Communiqué de la manifestation de pontivy contre le racisme et la xénophobie
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : AntifascismeRacismeResistances
Lieux : Pontivy
Nous regrettons que la pression mise sur les organisateurs, notamment au travers de cette décision d’interdiction, ait semé le trouble localement. Elle a aussi empêché des milliers de personnes venant de toute la Bretagne, à l’appel de plus de 30 organisations associatives, syndicales et politiques, de s’exprimer publiquement.
Nous sommes fiers que, dans ces conditions, autant de personnes aient bravé cette interdiction honteuse pour un état de droit. Et fiers de dire que la manifestation se soit passée dans le calme mais de manière déterminée au son d’une batucada.
Nous avons démontré ce 19 décembre ce que nous affirmions depuis le départ. Il n’y a jamais eu de risque de violences. Nous n’avons jamais eu l’intention de nous rendre sur le marché de Noël. Le dispositif policier, qui était censé être insuffisant, était en réalité massif.
Les autorités ont montré ce jour leur vrai visage : laisser une manifestation violente d’extrême droite se dérouler sans aucune intervention et, à l’opposé, empêcher de toutes ses forces (pressions, interdiction, présence policière importante) la tenue d’une manifestation antiraciste, pacifique et festive.
La honte est sur la municipalité et la préfecture. Nous constatons que nous ne pouvons pas compter sur eux pour combattre les idées d’extrême droite. Nous continuerons donc à assumer nos responsabilités afin de construire ensemble un mouvement populaire qui s’oppose efficacement à toutes les idéologies et pratiques mortifères, anti-démocratiques, racistes, xénophobes et fascistes.
Nous continuerons à porter haut et fort l’idée d’un monde plus juste, égalitaire et démocratique.
L’assemblée antifasciste du 19 décembre.
Samedi 19 décembre, 250 personnes ont manifesté à Pontivy contre la xénophobie, les violences d’extrême-droite et… l’état d’urgence qui s’apparente par bien des aspects à une politique d’extrême droite justement. Face à leur idéologie et pratique liberticides, nous avons affirmé nos valeurs de résistance, de solidarité, notre volonté de ne pas plier à quelque injonction d’où qu’elle vienne (de l’État, des religieux, des partis de gauche et de droite, des fascistes) mais au contraire de toujours œuvrer à la transformation de la société vers l’autogestion et l’entraide : sans classes, sans État (qui est une forme d’oppression de classe), sans patriarcat, sans racisme.
Il nous a plu aussi de nous rassembler et défiler contre l’extrême droite une semaine après les élections. En effet, pour nous, le nationalisme se combat au quotidien, dans la rue, au travail, partout. Déposer un bulletin dans une urne pour des partis dont la politique engraisse ceux de l’extrême droite n’est pas notre combat.
Alors qu’en début de semaine, la Préfecture déclarait ne pas avoir assez de moyens pour garantir la sécurité, elle a su bizarrement trouver les forces pour nous encadrer.
Notre déambulation fut, comme annoncée, pacifique, joyeuse et déterminée, avec sa batucada rose, ses clowns et ses banderoles aux slogans bien sentis.
Nous avons dénoncé bien sûr la duplicité de la Préfecture, de la Mairie (droite), de l’Union des commerçants qui ont tenté et réussi largement à démobiliser (alors que toutes les garanties avaient été données pour que le marché de Noël ne soit pas perturbé et pour le caractère festif et pacifique de notre marche). Mais, pour notre part, groupe libertaire Lochu de Vannes, si nous avons bien perçu le contexte local de pression à la fois par les trois institutions ci-dessus, par les milieux d’extrême-droite qui prétendaient nous empêcher d’être là, nous ne comprenons pas (ou nous comprenons trop) le recul des organisations locales suivantes : Alternative Citoyenne, Attac 56, Confédération Paysanne, CGT, FSU, Ensemble, Parti de Gauche, PCF, RESF.
Les député-e-s, sénateurs et sénatrices de ces militants ont voté l’état d’urgence. Pourtant, dans leurs rangs, beaucoup ont dénoncé les dérives liberticides inhérentes à un tel choix politique (sur plus de 2500 perquisitions, de centaines d’assignations à résidence et d’arrestations parfois à caractère politique, seules 2 arrestations donnent lieu à des poursuites dans le cadre des attentats).
Le lundi, le collectif local maintenait l’appel à manifestation du samedi, quand bien même elle serait interdite (cf. ce communiqué http://rennes-info.org/Reponse-du-Collectif-Pontivy ).
Mais en cours de semaine, une partie du collectif (cf. les organisations citées plus haut), malgré son affirmation de départ, recule, se réunit sans consulter les autres membres ni les soutiens et déclare mensongèrement la démobilisation au nom de TOUT le collectif. Est-ce un acte vraiment démocratique ?
Finalement, sous la pression, les membres de ces organisations ne consultent qu’eux-mêmes, décident pour toutes et tous et s’enfuient en obéissant aux injonctions administratives de l’État. Pourtant, la véritable éthique se jauge dans les moments de tension. Leur incohérence politique et leur fuite des responsabilités devraient les interroger.
De fait, ces organisations s’accommodent de cette société de classes, de plus en plus policière, tant elles semblent toujours avoir peur qu’une partie de la population s’organise, revendique en dehors du cadre (carcan) qu’elles définissent.
Heureusement, d’autres ont maintenu le cap, gardé leur cohérence, et assumé un appel à rassemblement pour accueillir toutes les personnes et tous les groupes qui ressentaient le besoin d’exprimer leur refus de la xénophobie et qui refusent qu’au nom de l’état d’urgence, on leur interdise de manifester. Ô combien aurions-nous été sans les manœuvres conjuguées de la Préfecture, de la mairie, de l’Union des commerçants et de ces organisations ayant capitulé ?! Dans les jours qui précédaient, de partout en Bretagne, nous entendions que la mobilisation prenait une belle ampleur. Et c’est sans doute cela que redoutaient tous ces gens et leurs organisations s’inscrivant dans le cadre défini par le Pouvoir (qui les méprise et s’en sert). Nous fumes néanmoins 250 à désobéir, à ne pas nous taire. Et c’est ainsi que, collectivement, comme une évidence, le rassemblement s’est transformé en manifestation.
Pour notre part, groupe libertaire Lochu, certes avec nos petits bras, mais néanmoins bras dessus bras dessous, nous serons toujours là pour faire face à l’oppression et l’exploitation dont le fascisme est une des expressions. Et nous ne croyons pas travestir ainsi la parole de toutes et tous les anarchistes en affirmant que c’est aussi leur cas.
Vous trouverez ci-dessous le texte du tract que nous avions rédigé pour l’occasion. Nous avions volontairement écarté la partie dénonciatrice (que vous trouvez finalement ci-dessus dans le compte-rendu ! ;-)), pour mettre en avant les valeurs qui fondent notre combat et qui étaient présentes dans l’appel à mobilisation.
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Nous, groupe libertaire Lochu (Vannes), avons signé cet appel à manifestation pacifique et festive contre la violence d’extrême-droite, car nous nous reconnaissons dans les valeurs de droits humains, d’expression, de solidarité, d’égalité entre les personnes, les peuples et les cultures.
La société anarchiste que nous défendons, grâce à l’autogestion, cristallise naturellement ces valeurs égalitaires et solidaires.
Qu’est-ce que l’autogestion ?
L’autogestion est une forme de démocratie directe.
Concrètement, c’est une société sans capitalisme ni planification autoritaire, ni système hiérarchique.
Chaque individu, quelles que soient ses origines, son âge ou son sexe, y est acteur et libre, tant dans les prises de décision que dans le partage des tâches, au travail comme dans la cité.
Les individus n’ont pas à se soumettre à un État ou à un-e exploitant-e. Ils et elles sont des autogestionnaires, à la fois dirigeant-e-s et exécutant-e-s des tâches qu’ils ont acceptées après les avoir examinées et en avoir débattu.
Au travail, l’égalisation des rémunérations est favorisée et même l’abolition de l’argent, lequel peut être remplacé par l’échange et/ou le don.
Chacun-e produit des services ou des marchandises, tout en prenant en compte les impacts écologiques et sociaux liés.
Chacun-e décide de la gestion économique et sociale non au profit de quelques-un-e-s mais pour toutes et tous et dans l’intérêt de chacun-e.
Dans la cité, lors de réunions dans sa commune ou quelque soit le collectif ou l’association, l’individu décide, valide et participe aux affaires qui le concernent lui et son environnement social.
Si besoin, des individus sont alors mandatés pour mettre en œuvre des tâches décidées ensemble et qu’ils ont choisies. Ce mandat est révocable par tous les individus du collectif et n’accorde aucun privilège. Aucun individu ou groupe ne doit s’imposer. C’est à l’assemblée et à chacun-e d’y veiller.
Dans cette société, chaque individu a les moyens de s’éduquer et d’acquérir les connaissances et compétences dont il a besoin pour mettre en œuvre son autonomie en harmonie avec le collectif.
Un gouvernement ou un chef quels qu’ils soient sont fauteurs de désordres. L’anarchie est l’ordre moins le pouvoir : pour nous, seule une société sans gouvernement, fondée sur la coopération volontaire, sur la liberté et la solidarité offre la justice sociale.
Si l’autogestion généralisée de la société est un objectif, dès aujourd’hui partout dans notre vie, il est possible d’apprendre et d’expérimenter librement des échanges égalitaires.
http://anars56.over-blog.org/2015/12/contre-le-racisme-et-l-etat-d-urgence-une-manifestation-reussie-a-pontivy.html
Le sous- préfet du Morbihan vient d’annoncer qu’il engagera des poursuites judiciaires suite à la manifestation contre le racisme et le fascisme du samedi 19 décembre à Pontivy. Soulignons que le laquais de la république française Mikaël Doré n’a pas attendu pour appliquer la répression réclamée par le site ultra racialiste et antisémite » Breiz Atao » qui exigeait de l’état français qu’il réprime les antifascistes. Vous pourrez lire ici un compte rendu de la manif de Pontivy. Nous invitons chacun à se tenir informer pour se solidariser avec les camarades qui seront poursuivis et pour monter d’autres mobilisations contre le fascisme et l’état d’urgence à Pontivy et ailleurs.
Bretagne info.
Nous étions 350 samedi 19 décembre à défiler contre l’extrême-droite dans les rues de Pontivy. Une réussite antifasciste d’autant plus remarquable que tout avait été fait pour perturber l’organisation de cette manifestation, interdite par la préfecture une semaine avant la date prévue pour des raisons peu convaincantes (le samedi après-midi, jour de marché de Noël). Cette interdiction, visant à ne pas perturber l’ordre municipal, nous a interpellé-e-s par le message politique qu’on pouvait y voir : alors que les fascistes d’Adsav peuvent défiler en toute impunité à Pontivy et appeler à tuer les migrant-e-s, les antifascistes se voient censuré-e-s !. Notre réponse devait pourtant être à la hauteur de la gravité des évènements de Pontivy du 14 novembre dernier. Malgré l’interdiction de manifester, nous avons pris la rue et scandé nos slogans contre l’extrême-droite et pour une Bretagne ouverte, internationaliste et solidaire ! On notera une présence massive des militant-e-s anticapitalistes venu-e-s de toute la Bretagne, et des candidat-e-s de Bretagne en Luttes pour les élections régionales ! C’était en effet l’occasion de montrer que notre programme se réalise avant tout dans la rue, dans les luttes, pour combattre frontalement les idées nauséabondes de l’extrême-droite.
L’ambiance était pacifiste et festive, avec une batukada, de la convivialité, et malgré une présence provocante de gendarmes mobiles nous interdisant l’accès au centre ville, nous nous sommes quand même imposé-e-s dans la rue. Au milieu de la manifestation, des camarades du collectif antifasciste ont pris la parole pour dénoncer les agissements d’Adsav et appeler à la révolte contre toutes les idées racistes et réactionnaires. La forte présence militante, le déroulé de la manifestation et le rappel même de notre droit à manifester, état d’urgence ou pas, ont permis d’apporter aux exactions des fascistes une réponse massive, soudée et sans compromis.
Antifascistes, tant qu’il le faudra !
http://www.bretagne-info.org/2015/12/21/pondi-antifa/