C’est à 15 heures place de la gare que nous avons appris que les autorités refusaient cette manifestation sous le prétexte fallacieux de non déclaration et d’une technoparade se déroulant en même temps à Rennes. Nous avons décidé que nous ne pouvions nous laisser exproprier la rue et que nous ferions entendre nos voix coûte que coûte. S’en est suivi ce qu’il est impossible de ne pas nommer un guet apens. Les forces de l’ordre ont systématiquement bloqué tous les accès au centre ville jusqu’à nous encadrer de telle manière que nous soyons totalement enfermés. Le cortège a toutefois réussi à rejoindre la maison des associations place du champ de mars où devait se tenir une AG des chômeurs, lieu négocié la veille et appartenant à la mairie.

En fait d’AG, nous nous sommes retrouvés dans une souricière où d’un côté la gérante du lieu nous interdisait l’accès à la salle pendant que les flics nous encerclaient de manière de plus en plus serrée.
L’attitude de la mairie à ce moment là a été scandaleuse: elle a permis de nous livrer en pâture à une bande de flics assoiffés de sang qui n’avait pour seule mission, ce jour là, que de tabasser du militant. Il ne s’est rien passé dans ce défilé et cela n’a pas empêché un déchaînement de violence délirant de la part des forces de l’ordre.
Cinq camarades se retrouvent aujourd’hui incarcérés et inculpés. Inculpés, ironie et cynisme de la situation, de violence contre agent, là où c’est une bande de bêtes sauvages qui nous est tombée dessus.

Ce qui s’est passé samedi, pour aussi scandaleux qu’il soit, n’est pas une première à Rennes. Déjà depuis deux semaines, les chômeurs et précaires de Rennes se sont retrouvés face à une impossibilité d’occuper l’espace public : expulsion musclée de la mairie vendredi 27 novembre, fermeture systématique des pôle emploi et de la CAF à l’arrivée de 2 ou 3 d’entre nous. Depuis quelques semaines, les réquisitions du DAL 35 pour le logement des demandeurs d’asile sont suivies d’expulsions. Il y a un mois, la grivèlerie, au 47 rue de Paris s’est également faite expulser à la suite d’une procédure d’urgence et avec force et moyen alors même que le lieu avait été déserté. Il y a bientôt 2 mois la manifestation de soutien aux luttes de l’ouest était interdite avec un déploiement policier digne d’une armée d’occupation.

C’est donc chargés de sentiments de révolte et de colère que nous nous sommes rendus à quelques dizaines de personnes au conseil municipal de lundi. Il s’agissait pour nous de faire admettre à la mairie ses responsabilités dans les violences policières de samedi dernier. M. Delaveau se prévaut de nous avoir donné l’accès à la salle et à la parole lors du dernier conseil municipal, au même titre qu’au DAL 35. La réalité est que si nous nous scandalisions de la restriction d’accès à 5 personnes par collectif, nous n’avons jamais eu la possibilité de rentrer dans la mairie, même à 5, l’accès y étant empêché par les forces de l’ordre.

Aujourd’hui, il est plus que nécessaire, dans un contexte d’embourgeoisement accéléré du centre-ville (pour exemple, la transformation du couvent des jacobins en centre des congrès d’affaires), de recours décomplexé à la vidéosurveillance, et de reniement par la mairie socialiste de tout soutien même formel à toute espèce de lutte, d’imposer notre présence dans un espace public dont nous sommes les indésirables et les exclus. Nous nous associons à tous les collectifs rennais qui, parce qu’ils n’acceptent pas de renier leurs idées (la cause des chômeurs, précaires, des demandeurs d’asile, des mal logés, des sans papiers, les mouvements libertaires, d’autodéfense sociale et d’auto-organisation, les collectifs anti-répression…) subissent sans cesse expulsions, répression policière, bannissement de l’espace public.

Nous voulons aujourd’hui que nous soit concédé (la mairie laisse d’ailleurs moisir un grand nombre d’espaces inoccupés) un grand lieu d’organisation sociale et politique autogéré, accessible à tous ceux qui, aujourd’hui isolés, veulent pouvoir construire une sociabilité dans cette ville en dehors des espaces marchands qui ne sont pas faits pour nous.

LES CHOMEURS NE SONT NI UN PARAMETRE ECONOMIQUE DE LA « CRISE », NI UNE VARIABLE D’AJUSTEMENT DANS LA COURSE A LA CROISSANCE. NOUS AVONS DROIT A L’EXISTENCE POLITIQUE.

NE NOUS LAISSONS PAS REPRIMER, INVISIBILISER, TERRORISER PAR LES POUVOIRS PUBLICS ! EXIGEONS LA RELAXE DE NOS CAMARADES INTERPELLES SAMEDI DERNIER !

Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes, 22 rue de Bellevue, 35000 Rennes, mcpl2008@gmail.com