Le 27 novembre 2007, devant les grilles fermées du rectorat de Nantes, au terme d’une manifestation lycéenne et étudiante dépourvue de tout caractère violent, Pierre, un lycéen mineur était touché au visage et grièvement blessé à l’œil par un tir de lanceur 40 mm (flashball nouvelle génération à portée plus longue et à plus grande précision) effectué par un policier masqué (port d’une cagoule intégrale sans l’autorisation administrative nécessaire), ayant en charge d’expérimenter cette nouvelle arme dans le département.
Le lendemain même, alors que la gravité des blessures du jeune mineur hospitalisé était connue,  la préfecture s’acharnait déjà à faire de la victime un coupable. Elle s’évertuait en effet à alimenter la presse en fausses informations sur les blessures, sur l’absence de tirs policiers, sur les conditions de la manifestation, tandis que la police procédait de la même manière (un tireur cagoulé de lanceur 40 mm) pour faire cesser un très modeste blocage lycéen au lycée privé Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
Le policier tireur a été mis en examen le 26 février 2010, puis renvoyé devant le tribunal correctionnel le 6 août 2010. Plus de quatre années après ces violences, au terme d’une attente judiciaire inacceptable, le policier tireur, toujours en fonction, comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Nantes les 6  et 7 mars 2012.
Nous, membres du collectif contre les violences policières du 27 novembre 2007, jeunes qui avons participé aux récents mouvements sociaux et été confrontés aux pratiques de la police nantaise, dénonçons ces violences policières répétées et rappelons que le cas de Pierre est loin d’être isolé. N’oublions pas Joan en mars 2009 à Toulouse, Joachim en juillet de la même année, Geoffrey en octobre 2010 à Montreuil, ou bien encore Nassuir (âgé de 9 ans) le 7 octobre 2011 à Mayotte. Tous sont des victimes de l’utilisation du flashball, tous ont été mutilés par cette arme jugée non-létale, et pourtant, à l’heure actuelle, aucun des policiers tireurs n’a encore été jugé. Le rapport d’Amnesty International du 2 avril 2009 le constatait : en France, les policiers sont “au-dessus des lois”.  Faut-il attendre d’être la prochaine victime pour réagir ?
Notons que ces cas s’inscrivent dans un contexte révoltant où la police non seulement mutile, mais tue. Rappelons le cas de Mostefa Ziani mort suite à un tir de flashball le 12 décembre 2011 à Marseille ou celui, tout récent de Wissam El-Yamni à Clermont-Ferrand, qui a succombé ce 9 janvier suite à son interpellation dite “musclée” du 31 décembre 2011. Refusons de fermer les yeux sur ce que pouvoir en place et médias tentent d’occulter et faisons entendre notre voix. 
Contrairement à ce que ces médias et politiciens veulent nous faire croire, ces violences policières ne sont pas le reflet de pratiques ‘exceptionnelles’ ou ‘anormales’ d’une minorité déviante. Elles ont été progressivement encouragées et institutionnalisées par les différents gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Alors que l’injustice sociale touche de plus en plus de personnes, des politiques sécuritaires toujours plus importantes sont mises en œuvre pour faire accepter cet ordre économique et social aux plus pauvres. Assassinats, mutilations, criminalisation des mouvements sociaux, vidéosurveillance, fichage, utilisation du flashball et du taser, etc. : tous les moyens sont bons pour réprimer toute contestation légitime de ce système.
La Justice française, toujours prompte à se montrer impitoyable envers les citoyen-ne-s ordinaires, participe activement à la construction de cette société sécuritaire en protégeant les policiers coupables de violences et de meurtres.
Révolté-e-s par ces violences policières devenues courantes dans notre pays,
Interloqué-e-s face à une institution judiciaire qui applique une justice à deux vitesses au détriment des classes populaires,
Contre la militarisation de la police et l’explosion des lois sécuritaires,

Nous appelons les organisations syndicales et politiques ainsi que les individu-e-s à venir les 6 et 7 mars au tribunal de Nantes, aux journées du procès, pour soutenir Pierre et sa famille mais aussi toutes les victimes de violences policières

Collectif contre les violences policières