En effet, dans la tête des Français résonnent encore le traumatisme de la tempête de 1995 qui avait balayé les réformes structurelles courageuses du gouvernement Juppé sur la sécurité sociale. A cette « tempête du siècle » avait succédé des années de chaos, qui avaient vu la France s’enfoncer dans le marasme des 35 heures. Alain Juppé se souvient : « La catastrophe de 1995 a fait prendre 10 ans de retard à la France. Il a fallu attendre toutes ces années avant de reconstruire, sur les ruines des RTT, un système social adapté au monde moderne ». Alors, La France peut-elle de nouveau sombrer dans le chaos gauchiste? Nos structures sont-elles assez solides pour résister à ce vent rouge-noir? « Assurément oui » répond Alain Juppé. « Les réformes menées par Nicolas Sarkozy et son gouvernement sont devenues incontournables. Tout retour en arrière est impossible. Le pacte social est définitivement brisé, et les services publics agonisent ». La sécurité sociale, les retraites, les salaires, le dialogue social paraissent en effet suffisamment en miettes pour éviter toute résurrection. Mais sait-on jamais?

Aussi, pour prévenir toute rechute, la France s’est dotée de moyens de prévention performants face aux aléas sociaux. « Le plus dur est de repérer à l’avance les tempêtes sociales et de pouvoir agir en amont » témoigne Michèle Alliot-Marie. La ministre de l’Intérieur rappelle que ses services sont sur les dents depuis plusieurs mois et que le risque a été identifié depuis longtemps. « On a mené un gros travail sur tous les foyers possibles de contestation ». Ainsi, l’invention de l’ultragauche en novembre a permis d’utiliser les armes de l’antiterrorisme dans le traitement des conflits sociaux. Et sur ce point, le gouvernement n’a pas chômé. Des inculpés de Tarnac à Gérard Filoche, de Sud Rail à Olivier Besancenot, le gouvernement a lancé une offensive tout azimut pour dégonfler la contestation par la peur. Sans compter la masse d’inconnus qui paient au prix fort leur soutien à un état de droit. Bref, un remède très efficace pour faire baisser la fièvre. Par ailleurs, la CFDT une fois de plus jouera son rôle de paravent en cas de persistance de la tempête.

Malgré toutes ces précautions, même affaiblie, la tempête touchera la France ce jeudi. Et il faudra bien lui faire face. Aussi, le chef de l’état a prévu de déployer d’énormes moyens policiers. « Et s’il le faut, l’armée viendra donner un coup de main pour dégager les routes et rétablir les transports » a promis Nicolas Sarkozy. Les effets devraient donc être modérés et il est fort peu probable que l’état de « catastrophe sociale » soit décrété. « La France ne peut pas se permettre d’essuyer une deuxième grosse catastrophe naturelle » a renchérit le président de la République. « Nous avons déjà payé un lourd tribut à la catastrophe financière. Les Français comprennent bien qu’il faut d’abord réparer le capitalisme et renflouer les banques et entreprises, avant de s’occuper des petits dégâts de la tempête sociale ».

On le comprend, en l’absence de décret de « catastrophe sociale », les chômeurs, salariés, retraités et autres précaires touchés par la casse sociale ne pourront pas compter sur l’état pour les aider. Trop occupé à aider les riches à se sortir des vents mauvais de la spéculation. Mais qui sème le vent…