Callac et Journal du Poher
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Antifascisme
Lieux : Bretagne
Menaces de mort, de viols et d’attentats contre des élues et des journalistes … Va t’il falloir attendre un mort pour que s’arrête la complaisance avec l’extrême droite en Bretagne ?
Cette semaine le Journal du Poher, quotidien local du pays de Carhaix, a été visé par une menace d’attentat à la bombe anonyme. Cette menace fait suite à plusieurs autres appels et messages anonymes menaçant d’assassinat Erwan Chartier, rédacteur en chef du journal, ainsi que d’autres journalistes du Poher et de France 3 Bretagne.
Ces menaces s’inscrivent clairement dans la suite des événements de Callac, au cours desquels les même procédés ont été utilisés par l’extrême droite pour faire plier les élus de la commune. Si on ne connaît pas l’identité précise des auteurs de ces menaces, les responsables à la manette sont eux clairement identifiés : le parti Reconquête, et les sites Ripostes laïque et Résistance républicaine, pseudo sites de « réinformation », et vrais torchons d’extrême droite, bricolant et relayant de fausses informations en vu de manipuler leurs lecteurs et lectrices.
Que ce soit hier à Callac, aujourd’hui à St-Brévin, et probablement bientôt à Corlay, le procédé est en effet toujours le même : Reconquête, parti en perte de vitesse et en mal de reconnaissance, repère un projet d’accueil de réfugiés dans une petite commune et lance une mobilisation drainant tout ce que l’extrême droite française compte de plus rance. Riposte laïque, Résistance républicaine et à leur suite d’autres sites de la complosphère tel que Breizh-info, se font les relais de cette mobilisation en la diffusant le plus largement possible, et en rependant de fausses informations en vu notamment de faire paniquer la population locale. Les rassemblements organisés servent ensuite de points de rencontre à un certain nombre de groupuscules d’extrême droite violents. A Callac étaient ainsi présents en nombre des jeunes angevins dont on peut douter de la sincérité de la préoccupation pour le sort de la population callacoise…
Mais le plus inquiétant est la méthode employée pour obtenir la victoire… Puisque, loin de se limiter a des méthodes classiques de mobilisation (rassemblements, manifestations), l’action prend ici la forme de véritable campagne de dénigrement sur internet visant des personnes précises. A Callac, l’abandon du projet est indissociable de la campagne de harcèlement en ligne montée par Riposte laïque et Résistance républicaine à l’encontre d’élu-es et de militant-es associatifs de la commune. Entre autre exemple, le maire Jean-Yves Rolland, et la conseillère municipale Laure-Line Inderbitzin – par ailleurs militante communiste et enseignante de breton – on ainsi été la cible sur ces sites de nombreux articles calomnieux, les qualifiant de « collabos », rependant sur eux de fausses informations, et dévoilant des éléments de leur vie privée.
Indéniablement, ce sont ces articles, les désignant tacitement comme cibles à abattre, qui sont à l’origine des menaces de morts et de viols à leur encontre, les obligeant a vivre sous protection policière. Les mêmes campagnes de calomnies, menées sur les mêmes sites, sont à l’origine du même type de menaces visant le Journal du Poher et ses journalistes …
Face à cette situation, la quasi totale absence de réaction de la part du monde médiatique et politique hexagonal, d’ordinaire si enclin à monter en mayonnaise la moindre broutille visant un journaliste ou un élu, est révélatrice du renoncement des élites française face à la montée de l’extrême droite. Nous nous réjouissons par contre du soutien quasi-unanime apporté au Journal du Poher et à ses journalistes, par les syndicats, médias et élu-es bretons.
Si nous avons jusque ici largement parlé de la responsabilité de Riposte laïque et Résistance républicaine, il convient désormais de citer le cas du site d’extrême droite Breizh-info, et plus généralement des liens unissant « extrême droite bretonne » et Reconquête. Alors qu’historiquement la Bretagne est plus que rétive à l’extrême droite – « une terre de mission » selon les aveux même de Jordan Bardella – ce site s’est donné pour but de servir de porte d’entrée des idées d’extrême droite dans le milieu culturel et politique breton (Emsav).
Alors que depuis les années 70 l’Emsav a toujours pris soin de marginaliser au maximum les groupuscules fascisants se réclamant de la Bretagne, Breizh-info, en adoptant un verni vaguement mainstream et généraliste, parvient ainsi régulièrement à réaliser des interviews d’auteurs ou de militants politiques et culturels bretons semblant pourtant au dessus de tout soupçons concernant d’éventuels liens avec l’extrême droite – nous ne citerons personne ici, ce n’est pas le but recherché, mais nous espérons que les personnes concernées, vont finir par prendre conscience que donner une interview à ce média est tout sauf neutre et participe du pire…
Les liens unissant Breizh info avec l’extrême droite la plus crasse sont pourtant clairs. Si, pour ne pas se griller complètement en Bretagne, ce site n’a pas directement participé à la campagne de haine en ligne ciblant des élu-es, des journaliste et des militant-es associatifs, et qu’il fait profil bas en ce qui concerne les menaces visant le Journal du Poher, il a clairement soutenu la mobilisation a Callac, appel pour samedi à St-Brévin, et relais régulièrement tout ce que l’extrême droite compte de lubies les plus stupides. Ce site est aussi un relais clair de Reconquête et, en moindre mesure, du RN.
Surtout, son fondateur et rédacteur en chef Yann Vallerie, est un contributeur régulier de Riposte laique, site pour lequel il a notamment écrit une flopée d’article sur …. Callac. Plus pathétique encore notre cher Yann, qui comme tout les fafs n’est pas à une contradiction près, se réclame du combat breton tout en publiant sur un site aux positions ultra-jacobines. On se contentera en effet de citer cet extrait tiré d’un article de Riposte laique dénigrant Laure-Line Inderbitzin, qui en plus d’être élue de Callac est, rappelons le enseignante de Breton, pour montrer tout le bien que les rédacteurs de ce site pense de la langue bretonne.
Ce passage devrait faire passer l’envie à tout-e militant-e breton-ne sincère de collaborer avec Breizh info :
« Elle est aussi enseignante, notamment professeur de breton dans un lycée public. Certains esprits chagrins s’étonneront que dans un contexte où le niveau scolaire baisse tous les ans, on se permette d’ajouter une heure de breton en 6e, mais il paraît que cela fait partie de la reconnaissance des langues régionales, voulues par les instances européennes. Elle enseigne aussi officiellement le français. On espère qu’elle ne raconte pas aux élèves que c’est la langue de l’envahisseur… »
On touche là à un fait essentiel sur lequel nous conclurons : de Yann Vallerie (Breizh-info) à Padrig Montauzier (Adsav), en passant par Tristan Mordrelle (fils d’Olier Mordrelle, chargé du financement de la campagne de Zemmour) tous les militants d’extrême droite en Bretagne qui se réclament du nationalisme breton bosse de fait pour Reconquête, dont le leadeur, Eric Zemmour, est contre l’enseignement de nos langues, pour l’interdiction des prénoms bretons, et revendique la paternité de l’actuel projet de réforme des retraites.
Voilà qui devrait suffire d’avertissement à quiconque est tenté de céder aux sirènes de la propagande d’extrême droite en Bretagne … Ce ne sont pas les réfugié.es qui menacent notre culture, nos langues, et notre identité, mais bien l’État français dont l’extrême droite, y compris bretonne, est la meilleure complice.
Rendez vous samedi à Saint-Brévin (14h parking du Super U) contre le rassemblement appelé par Reconquête, et à Carhaix (11h30 devant les locaux du Poher) en soutien au journal du Poher.
Et vu qu’il semble falloir rappeler les bases à certain-nes, on vous laisse avec ce texte écrit par Gilles Servat, face à la tentative de récupération de sa chanson la blanche hermine, hymne officieux de la Bretagne, par les teuteux d’extrême droite.
Ce commentaire ne respectait pas la charte.
C’est pas comme si les menaces contre les chiens de garde du pouvoir étaient l’apanage des fafs. On défend pas cela, on rappelle juste la propagande par le fait revendiqué par les anarchistes et que l’antifascisme à la sauce républicaine tend à effacer des mémoires.