L’autre cantine, digeste?

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L’Autre Cantine, digeste ?
L’Autre Cantine, « une cantine des solidarités »… mais pas que…
Depuis l’été 2018, l’Autre Cantine est une association qui prépare plusieurs centaines de repas quotidiens pour les personnes à la rue, notamment des exilé·e·s. Ce collectif, qui se veut être « une cuisine des solidarités » est un réel outil pour aider et nourrir les personnes à la rue. Il s’est monté suite à différentes occupations dans la métropole nantaise, dont le square daviais. Un nombre important de bénévoles y est engagé au quotidien pour approvisionner les stocks, cuisiner et apporter-distribuer les repas au gymnase (un bâtiment en piteux état, squatté depuis novembre 2018) où près de 800 personnes vivent actuellement. Même si le bureau de l’association regroupe 50 co-président·e·s, un noyau de 5-6 personnes a un rôle décisif dans les décisions qui sont prises. L’association a un local équipé d’une cuisine ; des exilé·e·s y sont hébergé·e·s à plus ou moins long terme.
Depuis le début, régulièrement, des personnes sont exclues du local et de l’association, pour des motifs souvent troubles et sans que ce soit des décisions collectives. Régulièrement aussi des gens ont quitté l’Autre Cantine d’elleux-même à cause de comportements racistes mais aussi à cause des logiques de pouvoir à l’œuvre. Pour en revenir aux exclusions, c’est souvent le noyau des « chef·fe·s » qui prend ces décisions. Avant tout mal-entendu, il n’est pas question de dire que l’exclusion est problématique en soi, mais c’est la manière de faire et les raisons mises en avant qui posent problème, surtout que des schémas se répètent dans le temps. Nous voulons témoigner de ces histoires ici, et montrer en quoi elles viennent poser des questions de racisme, de sexisme, de culture du viol et de fonctionnement hiérarchique dans nos luttes. En ce sens, la critique se concentre sur les chef·fe·s plus que sur l’ensemble de la structure.
Ce texte a été rédigé avec les voix d’une vingtaine de personnes : d’ancien·ne·s de l’Autre Cantine ou pas, des hommes et des femmes, des personnes racisées ou blanches, avec ou sans papiers. C’est le fruit d’une analyse collective, qui a fait suite à un partage d’expériences à la cantine.
L’objectif de ce texte est de critiquer les positionnements et les agissements qui ont lieu à l’Autre Cantine. Parce que nous voulons rendre public ce qu’il s’y passe pour les dénoncer et montrer notre solidarité envers les personnes qui les subissent. Mais aussi parce qu’il nous semble qu’il s’agit de schémas qui se répètent là-bas, tout autant que dans les luttes en général, et que nous voulons qu’ils cessent et que nous voulons provoquer une réflexion pour qu’à l’avenir, ils ne se reproduisent plus. Autrement dit, nous voulons mettre en avant des dynamiques à l’œuvre à la cantine pour mettre en lumière des mécanismes sociaux, pour pouvoir les combattre.
La critique n’est cependant pas évidente. Nous avons conscience que peut-être 800 personnes dépendent de cette cantine au quotidien. Si elle arrêtait d’exister demain, la situation des éxilé·e·s qui vivent au gymnase deviendrait encore plus rude. Les conditions y sont déjà très dures, entre le fait de vivre à plusieurs centaines de gens dans une grande pièce qui résonne ou en tente, le peu de sanitaires (12 WC de chantier vidés une fois par semaine), le peu de douches et les températures toujours extrêmes dans le gymnase. Ces conditions précaires viennent s’ajouter au contexte de racisme systémique dans lequel nous vivons, c’est à dire un racisme voilé issu du colonialisme et de l’esclavage, qui continue de structurer l’ordre social1. Pour le dire autrement, « c’est l’idée que le racisme n’est pas qu’une question de « mauvaises pensées » ou « d’ignorance », mais est un système qui fonctionne sur un ensemble de mécanismes inégalitaires divers (contrôles au faciès, discriminations à l’emploi, aux logements, stigmatisation médiatique, discriminations scolaires, ségrégation territoriale, etc) »2. En l’occurrence, l’État empêche les gens de circuler et de s’installer librement et fait peser la menace de l’expulsion ; cela maintient les gens dans l’incertitude du lendemain et les contraint à la précarité. L’argent donné aux demandeur·euse·s d’asile est largement insuffisant (dans les 350€ par mois), tandis que les personnes déboutées se retrouvent à vivre clandestinement et sans ressources, se retrouvant ainsi à disposition d’un patronat « libéré » des contraintes légales.
Des comportements racistes récurrents et niés
Pour en revenir à l’Autre Cantine, il se trouve qu’un bénévole que nous appellerons Aboubacar* a été viré de l’association courant juillet 2019. Il était investi depuis le mois d’avril dans la cantine. Il n’a pas de papiers et vit en France depuis plusieurs années. Il se trouve que 2 des chefs de la cantine que nous appellerons Auguste et Sébastien (des blancs avec la nationalité française) ont commencé à parler dans son dos, répétant à qui voulait l’entendre qu’Aboubacar était manipulateur et violent, utilisant ainsi des arguments anti-sexistes pour le discréditer. Aboubacar est en relation avec une personne, Alexia (une femme blanche avec la nationalité française). C’est à partir du moment où la relation a débuté que les rumeurs ont commencé. En fait, il a été dit qu’Aboubacar était manipulateur parce qu’il couperait Alexia de ses relations ; cependant, Auguste et Sébastien n’en ont pas parlé à Alexia, et ne sont pas non plus allés parler à Aboubacar de ce qui leur posait problème. Le comportement des bénévoles de la cantine a commencé à changer à son égard, sans qu’il ne comprenne pourquoi, jusqu’à ce qu’Aboubacar et Alexia aient vent des rumeurs. Aboubacar était énervé, il les a appelés chacun leur tour et leur a demandé d’arrêter de propager des mensonges sur lui. Et Auguste et Sébastien ont maintenu qu’il était violent, si bien qu’Aboubacar a dit à Auguste que s’il était violent, il les égorgerait mais que par chance pour eux ce n’était pas le cas. Suite à cela, une fois la colère retombée, Aboubacar a voulu présenter des excuses à Auguste. Il a demandé à une bénévole de l’association de tâter le terrain, pour voir si c’était envisageable comme démarche. Il lui a été répondu qu’Aboubacar se ferait rembarrer si jamais il se pointait…
Aboubacar étant investit à l’Autre Cantine, il y est retourné à l’occasion d’une collecte de bouffe sur laquelle il était engagé avec une autre bénévole. Ensemble, iels ont déchargé 2 voitures sous le nez des chef·fe·s, sans avoir de coup de main. Une fois terminé, Aboubacar est passé aux toilettes : c’est alors qu’Auguste est arrivé en lui disant qu’il avait rien à foutre à la cantine, qu’on lui avait déjà dit de partir. Il se tenait dans l’encadrure de la porte, barrant ainsi la sortie. Aboubacar a d’abord cherché à sortir en l’ignorant ; l’autre lui a répété qu’il devait dégager en lui demandant s’il avait bien compris. Aboubacar l’a invité à l’appeler pour discuter de tout ça en dehors de la cantine ; Auguste lui a répondu en levant les poings qu’il ne voulait pas téléphoner « à un fils de pute comme [lui] » (sic). Aboubacar lui a mis 2 claques. À la suite de ça, personne au sein de la cantine n’a pris la peine d’entendre ce qu’Aboubacar avait à dire et il a effectivement été exclu de l’association. La bénévole avec qui il était venu apporter de la nourriture s’est vue reprochée d’avoir permis à Aboubacar de revenir alors qu’il était exclu.
L’histoire ne s’arrête pas là. Depuis3, Aboubacar et Alexia sont régulièrement menacé·e·s au téléphone, de jour comme de nuit. Il leur a notamment été dit de bien profiter du temps ensemble parce qu’Aboubacar serait bientôt « renvoyé dans son pays ». 6 personnes différentes ont tenu ce genre de propos à Aboubacar, soit par téléphone, soit en face à face. Il a arrêté de leur répondre et ne décroche plus lorsqu’un numéro inconnu l’appelle. Il reçoit aussi des messages d’insultes. Avec Alexia, iels peuvent être appelé·e·s plus de 10 fois en une nuit. Bref, iels sont harcelé·e·s et la menace de porter plainte contre Aboubacar pour qu’il soit expulsé, reste brandie régulièrement. Ces agissements doivent cesser immédiatement.
Cette histoire fait écho à une autre… C’était pendant l’été 2018, au mois de juillet. Un bénévole, Omar est arrivé à la cantine. Omar vit en France et a des papiers. Et il est racisé4, comme Aboubacar. Omar s’est investi dans la cantine, à fond, si bien que rapidement il y a dormi. Par commodité, non par nécessité. Le contact passait bien avec les gens. Après un mois passé à la cantine, Laure (une personne blanche avec la nationalité, qui fait partie du noyau des chef·fe·s de la cantine) lui a dit qu’il ne pouvait pas rester à la cantine à cause de comportements sexistes. Et puis qu’il était raciste envers les blanc·he·s. Omar a cherché à discuter, en commençant par chercher à savoir sur quelles bases il était accusé mais la sentence était tombée, et il a arrêté d’y aller. D’ailleurs Aboubacar avait lui aussi été accusé de racisme envers les blanc·he·s dans les jours qui ont suivi la scène des toilettes : au cours d’une discussion avec un bénévole de l’Autre Cantine pour expliquer sa situation, Aboubacar a dit que les bénévoles de la cantine étaient racistes et la personne lui a répondu qu’en disant cela, c’était du racisme anti-blanc.
Combien y a-t-il eu d’histoires comme ça à l’Autre Cantine ? Dans la démarche de s’intéresser à cette association et aux histoires qui s’y passent, le fait de commencer à parler ouvre une boite de pandore. Il semblerait que beaucoup de gens soient passés par l’Autre Cantine et aient finalement arrêté d’y aller à cause de comportements racistes.
Parce que c’est bien ça le lien entre ces deux histoires. Ce qu’elles ont en commun, c’est que des gars racisés se font dégager de la cantine au moment où ils sont en mesure d’y prendre de la place. Est ce que les chef·fe·s de la cantine ont peur de perdre leur place ? Pourquoi mobilisent-iels les clichés des hommes non-blancs violents et forcément misogynes ? D’où viennent d’ailleurs ces clichés si ce n’est de l’imaginaire colonial ? Est ce que la parole des personnes blanches est la seule qui soit entendable au sein de la cantine ?
Et que signifie le fait que ces deux personnes aient été taxées de racistes anti-blancs ? Qu’est ce que le racisme anti-blanc d’ailleurs ? Pour le coup, il semble important de remettre les choses à plat : le racisme anti-blanc n’existe pas. C’est une invention de l’extrême-droite destinée à inverser les rôles et mettre les personnes blanches dans un rôle de victime. Le racisme est un système politique qui favorise les personnes blanches, dont les personnes blanches bénéficient au quotidien. Parler de racisme anti-blanc n’a donc pas de sens puisque le système est ainsi fait : les blanc·he·s ne sont pas victimes du racisme, iels en sont les bénéficiaires.
Ainsi, utiliser l’argument du racisme anti-blanc, c’est de la renversionite5. C’est vider les mots de leur sens et de la critique qu’ils contiennent. Aussi, en mobilisant le « concept » de racisme anti-blanc, c’est prendre le pouvoir des mots, retirer les outils critiques qui existent à celles et ceux qui subissent cette discrimination. C’est renforcer les idées réactionnaires qui ont déjà le vent en poupe : à la finale, cela fait le jeu du racisme ; ça dépolitise le débat et ça confine le racisme à une problématique morale. C’est d’autant plus inacceptable de la part de gens qui s’affichent anti-racistes.
Dans le même sens, menacer d’expulsion une personne sans-papier traduit un manque criant de compréhension vis à vis du privilège d’être en situation régulière en fRance. Et cela revient aussi à valider l’existence du système répressif de l’État français. Cela vient valider l’existence des frontières et de l’État-nation, des flics et de l’armée. C’est utiliser les politiques xénophobes et la répression pour intimider, faire taire, etc. En fait, où se trouve la différence avec les agissements de l’État et des flics ? Que ces gens-là qui fanfaronnent à qui veut l’entendre qu’iels sont « anti-système » arrêtent de se mentir et n’espèrent pas trouver leur place dans les espaces anti-autoritaires.
Sexisme à la cantoche : deux poids, deux mesures
Être une meuf dans ce monde, ça veut dire devoir se battre pour être considérée, pour être entendue, devoir se battre pour pouvoir être tranquille dans la rue, être forcément sympa, conciliante et surtout discrète voire soumise et ça veut dire être sous-payée par rapport aux hommes. Être une meuf, c’est être assignée au genre considéré comme subalterne, c’est être infériorisée d’office. Et ça veut dire évoluer dans la misogynie ambiante.
Aboubacar et Omar ont tous les deux été taxés de sexistes, par des blanc·he·s. Il semble récurrent d’utiliser des arguments anti-sexistes pour servir les idées racistes qui habitent les chef.fe.s de la cantine. Auguste a notamment souvent recours à ce genre d’arguments. En même temps, il est connu pour ses positions anti-féministes et misogynes. Par exemple, au moment de la préparation de la marche de nuit non-mixte du 08 mars, il disait que c’était du sectarisme de s’organiser en non-mixité et que quand même il fallait « laisser de la place aux hommes qui veulent soutenir la marche ». D’où il vient lui pour donner son avis sur la manière sur des gens qui s’organisent ensemble et décident de leurs moyens d’action : c’est une posture patriarcale. Il est aussi de l’avis qu’il faut « s’associer aux sexistes pour combattre les fachos ». Et puis que « tous ces mots en -isme [mais surtout féminisme] divisent la lutte ». Bref, les arguments d’une personne qui est campée sur ses privilèges sans même en avoir conscience. Que signifie de s’associer avec des sexistes ? Est-ce que c’est lui qui va se manger les conséquences de ce genre d’association politique dégueulasse ?
Auguste n’est pas le seul à tenir ce genre de propos : au début de la cantine, deux personnes proches du noyau des chef·fe·s ont critiqué des comportements internes à la cantine (et elles s’incluaient dedans), notamment sur des questions de racisme. Elles ont développé leur critique, les autres niaient, le ton est monté et elles ont fini pas se faire traiter d’hystériques par Sébastien. Le vieil argument des meufs qui perdent le contrôle et sont juste bonnes à s’énerver, comme ça sans raison… Non à vrai dire c’est le genre d’arguments utilisés quand on est coincé et qu’on sait plus quoi répondre… surtout quand « ON » est un gars qui se croit supérieur et qui ne se fera jamais traité d’hystérique puisque c’est un concept connoté historiquement6. C’est cliché, c’est du déjà vu, mais comment de tels propos ont-ils pu être tenus à la cantine sans que leurs positionnements d’apparence si anti-sexistes ne soient ébranlés ? Les blanc·he·s seraient iels post-sexistes7 ? En milieu « déconstruit », la remise en question est-elle encore possible ?
Un problème de culture… du viol
Dans la continuité du sexisme, nous voulons aussi dénoncer le fait que les chef·fe·s de l’Autre Cantine protègent un bénévole accusé de viol sur une femme exilée. Cet homme s’appelle Jean-Louis Goulay**, il est blanc, il a des papiers et il a une cinquantaine d’années. Il donne des cours de français dans différentes associations. Il héberge des femmes et met en avant le fait qu’elles seraient en sécurité chez lui. Il a monté sa propre association : Du Monde Dans la Classe.
Une femme qui suivait ses cours dans l’association GREF l’a accusé de viol il y a plusieurs années. Une bénévole de l’association a appris l’histoire et en a parlé en disant que cette femme n’a pas voulu porter plainte parce qu’elle n’a pas de papier. L’association, pour protéger son image, a dégager Jean-Louis en étouffant l’affaire. Cette histoire est arrivée aux oreilles des chef·fe·s de l’Autre Cantine, via des connaissances inter-personnelles. Énervé·e·s les gens ont commencé par dire qu’iels allaient lui péter la gueule. Avant la confrontation il y a eu une discussion au bar entre Auguste et plusieurs femmes. Quand le sujet est revenu sur le tapis, le groupe de femmes était énervé que rien ne se passe, face à quoi Auguste a répondu : « On n’a pas de preuves, et quand des meufs sortent avec des petits jeunes, on leur dit rien ! » Une des meufs lui a alors dit qu’elle ne viendrait plus si rien ne se passait, et qu’elle n’hésiterait pas à dénoncer ces agissements de la part de l’Autre Cantine. Pour ces raisons, elle a été mise de côté par rapport au groupe. Les meufs ont dit qu’elles en avaient marre que ce genre de choses reposent toujours sur elles. Auguste a alors accepté d’aller confronter Jean-Louis. Il est revenu en disant « ça peut pas être vrai, il avait les larmes aux yeux quand je lui ai parlé ». Il a alors été dit aux meufs qui demandaient des comptes que de toute façon Jean-Louis avait été viré, qu’il n’était plus à l’Autre Cantine. C’était au mois de mai. Suite à cela, plus de nouvelles de Jean-Louis : hé oui, monsieur était à l’étranger pour quelques temps… Sauf qu’en juillet, les mêmes personnes à qui il avait été dit que Jean-Louis avait été exclu, ces mêmes personnes donc, passent par la cantine et le voient débarquer, en chair et en os : « Salut mon gars, ça va ? Tranquille ? ». En fait il avait pas été viré le gars: il était à l’étranger et les autres ont laissé couler, misant sur le fait que l’histoire allait se tasser. Tu penses après 2 mois, comme un poison dans l’eau le Jean-Louis à la cantine !
Ça veut dire quoi de ne pas dénoncer et exclure un type comme ça ? Ça veut dire quoi de ne pas prévenir les gens qui le côtoie ? Ça veut dire quoi de laisser un agresseur nouer des liens avec des victimes potentielles ? Combien de femmes ou de filles n’osent pas parler, qui plus est en étant contraintes à la clandestinité par l’État ? Ce genre de comportements relève de la culture du viol. La culture du viol est un concept utilisé pour qualifier un ensemble de comportements et d’attitudes partagé au sein d’une société donnée qui minimisent, normalisent voire encouragent le viol. Dans cette histoire, la position adoptée par les chefs de la cantine revient à normaliser le viol en accordant que peu de valeur à la parole des personnes qui accusent Jean-Louis.
Il n’y a presque jamais de témoin en cas de viol. La parole est l’une des armes des personnes abusées, à condition qu’elles soient prises au sérieux, qu’elles soient considérées. Il est essentiel de se donner de vrais moyens pour faire valoir cette parole. DANS LE MÊME SENS, utiliser des accusations de viol dans le but de discrétiser quelqu’un·e revient aussi à renforcer la culture du viol, puisque cela revient à semer le doute et à minimiser la parole des gens qui portent de telles accusations. Mises ensemble, les histoires d’Aboubacar et de Jean-Louis, montrent une asymétrie plus que questionnante sur ce qu’elle révèle comme positions politiques des chef·fe·s de l’Autre Cantine. Une personne racisée se verra menacée et exclue sur des ragots (lancés principalement par ces mêmes chef·fe·s), quand une personne blanche dont les actes ne sont plus à démontrer se verra protégée… Et oui à l’Autre Cantine, la parole des personnes blanches a plus de valeur que celles des autres, a fortiori si iels sont éxilé·e·s.
Sous le vernis humanitaire, des ambitions politicardes et une gestion coloniale
Nous voulons aussi critiquer la posture humanitaire de l’Autre Cantine et les conséquences qui en découlent. C’est sûr que la situation des exilé·e·s est difficile et que les besoins sont énormes. Cependant, la posture adoptée pose question : les chef·e·s de la cantine se posent en décideur·euse·s et en gestionnaires, en porte-parole auto-proclamé·e·s des éxilé·e·s et en intermédiaires avec les autorités.
De la posture humanitaire stricte, découle une forme de paternalisme blanc et des prises de pouvoir. Les chef.fe.s ont un rôle de validation : une personne acceptée par elleux est une personne reconnue. La validation des chef.fe.s offre un statut ; mais sur quelles bases a lieu cette validation ? Il faut savoir faire l’effort de s’intégrer impliquant d’être particulièrement volontaire et disponible, d’être social avec tout le monde (surtout les chef·fe·s puisqu’il faut montrer sa reconnaissance) mais aussi avoir certaines compétences : parler français, bien parler français, avoir des connaissances en culture générale… Pour vivre à l’Autre Cantine, quand on est racisé·e·s et sans-papiers, cela implique l’effort de s’intégrer doublement. Il faut mériter sa place : être actif. Toutes ces logiques ne sont-elles pas les mêmes que celles de l’État qui distingue les vrai·e·s migrant·e·s des clandestin·e·s ? Derrière ce phénomène qui s’opère aussi à l’Autre Cantine, il y a une division entre bon·ne et mauvais·e migrant·e mais surtout bon·ne racisé·e. C’est d’ailleurs ce que racontait Omar : à l’Autre Cantine, il avait toujours l’impression de devoir se justifier et de devoir montrer patte blanche, à cause d’un climat de suspicion permanente. Ses suspicions ne traduisent-elles pas une stigmatisation générale des étranger·e·s ? Ce mépris se traduit aussi par l’utilisation récurrente de l’expression « à la soudanaise8 » (déclinée sous de nombreuses formes et avec différentes nationalités selon l’humeur…) par les chef·fe·s de la cantine. Endurer ce genre de comportements n’est pas anodin surtout dans le contexte raciste dans lequel nous évoluons : c’est blessant, c’est pesant, c’est humiliant. Dans une moindre mesure, ce mépris s’applique aussi à d’autres bénévoles (plutôt des blanc·he·s) qui sont elleux appelé·e·s à longueur de temps « les coupeurs de légumes ».
À travers ces façons de faire, c’est comme si les chef·fe·s de la cantine se positionnaient en tant que sauveur·e·s blanc·he·s de l’humanité. Iels cherchent à se maintenir dans ce rôle, prolongeant ainsi des rapports coloniaux. C’est se poser en colon civilisateur face aux personnes qu’on ne veut voir que sous le prisme misérabiliste.
Un autre exemple de paternalisme blanc : la cantine ouvre des squats pour les gens. C’est arrivé plusieurs fois que suite à une ouverture, les chef·e·s de la cantine décident d’aller discuter avec des élu·e·s, ou des propriétaires tels que le diocèse (propriétaire du gymnase), si bien que ces gens se retrouvent à poser des conditions sur l’utilisation des lieux. Le fait de squatter permet aussi de s’affranchir des contraintes étatiques, permet de vivre sans médiation avec les autorités, via la réquisition et l’auto-organisation. Discuter avec les autorités, c’est donc renoncer à l’autonomie possible que permettent de telles pratiques. Mais surtout, c’est dérangeant en-soi puisque si les éxilé·e·s se retrouvent dans une situation aussi précaire, c’est bien à cause des politiques développées par l’État depuis toujours, à cause des politiques coloniales puis néo-coloniales, à cause des frontières, à cause des politiques de contrôle etc. Comme l’a écrit Assata Shakur, « Personne au monde, personne dans l’histoire n’a jamais obtenu sa liberté en faisant appel au sens moral du groupe qui l’opprime. »9.
En l’occurrence, ce ne sont pas les personnes exilées qui vont négocier, mais les chef·e·s de la cantine, au nom des exilé·e·s. Ça change des choses et c’est là que c’est du paternalisme. D’autant plus quand d’autres militant·e·s viennent critiquer ces agissements et que la réponse donnée se résume à dire : « nous ne voulons pas discuter avec les pouvoirs publics mais nous le faisons dans l’intérêt des exilé·e·s, ce n’est pas notre lutte alors on ne peut pas leur imposer nos opinions politiques. » Bref, c’est une entourloupe, puisque dans tous les cas iels imposent de fait leurs opinions politiques favorables à la « négociation », qui n’est pourtant pas évidente pour tou·te·s les exilé·e·s. Surtout que ces rencontres avec les autorités se multiplient, un coup à la préfecture (responsable des expulsions vers l’étranger), un jour avec la députée LREM (qui a pourtant voté la dernière loi asile et immigration, une loi qui complique encore un peu plus le sort des exilé·e·s en fRance), un coup avec le diocèse (qui fit expulser le squat du presbytère à Doulon en 2014), etc. La posture humanitaire et gestionnaire de l’Autre Cantine vient donc dépolitiser les questions que posent le sort des exilé·e·s ici.
Ces interventions s’accompagnent d’une présence médiatique forte : Sébastien s’affiche dans les médias avec son nom et son prénom, et est ainsi devenu le porte-parole de la lutte. Sa parole est souvent plus mise en avant que celle des gens qui vivent au gymnase, même dans les articles qui parlent justement des conditions de vie au gymnase. Encore une fois, c’est une confiscation de la parole des exilé·e·s. Peut-être que ce n’est pas complètement voulu et que parfois ce sont les journalistes qui prennent trop leurs aises, mais vue la récurrence de ses apparitions médiatiques, il est clair que rien n’est fait pour que les choses changent. D’ailleurs, ce qui fait encore plus douter que ce soit un impensé, voire qui fait penser qu c’est une volonté, c’est d’apprendre que Sébastien serait en train de se faire approcher par les Verts pour diriger la campagne électorale aux prochaines municipales. Dans le cadre d’une logique politicarde (et des ambitions qui vont avec), toute cette approche fait sens. L’Autre Cantine apparaît en ce sens comme la vitrine d’un jeune loup politicien qui s’affiche avec une casquette « rebelle » mais cherche surtout à faire son trou dans les sphères de la métropole.
Ce paternalisme et ce lien avec des élu·e·s n’est pas nouveau dans nos luttes. L’Autre Cantine a toujours misé dans la constitution d’un groupe large, et pour ce faire il semble paraître normal de séduire les « citoyennistes » et de leur donner une bonne place dans la lutte.
Mais les méthodes de « lutte » de ces « citoyennistes », qui peuvent souvent être proches d’élu·e·s, incluent de reconnaître le pouvoir de ces élu·e·s (pourtant responsables de la situation des exilé·e·s, à quelques niveaux qu’iels soient dans la hiérarchie du pouvoir) notamment en acceptant de discuter avec elleux plutôt qu’en faisant jouer le rapport de force. Et cela souvent au détriment de la luttes des exilé·e·s ou de leur volonté. Un exemple récent vient illustrer ces faits : la « réoccupation » du square Daviais pour le premier anniversaire de l’Autre Cantine début juillet 2019.
Sur place deux ambiances. D’un côté, des associations impliquées au gymnase dont l’Autre Cantine, regroupant majoritairement des blanc·he·s pour qui cette réoccupation n’est que symbolique, afin de faire du bruit dans les médias sur la situation des exilé·e·s du gymnase et faire pression sur les autorités. On appelle les médias, on donne des interviews. Puis une fois satisfait·e·s par cette action, tous ces petits soutiens rentrent tranquillement chez elleux.
De l’autre, des exilé·e·s pour qui cette action n’a rien de symbolique et qui préfèrent rester sur place plutôt que de retourner dans le gymnase. Iels ne seront pas écouté·e·s, et bien peu de soutiens resteront jusqu’à l’expulsion du square par les CRS et les gardes mobiles.
Le lendemain, opération réussie pour les soutiens, Sébastien aura droit à de longs articles dans la presse. Les exilé·e·s, elleux, n’auront pas d’autres choix que de retourner au gymnase et aucun·e n’aura eu la possibilité de s’exprimer dans la presse. La situation n’a pas changé depuis…
En guise de conclusion
Ce texte est lourd. Parler est difficile car la situation engendre un sentiment de lassitude, de dégoût et d’impuissance face au pouvoir blanc incarné par les chef·fe·s10 de l’Autre Cantine. La peur de parler est grande surtout par crainte des représailles. Nous avons une pensée pour tou·te·s celleux qui se trouvent dans cette situation. Ces histoires sont pesantes pour celleux qui les vivent, les ont vécues, qui les partagent, qui peuvent s’y reconnaître ou qui partagent ces constats. Nous avons d’abord écrit pour dire qu’il faut que ça cesse. Que ça s’arrête maintenant !
Nous avons cherché à faire une synthèse-critique de la situation à l’Autre Cantine. Cette synthèse n’est pas exhaustive, parce qu’il ne s’agit pas de cracher gratuitement sur cette association, mais de donner des éléments concrets sur la situation pour en faire une analyse politique afin de s’en servir comme un outil collectif de lutte.
Dans ce sens, nous pensons qu’il est essentiel d’adopter une posture d’humilité face aux critiques plutôt que d’être dans le déni et ne pas vouloir reconnaître ses erreurs. Les critiques sont indispensables pour construire des pratiques de solidarité sincères et authentiques. D’ailleurs, les espaces pour formuler ces critiques nous semblent trop rares et nous les trouvons par conséquent désirables. L’auto-organisation nous semble un outil précieux pour aller dans ce sens et nous pensons que c’est via ces pratiques autonomes que nous pourrons déjouer les frontières et briser la répression ainsi que tous les systèmes de domination.
Et ne pas combattre ces systèmes revient à les banaliser, à les rendre acceptables socialement !
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1. Kwame Ture et Charles V. Hamilton, Black Power, the politics of liberation in america, 1967.
2. Définition tirée du blog Queer et Trans révolutionnaires, https://qtresistance.wordpress.com/quelques-definitions/
* Les noms des personnes sont des pseudonymes (sauf mention contraire). Le but de ce texte est de dénoncer des comportements et des pratiques. Le nom des personnes importe peu ; elles se reconnaîtront sûrement très bien, ainsi que les personnes qui les côtoient ; l’important pour nous est de mettre en avant des mécanismes qui ont eu lieu à l’Autre Cantine mais se retrouvent globalement dans la société.
3. À la date du 26/08/2019
4. Une personne racisée est une personne qui subit du racisme, qui subit le prisme de la race ; sa condition sociale sera alors différente de celle d’une personne blanche qui ne subit pas ce système au quotidien.
5. Concept tiré de l’émission Dégenré·e, « Un concept, une théorie : la renversionite !! » écoutable à cette adresse: https://www.radiorageuses.net/spip.php?article434
6. Étymologiquement, hystérie renvoie à utérus. Des médecins et tortionnaires ont menés des expériences atroces sur des femmes au XIXe siècle pour décrire ce supposé mal démentiel intrinsèquement lié aux femmes, du fait de leur anatomie… C’est une forme d’essentialisation : toutes les personnes avec un utérus sont susceptibles d’hystérie, toutes les personnes avec un utérus constitueraient un groupe homogène.
7. Le post-sexisme serait le fait de vivre dans une société qui aurait dépassé le sexisme et le patriarcat, qui les aurait relégués au passé.
** Jean-Louis Goulay est son vrai nom. Vu les accusations qui sont portées contre lui et les raisons sérieuses que nous avons de les croire, nous avons décidé de publier son nom afin que les gens sachent à qui iels ont à faire, surtout si les gens le connaissent et n’ont rien entendu à ce sujet.
8. Pour les chef·fe·s de la cantine, cela signifierait régler les problèmes à coups de couteau : c’est encore une fois le stigmate des hommes racisés et violents qui est mobilisé.
9. Assata Shakur, Assata : An Autobiography, Londre, Zed Books Ldt, 1988 ; (pour la traduction française) Assata : une autobiographie, Premiers Matins de Novembre, 2018, p. 200.
10. Parmi les chef·fe·s nous incluons les personnes citées mais aussi celleux qui gravitent autour et participent à ce climat.
J’ai lu que le début … y a des comportements autoritaires et y a des cons partout. Mais là dans le texte ça prend une tournure étrange quand les auteurs ont besoin de mettre une étiquette sur chaque acteur de cette histoire … “machin, blanc de nationalité française”, “bidule, noir et sans papier” … C’est quoi les conclusions qui viennent avec un tel raisonnement, et leur mise en place ? Parce qu’on dirait que le problème c’est pas tant qu’il y ait des connards autoritaires, mais qu’il y ait des “blancs français”, et là franchement je vois pas trop quelles sont les solutions que vous proposez … parce que quand on se plaint d’une situation généralement on essaie de trouver des solutions. Quand on se plaint de comportements autoritaires, on essaie logiquement de mettre en place des garde-fous pour faire en sorte que les gens n’aient pas autant de pouvoir, par exemple. Là il semble que le problème de fond, vu comment le texte inistse là-dessus, c’est qu’en France il y ait des gens qui aient la nationalité française, et qui sont blancs à vos yeux (parce que je doute que vous soyez capables de détecter l’origine “ethnique” de tous les bruns, et donc là ça devient compliqué de dire qui est racisé ou pas …). Bon … c’est un ennemi comme un autre, vu qu’il semble qu’il faille toujours désigner un ennemi (le protestant, le juif, le tzigane, le musulman, le blanc français … pourquoi pas !)
Ah oui ? Bah moi j’ai compris le texte. (bon aussi, j’ai fait l’effort de le lire jusqu’au bout avant de donner mon avis).
Le texte – parmi d’autres choses – porte une critique du racisme. Il essaie de montrer, à partir d’exemples observés dans l’autre cantine comment le racisme peut s’immiscer dans pleins d’aspect de la vie quotidienne. Alors pour parler du racisme, il faut bien – afin qu’on comprenne la situation – préciser qui est Blanc et qui ne l’est pas. Je ne vois pas comment faire sinon.
L’autoritarisme peut effectivement être un problème en soi. Mais quand il s’exerce en priorité par des personnes blanches sur des personnes racisées, c’est aussi quelque chose qu’il faut observer si on veut analyser ce qui se passe.
Je pense que tu ne te rends pas compte que le racisme existe réellement. Quand tu cours pour attraper le bus et que le chauffeur ne s’arrête pas, tu ne te pose pas à chaque fois la question : “Est-ce qu’il ne m’a pas vu ou est-ce qu’il est raciste”. Quand, après que tu te sois présenté, on te dit que l’appart que tu voulais est déjà loué, tu ne te demande jamais si c’est à cause des sonorités de ton nom de famille. Alors ce n’est pas étonnant que tu ne comprennes pas les réalités de vies de celles et ceux qui subissent le racisme au quotidien.
Quand on parle de Blanc.he.s et de personnes racisée, on ne parle pas de l’origine ethnique, on parle du statut social que la société raciste attribue aux gens en fonctions de leur apparence physique.
Et quand on parle de racisme, on ne parle pas de Bidule, qui détestent les Noirs, les Arabes ou les Blancs sans aucune raison, on parle d’un système à l’échelle mondiale, qui privilégie systématiquement les personnes blanches par rapport aux personnes racisées. Les Blanc.he.s obtiennent des meilleurs boulots, des meilleurs paies, des meilleurs appart et des meilleurs rendus dans les tribunaux. Illes sont mieux considéré.e.s et traité.e.s avec plus de respect, leur parole est jugée plus digne de confiance.
Désolé, te révéler toute la vérité, comme ça sans préparation, alors que tu pensais peut-être que le monde était merveilleux et que tu ne devais tout tes privilèges qu’a ton simple mérite, ça va peut-être te faire un choc. Oui, ok, c’est vrai que je parle de manière condescendante, mais je trouve ça fou que tu sois aussi à l’aise à donner ton opinion alors que tu ne semble pas avoir déjà vécu le racisme (le vrai) et que tu ne semble pas t’être renseigné auprès de personnes qui le vivent au quotidien et ni avoir particulièrement réfléchi au sujet, ni envie de le faire.
Le but n’est pas de s’attaquer au Blanc Français, mais de dénoncer que le Blanc Français bénéficie de privilèges racistes. (Même si la plupart du temps, il ne s’en aperçoit même pas). Qu’est ce qu’on peut faire pour changer ça ? Bah déjà, en prendre conscience me parait un début nécessaire.
Merci pour ce texte nuancé, argumenté, qui donne des éléments pour comprendre la situation à l’Autre Cantine. C’est du travail (et en l’occurence du beau travail) de pondre un texte comme ça dans une situation qui, comme en parlent les auteurices du texte, provoque plutôt de la lassitude.
Courage à vous !
Merci pour ce texte, enfin le vrai visage de l’autre cantine et de ses imposteurs révélé au grand jour !
Sur le coté humanitaire et gestionnaire du CRAN et de l’autre cantine, beaucoup s’en étaient rendu compte dès le départ, donc ce n’est pas un scoop.
Diriez- à des gens à la peau plus claire et en galère qu’il l’ont bien voulu. Même pas foutus de profiter de leurs privilèges!
Vous constituez un grand groupe homogène du “blanc avec des papiers” c’est vaste! çà peut être Bolloré comme celui ou celle qui n’a que son RSA pour vivre…
Votre camarade nantais Olivier Lecour Grandmaison, historien descendant de célèbres négriers nantais milite pour la reconnaissance du “privilège blanc” ainsi que Françoise Vergès qui gagne 14 000 euros et vient elle aussi d’une famille d’esclavagistes de la Réunion. Et tout çà sans jamais remettre en question leur privilège de classe, le seul auquel on puisse renoncer.
Tout çà c’est des concepts venus des States qui sont complètement déconnectés de l’histoire des gens vivant ici.
Un des commentaires précédant avait bien raison, comment vous mesurez la “”racisation”” quand vous croisez quelqu’un dans la rue?
Vous avez décidé de couper la méditerrannée en deux et que d’un coté il y aurait les “”racisées” et de l’autre les non-racisée”. Les berbères sont ils racisés? Les andalous sont-ils racisés? Les turcs sont ils racisés? et tout ces groupes sont ils purs??
Quant à “la déconstruction”, c’est un labyrinthe sans fin, un outil de domination au service des plus diplomés et des plus instruits.
C’est facile de revendiquer “nique la race” si t’en subis pas les conséquences toi même. Ce genre de nihilisme antitout (le fameux “nique tout et son monde”) nie et invisibilise de réelles situations qui concernent les personnes pas blanches (ici des personnes souvent sans papiers en plus), puisque le racisme systémique avantage ce groupe de blanc.he.s. y’a plein d’exemples dans le texte (on écoute davantage les blanc.he.s que les racise.e.s, avec ou sans papier d’ailleurs les 2 sont illustrés).
Sinon t’es hors sujet le texte ne compare pas et ne hiérarchise à aucun moment les précarités selon la couleur de peau. Scoop : y’a des racisé.e.s qui sont des ennemis politiques de classe (des flics, des pdg, et plein d’autres). Ça n’a juste aucun rapport.
Mais dans le texte (t’as pas du bien lire), il est question d’un groupe de blanc.he.s privilégiées par rapport au groupe des gens qui sont “aidé.e.s” (vu le langage associatif de l’autre cantine on pourrait même dire “bénévoles versus bénéficiaires”). Privilèges de ce groupe : avoir des papiers, et pour une partie, un logement pérenne et des conditions matérielles de subsistance (alimentaire notamment) incomparable avec les personnes exilé.e.s qui mangent à l’autre cantine.
Quand à la deconstruction elle a aussi sa place dans l’éducation populaire et donc elle n’est pas réservée à une élite. Meme si elle peut effectivement souvent faire subir une violence symbolique de classe. Mais de fait c’est pas une excuse pour pas s’y intéresser d’une manière ou d’une autre selon son parcours.
toi l’universitaire, tu en a le jargon en tout cas, tu as la science infuse et tu prétends que je n’en subis pas les conséquences. Tu veux peutêtre que j’envoie mon nom, ma photo et un test ADN. On sera bien avancés quand on aura inscrit: caucasien sur la carte d’identité! On aura vâchement mieux comprit!
Bah oui, nique tout et son monde parceque je préfère m’attaquer à la propriété privée pluôt que d’aller dire au galérien à la peau un peu plus claire qu’il profite du racisme parcequ’il bénéficie d’un taudis hors de prix et d’aller l’éduquer pour qu’il prenne conscience
Tu es hors sujet du texte ci dessus, cette discussion est donc stérile puisqu’il n’est pas question dans ce texte de de dire aux blanc.he.s qui galèrent qu’ielles sont privilégie.e.s quant à leurs conditions matérielles d’existence en termes de logement. On dirait que tu le prends pour toi alors que c’est pas le but du texte. IÇa parle d’individus d’un groupe spécifiques qui a des privilèges et qui s’en sert pour opprimer d’autres individus fun autre groupe spécifique. Y’a un très bon commentaire plus haut qui explique de quoi ca cause : c’est le racisme, le paternalisme.
Et puis y’a pas à opposer ou hiérarchiser lutte contre le racisme et lutte contre la propriété privée d’ailleurs. On en arrive vite à un raisonnement facho du style “et nos SDF francais” (entendre : blancs).
Le racisme ne disparait pas en claquant des doigts, texte utile pour l’illustrer.
Pareil pour l’humanitarisme et les “white savior”
D’abord merci aux personnes qui ont écrit ce texte. Les critiques qui s’y trouvent doivent maintenant questionner les manières de faire à l’autre cantine mais aussi ailleurs.
Voici quelques exemples supplémentaires qui n’ont pas forcément de lien avec l’autre cantine, mais ça se passe aussi à Nantes et ça illustre aussi les mécanismes paternalistes, colonialistes et racistes de personnes évoluant dans les collectifs de soutien aux exilé·e·s
J’ai entendu plusieurs fois : “il faut dissuader machin·e d’aller à la manif parce que vu sa situation s’iel se fait chopper c’est la merde”. Personne ne se demande alors si machin·e est déjà au courant des risques qu’iel prend, personne ne se demande si l’enjeu pour elle/lui est assez important pour prendre ces risques. Non, il faut juste le/la dissuader, machin·e n’est pas considéré·e comme étant capable de décider par elle/lui-même.
J’ai vu plusieurs fois aussi des personnes arriver dans des squat d’exilé·e·s ouvert peu de temps avant et faire comme chez elleux. Visiter (y compris les chambres), demander qui habite là, décréter qu’il y a assez de place pour accueillir plus de monde et reprocher aux personnes d’avoir choisi à combien et avec qui ielles souhaitaient vivre. On fait ça dans les squats de blanc·he·s ?
Dernier exemple, avec des personnes de l’autre cantine et d’autres collectifs de soutiens aux exilé·e·s: l’expulsion du square Vertais à Nantes il y a presqu’un an. Des exilés voulaient résister à cette expulsion. Ils ont expliqué que c’était une question de dignité et qu’il était hors de question de sortir du parc d’eux même. Ils préféraient se faire pousser par les flics que de sortir dans le calme comme les flics l’avaient négocié avec des chef·fe·s autoproclamé·e·s. Une fois de plus ils n’ont pas été écoutés et ce sont des personnes des différents collectifs qui sont venues les tirer hors du parc.
Plus tard dans la matinée, une partie des exilé·e·s voulait partir en manif à la préfecture. Les collectifs, eux, avaient prévu un repas pour le midi. Plutôt que de décider ensemble ce qu’on allait faire, des personnes des collectifs sont venues demander à plusieurs personnes de faire passer le message qu’on allait s’en aller pour aller manger. On était plusieurs à leur faire remarquer qu’il y avait d’autres propositions, mais on était pas écouté·e·s non plus. Les flics voulaient qu’on se casse, alors l’idée de proposer de bouger pour aller manger leur semblait la meilleure. Iels trouvaient des obstacles à toutes les autres propositions des exil颷s, comme celle d’amener la bouffe à la pref. Finalement les exilé·e·s ont réussi à se faire entendre et la manif vers la pref a pu avoir lieu. Mais est-ce que c’est logique qu’il faille que les exilé·e·s passent autant de temps et d’énergie pour pouvoir décider des actions qui les concernent ?
pareil, thanks pour ce texte ; et faut arrêter de focaliser sur une prétendue dimension justiciariste ou dénonciatrice ; là ce qui compte c’est le détricotage d’une systémique raciste qui inclut tout le monde, indépendamment des “bonnes” ou “mauvaises” intentions ; et ça fait un peu froid dans le dos, en 2019, de voir réapparaître les arguties individuelliste libérales contre lesquelles on se fritait en 2005 et qu’on pensait avoir au moins aplanies dans nos chers milieux ; des fois on a l’impression de lire du Bock-Côté, avec ses vingt éléments de langages victimisants ; zut, on parle pas ici de morale, mais méthodologiquement c vraiment très nul ; la tehon (et pour nous tous*)
Pour avoir assisté à une des scènes décrites ici, et pour avoir été périphérique à une autre, il me semble utile de préciser que les anecdotes sont pleines d’omissions diverses, toutes au désavantage des membres de l’Autre Cantine.
De plus il semble qu’il ait échappé à l’auteur(e) que l’une des “victimes” présentées ici (un homme) a proféré des menaces de mort à l’encontre d’un des membres actifs de l’AC (une femme). Cela éclaire autrement une partie de ce texte, non?
L’auteur(e) est donc invité(e) à contacter l’AC pour compléter/corriger son texte.
…Ou à gérer différemment ses règlements de compte personnels…
Réponse au commentaire du dessus:
C’est un peu dommage si vous êtes interne à l’association de ne répondre qu’à cette partie du texte, qui est certes importante, mais il y a toute une analyse de comportements, de remise en question à avoir, et c’est votre seule réponse?
On retrouve bien des procédés dégoûtant dans ce texte :
– « journalisme » orienté
– morale manichéenne
– justice expéditive
Pour ne relever qu’un seul élément marquant, le fameux Omar n’a pas était « viré » par la seule volonté de la dites Laure mais également par une femme racisée investit à l’Autre Cantine qui ne supportée plus les comportement sexistes de Omar.
En retours, ce dernier l’a insulté « d’hystérique » et lui a dit qu’elle était manipulée par la suprématiste blanche… [sic]
C’est assez révélateur de voir que pour servir leurs propos, les personnes qui ont écrit ce texte reproduisent exactement les mêmes choses qu’elles critiquent, à savoir l’occultation totale d’une personne racisée…
Mais bien sur, cette partie de l’histoire ne sert pas leur thèse à vocation de règlement de compte.
Pardon, je ne pensais pas que ça dépasserait votre compréhension. Je reformule:
L’auteur(e) a déformé des faits pour attaquer des personnes avec lesquelles il (elle) a manifestement un problème personnel. Ce faisant, il (elle) cherche à discréditer l’ensemble des activités d’une association, et ses bénévoles.
J’ai invité cette personne à faire acte de bonne foi, pour donner un peu de crédit à l’ensemble de son texte qui ressemble à une rumination personnelle, augmentée, peut-être, d’un montage de bourrichon collectif.
Pour le reste, franchement, je m’occupe de trucs plus constructif. Autrement dit: j’ai plus intéressant à faire.
Par exemple, ce matin et toute la journée (au moins), l’AC s’occupe de gérer l’expulsion de plusieurs familles. où est l’auteur(e), aujourd’hui?
Si il (elle) a l’intention de faire quelque chose d’un peu constructif, c’est le moment…
Aaaah le bon vieil argument d’être constructif ! Parce que y’a des gens qui font des trucs (peu importe quoi d’ailleurs), alors les critiques ça va bien deux secondes. Pas le temps de se poser des questions sur le quoi et le comment. Et puis de toute façon les autres iels font rien, c’est bien connu. Surtout celleux qui émettent des critiques. La critique c’est mal ™, alors pas besoin d’en discuter.
En tout cas t’as l’air de prendre ça à coeur. Serais-tu une des personnes mentionnées dans ce texte “Tiens?” ? Surtout avec le mépris que tu laisse transpirer dans tes commentaires.
Ce qui semble dépasser ta compréhension à toi, c’est qu’une critique n’est pas (forcément) juste un “réglement de comptes”, en tout cas c’est la façon habituelle de rejetter toute discussion. Ça évite comme tu le fait de répondre aux quelques éléments de fond soulevés par le texte.
Il me semble pas que l’objectif du texte c’est de “discréditer l’ensemble des activités d’une association, et ses bénévoles”, mais de dénoncer des dynamiques collectives, dynamiques qu’on retrouve assez souvent, histoire qu’elles se reproduisent pas. Et puis ça ne parle que de quelques individu.e.s, qui semble avoir une position importante dans cette “asso”, et participer à ces dynamiques.
La critique aussi est constructive, sinon on avancera pas collectivement.
L’AC gère l’expulsion … c’est pas plutôt la pref qui gère les expulsions ?
Pas facile de s’y retrouver dans la confusion du sens.
Intéressant tout ça. Sans vouloir prendre partie pour les un-e-s ou pour les autres, parce que y a beaucoup de points et d’anecdotes différentes dans ce texte, je trouve néanmoins que c’est du bon gros foutage de gueule de donner un prénom générique à “Sébastien”, tout en indiquant que c’est le principal exposé dans les médias avec son état civil. Paie la mauvaise foi.
culture du viol,racisme,sexisme,paternalisme, autoritarisme , violence , j’en oublie ? Franchement qui peut avaler ça ?
houhou y’a quelqu’un ?! cet espace de réflexion n’a aucun besoin de ce genre de torchon très personnel . on ne peux que vous renvoyer à vos réflexions aussi bien personnelles que collectives ?
L’ac gère les expulsions parce que quelques individu.e.s blanc.he.s (un noyau de chef.fe.s) de l’asso (je doute que ce soit des decisions collectives, comme ecrit dans le texte) contribuent à engendrer (surtout en négociant avec les élus.e.s comme écrit dans le texte) en ouvrant des maisons POUR des personnes exilé.e.s sans leur donner les outils de s’autonomiser sur la question du logement, et en les rendant tout aussi dépendant.e.s que les institutions. L’humanitaire ne s’arrête jamais sinon les bienfaiteur.ices n’ont plus de raison d’exister..
Cest marrant les appelos utilisent le même argument, comme on se montre pas on se la ferme et nos critiques sont balayées par le poids du pouvoir autoritaire des meilleurs gauchiasses radicaux de l’univers. On vous voit, ou pardonne pas
“culture du viol,racisme,sexisme,paternalisme, autoritarisme , violence , j’en oublie ? Franchement qui peut avaler ça ?”
Ce que vous dîtes c’est en substance c’est trop incroyable pour être vrai, non ?
L’argument classique qui protège les agresseurs dans des cas de violence conjugale par exemple. Personne n’a rien vu, personne ne veut y croire : “lui qui était si gentil”…
Même argument qui a fait que personne ne voulait entendre les survivant·e·s des camps de concentration dans l’immédiat après IIème guerre mondiale. “Trop horrible pour qu’on l’entende, qu’on le prenne en compte”.
Et effectivement, si on NE VEUT pas y croire, on y croit pas.
Ce genre de contre-argumentation au texte, pour ma part achève de me convaincre que la critique est amplement méritée.
très tardive cette dénonciation de la gestion humanitaire d’autant que beaucoup de monde l’avait remarqué depuis longtemps. Il suffit de regarder les commentaires sur indymedia quand le CRAN et l’autre cantine ont commencé. D’ailleurs, on se souvient que les appelos étaient à l’origine de la manif contre toutes les expulsions avec leurs pieds de biche en mousse. Maintenant iLs reconnaissent ouvertement gérer les expulsions, quelle bande de bourrins! Mais bon, les auteurs du texte sont aussi de beaux faux-cul de dénoncer çà si tardivement, alors que c’était clair dès le départ. ET celles et ceux qui écrivent: “l’autre cantine révèle enfin son vrai visage” font bien marrer!
Décidémment, Humanitaires, travailleurs sociaux et éducateurs de la déconstruction du “peuple”: même combat!
Quelques questions quand même:
– Quelle est la position du CRAN dont on entend plus parler?
– l’autre cantine a t-elle un lien avec la cagette des terres?
Juste pour rappeler que ce texte parle de comportements oppresseurs racistes systémiques davantage que d’embrouilles de milieux.
Qu’il n’est pas seulement question d’une gestion humanitaire, c’est complément passer à côté du coeur du texte.
Dans le fond tel ou tel groupe on s’en moque ce sont des comportements que la plupart des militants blancs peuvent avoir.
Balayons devant notre porte plutôt que pointer du doigts le voisin.
Ce texte m’a fait beaucoup réfléchir.
Je parle d’auto-indigestion car lorsque ce je regarde mon fonctionnement, à l’aune de ce texte, c’est ce que je m’inspire. Beaucoup d’envies, beaucoup de tentatives, beaucoup d’abandons, beaucoup d’erreurs.
En tant que femme blanche de classe sociale dite défavorisée en france mais riche à l’international, je dois à la fois décortiquer, comprendre et me battre contre les systèmes d’oppression de la société dans laquelle j’évolue, mais aussi décortiquer, comprendre et me battre contre les systèmes de domination auxquels je participe. Et des fois c’est super inter-dépendant. Et des fois, beaucoup trop souvent, je dis / fais des grosses erreurs. Et personne, que ce soit de l’Autre Cantine ou de l’écriture de ce texte, n’échappe à ces multiples contradictions qui nous traversent. J’ai l’impression que les personnes qui ont écrit ce texte le savent, d’où l’introduction et la conclusion qui n’appellent pas à ostraciser les personnes citées mais à réfléchir à des comportements récurant dans tous les milieux.
A chaque fois que je vais “aider” un squat pour exilé-e-s ou l’Autre Cantine, je suis super mal à l’aise, pas longtemps hein, parce qu’on se fait vite plaisir avec l’idée qu’on aide et y’a toujours des gens chouettes avec qui parler, mais systématiquement, plusieurs fois, à chaque fois que je me pose la question d’aller parler avec ou pas, de poser des questions ou pas, de témoigner ou pas, de faire du voyeurisme ou pas, de donner assez de mon énergie ou pas… Et je pense qu’on est très nombreux-ses comme ça, à osciller.
Et là par exemple je viens d’écrire quelque chose de très problématique : “se faire plaisir à l’idée qu’on aide”. Je ne vais pas le corriger, volontairement, pour montrer à quel point c’est fréquent. J’vais plutôt expliquer ce que je pourchassais en convoquant cette pensée : l’autre pensée, celle qui me ronge : le sentiment d’impuissance.
Je crois qu’une partie du processus qui nous fait baisser la garde sur ce qui peut être problématique est la sensation que “au moins je fais quelque chose plutôt que rien” et, pire, “si je ne me fais pas, personne ne le fera”. Ces deux pensées sont des pièges absolus et il faut absolument les combattre en nous. Quitte à, oui, parfois, ne rien faire pour n’avoir, jamais, le sentiment d’être indispensable.
Je crois que ce texte s’appuie trop sur des évènements, forcément déformés par de multiples prismes, et pas assez sur les complexités qui nous font avoir de multiples visages. Les complexités qui nous font voir l’Autre avec un prisme de ce qui est (quand même) chouette et en même temps, selon d’où on regarde, ce qui est (toujours) problématique. Je crois (donc je n’affirme ni ne condamne) que ce qui aiderait un maximum de personnes, ce serait de réfléchir à comment tenter de faire mieux plutôt que chercher à condamner les personnes qui gravitent à l’Autre Cantine ou les personnes qui ont participé de près ou de loin à l’écriture de ce texte. Je crois que ce qui peut être chouette c’est de demander, puisque nous ne pouvons changer que nous même, si à un moment on a blessé ou dominé quelqu’un-e, et si c’est le cas, tenter de comprendre comment, et si possible, de s’en excuser sincèrement (si c’est pas compris, c’est pas sincère, donc autant éviter, une demande humble de nouvelle explication sera bien plus utile!)
Détruire l’envie de l’Autre d’aider est ce qui pourrait nous arriver de pire. Questionner la part d’ombre dans cette envie, démontrer les à côtés négatifs de cette envie, est ce qui pourrait nous arriver de mieux.
Et, luxe suprême : NOUS AVONS LE CHOIX.
Non, je ne suis pas cité.
Le vaisseau des morts a brulé: https://www.nantes.indymedia.org/system/zine/2018/01/28/39921/vaisseaudesmorts-100p-a4.pdf
merci pour ce texte et je pense qu’on pourrait encore plus décortiquer l’influence des privilèges qui aboutit à ce que la cantine soit un lieu de domination raciste.
Je suis une personne racisée et ce texte m’a été très difficile à lire en raison des violences que subissent des personnes racisées (et me rappellent des situations traumatisantes). Je veux donner tout mon soutien à Aboubacar et Omar qui en ont pris plein la gueule de la part de Blanc-he-s et j’espère qu’ils arrivent à s’organiser pour lutter contre ces injustices.
moi, ça me donne envie de débarquer à plein de racisés et de remettre de l’ordre dans ce lieu puant et d’expulser les racistes. ON les virera avant que leur Etat français qui protège leurs priVilèges éloignent leurs victimes à des milliers de kilomètres. Et qu’ils sachent ces CONNARDS que s’ils s’organisent pour faire expulser nos camarades, on sera là pour bloquer les tribunaux et les aéroports.
BON COURAGE A OMAR ABOUBACAR ET ALEXIA
Salut,
si des gent-e-s sont proches des personnes concernées, j’aimerais savoir quels soutiens elles ont besoin et je pense qu’on va être plusieurs personnes racisées à vouloir faire un texte de soutien…à elles de voir
ANTIRACISTE TANT QU IL LE FAUDRA
Pourquoi ce texte fait si peu parler de lui ?
Les militant.e.s blanch.e.s se protègent entre elleux c’est affligeant.
C’est bien de dénoncer l’antiracisme sur facebook et de se taire et de complaire quand ce genre de pratique est dénoncé dans le milieux.
C’est bien de faire des beaux discours aux manifs contre les féminicides mais de protéger ses pair.e.s quand il y a des accusations de harcèlement ou d’agression sexuelles dans son milieu
C’est bien de se dire féministe ou antiraciste mais de toujours critiquer les moyens d’actions choisis par les opprimé.e.s
“Il y a souvent une nette confusion entre la lutte contre l’oppression et le culte de
la victime de cette oppression, ce qui mène en premier lieu à la charité et à une
forme de misérabilisme paternaliste. Mais cela peut porter aussi, plus sournoi-
sement, à une justification de sa propre inactivité pratique. En gros, si tu n’es pas
la victime, tu es illico dans une situation de privilège et tu n’es donc pas légitime
pour agir contre l’oppression.
On assiste aussi à la diffusion, sous couvert de « déconstruction des privilèges »,
d’une interprétation binaire et manichéenne du monde. Il y aurait une ligne de
démarcation nette, indépassable et établie abstraitement entre victimes et bour-
reaux, colonisateurs et colonisés, hommes et femmes, oppresseurs et opprimés.
Tout le bien du côté des (supposées) victimes, tout le mal du côté des (supposés)
privilégiés. Mais que faire alors, des individualités qui ne rentrent pas dans leurs
schémas sociaux ?”
Extrait de Cassandre – Les fantômes de la déconstruction –
https://ravageeditions.noblogs.org/files/2016/01/Cassandre-60p-A5-NB.pdf
Oui au dernier commentaire! C’est totalement ça! Et il y a ce mot “racisé” que je comprends bien mais à catégoriser à tout va,(se)différencier, les gens ne se comprennent plus,on creusent des fossés,de nouvelles incompréhensions naissent. Les solutions seraient de faire la paix, reconnaitre les victimes, le passé et avancer avec son ancien oppresseur? Bah c’est pas con? Pourquoi pas aller voir son oppresseur le plus proche et lui tailler une bavette. On peut réussir à se faire entendre en dépassant le statut de victime, oui oui. Un jour, une victime peut devenir un bourreau. c’est tout.
Du coup je te propose de faire ce que tu dis et d’aller voire un bon gros nazi et de causer avec. Parce qu’on sait jamais, ptet tes arguments vont le convaincre. Ou alors tu te feras juste défoncer (ce qui sera plus probable).
Ou alors t’as raison, on aurait qu’à dire que c’est le pays des bisounours et qu’il suffit de dire qu’on est tou.te.s égales.
Si t’en est à gober la retape de ravage (à gerber d’ailleurs de se pointer comme ça sur une histoire dégueu pour faire la pub de sa brochure pourrie), ben range toi direct comme lui du côté des opresseurs. Parce y’en aura toujours pour dire “mais non, mon individualité est au delà des mécanismes d’opressions dans lesquels j’ai grandi”, comme ça ils pourront continuer à se la péter le plus grand révolutionnaire de tous les temps tout en continuant à pas se demander si à certains moments ils reproduisent pas ses mécanismes. Bénéficier d’un privilège, meuh non, jamais!
Ces deux derniers commentaires sont quand même bien à côté de la plaque, et en tout cas hors sujet (au moins la pub pour ravage).
Pourquoi dire un “bon grop” nazi et pas un nazi tout court? Je ne vois pas. La haine des nazis m’a toujours fait froid dans le dos. L’extrême droite existera toujours malheureusement et ce n’est pas une raison pour ne rien faire ou de ne pas lutter contre. Mais ce n’est pas aussi simple que ça mon ami. Derrière ça, il y a la méconnaissance donc l’ignorance, la peur de l’autre, la manipulation des médiats, la misère, la bêtise, etc, etc.. J’ai 38 ans et dans ma vie, j’ai rencontré 3 fois des nazis. Bon bah, à chq fois, ils étaient en groupe… donc tu vois, j’y serais bien allée mais seule contre 3, c’est un peu compliqué. Un mec, ou une meuf d’extrême droite devient tout petit tout seul..il ne la ramène pas trop..Ils se montent le bourrichons entre eux. Vrai!? Ce qui se passe aux USA m’indigne et me dépasse (à Charlotteville par ex) C’est encore d’autres histoires qui se traitent je ne sais pas comment. Enfin, c’est ce que je pense et c’est pas intéressant mais j’essaie de te répondre.
“mon individualité est au dessus des mécanismes d’oppression”, faux! J’essaie toujours de raisonner en pensant au bien commun, de voir plus loin que mes propres intérets. Les mécanismes d’oppression doivent être mis en lumière bien sur, et signalés. Enfin bon, je comprends pas la pub pour ravage. Tu fais référence au livre de Bargavel? C’est bien les références littéraires mais faut les expliquer un peu plus pour que les gens se comprennent.
L’Autre Cantine est un lieu de domination raciste.
Et oui l’autre cantine n’est pas parfaite. Et alors?
Rien ni personne n’est parfait. Aucune association n’est parfaite. On essaye juste de faire de notre mieux et de s’améliorer collectivement.
Quand je vais à l’autre cantine, je vois juste des gens de toutes horizons (des personnes noires ou blanches, racisés ou pas, jeunes ou moins jeunes: franchement sur ce point on s’en fout, on est juste des humains donc pas besoin d’étiquettes!) qui se rencontrent, qui apprennent à se connaitre.
Et oui c’est pas facile, il y a des quiproquos, des maladresses, des incompréhensions mais on essaye d’avancer ensemble avec nos opinions différentes, nos points de vue différents, nos horizons différents, nos cultures différentes, notre passé personnel différent, etc
En fait, l’autre cantine c’est juste comme une grande famille, et comme dans toutes les familles on s’engueulent, on est pas d’accord, on se quittent, on se revoient, on se détestent, mais surtout on essaye d’avancer ensemble, on essaye de s’entreaider, de résoudre les problèmes, de dénouer les incompréhensions, de se serrer les coudes …
Et SURTOUT LE PLUS IMPORTANT, c’est d’aider les personnes réfugiées pour qu’ils aient un avenir meilleur alors qu’ils quittent leur pays pour de multiples raisons. C’est surtout ça l’essentiel. Et parfois on fait mal les choses, parfois on les fait bien. Mais on fait les choses et on essaye….
Donc au sujet de ce texte, je vois surtout un règlement de compte personnel, beaucoup d’amertume et de la rancoeur. N’exposant pas la totalité des faits. Et voulant “se payer la tête” de l’autre cantine pour régler ses comptes. Enfin bref, rien de très glorieux. Et ça n’aidera pas la situation des réfugiées à Nantes, en France et dans le monde.
Salutation, :-)
T’as vraiment pas lu le texte ? Ou tu te fous de la gueuler du monde ?
Ke seule point commun entre toi et les personnes que t’aides ” vous êtes des êtres humains.
La seule différence entre toi et les personnes que t’aides : T’as des papiers, t’es blanc, tu te rends même pas compte que ces deux seuls premiers critères suffisent à te donner une centaine de privilèges incroyables type : avoir un logement/emploi, pas etre la cible d’une politique raciste ni la cible des fafs, pas avoir ta famille à plus de 1000km de chez toi, pas connaître des potes à toi décédés en essayant de venir en France…
Réalise que vous avez pas les mêmes histoires personnelles. . Que ça crée des histoires de dépendance. Que l’autre cantine peut participer d’une certaine manière à ne pas donner d’autobomie aux gens, que ça reste de l’humanitaire et une relation d’assistance… Que les chef.fe.s soient ses blanc.he.s pose des questions sur : qui décide de quoi. Et les personnes exilé.e.s ont elle la possibilité de décider pour elles mêmes ? Et si elles ne le peuvent même pas dans des espaces dits de solidarité “pour” elles… où le peuvent elles ?
…
bien sûr que personne n’est parfait. c’est juste que reproduire les schémas racistes et coloniaux n’aide pas du tout les exilé e s à avoir un avenir meilleur.
ps : adrien l’air de rien tu sais pas faire la différence entre réfugié et exilé déjà, ça montre ta méconnaissance de cette lutte qui visiblement ne te concerne pas
Je lis ce texte des mois après son écriture (il est en lien d’un comm et donc si vous lisez celui que je suis en train d’écrire, c’est sans doute que, comme moi, vous avez cliqué sur ce lien…)
Il y a un truc qui est clair dans la lecture des commentaires de ce texte (j’ai pris le temps de tous les lire): tous les commentaires qui le critiquent violemment ou qui apportent des critiques plus ciblées sur des passages ou des concepts oublient de signaler que son écriture, en sus de dénoncer des pratiques parfois invisibilisées par la routine ou l’objet des investissements personnels, a eu pour but principal d’apporter de la réflexion sur les rapports de pouvoir et d’oppression au sein de collectifs de lutte.
Je trouve donc de mon coté que même si il n’est sans doute pas parfait (aucun texte ne le sera jamais), il pose des questions indispensables (à toutes et tous)!
Aussi, il provoque des réactions qui en disent long sur cet aspect indispensable de son écriture et de sa diffusion.
Merci beaucoup à celles et ceux qui s’y sont mis! ça n’a pas du être facile…! Encore bravo pour votre courage et votre investissement dans sa réflexion et son écriture.
Les quelques critiques violentes ci-dessus laissent bien voir qu’il a touché son but et révèlent bien son utilité, à court et ou plus long terme, en tant que coup de pied dans la fourmilière…
J’avais eu des échos de ces problèmes d’une manière plus difficile à entendre, ça apparaissait comme des rumeurs fondées et crédibles, mais qu’est-ce qu’on fait avec des rumeurs ?
Là le texte permet vraiment de discuter, toujours à partir d’anecdotes, mais qui lorsqu’on les relie alimente les critiques. J’ai bien aimé le commentaire sur les participations aux manifs des “personnes à risque” aussi. Et l’imaginaire que ça développe : beaucoup de choses sont intéressantes à vivre sans avoir besoins d’être visibles dans l’espace public dominant. Si on souhaite amener ces choses pour perturber l’espace dominant, ça ne doit pas se faire contre l’autonomie des principales personnes concernées.
J’ai aussi lu tous les commentaires et dans les critiques dures, pas un seul élément d’analyse, que de la discréditation des personnes ou histoires racontées alors que le propos du texte est justement autre chose : il remet en cause une pratique bien située avec une analyse. Que les personnes aient vécu différemment l’événement c’est une évidence. Reste qu’à partir de deux récits différents (et pas équivalents : une insulte sexiste versus une accusation de viol quand même !), l’un des auteurs se retrouve candidat à la mairie et l’autre ne pourrait même pas fonder une association s’il le voulait. En matière d’autonomie politique demeure un sacré déséquilibre auquel l’Autre Cantine ne semble pas vouloir se confronter ?