I- Retour sur la journée mobilisation antifasciste du 5 novembre

A l’appel d’habitantEs, associations, organisations politiques et syndicales, collectifs antifascistes, c’est près de 1 000 personnes qui se sont rassemblées le 5 novembre pour s’opposer à la tenue du meeting de “ténors” de la supercherie du “grand remplacement” pour la majeure partie issue de Reconquète. Les participantEs arrivent dès la première heure après avoir dû montrer “patte blanche” pour accéder au site kan an dour ; dès 10h30 tous les accès à Callac sont bouclés et les véhicules arrétés : contrôles et scan des pièces d’identités, fouilles des véhicules jusqu’à vider les glacières… La mobilisation de 200 gendarmes est annoncée dont une majorité de GM. Dès 12 h, les halles commencent à s’animer autour des différentes tables de presse militantes. Avant le lancement du fest deiz, un temps dédié aux prises de paroles, volontairement restreint pour mettre en avant principalement les initiatives de terrain (soutien aux exilé.e.s, défense des services publics, des conditions de travail, création de jardins solidiares…), est lancé après lecture du texte d’appel en breton et français. La plupart des prises de paroles rappellent que lutte antifasciste et anticapitaliste vont de pair et insistent sur l’importance d’occuper le terrain social pour lutter contre l’extrême-droite. La parole de la municipalité est portée par la voix de la troisième adjointe entourée des nombreuses élues présentEs : elle aura ainsi démontré la volonté des éluEs de continuer à travailler sereinement sur le projet malgré les nombreuses menaces et intimidations. Un passage rendant hommage au travail des forces de l’ordre aura un écho mitigé (peu compréhensible au regard du dispositif répressif déployé) : s’agissait-il de louer le travail des agents assurant une protection des éluEs menacéEs, positionnement légitime de la part d’une des principales personnes ciblée par l’extrême droite ? Enfin, les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence clôtureront en rappelant, avec satire et ironie, les menaces que l’extrême droite fait peser sur les droits LGBTQ+ .

Vers 14h30, les premières notes de musique commencent à ambiancer les halles et les rondes de danses se forment. Vers 15h, environ 300 personnes se rassemblent pour former un cortège, ambiancé au rythme de la batucada et coloré de fumigènes autour des banderoles revendicatives, en vue de défiler dans Callac et rendre inaudibles les thèses haineuses déversées devant la mairie. Dès la sortie du parking, les gendarmes mobiles bloquent les trois directions possibles avec des véhicules en travers des rues. Demi-tour donc, le cortège contourne le dispositif en passant par le lotissement adjacent et arrive à atteindre le bout de la rue des fontaines. Un barrage empêche toute remontée à gauche vers la place de la mairie mais il semble possible de continuer dans le sens opposé. L’initiative est stoppée nette par une grande salve de lacrymos, répliquée notamment par des jets de pommes pourries… Toutefois, à la faveur du vent, les nuages sont repoussés vers la place de la mairie… Le cortège a reculé et se rassemble quelque temps devant l’entrée du site de Saint Laurent dont la réhabilitation au cœur du projet horizon. CertainEs prennent le temps d’en faire le tour extérieur. La situation se tend à nouveau d’un coup lorsqu’une personne colle un autocollant “repuidi deut mat” (réfugiéEs bienvenuEs) sur un fourgon de GM. La réponse est immédiate, un gendarme dégaine sa matraque et un autre pointe son LBD sur les personnes toutes proches se protégeant derrière une banderole et des parapluies. Les gendarmes noient la rue sous les gaz et chargent à plusieurs reprises jusqu’à venir au contact pour tenter d’arracher les banderoles et certainement tenter quelques interpellations jusqu’à l’entrée du site de kan an dour. Le cortège se replie tranquillement tout en restant groupé et dynamique en scandant des slogans.

Le fest deiz continue de battre son plein. Les discussions reprennent, les rondes se gonflent et s’enchaînent. Rapidement, nous apprenons qu’un groupe de fachos,notamment composé d’anciens de l’alvarium (ancien local et groupuscule identitaire angevin responsable de différentes actions violentes contre des minorités), s’est formé autour d’un bar avec pour projet de venir attaquer l’évènement . Ces mêmes individus,qui arboraient des symboles suprémacistes, tentent également d’agresser un journaliste.

Les rumeurs d’attaque et volonté d’intimidations n’empêcheront pas le fest deiz de continuer dans une ambiance sereine et festive. De nombreuses personnes se sont montrées solidaires jusqu’à la fin et au démontage de la scène.

II- Quel bilan tirer ?

A- Double défaite politique pour Reconquête ?

Nous retenons en premier lieu la forte mobilisation autour du site de Kan an dour -autour de différentes initiatives et composantes politiques- réunissant plus du double de manifestantEs que l’extrême droite …. qui annonçait pourtant en amont au moins 800 personnes, en mobilisant des troupes issues de toute le grand ouest, notamment de Vendée et du Pays Angevin avec une grosse campagne de rabattage. Aussi, on notera la quasi absence dans cettte audience de CallacoisEs mettant en exergue qu’il s’agit bien là d’une manipulation de Reconquête autour du projet Horizon comme prétexte pour essayer d’illustrer leur seule obsession politique du “grand remplacement”. Cet échec est aussi directement pointé en
interne, durant la tenue même de leur rassemblement, sur twitter par le responsable de reconquete_off 22, Fabrice Lopez, engageant dans le même texte la responsabilité de la principale instigatrice, Catherine Blein.

Nous noterons aussi qu’Edwige Vinceleux, candidate Reconquête aux dernières législatives et jusque là très impliquée dans l’opposition au projet Horizon avait publiquement fait part de sa non participation à l’évènement sur fond de discorde et conflit avec la même Catherine Blein.
Pouvons nous en conclure que le parti zemourien, sur fond de guerre d’égo (et d’ambitions ?) serait déjà en train d’imploser dans le kreiz breizh alors qu’il tente à peine vainement de s’y implanter tout en faisant face une forte opposition ?

L’échec cuisant du rassemblement fasciste du 5/11 mettra t’il un point d’arrêt aux tentatives de mobilisation de ce groupuscule sur Callac ? Nous constatons pourtant que que leurs basses manœuvres d’intimidation perdurent sous forme d’attaques sur internet et menaces directes.
Comme point noir, nous ne pouvons pour autant que regretter que ce rassemblement ait tout de même pu se tenir, principalement grâce à l’action de la préfecture, offrant ainsi tribune à un oratoire largement condamné pour incitation à la haine raciale et/ou apologie du terrorisme, et malgré les diverses annonces publiques de venues de groupuscules identitaires adeptes des attaques de rue.

B- Quelles perspectives pour lutter efficacement et durablement face à l’entrisme de l’extrême-droite en Bretagne ?

Si l’on peut globalement tirer un bilan positif de la forte mobilisation du 5 novembre qui aura permis de se rencontrer ou retrouver, d’apprendre à travailler ensemble, dans le déroulement de l’événement comme dans la rue, il importe tout autant de pouvoir en tirer des axes d’amélioration.

Ainsi, les conditions de préparation, notamment délai et implantations géographiques des différentes parties prenantes à l’évènement a pu impacter en amont les capacités de communication entre celles-ci pouvant générer par moments certaines incompréhensions. Toutefois, il est aujourd’hui plus que nécessaire de les analyser, isolément et communément pour en tirer collectivement des leçons, notamment en favorisant les échanges, pour améliorer nos capacités de communication entre toutes les forces se revendiquant de l’antifascisme. L’heure n’est pas au repli sur soi et il est encore plus nécessaire de maintenir une vigilance et une capacité de réaction à toutes les activités de l’extrême droite à Callac comme ailleurs pour continuer de les tenir en échec. Cela est tout aussi valable pour le gouvernement en place, qui met chaque jour en œuvre les propositions de l’extrême droite contre les plus précaires et les personnes racisées, sauf lorsqu’il s’agit d’utiliser la misère humaine pour porter secours au capitalisme en général, et certains secteurs économiques en particulier.

Pour conclure, réponse du CVA aux dernières actualités :

Enfin, le CVA apporte tout son soutien aux membres du conseil municipal de Callac subissant différentes attaques et de sérieuses menaces auxquelles elles et ils doivent faire face de la fachosphère et quelques nervis. Nous apportons particulièrement notre soutien à l’adjointe lourdement visée dernièrement par certains sites fascistes sous de bases formes outrancières et répugnante : nous condamnons ces actes avec la plus grande fermeté et nous tenons prêtEs à répliquer. Toujours vigilantEs et prêtEs à réagir, nous aspirons à ce que Callac reprenne une vie quotidienne et politique locale apaisée, débarrassée des campagnes de manipulations de l’extrême droite à coup de mouvementisme complotiste et raciste jusqu’aux
basses menaces directes.

http://www.cva22.lautre.net/communiques/retour-rassemblement-5-novembre-callac