La stratégie de la peur adoptée par le gouvernement pour répondre au mouvement des Gilets jaunes a un coût. Déjà en décembre dernier, période où les éléments les plus avancés de la crise se sont exprimés – avec les événements semi insurrectionnels du 1er et 8 décembre – une gronde du côté des forces de répression avait émergée. Les gendarmes et policiers mobilisés depuis plus de deux mois pour réprimer violemment et dans le sang les Gilets jaunes exigeaient une augmentation de moyens, humains et financiers. 
 
Les syndicats policiers exigeaient en effet un « retour sur investissement ». Une formule et revendication cynique eu égard de « l’investissement » qu’ils souhaitent voir « récompensé » . Cet investissement c’est d’avoir passer leurs samedi à matraquer, gazer, mutiler, éborgner, des personnes qui relèvent la tête et prennent la rue pour s’opposer à la précarisation croissante qui frappe de larges franges de la société.

Mais si le gouvernement Macron est champion dans l’austérité et les coupes budgétaires, ce dernier n’a pas tardé à répondre à la positive à ces revendications, tant l’enjeu était important. S’il a bloqué le point d’indice des fonctionnaires comme dans l’éducation et la santé qui en ont drastiquement besoin, il a donc offert une prime de 300 euros à l’ensemble des policiers et gendarmes mobilisés . Le protocole négocié entre Castaner et les syndicats policiers avait également acté une revalorisation salariale de 40 euros dés le 1er janvier 2019. 
 
A ces premiers cadeaux, s’ajoute aujourd’hui une nouvelle augmentation de 30 euros par mois, que toucheront policiers et gendarmes : une revalorisation de 30 euros par mois de l’allocation de maîtrise dans la Police et de l’allocation de mission judiciaire des sous-officiers dans la Gendarmerie. Selon les calculs des syndicats, les policiers pourraient toucher en moyenne,après 2020 ,entre 120 euros et 150 euros nets supplémentaires par mois ! 
De l’argent donc, il y en a. Mais pour le bras armée de l’État, dont Macron a aujourd’hui plus que besoin. En effet, si la majorité de la population désavoue Macron, ce dernier ne peut pas se permettre de se mettre sa police à dos d’autant plus dans le contexte de polarisation politique (qui n’est pas refermée malgré l’impasse stratégique des Gilets jaunes), et en vue des réformes anti sociales que nous concocte le gouvernement et qui risquent d’amplifier la colère sociale, déjà profonde, qui s’exprime actuellement. Une colère que les mesurettes de Macron n’arrivent pas à calmer. 
 
Ce nouveau geste – parallèlement au fait que Macron a une faible base sociale et reste aujourd’hui massivement délégitimé – laisse à penser que le pari pour faire passer les futures réformes anti sociales restera le même : celui de la répression dans le but de faire rentrer tout le monde dans l’ordre.