aller dans la calomnie validiste ? C’est sans doute chaud d’accepter qu’on harcèle depuis des années quelqu’un qui s’avère être autiste (tamponné, reconnu, testé, etc, etc… puisque visiblement il vous faut des papiers et des tampons pour comprendre la singularité des gens qui vous entoure!). Malheureusement c’est le cas et il va falloir se regarder en face tous les jours en le sachant maintenant, je te plaindrais presque…
Tu peux te consoler en te disant que tu n’es pas le ou la seule, c’est finalement très banal l’acharnement contre les personnes autistes, à l’école comme dans la vie, et avec des discours comme les tiens bien souvent (ils l’ont bien mérité), rien d’extraordinaire, juste la banalité de ce monde dégueulasse auquel tu appartiens avec zèle.
Proposition plutôt bienvenue même si on ne partage pas le constat d un monde si dévasté. D ailleurs en fin de compte l appel aux complices laissent entendre que des cœurs battent et battront TOUJOURS, le monde n est donc pas si triste et la tension vers la liberté éternelle.
Un saut optimiste dans l inconnu, loin des mornes évidences de ce monde, me semble plus excitant et subversif que bien des certitudes des gauches extra-parlementaires.
On a passé les commentaires en modé à priori. On a autre chose à faire que de modérer des conflits qui se déroulent à 500km de nous et dont on capte pas tout. C’est pas ici qu’ils se réglerons en tout cas, bien au contraire…