Farhad commence par nous expliquer que, je cite : « les nouveaux terroristes ne connaissent pas bien l’islam ou pratiquent un fondamentalisme que l’état français interprète comme une radicalisation alors qu’il ne porte pas d’intention violente. »

        –  alors attends : selon lui, il existe un nouveau type de terroristes, les « pas vraiment djihadistes » qui ne connaissent pas bien l’islam (on frémit à l’idée que les « vrais » puissent le mal connaître), ou alors sont fondamentalistes non violents. *

        –    Ah. Attends je relis. « .. […] un fondamentalisme […] qui ne porte pas d’intention violente. » ok. donc des terroristes fondamentalistes non-violent-e-s.

C’est pas pour faire mon pinailleur mais ça me paraît légèrement contradictoire dans les termes, cette affaire. Et là, l’auteur précise entre parenthèses : « on connaît fort peu de cas de fondamentalistes ayant pris un virage djihadiste. »

– Les vrais djihadistes, c’est bien connu, sont toujours des musulman-e-s modéré-e-s. Le hic, c’est qu’on ne connaît aucun djihadiste qui ne soit fondamentaliste. Va falloir choisir, camarade, l’œuf ou la poule ? Puis Farhad nous déroule le couplet victimaire habituel, ces « faux djihadistes » sont victimes de racisme, des délinquants récidivistes et viennent des « quartiers », que le sociologue appelle (c’est plus pimpant) « l’urbain djihadogène« , soit « des lieux qui favorisent la radicalisation ». Il établit donc un lien entre radicalisation et djihadisme pas quiétiste.

– Selon Farhad, Chekatt a pris l’islam comme prétexte pour justifier un acte terroriste revanchard, mais pas islamiste. Il s’est radicalisé pour la facade, pour la gloriole. Alors que les « vrais radicalisés islamistes » se dissimulent, font profil bas en particulier en prison pour éviter de se retrouver fichés S. Farhad insiste sur ce point : c’est une erreur de considérer qu’un fondamentaliste puisse se radicaliser.

Parce que c’est bien connu (ironie), en prison, les « radicalisés » pratiquent tous la Taqiya, mangent du porc, ne font pas de prosélytisme, n’exercent aucunes pressions sur les « mauvais pratiquants » (musulman-e-s modéré-e-s), et se montrent amicaux envers les matons, contrairement aux fondamentalistes tels que Chekatt.

  • Puis l’auteur précise : les « vrais djihadistes » viennent des quartiers (de « l’urbain djihadogène », donc), ils approfondissent leurs connaissance biaisée du coran en prison (contrairement à Chekatt qui n’a été condamné que 27 fois, hein) se forment au terrorisme à l’étranger via des réseaux (pour Chekatt, l’Allemagne, c’est la France, c’est pareil) et eux, quand iels tuent en criant « Alahou Akbar », iels sont sincères, alors que Chekatt n’est qu’un vulgaire usurpateur, un islamiste en carton. D’accord…

Pourtant, Farhad remarque que lors de ses séjours dans les prisons Allemandes : « Chekatt n’y a éveillé aucun soupçon de radicalisation« . Mais dis donc, c’est pas très exactement ce que le professeur nous a doctement décrit comme étant l’attitude d’un « vrai djihadiste »?

Donc Chekatt se comporte comme un vrai djihadiste mais en fait n’en est pas un parce que… ben on sait pas… mais c’en est pas un, c’est Farhad qui nous le dit. Ah ben si c’est Farhad qui nous le dit, alors, qui sommes nous pour le contredire, hein ?

Pour conclure, le professeur nous explique tranquillement que les attentats de Nice, par exemple, ne sont pas dûs à la violence djihadiste, mais radicale. Voilà qui mettra du baume au cœur de familles des victimes : tout cela n’est que la conséquence d’un « moment de fragilité psychologique » strictement individuel, comme les États-Unis en connaissent beaucoup, un geste de rage qui ne serait qu’un retour de bâton de la violence qu’exerce la société occidentale moderne, spécifiquement sur certaines minorités.

–    Seulement si le but de cet article est de calmer la paranoïa ambiante, je suis pas sûr que ce soit un bon argument… Parce que la plupart des tueurs de masse aux Etats-Unis sont des fondamentalistes. Chrétiens, certes, mais bien des fondamentalistes.

Qui sont en croisade contre la dissolution des mœurs et l’oppression des chrétiens, entre autre… Tuer pour prouver qu’on a raison, c’est un peu radical, comme méthode.

  • C’est donc bien la composante religieuse, fondamentaliste et radicaliste qui est le déclencheur de ces horreurs, quelle que soit la forme de sécularisation de la société dans laquelle elles ont lieu et quelle que soit la religion invoquée.

*

 En somme, selon Farhad Khosrokhavar, Directeur d’études à l’EHESS, on devrait dire, paraphrasant « les inconnus »:

« … un vrai djihadiste, heu… y tire aussi, mais c’est pas pareil… »