«je n’ai pas l’air de vouloir renoncer»- catharine mackinnon
Catégorie : Global
Thèmes : ArchivesRacisme
«Je n’ai pas l’air de vouloir renoncer ou de vouloir me taire, quoi que l’on puisse me faire. Rien n’a encore pu me détruire», déclare la célèbre juriste et féministe américaine, Catharine A. MacKinnon, dans l’entrevue qu’elle a accordée à Catherine Albertini (Choisir la cause des femmes), en juillet 2005.
Catharine MacKinnon «a fortement fait évoluer le droit de ces vingt-cinq dernières années» et «a été l’avocate bénévole de femmes et d’enfants victimes d’atrocités sexuelles commises par les Serbes, devant le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie dont elle a également été nommée juge».
Catharine A. MacKinnon, auteure de «Le Féminisme irréductible. Discours sur la vie et la loi», qui a été publié en 2005 aux éditions des femmes, estime que la loi sur la parité en France est «un événement important, un changement de portée universelle».
Du féminisme à la Élisabeth Badinter ou du féminisme postmoderne de Judith Butler, C. MacKinnon pense: «Certaines sont, par essence, amoureuses du genre. La domination masculine, à leurs yeux, n’est pas un système réellement oppressif. En parler de la sorte la maintient telle quelle, ce qui explique pourquoi elles sont tellement adorées par ceux qui ont le pouvoir et le désir de répandre ces paroles là (…). Ces femmes … sont seulement des voix pour une certaine forme de misogynie et de déni. Mais elles ne créent pas le problème. Parlons plutôt des pornographes, du proxénétisme international, des violeurs, des harceleurs. Eux sont le problème.»
La juriste estime que la prostitution n’est pas un choix: «Je peux vous dire qu’il est tout-à-fait remarquable que partout dans le monde on me raconte que les prostituées sont heureuses. Prendre les femmes qui subissent l’oppression la plus totale et les présenter comme si elles l’avaient choisie. En attendant, nous parlons toutes de ça, alors même qu’il y a des études concernant les femmes prostituées – en tant que large groupe, pas uniquement celles que les proxénètes payent désormais pour dire qu’elles prennent du bon temps – des études sur la fréquence des stress post-traumatiques, notamment, qui montrent qu’elle est supérieure, chez les prostituées, à celle que l’on trouve chez les vétérans du Vietnam rescapés des zones de combat. Ça n’est pas à ça que ressemble une personne heureuse. C’est ce à quoi ressemble une personne sur qui on a tiré… Mais tout à coup, la prostituée est devenue l’exemple de ce à quoi la liberté ressemble. Vous n’allez pas à la rencontre des ouvrières pour dire ô combien elles adorent leur boulot de sorte que tout un chacun continue d’acheter ce qu’elles font.»
Elle estime qu’il n’existe pas de lieu sans oppression pour les femmes qui n’ont pas de solutions alternatives pour échapper à cette oppression. Elle croit que les femmes ne sont pas prêtes – et ne le seront peut-être jamais – à utiliser les mêmes moyens (dont la violence) que les Afro-américains victimes de racisme pour se faire reconnaître, « devenir réelles pour les pouvoirs ».
Dans cette grande entrevue, elle aborde plusieurs autres sujets, dont le «mythe de l’égalité des femmes en Suède».
On peut lire l’entrevue en français ou en anglais, réalisée par Catherine Albertini, du bureau de Choisir la cause des femmes et par Émily Blake.
Autres titres suggérés
* Un autre article majeur de Marie-Victoire Louis, une analyse critique du courant abolitionnisme sur la prostitution: L’abolitionnisme, aujourd’hui et demain
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