Calais, déchéance de notre société
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6 juillet 1938 : ouverture de la conférence d’Évian. Les pays occidentaux débattent d’un problème grave : « que faire des centaines de milliers de Juifs chassés d’Allemagne et d’Autriche par les Nazis » ? La réponse sera unanime : rien. Ni accueil, ni visa, ni aide ! Mais déjà à l’époque les camps, la clandestinité, la fuite sans fin.
26 janvier 1939 : prise de Barcelone par les troupes franquistes. La « Retirada » s’amplifie. Par dizaines de milliers, les réfugiés espagnols et les combattants des Brigades Internationales arrivent en France. Où les mettre ? Dans des camps qu’on n’appelle pas encore « de concentration » dont les plus célèbres seront Gurs, Argelès, Rivesaltes ou Saint-Cyprien. C’est là que les Nazis viendront les cueillir.
Aujourd’hui, on célèbre des personnages splendides comme Varian Fry qui sont venus en aide à des proscritEs ne sachant pas où aller et abandonnéEs. Les Varian Fry d’aujourd’hui aident les réfugiéEs de Calais. Et ils/elles sont jugéEs. Rob Lawrie a été traîné en justice pour avoir essayé d’aider une fillette afghane voulant rejoindre sa famille.
La logique des camps, c’est d’enfermer les victimes qui sont considérées comme des coupables. Ou de les disperser pour qu’on ne les voit plus.
Qui a mis à feu et à sang le Moyen-Orient et le monde arabe avec les invasions de l’Afghanistan, de l’Irak ou de la Libye ? Qui arme les pays qui ont financé et fabriqué Daesh ? Qui soutient un modèle économique qui condamne de nombreux pays au sous-développement ? Qui a fabriqué le système de la Françafrique ? Les gens qui arrivent à Calais avec l’espoir fou que la Grande-Bretagne sera leur eldorado sont avant tout les victimes du capitalisme mondialisé.
Le gouvernement français se dit solidaire du peuple syrien face à sa dictature. Il traite les réfugiéEs syrienNEs comme des bêtes : expulsions, enfermement, refus d’accorder le droit d’asile. C’est la politique du bulldozer et de la bonne conscience. Dans sa grande « humanité », le gouvernement français a installé à Calais des containers pour emballer la marchandise, pardon pour loger les migrants.
À l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement « socialiste » s’apprête à « évacuer » une partie de la « jungle » de Calais. Il faut comprendre qu’on va « mettre ailleurs » les habitants mais surtout qu’on va détruire ce que la population a pu construire pour rendre la vie un peu moins invivable : l’école du chemin des Dunes, une épicerie, des sanitaires. On va « disperser » les réfugiéEs dans la peur et la précarité. Cazeneuve, Valls et Hollande sont dans la droite ligne de Sarkozy qui avait fermé Sangatte.
Notre police n’a même pas besoin de l’état d’urgence pour agir. Elle possède déjà une solide expérience acquise contre les Rroms. Plusieurs « camps » ont été récemment démantelés : trois à Lyon (12 janvier) et celui des Poissonniers à Paris (3 février). Démantèlements pour le « bien » des résidentEs, ça va de soi. C’est-à-dire sans relogement dans la plupart des cas. En fait ces évacuations ont un seul but : rendre la vie invivable et cacher cette « lie de l’humanité » de notre vue.
Face à cette Europe forteresse qui imite les pires périodes de son histoire, nous réaffirmons la liberté absolue de circuler et de s’installer. Nous faisons nôtre l’appel de Calais qui se termine par :
« parce que nous serons plus forts demain pour nous battre ensemble contre les autres formes d’injustices et de misère,
nous demandons solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve. »
http://www.ujfp.org/spip.php?article4744
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