Vous êtes bien gentils de faire le procès d’Indymedia Toulouse ; mais s’il y a des dissensions parmi les sionistes, et que certains (parait-il) reconnaîtrait les droits de palestiniens, on ne les entend guère opposer aux sionistes d’extrême droite qui ne cessent d’adresser des provocations sur tous les sites de publication ouverte et pas seulement sur Indymedia Toulouse.

Ces provocations racistes et xénophobes conduisent à assimiler, c’est vrai, tout le courant sioniste, exactement de la même manière dont on peut lire dans la plupart des commentaires au sujet de ce conflit, une assimilation totale du fondamentalisme musulman le plus barbare à la résistance des palestiniens à l’occupation des territoires. Un exemple : la dévoiement actuel de la question de l’évacuation des territoires en interrogations sur les exterminations au Darfour. On a déjà lu plus fin…

Une simple visite sur Indymedia Paris, par exemple dans la rubrique des contributions cachées, vous donnera un bon aperçu de l’étendue du phénomène : en nombre, les spams se revendiquant du sionisme y sont très largement majoritaires. Sur Indymedia Toulouse ces dernières semaines, cela aurait pu être le cas si la charte du collectif local n’était pas sensiblement différente de celle en vigueur à Paris.

Il a fallu des semaines d’échanges fielleux de commentaires sur Paris pour enfin parvenir à recevoir une réponse affirmant le soutien à l’idée d’un état palestinien. Le fait est que s’affirmer partisan de « La paix Maintenant » et en être signataire comme l’est semble-t-il le collectif Calle Luna, n’est pas en soi une condamnation des dérives sectaires et coloniales de toute une partie du mouvement sioniste.

Cette clarification doit-elle venir du collectif Indymedia Toulouse ? Ce n’est pas mon sentiment. Quand d’un côté on reçoit des propos propagandaires constants affirmant le soutien de l’autorité palestinienne au Hamas ou au Jihad Islamique, et que ses soutiens comme cette autorité n’aient de cesse de s’en démarquer très clairement et très officiellement, il me semble que par contre la voix des sionistes qui ne seraient ni racistes, ni colonialistes est beaucoup moins affirmative, en tout cas largement moins loquace.

Autrement dit : des sionistes d’extrême droite on en fréquente de force quotidiennement sur Indymedia Toulouse. Si Calle Luna l’utilise comme prétexte à critiquer indymedia sans clarifier ses propres positions (éventuelles) de rejet de l’idéologie que ces personnes diffusent, c’est leur apporter une certaine caution. Depuis un certain temps, c’est surtout de cela que je prend note.

Indymedia Toulouse s’est créé en 2003. Et depuis lors, y sont passé des contributions émanant tout autant d’associations de défense du droit à l’auto-détermination des palestiniens qu’à la revendication légitime du droit du peuple Israëlien à un état. Cette diversité, rapprochée de l’antériorité d’existence de Calle Luna, n’est pas franchement lisible dans son fond éditorial. Et sa répercution constante d’attaques et de critiques diffamatoires à l’égard d’Indy Toulouse et des personnes qui y participent (une fameuse histoire de paille et de poutre) ne le dément pas. Quid des événement survenus ces quatre années dans les territoires ? Si Calle Luna adhère à LPM est-ce vraiment suffisant pour rendre lisibles les visions de ses participants à cet égard ?

A contrario, puisque le principe d’Indymedia est de recevoir les publications de n’importe qui, le collectif a bien dû lire différentes positions pour pouvoir les modérer. Il n’a d’ailleurs aucune prétention à la neutralité. Comme l’amour ou la démocratie, l’ouverture et la tolérance sont des buts, et non des pré-supposés. On a nos limites, on n’est pas des gens spéciaux, on peut dire conneries comme tout le monde. Et dans beaucoup de cas on réagit en temps réel et en fonction de nos subjectivités. Nous en faire reproche c’est manquer d’attention aux principes de fonctionnement communs à tous les sites du réseau Indymedia.

Ce n’est ici qu’un point de vue personnel puisqu’aucune personne participant au collectif Indymedia Toulouse n’a prétention de parler au nom de ce collectif. L’expérience de modération que j’ai pu avoir depuis que je participe à Indymedia Toulouse, m’a dans un premier temps déconcerté, lorsque survenaient en de mêmes rafales, des messages dignes des plus radicaux racistes d’extrême droite comportant des invitations explicites à visiter plutôt Calle Luna qu’Indymedia Toulouse. Elle s’est progressivement dissipée à mesure que j’ai pu lire les mêmes impostures diffâmantes dans les commentaires et la critique de la modération sur Indymedia Paris : car se trouver accusé de racisme, alors qu’on affirme le contraire, et cela par des gens qui instrumentalisent tous les juifs au service d’un projet haineux de l’islam, haineux des palestiniens et sans ambiguité méprisant des personnes, allant jusqu’à tenter des pratiques inquisitrices et policières pour essayer d’intimider les gens, finalement s’explique logiquement, dès lors qu’on suggère que la revendication d’un sionisme « de gauche » voire « d’esprit libertaire » n’est rien d’autre qu’une formule de communication pour faire passer ces positions autoritaires et fascisantes là où n’auraient pas normalement droit de cité.

Pour résumer Indymedia n’a pas vocation à diffuser des propos totalitaires, diffamatoires, attaquant des personnes ou des peuples ou incitant à discriminer. Si Calle Luna s’en amuse et n’y voit pas d’objection, libre à ce collectif. Toutefois, sans affirmation claire de son rejet des extrémistes droitiers se réclâmant du sionisme, ni arrêt des pratiques d’immiscion dans la vie privée des personnes qu’Indymedia Toulouse n’est pas le seul groupe toulousain à avoir subit, je ne crois pas qu’en dépit des alléas, comme des pollutions constantes, beaucoup de personnes en dehors de celles qui n’y voient pas d’inconvénient, ne restent pas perplexes.

Vous attendez qu’on dissipe des malentendus ; bah je crois qu’on s’y efforce sincèrement. Pour ma part j’ai de gros doutes et je le dis, concernant le degré de « tolérance » de Calle Luna en terme de « courants » sionistes. Cela c’est vrai par conviction personnelle : le racisme et l’intolérance pour moi ce sont des attavismes humains qui méritent que tout le monde se mobilise pour les combattre ; attendre que d’autres le fassent à sa place en comptant les points, en se taisant sur le sujet, et sans prendre position claire est franchement plus qu’ambigu.

Clampin

http://calle-luna.org/article.php3?id_article=124