Pour une sobriété armée

Thèmes :


Une traduction de Weaponizing Sobriety : Feral Anarchy Against Intoxication Culture de warzonedistro.noblogs.org.
Un texte sur la sobriété et une pensée straight-edge anarchiste.
« En tant qu’anarchiste, je refuse de calmer le chaos de ma jouissance avec l’enivrement. J’exalte la véhémence de la vie contre les qualités pacificatrices du cannabis, l’addiction cancéreuse au tabac, et l’anesthésie « correctionelle » des médicaments psychatriques. La réalité de l’intoxication concernant la pauvreté, l’addiction et la mort motivent mon désir personnel de rester sobre et soutenir celleux qui luttent. Aussi longtemps que j’existerais, ma sobriété demeure une arme contre le capitalisme, une arme qui ne peut pas être confisquée par le conformisme social nécessaire à la culture de l’intoxication. Dans une révolte individualiste et une praxis anarchiste, straight edge signifie attaque. »
C’est très bien la sobriété et tout ça. C’est très vertueux, très sain (voir même parfois très saint).
Cela dit, il y a des personnes (moi par exemple) qui, à un moment de leur vie, ne peuvent (ne pouvait) absolument pas supporter la pression de l’autoritarisme de leur éducation ou/et des emmerdes subies dans leur enfance. Et là, comment fait-on?
Le besoin de fuir dans une autre dimention, toute personnelle, à l’aide de drogues peut être ressenti comme un besoin vital pour se développer et découvrir sa propre voie: se découvrir soi-même. C’est aussi bien souvent le moyen de développer sa propre socialisation, son propre milieux, avec d’autres qui ont eu des problèmes plus ou moins similaires et qui ressentent les même besoins et ont plus ou moins les même attentes. C’est un moyen pour envoyer bouler la société et son sale “ordre” puant! Pour oublier ce qui fait trop mal! Pour faire vivre l’espoir et l’utopie et s’ouvrir des possibles parfois emprunts de la Folie Indispensable (pour inventer quelque chose de neuf), ou tout simplement, juste pour choisir soi-même sa propre souffrance!
Perso, j’ai passé l’âge de ces besoins impérieux et si je ne suis pas straight-edge (et que je fais bien attention à ne pas me perdre dans les paradis artificiels ou à ne pas m’abimer la santé), j’aime y revenir de temps en temps, même si c’est de moins en moins souvent avec l’âge. ça reste pour moi une récréation et un pas de coté bien agréable, qui me permet de voir les choses différemment et donc, je le pense sans prétention, j’ai aussi des défauts comme chacunE, d’avoir plus d’ouverture d’esprit que bien d’autres (qui se disent propres sur Elleux) et moins de rigidité et de jugement autoritaire, plus d’indulgence donc.
Si garder la tête froide et les idées claires est très important dans une grande majorité des moments de vie (surtout quand il s’agit de réfléchir sérieusement pour organiser des trucs important, politique ou non (ou commence et ou s’arrête la politique?), comme par exemple élever des enfants dans certains cas, etc), je trouve très dangereux de vouloir mettre sur un piedestal ce truc très à la mode qu’est le straight-edge. Chacun sa vie et chacun ses choix. Si je n’ai rien contre les personnes qui ne consomment aucune drogue ni ne boivent d’alcool (et les trouve même assez courageuses), la morale straight-edge reste une morale. C’est un truc bien de trop propret et rigide de mon point de vue. Un truc dangereux!
Et c’est tellement facile de se sentir supérieurE par rapport à toutEs ces droguéEs qui n’ont rien dans la cervelle, ou juste de la purée (pour rester polie)… Des personnes de qui il ne faut rien attendre (de bon…), et dont on doit se méfier surtout!
Maintenant, le straight-edge peut être aussi une drogue comme une autre :) …!
Voici par ailleurs un super article qui parle de la “toxicophobie”: https://infokiosques.net/spip.php?article1699
Tout a fait d’accord avec le commentaire précédent. On est content d’apprendre que feral faun préfère rester à jeun. Mais y’a des moments dans la vie, ou des parcours de vie où c’est pas toujours aussi simple. Parce qu’il s’agit pas de “calmer le chaos de ma jouissance avec l’enivrement”, mais plutôt de calmer les angoisses. Par exemple comme pour aller à une AG où on sait qu’il faudra batailler parce que les autoritaires du coin seront là et ce que sera tendu. Je dis pas non plus que c’est une solution (peut-être ne pas aller à cette AG serait encore la meilleure), mais en attendant celle de changer ce monde mortifère, des fois la seule “jouissance de l’enivrement” possible passe par les “paradis artificiels”.
Bon on dirait aussi que feral faun a jamais trop consommé, sinon il saurait que le cannabis a pas forcément une “qualité pacificatrice”.
Sa vision du “conformisme social nécessaire à la culture de l’intoxication” montre aussi une compréhenion limitée de la place de la drogue dans nos sociétés. Le conformisme serait plutôt l’interdit catholique du plaisir, toujouts bien présent…
Tout le monde n’est pas aussi fort.e dans sa tête que feral faun, ça aurait été chouette qu’il le prenne en compte plutôt que d’écrire un texte qui effectivement suinte plus la morale qu’autre chose.
A chaque fois qu’il s’agit de parler de la consommation d’alcool, que ce soit dans une optique de sobriété total (ce texte) ou de réflexion sur les pratiques de consommation, deux reproches reviennent : celui de la morale et celui du divertissement. Deux reproches quasiment semblables tant le divertissement est assimilé au fait de se droguer, soit qu’il l’accompagne soit qu’il en soit la pièce maîtresse.
Et ça, c’est, à mon avis, un élément de la culture de l’intoxication : l’imbrication des drogues (et je pense particulièrement à l’alcool) dans la majeure partie de nos divertissements (du concert militant à la soirée jeux de société).
Mais un autre élément, c’est de se servir de l’alcool (ou de d’autres drogues) comme un “médicament”. On boit pour participer à un rassemblement social stressant (exemple de l’AG), pour oublier une journée de merde, pour aller à la rencontre de nouvelles personnes et bien d’autres choses encore. Plutôt que de mettre en place des mécanismes d’entraide (comme par exemple s’entraîner à prendre la parole en public ou prendre soin les uns des autres).
Je pense pas que ça soit facile, je suis pas sûr que ce soit tout le temps réalisable mais je pense que ça en vaut largement le coup. Parce que l’alcool est un problème collectif, les solutions ne peuvent pas être uniquement individuels.
Comme le dit ce texte :
https://nantes.indymedia.org/articles/47857
mais je pense qu’il est tout de même important de parler du sujet en produisant et diffusant d’autres facettes de la question, que l’on soit ou non entièrement d’accord avec. Surtout quand il s’agit d’un sujet aussi peu discutée que les drogues et où les anathèmes ont tendance à être dégainés bien trop vite.
Ce texte n’a rien à voir avec Feral Faun, sinon il n’aurait pas contenu tant de moraline, de prescriptions quasi-religieuses et de fulminations idéologiques de vingtenaires (comme dans les commentaires). Bon courage à tous et toutes, avec une telle confusion.
Très belles intentions “ni pastis…”
Tu as sans doute raison qu’il faille garder raison et ne pas trop se retourner la tête afin de rester le/la plus rationelle possible lors d’A.G et de prises de paroles. Qu’il est très utile de créer des espaces d’aide à la prise de paroles, etc. Que c’est important et même primordial de prendre soin les unE des autres, etc, etc.
Tout ça, c’est le B.A BA de faire des choses ensemble. Pas besoin d’être straight-edge pour ça!!!
Revendiquer l’abstinence comme mode de vie et de lutte, ça me met le bourdon, voir les nerfs en pelotte. J’ai toujours eu beaucoup de méfiance envers les personnes qui se disent raisonables et qui disent aux autres de le devenir ou de le rester… Ce sont trop souvent des personnes frustrées et des moralistes adeptes de la censure, prêtes à étouffer la révolte, la colère et la rage, ainsi que les initiatives. C’est rarement la morale et la censure qui apportent du “soin” aux personnes, ça apporte plus souvent de l’autoritarisme qu’autre chose. Trop de “raisonabilité” tue non seulement la lutte qui exprime nos colères et notre soif (gros mot) d’un monde plus juste, mais aussi la liberté et la légéreté indispensable au bonheur et à l’imaginaire. C’est pas parcequ’on se retourne parfois la tête qu’on ne lutte pas (ou mal), qu’on ne porte pas des combats ou qu’on manque de courage ou de logique, ou de justesse de points de vue.
Je suis d’accord que si on est trop bourréE on défoncéE, on peut très vite perdre son temps en AG et faire perdre celui des autres. Et cela me fait toujours très mal de voir des personnes se détruire avec des subtances, quelles qu’elles soient, mais de là à devenir straight-edge (et inciter quiconque à le devenir), il y a de la marge! Ce n’est pas pour moi de “l’aide à la personne”.
De plus, j’ai assisté à des AG ou la parole portée par unetelle ou untel, visiblement bourrée ou défoncée, mais juste, suffisemment claire et pertinente, a été balayée par des autoritaires (ou juste des salauds), qui profitaient de l’état de la personne pour tirer la couverture (et l’audience, bêêêê…) vers lui/elle, humiliant mine de rien au passage la/le camarade.
à bas la belle morale, elle finit toujours par justifier l’autoritarisme!
L’autodestruction fait partie de la vie donc les leçons d’éthique, de supplément d’âmes des anarchomoraleurs je m’en chaut comme d’Hiroshima. Vive le chimique, vive le nucléaire !
Il est toujours problématique de faire dire à des textes et des personnes ce qu’elles ne disent pas.
J’ai traduit ce texte parce que je pense qu’il aborde des points intéressants qui sont rarement évoqués dans une optique assez nouvelle.
Par exemple la question écologique, la question de l’utilisation de drogues comme médiateur de nos relations sociales ou encore le fait de voir la sobriété comme un choix “agressif” contre cette société plutôt qu’une mise en retrait quasiment monacale.
Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout ce qui est dit dedans, notamment l’usage du terme straight edge.
Si j’ai traduit cette brochure, c’est pour qu’on réfléchisse aussi collectivement en tant qu’anti-autoritaire aux effets des drogues sur nos vies.
Ce n’est évidemment pas un appel à délégitimer des propos intéressants dit parce qu’une personne a bue de l’alcool, fumée du cannabis ou pris d’autres drogues. Ce n’est pas un appel à une sobriété imposée, juste un appel à avoir un regard critique sur la culture de l’intoxication.
Ensuite tu parle de BA-BA, mais j’ai l’impression que justement c’est assez rare en pratiques plus ou moins formalisée. Combien de milieux militants anti-autoritaires proposent des moments de “self-care” à propos d’addictions ? Combien d’évènements ou de locaux sans bar avec de l’alcool ?
Et puis c’est sympa de faire des trucs, mais si c’est fait sous l’effet de l’alcool ou de d’autres substances, cela conduit bien souvent à nous mettre en danger inutilement.
Pour moi le soin apporté aux personnes n’a pas pour but de les faire devenir straight-edge ou je ne sais quoi. Juste de permettre à chacun de faire des choix éclairés et conscient.
Quand a conception de la fête tourne autour de la consommation d’alcool, il est difficile de s’extraire de ce modèle, et cette consommation se trouve “choisie” sous une forte pression sociale parce que justement la critique de cette pression est absente. Ce que je souhaite, c’est que chacun.e puisse faire un choix en pleine indépendance.
Moi ce qui me fait marrer ce sont les gens qui poussent des cris d’orfraie supposément anti-moraliste lorsqu’on leur met sous le nez un texte mettant en avant la tempérance (histoire d’utiliser un autre mot pas forcément adéquat notons-le). Rassurez-vous, les abstinents aussi se font prendre la tête à longueur de temps à ce sujet. Combien de fois on m’a poussé à fumer au lycée alors que je répétais que ça ne m’intéressait pas. Puis se fut l’herbe (“tu vas bien essayer l’herbe quand même?”). A toute les soirées pendant des années j’ai eu droit au même couplet à base “ah bon tu ne bois pas? mais c’est pas religieux non?”, entre ami-e-s, puis dans la famille, à moins que ce ne soit l’inverse.
Combien de ces soirées ai-je pu passer à l’abri de la fumée toxique de mes ami-e-s et camarades? Grosso modo aucune même certaines que je faisais chez moi. Combien de ces gens en avaient quelques choses à foutre de mon inconfort et de mon bien-être émotionnel? Pour ainsi dire aucun. On nous avance la liberté personnelle, la nécessité de la défonce, mais de fait les fumeurs en tout genre, buveurs et autres consommateurs de stupéfiants en ont trop souvent rien à faire des réactions qu’ont leurs camarades et ami-e-s sobres, le désagrément de la fumée, le stress induit par la présence de gens saouls ou dopés à leur côté, la violence irrationnelle qui peut émerger de ces instants de défonce. On a qu’à se barrer si ça nous plait pas j’imagine (ce qu’on fait, quitte à nous isoler de celleux qui sont sensé être nos ami-e-s).
Moi j’ai déjà perdu huit membres de ma famille et leurs amis à la clope et l’alcool, alors quand je vois les mien-ne-s se murger et s’en foutre dans les veines de telle sorte qu’iels en ont des pertes de mémoires, qu’iels en crachent leur sang ou ont des alertes médicales à trente ans, mais surtout faut pas en parler et amener ça comme un potentiel problème…
Alors défoncer vous, mais n’attendez pas de nous qu’on se taise en plus de ça. La dope a un coût social et ce n’est pas aux gens qui font le choix de la sobriété de le payer (si c’est à quelqu’un de le faire d’ailleurs).
Ce texte n’a rien à voir avec Feral Faun, sinon il n’aurait pas contenu tant de moraline, de prescriptions quasi-religieuses et de fulminations idéologiques de vingtenaires (comme dans les commentaires). Bon courage à tous et toutes, avec une telle confusion.
j’ai fumé (tabac) j’ai bu mais jamais je n’ai été dupe des excuses bidon que je me donnais,jamais. on est drogué point barre,et j’ai essayé quasi dés le début d’arreter. je ne suis pas tombé dans l’alcool,mais j’ai mis 20 ans à arreter de fumer.
non en AG je n’avis pas peur ,ni d’angoisse de la contradiction,trop facile de dire “des autoritaires” non en fait de tout contradicteur et de gens sans orga. non l’angoisse ,si angoisse il y avait était de ne pas trouver de bons arguments. pas les autoritaires !
la norme serait de refuser les drogues ? ho que non ,dans ma jeunesse c ‘était au contraire :il est interdit d’interdire et maintenant c ‘est toujours la norme dans la jeunesse.
oui j’ai été drogué,je le savais bien oui j’ai été insupportable ,oui j’ai toujours accusé les “abstinents” de moralisme catho ,petit bourgeois. facile et vraiment nul comme argument.
apprendre à prendre la parole ? mais je savais ,pas besoin de chercher une excuse : j’étais en addiction ! et je le savais bien,les excuses minables c ‘étaient pour les autres ,moi j’étais pas dupe
Ma volonté était pas de nier que la consommation apporte des problèmes et pas qu’à la personne sous produit, et qu’il est pas important qu’il y ait une vraie prise en compte de ça.
C’est que le texte est court, alors que la question me parait bien plus complexe. L’auteur expose son choix politique vis-à-vis de ça, mais en tant qu’usager (consentant mais pas tout le temps) elle me nourrit pas beaucoup, il laisse beaucoup de choses de côté (les différents types de drogues, en prennant en compte le chocolat, le travail ou l’activisme, les différents usages aussi entre autres). Et effectivement avec l’usage du mot straight-edge ça rend un peu méfiant.
En tout cas je préfère beaucoup plus ton commentaire comme base de discussion. :-)
P.S : pour “.”, faire une erreur ça n’est pas forcément être confus. En tout cas on peut la corriger avec moins de mépris, on passera moins pour un gros relou.
P.P.S : @spartcaus, on essayait de pas trop mettre de morale dans la discussion, alors garde tes “drogués” pour toi. T’as rien capté de ce que je racontais (des autoritaires y’en as pas que dans les orgas, c’est très courant ailleurs aussi, ou le problème de certaines AGs c’est que c’est pas une question de “bon argument”, mais de simulacre de démocratie, par exemple).
qaund je dis que j’étais drogué je n’y vois et n’y mets aucune morale juste un fait quasi “pathologique” mais si tu préféres “dépendant “,je suis d’accord.
Quant au AG sans démocratie,oui ça existe mais je n’ai jamais excusé ma conduite sous alcool par cette excuse car elle est fausse.
je buvais indépendemment du fait que l’G était démocratique ou pas. je buvais parceque j’étais dépendant et seulement pour ça.
les AG sous contrôle des autoritaires ? bien sur et j’en ai vu sous contrôle de compagnons libertaires aussi !
on en vu de sacrées à la zad !