Les bonnets rouges : une attaque idéologique contre la conscience ouvrière
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Le flot de bonnets rouges qui a couvert les rues bretonnes à plusieurs reprises cet automne exprime bel et bien la réalité de la crise économique tout en remuant les fonds troubles de l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise.
La situation économique de la Bretagne ne laisse pas indifférents ceux qui en subissent les conséquences : il est naturel que les fermetures d’usines, le chômage, les baisses de revenus dans tous les secteurs conduisent à l’exaspération et à la colère. Cependant, toutes les exaspérations et toutes les colères n’ont pas la même signification, les mêmes enjeux, les mêmes perspectives et les mêmes résultats.
Qu’exprime cette mobilisation? ?
Le relatif succès de ces manifestations résulte à la fois d’une préparation active de la bourgeoisie locale et d’un matraquage médiatique conséquent. Les petits patrons, les élus locaux et quelques grands patrons ont commencé dès le début de l’été à mettre en avant les difficultés de l’économie bretonne. Les difficultés des entreprises locales ont ainsi été relayées par la presse nationale qui a parfois décrit la situation de manière caricaturale et grotesque, présentant la Bretagne comme le dernier village gaulois “à ne pas être sorti de la crise.” Petit à petit, la contestation a gagné les syndicats qui, dans un élan d’unité régionale, ont rejoint le mouvement pour former une marée rouge “dépassant tous les clivages.”
L’unité n’allait évidemment pas de soi. Entre un grand patron de l’industrie agro-alimentaire, son ouvrier découpeur de poulet, son fournisseur, éleveur de volaille, et ses petits sous-traitants, on peine à voir ce qui peut les lier les uns aux autres, et encore plus ce qui peut les rassembler? !
Le miracle de l’union est l’écotaxe. Voilà ce qui, selon la propagande, va “tuer l’économie bretonne” et unifie tous ceux qui, comme dans un jeu de dominos, vont en subir les conséquences d’un bout à l’autre de la chaîne. Finies les prétendues rivalités entre patronat et syndicats? ! Finies les compétitions entre grosses boites et sous-traitants? ! Et surtout, finis les antagonismes entre la classe ouvrière et la bourgeoisie? ! Ainsi, cette “défense de la Bretagne” face à la “menace extérieure”, devenant une sorte de cause hexagonale, révèle sa nature réactionnaire. Le fait que cette idéologie des bonnets rouges puisse aussi bien fonctionner sur les secteurs les plus rétrogrades s’explique avant tout par l’état décomposé de la société capitaliste. Elle ne fait qu’alimenter une véritable idéologie nationaliste, un poison contre la conscience de la classe ouvrière.
Un poison idéologique contre la conscience ouvrière
Une question brûle en effet les lèvres : où est la classe ouvrière là-dedans? ?
C’est la grande question récurrente posée, peu ou prou, dans la plupart des mouvements sociaux de ces dernières années : Printemps arabe, Indignés, Occupy, etc. La capacité de la classe ouvrière à retrouver son identité de classe et à affirmer, autour de ses intérêts propres, son rôle de seule force révolutionnaire en imposant sa perspective positive dans la société, c’est l’enjeu politique fondamental de la période actuelle.
Et justement, la fausse unité nationaliste ou régionaliste, réactionnaire et interclassiste des bonnets rouges est un clou empoisonné que tente d’enfoncer la bourgeoisie dans la tête des ouvriers pour saper les bases de mûrissement d’une prise de conscience en entraînant des prolétaires sur un chemin radicalement opposé à celui qu’ils doivent prendre. L’exploitation qui est faite par la bourgeoisie pèse nécessairement sur la réflexion ouvrière en accentuant les confusions existantes, instaurant un climat de peur et de perte de confiance momentanée en l’avenir. Dès lors, du fait que la classe ouvrière n’a pas encore la force d’affirmer son combat et du fait de son manque de perspective claire, les résistances immédiates et les réflexes de survie sont inspirés directement des expressions petite-bourgeoises qui alimentent les intérêts particuliers, et donc, plus globalement, ceux de la bourgeoisie.
Les petits paysans et artisans bretons souffrent de la crise à des degrés divers pouvant aller jusqu’à des situations extrêmes de pauvreté, d’endettement, de faillite. Evidemment ! L’écotaxe ne fait pas de bien aux comptes des PME bretonnes. Sans aucun doute ! Mais ce ne sont pas les petits paysans ni les petits patrons qui sont porteurs d’avenir dans cette société. Au contraire ! Ils constituent une force réactionnaire et donc historiquement conservatrice. Leurs intérêts sont intimement liés au capitalisme, même si celui-ci tend à les marginaliser de plus en plus. Pour la petite-bourgeoisie, sont salut passe par un utopique retour au pré-capitalisme, pas par son dépassement par la société communiste.
La classe ouvrière n’a en revanche rien à conserver dans le capitalisme et rien à perdre à son renversement. Elle a tout à gagner. Elle est la seule classe dans cette position et si elle parvient à porter ses intérêts propres sur le devant de la scène, la question du véritable dépassement du capitalisme pourra être concrètement posée.
Cela, la bourgeoisie le sait parfaitement. De même qu’elle sait parfaitement que la crise et les mesures que celle-ci la pousse à prendre toujours plus, toujours plus fort, toujours plus souvent, sont des catalyseurs de la colère ouvrière et de sa réflexion quant à la capacité du système en place à répondre à ses intérêts propres.
Pour la bourgeoisie, la tâche du moment est donc d’empêcher cette dynamique de prise de conscience alors même que ses attaques s’intensifient et créent ainsi un terrain favorable au développement des luttes. Alors elle sort le grand arsenal, l’arme ultime du nationalisme et de sa variante la plus ridicule : le régionalisme.
Déjouer le piège tendu par la bourgeoisie
L’occupation du terrain idéologique est un enjeu central pour la classe dominante et c’est la raison pour laquelle, à côté du travail syndical de rabatteur des grandes masses ouvrières, il a fallu s’occuper aussi des quelques minorités ouvrières qui risquent de trouver la ficelle du bonnet rouge un peu trop grosse. En effet, les syndicats ne font pas l’unanimité dans les rangs prolétariens. En plus de leur sabotage en règle des luttes, nombreux sont ceux qui voient combien leur politique dans les plans sociaux consiste souvent à “minimiser” vaguement leur impact plutôt que de les remettre en cause, même si le partage des tâches est effectif, quelques syndicats gardant toujours une ligne d’apparence plus “radicale.” Dans le cas des bonnets rouges, il y a en plus la possibilité qu’un nombre significatif d’ouvriers voient d’un mauvais œil la perspective d’arpenter le bitume main dans la main avec le patron qui les exploite.
C’est là que Mélenchon, nouvel héros du stalinisme, et la ribambelle des partis gauchistes entrent en jeu, reprenant à leur compte le rejet de la “collaboration de classe” pour le recycler dans une contre-manifestation ridicule qui trimballera les quelques “radicaux” jusqu’à un épuisement stérile. Sa position radicale se teintera intelligemment (pour la bourgeoisie) d’un soutien critique au gouvernement et finira par opposer en filigrane l’unité nationale à l’unité régionale. En matière de pourriture idéologique, on est dans ce qui se fait de mieux ! Bref, entre ce mouvement réactionnaire “breton” et celui de Mélenchon, entre l’enfermement dans la région et le nationalisme, c’est bonnets rouges et rouges bonnets !
D’ailleurs, le mouvement des bonnets rouges finira lui aussi par s’épuiser. Les actions “coup de poing” de démontage de portiques “écotaxe” sont typiques de ces manœuvres syndicales permettant de déverser la colère des ouvriers dans des actions parfaitement stériles. L’issue de cet exutoire est le découragement le plus total.
Ce mouvement local, fait de “bric et de broc”, hyper médiatisé, est un exemple de la pourriture idéologique que la bourgeoisie cherchera à nous vendre dans les mois et les années à venir. La crise n’est pas finie, les attaques non plus. Leur multiplication va conduire la bourgeoisie à user de tout son arsenal. Si on a vu autant de bonnets rouges à la télé et dans la presse, si le gouvernement a fait quelques concessions, c’est parce que demain, la bourgeoisie les utilisera comme modèle de mobilisation plutôt que de laisser la classe ouvrière se réapproprier ses armes politiques, ses propres expériences et sa propre histoire.
Courant Communiste International – http://fr.internationalism.org
Le CCI n’a-t-il pas un site pour diffuser sa propagande (plus qu’abondante) ? A ce compte, on pourrait aussi bien diffuser sur Indymedia l’intégralité des articles du NPA, de LO, voire du PC ou même de l’UMP…
Ce n’est pas parce que le CCI a un nombre dérisoire de militants qu’il doit être traité différemment des autres partis ou organisations politiques.
Ce 28 janvier 2014 est choisi comme jour de la publication de ces points essentiels pour les semaines à venir. Tout d’abord, le collectif Breizh O Reveulziñ condamne fermement le déploiement inédit de troupes de sections anti-terroristes durant les évènements de Jugon-les-Lacs en date du 25 janvier. Cette escalade est une menace directe envers un mouvement pacifique sur la demande réitérée pour le démontage des portiques de la gabelle et l’abolition pure et simple de l’écotaxe sur l’ensemble du territoire breton, de Naoned à Ouessant, de Roazhon à Gwened.
Cette escalade fait suite déjà aux menaces d’une intervention de force qui pèsent sur le site et les amis de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Et c’est là le coeur de ce point inédit. Nous rappelons que, depuis que l’appel des ZADistes a été lancé pour déferler sur Nantes le 22 février prochain, nous l’avons soutenu et relayé. Voici maintenant les choses à éclaircir :
– le combat des ZADistes est celui des ZADistes. Nous vous demandons donc d’intégrer LEURS comités en vue de travailler pour leurs actions.
Il y en a beaucoup en Bretagne : rejoignez leurs groupes et demandez leur en vue d’engagement. Ils cherchent toujours des bénévoles.
– le combat des ZADistes n’est pas un combat autonomiste : ne leur imposer pas ce combat. Travaillez avec eux, respectez les, car ils sont déterminés et sont engagés depuis si longtemps qu’ils reçoivent tout notre soutien et respect.
– les membres de Breizh o reveulziñ ne porteront pas de Bonnets rouges en lien avec les deux précédents points mais aussi probablement de manière définitive. Chose à réfléchir. Nous conseillons donc de ne pas porter de bonnets rouges le 22 février à Nantes / Naoned, là encore en respect au combat mené par les anti-aéroport. Il s’agit de leur combat, nous venons les soutenir, pas y faire valoir des revendications qui peuvent en effet se rejoindre mais qui viendraient fausser leur engagement.
Sur les menaces d’une intervention en force de troupes du régime. Ces menaces sont intolérables. Ainsi, conformément à la position depuis les engagements à Pont-de-Buis le 19 octobre, mais de manière plus claire :
– nous exigeons le retrait des forces de sécurité des villes et villages de Bretagne. Si elles sont considérées comme menaçantes envers les vies et biens des civils et activistes pacifiques et déterminés, alors une réflexion s’engagera sur la réponse à adopter.
Les ZADistes défendirent leurs positions vaillamment les années passées: mais c’est bien parce que la force du régime a été actée en premier.
DONC et POINT IMPORTANT : Nous ne condamnerons donc en rien les actes de légitime défense si des attaques ont lieu dans les semaines et mois à venir de la force du régime sur les activistes pacifiques. C’est un simple rappel : aux forces du régime de ne pas menacer les biens et personnes. La légitime défense sera alors toute légitime. Nous sommes et serons pacifiques. Le combat de Notre-Dame-des-Landes est un combat noble et digne. Mais s’il faut défendre cette dignité, alors cela sera fait.
Le 22 février, tous à Nantes / Naoned ! Et dans les mois à venir, prêts à défendre la ZAD.
Le 28 janvier 2014.
La bouillie d’autonomiste et d’activisme du précédent commentaire, régionaliste, nationaliste, anti-parisien, défendant l’idéologie du bougnat-maître-chez-soi, est typique de l’infiltration des luttes par la petite-bourgeoisie en Bretagne, laquelle découvre que la crise économique est en train de la laminer ! « Défense des biens et des personnes », vraiment ? Parce que vous avez des biens à défendre ?…
« Nous ne porterons pas de bonnets rouges »: ça n’est pas grave, on vous reconnaît quand même…
Dis, t’as pas l’impression que ton commentaire est insultant, là, « vieux sympatisant… » ? Nan parce que franchement, comme le dit le premier commentaire, on n’est pas tenu-e-s de laisser paser les articles du CCI et sa critique est tout a fait entendable en tant qu’organe politique. Que tu critiques à ton tours, pas de souci, mais par l’insulte, non. Je suis à deux doigts de virer ton commentaire, pour tout dire.
Ce serait insultant si c’était faux ! Quand je lis « aux forces du régime de ne pas menacer les biens et les personnes », qu’est-ce qu’on est censé comprendre ? C’est une paraphrase de revendication de petit boutiquier qui cherche à faire ami-ami avec la police, ou bien serait-on est censé avoir « des biens à défendre »? Qui a des biens à défendre exactement dans la société actuelle ? Qui pense que la police sert à autre chose qu’à défendre l’ordre et les biens capitalistes ?
Ajoutons que je suis allergique à l’utilisation du breton dans un commentaire en français : qui comprend cette langue ? À quoi sert l’utilisation d’une langue comprise par une toute petite frange de la population seulement ? Je me souviens parfaitement de l’utilisation du créole dans les tracts du comité syndical de Guadeloupe lors des luttes de 2010, qui faisait qu’on ne comprenait rien en métropole de ce qu’il y avait dans lesdits tracts, empêchant la solidarité et la critique. On n’en est pas encore là, mais la revendication « bretonnante » fait partie de celles des Bonnets rouges, c’est-à-dire la petite-bourgeoisie locale !
Derrière les mots, il y a une réalité, c’est-à-dire une théorie et une pratique : d’où sortent celles-là ? En tout cas, le commentaire en question est une contradiction qui ne le dit pas du texte publié. Il en est même l’antithèse, ce que je ne fais que souligner.