2013, Massif du Bargy, Haute-Savoie. L’ONCFS, dont l’impartialité est remise en cause par la Cour des Comptes (1), estime que 35% des bouquetins du Bargy auraient la brucellose. (6) Apprenant la nouvelle, le Préfet de Haute-Savoie (qui a, semble-t-il, une part de responsabilité dans la psychose de la grippe A) demande l’abattage de tous les bouquetins du massif. (3) Suite à cette demande, les bouquetins étant interdits de chasse, étant protégés par la loi française (4) et par la Convention de Berne (5), l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) est saisie.

Début septembre, les experts de l’Anses rendent un rapport de 46 pages. (6) Ils concluent que le risque de transmission de la brucellose aux autres espèces est vraiment faible ; et que les humains ne buvant pas le lait des bouquetins, il n’y a pas péril en la demeure ! Pas d’urgence à sortir les fusils : avant de prendre une décision, il faut récolter plus d’observations ! Les experts demandent à se réunir à nouveau, notamment pour étudier la solution de la vaccination ! (6)

Cependant, malgré l’avis défavorable de commissions scientifiques et indépendantes, l’Etat tranche en un temps record, prend tout le monde de court, et décide d’abattre tous les bouquetins de cinq ans et plus… L’arrêté préfectoral est signé le 1er octobre. Le 2 au soir, le compteur est déjà à 197 carcasses… Face à une telle vitesse, la justice est réduite au rang de spectatrice.

Bien qu’étant à l’origine d’avortements, la brucellose est généralement bénigne chez les animaux, elle les fait rarement souffrir (14, p°3), et l’argument, avancé par certains hauts responsables, des fusils abrégeant les souffrances est de très mauvaise foi. D’autre part, tuer les animaux de plus de cinq ans est astucieux parce qu’à distance de tir, personne n’est capable de faire la différence entre une femelle de cinq ans et une femelle de deux ans. (8) Si bien qu’au lieu de laisser en vie 30% des bouquetins, le chiffre descendra à 20% (et tendra ainsi vers le 0% demandé par le Préfet). 20%… et même moins, puisque privés de leur mère, des petits ne passeront sans doute pas l’hiver ! Et personne ne pourra rien vérifier, car la décision est si précipitée que l’ONCFS ne sait même pas dire s’il y avait, avant l’abattage, 300 ou 500 bouquetins dans le massif ! (6, p°11) Puis, surtout, pour éviter toute polémique, aucun test n’a été effectué sur les animaux abattus, ils ont été brûlés le plus vite possible ; et tant pis pour la médecine ! La vérité est dangereuse : ce serait lourd d’assumer, devant l’opinion publique, devant la Cour européenne de Justice, le fait d’avoir tué autant de bouquetins sains !

Il faut arrêter la psychose ! Les bouquetins ne sont pas dangereux ! Nous avons cent mille fois plus de chances de mourir en nous faisant renverser par une voiture que de nous faire tuer par un reblochon contaminé par un bouquetin ! Et d’une, le risque de transmission de la brucellose des bouquetins aux vaches est plus qu’ « extrêmement faible », car ces espèces ne sont pas en contact (un cas bovin en 13 ans d’absence de vigilance, un cas sur 1300 troupeaux). (6, p°2)(9, p°7) Et de deux, même si par accident les vaches entraient en contact avec les bouquetins, la contamination d’une espèce à l’autre se produit vraisemblablement par le rarissime biais de l’ingestion d’aliments souillés par des produits d’avortement. Or, pour avorter, les bouquetins ont tendance à s’isoler dans des zones rocheuses peu accessibles aux autres animaux. (9, p°7 et 8) Et de trois, sachant désormais que des bouquetins sont infectés, le risque de contact vaches – bouquetins devient encore plus faible du fait de la mise en place de règles de vigilance ! (6, p°13) Et de quatre, si jamais le réel défiait les lois des statistiques, une vache contaminée peut ne pas être excrétrice de la bactérie ! (10, p°3 et 9) Et de cinq, à présent, des contrôles bactériologiques sont effectués sur le lait ! (9) Et de six, la bactérie est inactivée par le processus d’affinage du fromage (ou par la pasteurisation) ! (10)(11) Et de sept, pour celui qui n’a vraiment, mais alors vraiment pas de chance, tout n’est pas perdu puisque, chez l’humain, la brucellose a un taux de létalité inférieur à 5% ; et ce, sans traitement ! (12, p°1) Et de huit, les antibiotiques sont très souvent efficaces ! (13) En somme, le risque représenté par les bouquetins pour la santé humaine est maîtrisable.

Pourtant, plutôt que d’écouter des scientifiques indépendants (qui proposaient d’autres solutions), l’Etat, préférant céder à la psychose, a ordonné de tirer dans le tas ! Plus de 220 bouquetins, protégés et interdits de chasse, ont été tués en octobre 2013. L’arrêté est valable un an, les tirs vont se poursuivre ; et le Préfet risque de renouveler sa demande d’abattage de l’ensemble des bouquetins du massif dès le printemps prochain.

Pas si fier que ça d’être humain. C’est tellement facile de tirer sur des animaux qui n’ont pas de réflexe de fuite ! C’est tellement facile d’oublier les lois et les conventions internationales devant des animaux qui n’ont aucun moyen de se défendre ! C’est tellement facile d’oublier à quel point nous sommes redevables envers la Nature, d’en faire un bouc émissaire, de la détruire au nom d’un dédaigneux principe de précaution ! Beaucoup plus facile, pour certains hauts responsables, que d’écouter la raison, que d’assumer leur rôle de protection de l’Environnement, que de surmonter leurs phobies et leurs névroses ! Et après, de quoi aura-t-on peur ?

Nous voulons saisir les tribunaux et convaincre les élus… Bénévoles, militants, scientifiques, observateurs, juristes, avocats, associations, citoyens… toute aide est la bienvenue ! La pétition :

http://avaaz.org/fr/petition/Petition_Stop_a_labattage_des_bouquetins_du_Bargy

Sources : http://lebruitduvent.overblog.com/psychosebouquetins.html