[nantes] café-débats autour du projet de regroupement du chu
Thèmes : Nantes nécropoleSantéUrbanisation
Lieux : Nantes
Le Baroudeur 43, rue du Maréchal Joffre Nantes
Deuxième café-débat du collectif, ouvert à tous.
Parce que les projets destructeurs n’en finissent plus à Nantes, que les « concertations » ne sont que des formules de politesse et que les bonnes questions ne sont pas débattues collectivement autour d’un projet pourtant aussi important que celui de la santé publique… Nous vous invitons à venir papoter, décrypter et lever le voile sur l’enfumage global que nous vend la métropole autour du projet de regroupement sur l’Île de Nantes.
Nous aborderons les différents points que nous avons identifiés et pour enrichir notre contre-expertise, nous comptons également sur vos avis. Parce qu’en tant qu’habitant.e.s, aides-soignant.e.s, infirmier.e.s, médecins ou usager.e.s, nous avons aussi notre mot à dire, nous réfléchirons ensemble aux moyens dont nous disposons pour faire entendre notre voix.
Il est grand temps de discuter ensemble de ce projet imposé d’en haut !
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Pour un réel débat public sur le projet de regroupement de l’Hôtel Dieu et de Laennec sur l’Île de Nantes
à M. SUDREAU Philippe Directeur général du CHU de Nantes
à Mme ROLLAND Johanna Présidente du Conseil de surveillance du CHU de Nantes
à Mme ROLLAND Johanna Présidente de Nantes Métropole et Maire de Nantes
Les initiateurs de la pétition veulent une réelle concertation publique sur les choix de la direction du CHU à réorienter l’offre de soins dans une optique essentiellement comptable et sur ceux de la maire de Nantes focalisée sur une attractivité urbanistique et bétonnière dans tous les domaines y compris au détriment de la qualité du service public hospitalier.
Le projet interroge tant par ses conséquences en termes de santé publique que par sa localisation sur une île de Loire.
Toutes les possibilités ont-elles été vraiment étudiées sérieusement ? Pourquoi en 2011, le scénario de remise à niveau de l’actuel CHU valorisé à 150 M€ est écarté au profit d’un projet à 820 M€ ?
Quel est le devenir de l’Hôtel Dieu et de Laennec ? Quel projet, quel programme immobilier non communiqué est prévu ? Quel est l’avenir des EPHAD du CHU de Nantes ?
L’enquête publique organisée du 25 mars au 25 avril ne semble pas répondre à ces interrogations et aux questionnements des citoyens.
Premier point : ce projet de plus d’un milliard d’euros n’a jamais réellement été débattu avec la population.
Deuxième point : en termes de soins, ce projet prévoit une suppression de 350 lits et une augmentation des actes réalisés en ambulatoire. Pourtant, ces dernières années, l’hôpital est en tension permanente faute de lits disponibles, ce qui rallonge les délais de prise en charge des usagers.
Troisième point : ce projet se base sur la destruction de 800 à 1000 emplois pour une agglomération en plein développement démographique.
Quatrième point : ce projet concentre sur un espace réduit (10 ha) l’ensemble de la réponse médicale publique de la métropole alors que la population vieillit et que de nouveaux besoins apparaissent.
Cinquième point : ce projet pose des questions environnementales en termes de risques d’inondation du fait de la localisation choisie.
Sixième point : ce projet pose des questions en termes d’accès et de stationnement pour les usagers, les professionnels et les milliers de voitures qui se concentrent déjà sur l’île de Nantes
Depuis des années, il existe à Nantes un déficit global de concertation. La commission d’enquête du PLU métropolitain vient de pointer sévèrement « les moyens qui ont été retenus pour informer les habitants de façon précise et ouverte sur l’aménagement de leur territoire ». Plus particulièrement, elle pointe que « le dispositif mis en place pour informer le public de l’ouverture de l’enquête a parfois été jugé insuffisant, principalement sur la Ville de Nantes » (novembre 2018)
Alors même que le sujet n’a pas été vraiment débattu, en l’absence de concertation et d’information pluraliste, un tiers des habitants de la métropole se déclare opposé au projet de regroupement du CHU sur l’ile de Nantes (enquête Harris Interactive pour Nantes métropole février 2019)
Le plan prévoit la suppression d’environ 350 lits. L’augmentation des actes en ambulatoire prévue à hauteur de 64% est-elle adaptée à une population vieillissante ? Peut-on tout résoudre par l’ambulatoire, notamment dans un établissement public qui doit gérer des populations fragilisées et polypathologiques ?
Entre 800 et 1 000 emplois sacrifiés pour une agglomération destinée à augmenter de 100 000 habitants en quelques années. Cette diminution du personnel et du nombre de lits répond-elle à un objectif de soins ou à un impératif de consommation (gérer des flux et non de l’humain) ? Le futur hôpital ne sera-t-il pas un modèle économique plus proche « d’une usine à soins » que d’un équipement public soucieux du bien-être des malades et des soignants et de la qualité des soins qui y seront prodigués ?
Il s’agirait de regrouper l’Hôtel Dieu et Laennec (soit 67 hectares) sur un seul site exigu de 10 hectares. La première intention qui était de regrouper toutes les offres hospitalières n’est cependant pas atteinte puisque l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (centre Gauducheau) reste à St Herblain. Et que se passera-t-il quand de nouveaux besoins apparaîtront ?
Jusqu’en 2014, l’emplacement du futur CHU était inscrit au Plan de Prévention des Risques d’Inondation. Depuis, pour s’adapter aux projets immobiliers de l’île de Nantes, la zone serait devenue sans risque et constructible. Suite aux alertes de nombreux scientifiques sur les possibilités avérées d’inondation, les plans initiaux ont été revus pour neutraliser le premier niveau. Mais le danger reste toujours d’avoir choisi un site potentiellement inondable qui doit inclure à terme le relèvement de niveau de Loire en amont et les conséquences du réchauffement climatique sur la montée du niveau de la mer. La menace est réelle, comme nous le rappelle l’inondation du Centre Hospitalier de Carcassonne en octobre 2018 ou la récente décision de l’Agence Régionale de Santé d’ordonner, à titre préventif, le déménagement des centres médico-sociaux de Mindin situés en bord de Loire.
Par nature enclavée, l’île de Nantes est et restera soumise à des difficultés d’accès. 38 % des malades viennent de la métropole nantaise et 62 % de l’extérieur. Même en multipliant les moyens de transports collectifs les malades auront besoin de véhicules pour se rendre à l’hôpital : en ambulatoire on arrive avant 9 heures et on sort avant 17 heures, soit en pleine heure de pointe sinon de cohue dans les transports en commun. A 17 heures, en sortant d’une opération sous anesthésie, vous prendriez un tramway ou un bus bondé ? – Et la seule réponse de pistes cyclables ne sera pas d’une grande utilité pour les patients rentrant d’hospitalisation ! Pour le récent déménagement du Marché d’intérêt National, l’argument était la mauvaise accessibilité du site. Ce qui serait valable pour des salades ne le serait plus pour des malades ? Le stationnement sur l’Île de Nantes sera-t-il possible et à quel prix ?
Mais c’est dès aujourd’hui que le projet de regroupement produit ses effets, spécifiquement par son mode de financement.
L’établissement prend à sa charge 77% des coûts de construction du nouvel hôpital. Seulement 225 millions (23%) sont apportés par l’État, 324 millions (33%) par les fonds propres du CHU qui a également recours à l’emprunt à hauteur de 427 millions (44%).
Au delà du financement, la dérive financière est inquiétante : de 350 M€ en 2011 à 984 M€ aujourd’hui, elle devrait atteindre 1.5 milliard d’euros. Ceci sans compter le déménagement du MIN (156 M€ et une centaine d’hectares de terres agricoles bétonnées), la fin des installations SNCF de la gare de l’État (108 M€) « imposée pour faire de la place » et la nouvelle ligne de tramway récemment annoncée (non budgétée).
Cette méthode de financement fragilise d’ores et déjà les soins en faisant des économies sur les postes et les remplacements pour constituer un « bas de laine ». Puis, il faudra encore économiser après le transfert pour rembourser la dette ! Depuis plusieurs années et durant encore un long moment, les patients et le personnel paient donc « l’addition » par la restriction et la contraction des budgets de fonctionnement et d’investissements.
Dans un hôpital déjà en difficulté d’accueil pour répondre à tous les besoins, les arrêts maladie ont doublé en 10 ans, les démissions et les demandes de disponibilité se succèdent, le compte épargne-temps des agents explose… Le personnel, par la voix du syndicat majoritaire, dénonce avec constance le projet de regroupement dans ces conditions de restrictions des moyens qui a engendré l’année dernière 320 reports d’opérations au service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire et dernièrement des mouvements sociaux dans les services de chirurgie ambulatoire, de dermatologie et d’orthopédie.
Hormis la partie hôtelière (chambres doubles…), les éléments essentiels de soins sont constamment mis à niveau : modernisation du Pavillon de la Mère et de l’Enfant en 2004, hélistation du SAMU en 2007, nouveau plateau technique médico-chirurgical pour 64 M€ en 2013…
Fidèles aux politiques nationales de restriction budgétaire impliquant la baisse constante de personnel et la diminution de l’offre de soins par la fermeture de lits et d’établissements publics, les initiateurs du projet n’ont jamais présenté d’autres alternatives. Par exemple, celle d’un hôpital multi-sites avec une meilleure répartition des services et un renforcement des moyens humains permettant ainsi de répondre aux besoins de santé d’une population en constante augmentation ou le regroupement des structures concernées sur le site nord, à St Herblain.
Et parallèlement à un grand établissement de santé, ne faudrait-il pas développer des centres de santé locaux et pluri-professionnels (médecins, infirmières, kinésithérapeutes, diététiciens, médiateurs de santé, etc.) entretenant des liens étroits avec l’hôpital public ?
Collectif citoyen qui s’interroge sur la pertinence du projet hospitalier sur l’Île de Nantes
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