Redire que la violence est toujours du côté de L’État
Les blindés sont sur les Champs, les gaz incapacitants prêts à être employés, les sinistres voltigeurs de retour, les snipers postés en haut des immeubles, des centaines de personnes interpellé.es « préventivement » quand d’autres croupissent pour plusieurs mois en prison pour détention de matériel préventif ou rébellion… Une vitrine brisée n’est vraiment rien comparée à la violence sociale quotidienne subie par des millions de gens.

Nous pleurons une tuée par une grenade lacrymogène à Marseille, des mutilés – mains arrachées, yeux éborgnés – et d’innombrables blessé.es. Les lycéen.nes, très nombreux.ses mobilisé.es, subissent une répression féroce : mutilations, blessures graves, gardes à vue, procès, exclusions, menaces, intimidations, humiliations collectives comme à Mantes. Des actes que l’on peut désormais qualifier de torture sur des mineurs.

Paris et l’Île-de-France représentent 40% des blessé.es recensé.es par l’Assemblée des Blessé.es (60 au total actuellement). Les régions ont vraiment pris leur part de douleurs. Les violences policières causent des blessures irréparables et la justice de classe punit à tour de bras.

Pour l’État, pas de quartier : il faut faire peur et désespérer, tuer et mutiler, enfermer et isoler.

Retrouver la puissance de l’action collective
En assiégeant le Soldat Inconnu, les milliers de mutins de 14-18 ont dû se sentir enfin bien ragaillardis par la colère du petit peuple venu crier « Les Gilets jaunes triompheront », « Justice pour Adama » dans une puissance collective renouvelée. Une convergence des luttes en actes.
Depuis cinq semaines, Paris revit au rythme de la rage, déversant ses flots de manifestant.es venus « battre le pavé ». Paris que le pouvoir mégalomane voudrait transformer en « attrayante ville européenne », voire « mondiale » est revisitée par mille barricades. Manifs sauvages et Cortèges de Tête sont partout !

Mais Paris n’est pas la seule ville à crier sa rage. Ce sont les régions qui mènent la danse et les parisiens dansent au rythme des manifestant.es venu.es des quatre coins du pays pour investir la capitale. Dans toute la France, les Gilets Jaunes prolifèrent et s’organisent avec leurs propres façons de faire. Endosser ou pas son Gilet Jaune ne change en rien nos révoltes et le ras-le-bol du système capitaliste. C’est une révolte populaire, syndiqué.es et non syndiquées confondu.es. Des hommes et des femmes, aux métiers nobles de l’intelligence et de la puissance du geste, que l’État manager voudrait interchangeables, corvéables à merci, dociles. Mais la révolte gronde. C’est toute une intelligence collective et variée qui explose et Paris n’en a plus l’exclusivité.

Fonder le rapport de force
Tous les samedis depuis cinq semaines, les grands boulevards et les grands magasins, les boutiques de luxe et les Champs-Élysées, ne font pas recette. Quelle belle victoire que ces rideaux baissés sur les grandes enseignes et les profits en berne ! Paris redevient terrain des luttes communes.

Ce mouvement des ronds-points, lieux de fluidité et de blocage, se tient à distance de la grève, accaparée par les bureaucraties syndicales : AG phagocytées, parcours trop bien huilés, négociateurs patentés. Pas de représentant.es et voilà le pouvoir désemparé ! L’évidence se révèle pour qui veut observer : les Gilets Jaunes sont des travailleurs/euses pauvres, des artisans, des fonctionnaires, tout ce prolétariat qui a fui les syndicats. Les ronds-points, les péages, redonnent vie aux pratiques collectives si précieuses à nos émancipations : discuter, construire des cabanes, partager les repas. Pratiques de solidarité et de partage que le pouvoir halluciné pensait avoir éradiqué. Toutes les luttes de ces dernières années se retrouvent là en héritage.

Aller chercher soi-même l’information
Les réseaux sociaux, malgré la censure, malgré la présence de l’extrême droite, font circuler une information qui échappe au contrôle de l’État. Il n’y a plus que le pouvoir pour croire à ses mensonges médiatisés. L’intervention du président, censée dégonfler la mobilisation, n’a fait que la renforcer, les réseaux crépitants de mille messages pour décoder la supercherie politique, le mépris de classe.

Renforcer nos liens dans la lutte
Nous appelons à aller devant les lycées les matins de mobilisation et exigeons qu’il n’y ait plus de policiers aux abords des lycées. Dans les facs, nous dénonçons les pressions qu’exercent des président.es contre les étudiant. es.
Se réunir et manifester sont des droits fondamentaux. C’est pourquoi nous exigeons l’amnistie pour tou.tes les réprimé.es du mouvement.

La rue est notre seul espoir de changer le monde
La diversité de tactiques est partout à l’œuvre : les zads, les défenses collectives au sens large, les liens de proximité dans les quartiers, avec les migrant.es ou dans les entreprises et désormais sur les ronds-points, sont autant de reprise en main de nos vies mêlant actions directes, actions coup de poing ou symboliques. Nos rêves ne rentrent décidément pas dans leurs urnes.