Laissez les concerné.es tranquilles
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Catégorie : Global
Thèmes : Racisme
Moi avant je comprenais rien au racisme, et j’ai rencontré des textes, des gentes, des situations, j’ai cherché d’autres textes et je me suis bien secouer la tête dans plein de sens, et plein de fois j’ai fait de la merde, fais du mal à des gentes, j’en fais encore et j’en ferai probablement encore sur les questions de racisme. C’est sûr, j’ai pas la prétention ou la naiveté de croire que c’est bon, parce que c’est un travail constant, j’y réfléchis très souvent parce que le racisme et la suprématie blanche se vit dans toutes les interactions que je peux avoir en tant que personne blanche, donc privilégiée sur ce point, ma peau blanche, mon nom et mes origines européennes me donne accès à plein de choses, me facilite la vie, me l’a déjà sauvé, et tous les jours j’en apprends davantage. Grace à toutes ces personnes concernées qui font un travail énorme de pédagogie, d’émancipation, d’information et de visibilité.
Parce que je pense effectivement que pour parler vraiment d’un sujet on a besoin d’être concerné par celui-ci, de le vivre, de l’expérimenter. Donc écoutez les concernés, privilégiez leur voix quand vous chercher à en savoir +, apprenez à vous taire et à écouter vraiment.
Mais cependant, par pitié laissez les tranquilles ! Si une personne non-blanche/racisée a envie d’aborder le sujet du racisme c’est son choix et dans ce cas écoutez, ne leur coupez par la parole, arrêtez de penser que vous savez mieux. Vous ne savez rien, et dans le fond vous n’en saurez probablement jamais grand-chose à ce sujet. Et vous savez quoi ? Tant mieux pour vous, votre vie est bien + simple grâce à ce privilège et ne vous en plaignez pas !
Vous avez de merveilleuses idées sur comment mener la lutte contre le système raciste ? N’allez pas en parler aux concerné.es, cherchez et écoutez plutôt des livres, podcast, films, témoignage de concernées, il y a des milliers et milliers de ressource à ce sujet, aller vous éduquer.
Vous vous posez des questions sur votre racisme, même « inconscient » ? ne courrez pas chez vos ami.es, famille, collègues, voisin.es, que sais-je pour leur demander de bien vous confirmer que non vous n’êtes pas un.e vilain.e raciste. Parlez-en avec vos proches blanc.hes, posez-vous des questions entre vous, éduquez-vous ensemble, cherchez du matériel de pédagogie ensemble, motivez-vous ensemble.
Vous entendez tous les jours des actualités ou des témoignages sur les violences racistes, la suprématie blanche ? Vous avez lu toute la section « antiracisme » de votre bibliothèque militante ? Ne courrez pas en parler aux concerné.es, illes n’ont pas besoin de ça, illes n’ont pas besoin d’un cours sur leur comment se passe leur quotidien, ni besoin qu’on leur trigger des violences passées, ielles ont autre chose à faire de leur temps que ça en fait, c’est votre problème.
Vous trouvez que vous êtes un.e super allié.e et vous mourrez d’envie qu’une personne concernée vous félicite ? Ne le faite pas ! Ce que vous faites n’est pas exceptionnel, ça ne fait pas de vous une personne hors du commun, merveilleuse et si gentille. Non, ça fait de vous un être humain un peu moins pourri, une personne un minimum décente. Donc stop la chasse aux cookies, vous le faites pas pour les concerné.es, parce qu’illes n’ont pas de temps à perdre avec vous. Vous le faites parce que c’est ce qui est « normal » de faire. Point.
Vous pensez que le racisme n’existe pas, que ce sont que l’extrême droite, les nazis et les campagnard.es blanc.hes qui sont racistes. Ou pire si vous pensez que le racisme contre les blanc.hes existe, reprenez-vous en main, et enlevez les oeillieres du privilège juste une seconde SVP quoi. Juste comparez deux secondes la situation des frontières hors européennes, renseignez vous sur la colonisation, et vous verrez que vos idées sont comlplètement fausses et ne tiennent pas la route.
Quand on vous fait un retour sur votre racisme, oui ça fait pas du bien au début. Mais c’est ça le probleme, le privilege blanc nous amène à penser que nous sommes irréprochables, et non. Et oui ça pique l’ego de savoir qu’on a fait du mal à quelqu’un.e, ça arrive, prenez sur vous, écoutez et excusez vous dans un premier temps puis EDUQUEZ VOUS
Vous lisez et prenez cette article + au sérieux que la gueulante qu’un personne concernée a poussez ou que plein d’autres textes de concerné.es ? posez vous des questions, là j’essaie juste de partagez quelques idées et de vous inviter à lire, écouter, regarder des choses produites par les concerné.es.
Et aussi hein, stop à l’élitisme, c’est pas parce que vous avez lu pleins de trucs que vous êtes moins potentiellement raciste que votre cousine qui a jamais rien lu, ou que le zonard blanc du coin de la rue. Le racisme ça concerne toutes les personnes blanches, de la plus riche à la plus pauvre, de la plus diplômée à la personne qui n’a jamais été à l’école. Okay ? Le racisme n’est pas reservé aux bourges ni aux précaires.
Bon voilà, je le redis encore, laissez les concerné.es tranquilles, illes n’ont pas de temps à perdre à vous éduquer, à vous écouter pleurer. Et quand une personne concerné.e crie, se met en colère, pleure, vous insulte pour se défendre dites vous que vous êtes la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, renseignez vous sur les micros agressions et l’impact que ça a.
« Il faut que tu sache aussi ceci : on peut posséder le savoir et l’utiliser pour justifier le racisme. L’intelligence peut être utilisée au service d’une mauvaise cause donc ce n’est pas aussi simple. »
Le racisme expliqué à ma fille de Tahar Ben Jelloun
Fini de flemmarder, on se met au boulot !
Liste non exhaustive de ressources :
Podcast :
Kiffe ta race : https://www.binge.audio/category/kiffetarace/
https://www.binge.audio/beaute-colonisee-corps-domestiques/
La vie des nôtres : https://www.canalsud.net/spip.php?page=rubrique&id_rubrique=189
https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/maboula-soumahoro-lidentite-augmentee-0
En anglais : http://laylafsaad.com/good-ancestor-podcast
Film/série :
Get out de Jordan Peele ; Dear white people film et série de Justin Simien ; Ouvrir la voix d’Amandine Gay
Vidéos :
Ce n’est pas l’intention qui compte : https://www.youtube.com/watch?v=XN4H1tVw9VE
Appropriation culturelle : https://www.youtube.com/watch?v=DCTor9ZbZDQ
Discours d’Aïssa Maiga aux Césars : https://www.youtube.com/watch?v=5GbA0cWii80
Premier jour en france : https://www.youtube.com/watch?v=wDw7mSXFQ4c
Articles :
https://sorryiamnotsorryblog.wordpress.com/2017/11/13/sortir-du-reve-et-trahir-sa-race/ https://sorryiamnotsorryblog.wordpress.com/2017/11/13/sortir-du-reve-et-trahir-sa-race/
http://www.lallab.org/11-conseils-pour-etre-un-e-bon-ne-allie-e/
https://farracha.blogspot.com/2020/07/du-racisme-dans-nos-interactions.html
https://joaogabriell.com/2019/01/17/le-racisme-est-a-mettre-au-coeur-de-lanalyse-sur-les-violences-et-crimes-policiers/
https://joaogabriell.com/2017/05/18/le-femonationalisme-sous-lere-macron-deffrayantes-perspectives-securitaires-et-racistes-au-nom-de-la-cause-des-femmes/
https://www.franceculture.fr/sociologie/simeng-wang-lepidemie-exacerbe-le-racisme-anti-asiatique
https://paris-luttes.info/le-juif-de-schrodinger-12443
https://www.ueeh.net/IMG/pdf/ripostes_antiracistes_fr_cahier.pdf
https://iaata.info/Racisme-colonialisme.html
En anglais :
White tears are not my responsibility : https://thetempest.co/2015/02/10/social-justice/race/white-tears-not-responsibility/
Livres :
Ah sissi il faut souffrir pour être française de Jo Güstin
Larmes blanches de Hari Kunzru
Autobiographie d’une esclave de Hannah Crafts
Le racisme est un problème de blancs de Reni Eddo Lodge
Un féminisme décolonial de Françoise Vergès
En anglais : Me and White supremacy de Layla F Saad
https://iaata.info/Laissez-les-concerne-es-tranquilles-4358.html
queer trans racisé.e, de classe sociale exploitée et précaire (lumpen ), immigré.e de l’Afrique subsaharienne et je ne vois dans de telle liens (pourris) et analyses (si l’on peut dire) rien pour moi.
Il nous fait subvertir, dépasser et abolir les assignations identitaires, essentialistes et racistes … PAS les renforcer !
ce remâchage radical du discours des identitiy politics libérale américaines est trop marrant. les gens croient être hyperradicaux alors même que la seule chose qu’ils réalisent c’est une plus grande atomisation des individus qui ne profite qu’à celles et ceux qui les exploitent. mais allez, continuez dans vos délires tumblresque, le mur n’est vraiment pas très loin. et le choc sera douloureux.
https://simonae.fr/militantisme/les-indispensables/parole-concernes-emancipation-confiscation-risques-essentialisation/
« Le racisme est le problème des blanc.hes »
T’iras dire ça aux noirs traqués par les magrébhins en Afrique du Nord.
A Dieudonné, Kemi Seba, aux Hamas rêvant d’éradiquer les Juifs de la planète.
Aux Japonais racistes antichinois.
Etc.
NON Je n’irais pas me déconstruire avec vous
Un racisé qui en a sa claque de ses disciples putrides de la frainche theorie qui n’ont qu’une obsession mettre les gens dans les petites boites et les ghettos bien formaté de l’entre soi identitarisé – ce dont rêve d’ailleurs les pires saloperies et les pires ordures du bloc identitaire et de la nouvelle droite d’Alain de Benoist
Un racisé qui en a sa claque de voir des petit bourgillon-nes issu des belles chaires universitaire TOUT CE QUI A DE PLUS PRIVILEGIE-ES, parler et penser à sa place
NON DEVINITIVEMENT NON JE N’IRAIS PAS ME DECONSTRUIRE AVEC LES PETITS DICTATEURILLON-NES DU POST MODERNISME FRANCHOUILLARD
Racisme anti-noir : « Comment le Maghreb en est-il venu à rejeter son africanité ? »
L’historien tunisien Salah Trabelsi revient sur les sources historiques de la discrimination dont sont victimes les Noirs en Afrique du Nord.
Les bouleversements politiques qui ont secoué le Maghreb ces dernières années ont fait ressurgir d’innombrables problèmes tenus jusque-là sous le poids du silence et du déni. L’une de ces questions refoulées concerne la situation des Noirs au cœur de cette partie spécifique de l’espace africain. Durant des décennies, le sujet a été biffé de l’histoire commune. Qu’ils en soient natifs ou non, les Noirs au Maghreb font l’objet d’une déconsidération doublée de discrimination. Contrairement au reste de la population, ils sont les seuls à être perçus comme l’incarnation d’un groupe exogène, repérable à des caractéristiques ethniques et socioculturelles présumées distinctes. Le plus surprenant, c’est que cette assertion prend le contre-pied d’une autre opinion commune, selon laquelle l’Afrique du Nord serait le réceptacle d’un peuplement disparate et bigarré, une terre de migrations et de métissage.
Ce schéma dualiste a été à l’origine d’un système de hiérarchisation et de catégorisation paradoxale. Il en est résulté une vision qui tend à faire du Maghrébin à peau noire l’archétype de l’altérité : un Noir qui vit et se conduit donc par essence comme un Noir ! Ce cliché s’est incrusté dans les mentalités, provoquant une dissociation névrotique des identités, scindées en deux types d’affiliation politique et ethnosociologique : l’une africaine, l’autre arabe et musulmane. Aujourd’hui, les quatre pays du Maghreb proclament solennellement l’arabe comme langue nationale et officielle et l’islam comme religion d’Etat.
Stocks idéologiques
Il y a confusion entre ces deux catégories, qui relèvent pourtant de deux sphères différentes, l’une religieuse, l’autre ethnolinguistique. Rappelons que la majeure partie des musulmans n’est pas arabophone. D’ailleurs, malgré le mythe de la sacralité de la langue arabe, ni l’Iran ni la Turquie, pourtant très proches du berceau de l’arabité, n’ont à aucun moment de leur histoire revendiqué une commune filiation avec les Arabes. Il en est de même du Sénégal, ou de l’Indonésie, qui compte le plus grand nombre de musulmans au monde.
Comment les Etats maghrébins en sont-ils venus à revendiquer avec zèle et empressement cette parenté putative avec l’arabité et à rejeter avec force leur africanité ?
Lire aussi Racisme : « La Tunisie doit proclamer son africanité ! »
L’islam s’est imposé cinq ou six siècles après la conquête de l’Afrique du Nord, non sans mépris envers les Berbères. Aux yeux des premiers conquérants arabes, les Berbères étaient un peuple vil, fruste et sauvage : « Des bêtes en liberté », selon l’historien du XIVe siècle Ibn Idhari. L’on établit même à leur encontre des hadith – paroles attribuées à Mahomet, le prophète de l’islam –, forgés de toutes pièces pour les rabaisser et justifier leur humiliation.
D’après l’auteur du Mu’djam al-Buldan, Yakut, le Prophète aurait dit : « Il n’existe, nulle part au monde, des êtres aussi répugnants que les Berbères. Quand même je n’aurais rien à distribuer comme aumône, si ce n’est la poignée de mon fouet, je serais plus enclin à la donner plutôt que d’affranchir un esclave berbère. » A leur tour, certains oulémas [théologiens de l’islam] d’origine berbère vont réagir en inventant des hadith pour se réhabiliter aux yeux des Arabes. Abu Al-Arab et Al-Maliki rapportent des traditions attribuées au Prophète lui-même, louant les mérites et la piété exemplaire des Berbères.
Quels sens donner à l’abandon de l’identité afro-berbère qui a longtemps cristallisé l’affirmation même de leur singularité face au reste des Arabes et des Africains ?
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Loi pénalisant le racisme en Tunisie : une première victoire pour la minorité noire
La littérature arabe classique offre un réservoir inépuisable d’informations éclairantes sur la rhétorique de l’altérité à travers l’Histoire. Ces corpus permettent de reconstituer la manière dont a été pensé, imaginé et perçu le rapport à l’Afrique et aux minorités noires. Ces stocks idéologiques, réactualisés selon les problématiques politiques et sociétales du moment, ont traversé le temps et continuent de façonner les esprits.
Complexe obsessionnel
Un des exemples les plus éclatants du prisme de l’arabité et de la négation de soi est celui raconté par l’historien kairouanais du XIe siècle, Abu Bakr Al-Maliki. Dans Jardins des âmes (Riyad Al-Nufus), il dresse une série de biographies consacrées aux saints et aux grands lettrés de Tunisie. L’un des personnages, Al-Buhlul b Rashid Al-Ra’ini, un juriste et saint homme, vénéré pour sa piété et sa dévotion, était épouvanté d’appartenir à la multitude chamitique, déchue et flétrie. En effet, selon une vieille tradition musulmane, Cham, l’un des trois fils de Noé, était à l’origine un homme blanc, doté d’un beau visage et d’une allure fort agréable. Mais Dieu changea sa couleur à la suite de la malédiction prononcée par son père. Une partie de sa descendance s’établit en Inde, en Afrique et au Maghreb. C’est cette dernière lignée qui serait à l’origine des coptes d’Egypte et des Berbères. Inquiet pour le salut de son âme, Al-Buhlul vivait dans la hantise constante et effrayante de la disgrâce du Seigneur, jusqu’au jour où il apprit qu’il n’était pas de souche berbère : « Alors, pour remercier Dieu, il organisa un somptueux festin auquel il convia tous ses amis et proches. »
D’autres récits confirment ce complexe obsessionnel qui témoigne d’une dépersonnalisation morale et culturelle aiguë chez beaucoup de savants et mystiques maghrébins. Ces exemples montrent le caractère prégnant dans la culture arabe d’une négrophobie doctrinale, agrémentée d’une haine de soi. Encore, faut-il le rappeler, en dehors de la mouvance kharidjite, branche issue du premier schisme de l’islam, la noirceur de peau a toujours constitué, selon la plupart des exégètes musulmans, un défaut inacceptable et ce au même titre que tous les autres vices rédhibitoires pour accéder au pouvoir suprême.
Ibn Khaldun, l’auteur de la Mukkadima souligne dans ses écrits l’extravagance des inventions sans fondement de certains généalogistes qui font descendre de la péninsule Arabique les ancêtres des Berbères, manière de « blanchir » leur origine.
Rappelons aussi le sort réservé à Ibrahim Ibn Al-Mahdi. Ce calife éphémère fut destitué en 819, car sa mère était une concubine royale d’origine afro-iranienne et qu’il était lui-même de teint très foncé. Quand à l’esclave nubien Kafur, prince d’Egypte, grand bâtisseur et protecteur des savants et des écrivains, il fut violemment vilipendé, haï et calomnié durant les vingt-deux ans de son règne. L’un des textes les plus ignobles, composé par l’un de ses détracteurs, Al-Mutanabbi, figure toujours en bonne place dans les manuels scolaires arabes. La quasi-totalité des collégiens sont tenus encore aujourd’hui de réciter par chœur les vers affreusement satiriques de ce poète, considérés comme le plus beau chef-d’œuvre de la prosodie arabe.
Anthropologie médiévale désuète
Ce sont d’ailleurs ces réservoirs sempiternels de représentations stéréotypées qui continuent à nourrir les choix des modèles et des dispositifs éducatifs actuels. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le contenu des ouvrages du collège ou du lycée pour se rendre compte des dommages irréparables causés par la référence quasi constante à ces vieux topos, hérités d’une anthropologie médiévale, imaginaire et désuète.
Ces éléments ici réunis n’expliquent en rien l’exacerbation symptomatique actuelle des discriminations dans les pays du Maghreb. Mais ce détour permet d’expliquer la source des préjugés et la mise en place des marqueurs d’une hiérarchie imaginaire des identités biologiques et socioculturelles.
Lire aussi Françoise Vergès : « Les droits des femmes sont devenus une arme idéologique néolibérale »
Pendant plusieurs décennies, les regards ont été uniquement braqués sur la situation désastreuse des descendants d’esclaves noirs en Mauritanie. L’on se rend bien compte aujourd’hui que le problème dépasse largement les marges sahariennes du Maghreb. Les récits scandaleux de vente aux enchères de jeunes Subsahariens en Libye et les témoignages incessants d’agressions violentes et parfois meurtrières contre des Noirs montrent l’étendue des ravages qui affectent toutes les sphères de la vie sociale, que ce soit en Libye, au Maroc, en Algérie ou en Tunisie. Terre de paradoxes, ce dernier pays tente pourtant de faire figure d’exception. Berceau des « printemps arabes », il avait été en outre le premier Etat de la région à abolir, en principe, l’esclavage en 1846.
Evidemment, l’un des traits marquants de l’histoire des pays arabes, est celui d’une extrême durabilité des formes de servitude et d’esclavage. Etrangement, les esclaves noirs ont été les derniers à obtenir leur émancipation, et ce bien après celle des esclaves mamelouks, européens et circassiens. Ce processus lent et toujours inachevé explique, en partie, l’émergence tardive de la question des inégalités sociales et raciales. Par ailleurs, l’extension des violences racistes montre à quel point les préjugés, que l’on croyait appartenir à un temps révolu, continuent de proliférer. Manifestement, le problème est encore d’actualité. Aujourd’hui comme hier, la persistance des inégalités sociales et raciales fait obstacle à l’accès aux libertés publiques et citoyennes.
lemonde.fr
Salah Trabelsi est maître de conférences en histoire et civilisation à l’université Lumière Lyon II, et directeur adjoint du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo). Il est coauteur de Résistances et mémoires des esclavages, éd. Karthala, 2014
https://www.senegalblackrainbow.org/2019/07/21/racisme-anti-noir-au-maghreb/
Autant le texte d’origine m’insupporte car effectivement ce serait bien que l’auteure s’applique à ielle ce qu’ielle prone et cesse de parler à la place des autres, autant le discours sur le racipsme anti noir au Maghreb me saoule. On est en France et pas au Maghreb. Ca me fait penser aux balances de cour de récré. C’est pas moi c’est lui.
Donc selon toi, on ne devrait pas parler des States, de la Palestine, du Chili, de Hong kong, … parcequ’on est en France et pas ailleurs…
Ce texte pouvait pas plaire aux suprémacistes et cette avalanche de « commentaires » n’est pas une surprise. Aucune critique sur le fond mais les éternels amalgames trollesques avec « Dieudonné, Kemi Seba, le Hamas rêvant d’éradiquer les Juifs de la planète, Faurissone » rien que ça !
On se demande comment ces trucs peuvent passer aussi facilement. Il y a certainement des choses plus intéressantes à dire sur le sujet, mais qui évidemment déplaisent aux suprémacistes. Surtout ne vous déconstruisez pas avec nous ni avec personne d’autre, vous ne manquerez à personne. Méditez plutôt ce que les antiracistes ont à dire :
« Une polémique [1] a récemment agité le milieu libertaire français concernant l’utilisation des termes race, racialisation, racisés etc. certains dénonçant une essentialisation du débat sur le racisme, essentialisation qui relèverait elle-même du racisme. Selon ce point de vue, reprendre ces termes serait contribuer à propager la grille de lecture raciste.
Dans un premier temps il semble que, tel quel, cet argument est absurde : il n’est pas question de reprendre ces termes pour les valider mais pour les étudier afin d’en révéler l’aspect socialement et historiquement construit, et d’en proposer une définition critique qui révèle cet aspect construit.
Cet argument est donc à peu près aussi absurde que si on affirmait que parler de prolétariat pour critiquer l’exploitation reviendrait en fait à contribuer idéologiquement au capitalisme en acceptant de nous reconnaître comme des prolétaires. Ou encore qu’il ne faudrait pas utiliser le mot racisme parce que ce terme contient le mot race, donc valide le racisme. Il ne s’agit pas d’une question de mot mais d’analyse à laquelle ce mot renvoie et dans le contexte de laquelle il est employé.
Pour lutter contre notre situation nous avons besoin de la nommer et de l’analyser parce que les catégories qui nous assignent sont déjà existantes. Nous ne choisissons pas de nous identifier à notre catégorie sociale, celle- ci s’impose à nous, de façon d’ailleurs assez violente, se reconnaître comme racisé.e ce n’est pas proclamer fièrement une identité, c’est simplement reconnaître que nous sommes la cible d’un dispositif d’assignation sociale spécifique, dispositif socialement construit que nous cherchons à analyser et contre lequel nous voulons lutter.
Bref, comme le disait le proverbe « Il ne suffit pas de nier les barreaux d’une prison pour qu’ils disparaissent ».
Cependant, si la récente polémique ouverte sur la racialisation dans le milieu libertaire est peut-être, entre autres, symptomatique d’une certaine forme de réaction contre la montée en puissance d’une analyse antiraciste critique dans ce dit milieu, on ne peut absolument pas se limiter à cette analyse.
Premièrement parce que cette forme de réaction n’est pas le monopole de personnes plus ou moins assignées blanches. Deuxièmement parce qu’il ne s’agit pas uniquement d’une forme de réaction, au sens droitier du terme, parce que le champ lexical de la race a une connotation, en tout cas en France, purement raciste, et qu’il est absurde de vouloir nier cette histoire si l’on se prétend critique. »
https://iaata.info/Utiliser-le-mot-race-1512.html
On préfère nos sources que les votres !
Ca c’est un texte affreusement manipulateur, au moins pour 2 raisons :
1) Quand les nazis utilisaient le mot race et quand les racistes utilisent ce mot au quotidien aujourd’hui, ils ne parlent pas du tout d’un « système d’assignation des individus à une catégorie, socialement construite [bla bla bla] ». Ils ne parlent pas d’un système mais de caractéristiques essentielles (selon eux/elles) chez les individus. Donc utiliser cette définition artificielle pour essayer de redonner de la consistance à un mot qui n’en a aucune et qui renferme une idée fausse et dangereuse, c’est faire le bonheur des racistes.
Com sur Iaata pas évoqué par le troll habituel
2) La « polémique » en question n’a pas lieu « dans le milieu libertaire », mais il oppose des personnes anti-racistes et des personnes qui pour des raisons extrêmement louches veulent à tout prix préserver cette idée malsaine de race. Ce texte en est un exemple.
Aux modérateurs de Iaata : svp faites attention aux textes que vous laissez passe ou au moins mettez un avertissement…
https://iaata.info/Utiliser-le-mot-race-1512.html
Toute une mouvance tente de justifier leur entreprise identitaire en se présentant comme la seule voix légitime des « premier.e.s concerné.e.s », discours qui est malheureusement parfois repris par certains à l’extrême-gauche.
Ainsi, concernant le terme « d’islamophobie », le sous fasciste Saïd Bouamama écrit : « Le choix des termes « racisme anti-Arabe » et « anti-Noir » n’est bien entendu pas neutre. Il constitue en premier lieu le refus d’utiliser les termes que les premiers concernés ont choisis pour désigner la réalité des discours et actes qu’ils subissent. Il suffit de lister le nom de quelques organisations militantes agissant sur cette question pour s’en convaincre : « Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI), Brigade Anti-Négrophobie (BAN), Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), etc. ». Ce genre de propos, nous l’avons déjà entendu de la part de camarades d’extrême-gauche, justifiant l’utilisation du terme ambiguë d’islamophobie, sous prétexte que ce serait « le terme choisi par les premiers concernés ».
Notons tout d’abord, concernant le terme « islamophobie », que dans notre pratique avec des « ouvriers indigènes » ou auprès de sans-papiers, nous n’entendons que très rarement ce mot. Au contraire, nous entendons bien plus souvent des ouvriers se plaindre du racisme d’un chef, d’un patron ou de collègues, du racisme de l’administration lors de la demande ou du renouvellement d’un titre de séjour, ou même du racisme ambiant dans la société, que de « l’islamophobie ». De plus, il convient de préciser que le PIR ne saurait en aucun cas se présenter comme une organisation représentative des « indigènes ». La grande majorité des « indigènes » ne connaît même pas l’existence du PIR, très très peu se définissent même sous ce terme « d’indigènes », et il y a bien plus de travailleurs maghrébins, noirs ou originaires des DOM-TOM, organisés à la CGT qu’au PIR. Mais cela n’empêche pas le PIR de chercher à se présenter comme la seule organisation représentative des « indigènes », accusant celles et ceux qui le critiquent ou ne partagent pas sa politique, lorsqu’il s’agit de personnes noires ou maghrébines, de « trahison », terme utilisé par exemple contre Sophia Aram dans un texte du PIR.
Le STRASS utilise la même rhétorique. Ce serait la seule organisation légitime à parler de prostitution. Et quiconque ne partage pas sa politique est taxé de « putophobe » et n’aurait pas le droit à la parole. Là aussi, il convient de signaler que le STRASS ne saurait en aucun cas être considéré comme représentatif des personnes prostituées, et que pour chacun des textes où des membres du STRASS expliquent que la prostitution serait « un libre choix » et « un travail comme un autre », on trouve une dizaine, au moins, de témoignages de rescapées du système prostitutionnel qui décrivent l’horreur de l’oppression vécue.
Mais si ni le PIR ni le STRASS ne sont représentatifs des personnes dont iels se proclament portes-paroles, nous devons aussi remettre en cause cette sacralité, venue de la philosophie post-moderne, de la « parole des premier.e.s concerné.e.s ».
Ce mode de pensée s’oppose à l’universalisme.
Karl Marx aimait faire sienne cette citation de Térence selon laquelle « rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». Toute la pensée philosophique et politique progressiste part de ce constat. C’est parce que rien de ce qui est humain ne leur était étranger, que des Blancs ont milité pour l’abolition de l’esclavage des Noirs. C’est parce que rien de ce qui est humain ne leur était étrangers que Marx et Engels, qui n’étaient pas prolétaires, ont donné toute leur énergie à la lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière. C’est parce que rien de ce qui était humain ne lui était étranger, qu’un Juif communiste de New York a écrit les paroles de Strange Fruits décrivant mieux que quiconque l’atrocité des lynchages dans le Sud des Etats-Unis. C’est parce que rien de ce qui est humain ne doit nous être étrangers, que nous luttons pour l’émancipation de l’humanité toute entière.
Pour la pensée post-moderne, il n’existe plus d’universalisme du genre humain, plus que des « premiers concernés » par une forme spécifique d’oppression et dont on aurait pas le droit de parler, juste soutenir les organisations qui s’en veulent être les représentants. C’est le degré zéro de la politique. S’il existe aujourd’hui un courant d’extrême-gauche en France, c’est parce que des militantes et militants courageux ont fait vivre ce courant dans la classe ouvrière, et ce contre un PCF quasiment hégémonique dans les entreprises dans les années 1950 à 1970. C’était à l’époque « le » Parti, et il était, de fait, bien plus représentatif que ne le sont le PIR ou le STRASS aujourd’hui. Les militants d’extrême-gauche étaient violemment agressés aux portes des entreprises, dénoncés au patronat, insultés dans les tracts et journaux du Parti, etc. Or, avec la théorie des « premiers concernés », qui d’ailleurs était en filigrane dans ce que disaient les staliniens, il n’aurait pas fallu combattre leur influence dans les entreprises ! Avec cette théorie toujours, Karl Marx n’aurait pas dû écrire sur l’exploitation capitaliste et encore moins sur la Commune de Paris, ou Trotsky aurait dû s’interdire d’écrire la moindre ligne sur la montée du nazisme en Allemagne ou sur la révolution chinoise. Notons enfin que lors de la première guerre mondiale, le chef de la social-démocratie allemande favorable à la boucherie puis responsable de la répression de la révolution, Friedrich Ebert, en tant qu’ancien ouvrier bourrelier, aurait pu être considéré comme « plus premier concerné », que Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, d’origine petite-bourgeoise, et pourtant défenseurs acharnés de l’internationalisme prolétarien, de la révolution socialiste et des intérêts du prolétariat mondial.
Et il n’existe pas de parole unique des « premiers concernés ». Même lorsque le PCF était quasiment hégémonique sur la classe ouvrière, il y avait, certes minoritaires, des groupes d’ouvriers qui contestaient sa politique. Aujourd’hui, dans la plupart des grèves, on peut voir des tendances plus ou moins radicales et d’autres plus conciliatrices, voir même des syndicats qui militent contre la grève. Le mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis étaient constitués de différentes tendances, de Martin Luther King aux Blacks Panthers, qui défendaient des politiques différentes et même des intérêts de classes différents. Et aujourd’hui, comme dit en introduction, on trouve des « indigènes » qui contestent la politique du PIR ou des prostituées qui vomissent celle du STRASS.
Il est certain qu’une lutte ne peut aboutir que s’il y a mobilisation des « premiers concernés ». Impossible d’espérer obtenir une augmentation de salaires ou l’annulation d’un plan de licenciement sans mobilisation à l’intérieur de l’usine. Si les militants blancs abolitionnistes ont joué un rôle dans l’abolition de l’esclavage, l’élément fondamental a été les révoltes d’esclaves et en particulier pour la France la révolution haïtienne. C’est le mouvement de libération des femmes qui a permis l’obtention d’une égalité en droits (certes uniquement formelle) dans la plupart des pays occidentaux, etc. Et on pourrait multiplier les exemples. Mais il faut ajouter que la lutte pour la dignité et les droits de tous les êtres humains signifie également pendre en compte celles et ceux qui ne peuvent pas lutter comme les enfants ou les handicapés mentaux. La lutte pour l’abolition de la peine de mort, elle aussi, n’a été ni portée ni même déclenchée par les « premiers concernés ». Et les luttes victorieuses contre l’expulsion de sans-papiers ont souvent été possibles parce que se sont mobilisés non seulement des sans-papiers, mais aussi des collègues, des proches, des voisins… c’est là d’ailleurs qu’est la force d’un réseau comme RESF. Mais ce dernier exemple, à contrario de la politique du PIR, pose la question de qui sont les « premiers concernés » ? Dans le cas d’une expulsion d’un élève sans-papiers, est-ce ses professeurs, ses copains et ses copines qui sont les premiers concernés ou une responsable de l’Institut du Monde Arabe qui se veut « porte-parole des indigènes » ?
Bien entendu aussi, à moins d’être une secte, on ne peut faire de la politique sans prendre en compte les revendications, les débats et l’état d’esprit des « premiers concernés ». Si on veut s’implanter dans une boîte, il faut être à l’écoute des travailleuses et des travailleurs. S’il est question d’y lancer une grève, il faut prendre en compte l’état d’esprit des travailleurs. Bien sûr aussi, si on y intervient comme militant extérieur, il est hors de question de voter pour ou contre la grève. Par contre, rien ne doit interdire de donner des conseils ou de dire ce que l’on pense. L’auto-organisation des travailleurs, la construction, par les ouvriers, de structures de contre-pouvoir à la dictature patronale, l’apprentissage de la démocratie ouvrière dans les luttes en vue du pouvoir ouvrier de demain, signifie aussi la solidarité, le partage d’expériences, etc. et donc la possibilité de critiquer certains aspects d’une grève ou d’un mouvement de lutte.
Tout le discours qui tend à reprendre, de façon a-critique, la position de tel ou tel représentant autoproclamé des « premiers concernés », annule finalement toute possibilité de réflexion politique. Au bout de cette logique, il n’y a plus d’universalisme, tant en ce qui concerne les droits humains qu’en ce qui concerne la lutte des classes. C’est d’ailleurs clairement ce qui ressort de bien des textes du PIR. Proclamer comme le dit le PIR que le marxisme est une invention occidentale est à la fois vrai et absurde. Vrai et absurde parce que, tout comme la domestication des plantes implique la sédentarisation des êtres humains, le marxisme, en tant que théorie scientifique de l’émancipation du prolétariat, nécessite l’existence du prolétariat. Le mode de production capitaliste, et donc le prolétariat, s’étant d’abord instauré en Europe Occidentale, il ne pouvait qu’y naître. La généralisation du mode de production capitaliste et le développement exponentiel du prolétariat aux quatre coins de la planète, n’ont à aucun moment infirmé, mais confirmé la validité du marxisme. Des usines ultra-modernes d’Allemagne, du Japon ou des Etats-Unis aux mines d’Afrique du Sud, en passant par les ateliers textiles du Bangladesh ou du Cambodge, il n’y a pas un endroit sur cette planète qui ne voit se dérouler la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie. Absurde enfin, parce que si les théories socialistes dont le marxisme sont nées avec l’exploitation capitaliste, la révolte contre l’oppression, elle, date des premières sociétés de classe. Des grèves lors de la construction des pyramides à la révolte de Spartacus, en passant par la guerre des paysans, l’aspiration à une société libérée de l’oppression est une aspiration millénaire et universelle.
Face au racisme, le PIR mais aussi d’autres groupes communautaristes voire racialistes (dont certains comme le Mouvement des Damnés de l’Impérialisme ou la LDJ sont ouvertement passés à l’extrême-droite) se lancent dans une répugnante hiérarchisation des racismes et des atrocités. Or, non seulement le racisme est un poison pour toute la société, mais toute attaque raciste contre une communauté donnée doit être vue comme une menace et un avertissement pour les autres minorités.
Dès lors qu’au nom du nationalisme on commence à trier les « vrais nationaux » des « étrangers », nul ne sait jusqu’où ira cette logique mortifère. Ainsi, le Ku Klux Klan, constitué d’abord pour assurer la suprématie blanche contre les Noirs, s’en est aussi pris, dans les années 1930, aux Juifs et aux catholiques. Parmi les victimes de la barbarie raciste du IIIème Reich, il y avait les Juifs, les Rroms et Sintis mais aussi les Slaves. Victimes de l’antisémitisme aussi les femmes déportées à Ravensbrück parce que « leurs amants avaient des cheveux trop noirs » ou victimes du racisme les handicapés allemands gazés. Aujourd’hui, lorsque des néo-nazis s’attaquent à une synagogue, chaque Arabe devrait sentir qu’il est visé, de même que lorsque des Identitaires vomissent leur haine des Arabes, c’est aussi chaque Juif, chaque Rrom, chaque Noir qui est menacé. C’est à juste titre que Frantz Fanon écrivait « C’est mon professeur de philosophie, d’origine antillaise, qui me le rappelait un jour : « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Et je pensais qu’il avait raison universellement, entendant par là que j’étais responsable, dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère. Depuis lors, j’ai compris qu’il voulait tout simplement dire : un antisémite est forcément négrophobe. » Et cette citation pourrait être modifiée en changeant « Juif » et « Noir » par « Arabe », « Rrom », « Arménien », ou toute autres victimes de racisme et en serait tout aussi juste. Que des débats traversent l’extrême-droite française actuelle pour savoir si, comme Soral, il convient de s’allier avec des islamistes contre les Juifs ou comme Les Identitaires, il faut chercher à s’unir à la LDJ contre les Arabes, ne change rien ; il ne s’agit pour eux que de questions tactiques, leurs objectifs fondamentaux restent les mêmes, celui d’une France « racialement pure », d’où seraient exclus tous ceux qui ne sont pas des « vrais nationaux », qu’il s’agisse des Arabes, des Noirs, des Juifs, des Rroms, etc.
Lors d’une lutte contre les licenciements, il serait suicidaire pour des ouvriers de tenter de convaincre que les licenciements dans leur usine serait pire que ceux dans telle autre, ou de revendiquer par exemple la fermeture de PSA Mulhouse pour sauver l’usine PSA Aulnay. Au contraire, il s’agit à chaque fois de montrer qu’il s’agit d’une lutte de toute la classe ouvrière, qu’ouvriers de PSA, de Goodyear, d’ArcelorMittal et d’ailleurs ont un combat commun à mener. Il en est exactement de même face au racisme.
Le STRASS va encore plus loin. Si ce « syndicat » dénonce dans ses bons jours la traite des êtres humains et la prostitution forcée, c’est pour juste après affirmer qu’il faut également défendre la liberté de se prostituer. Admettons qu’il existe une infime minorité de personnes qui se prostitue sans être forcée par un proxénète, la misère ou l’accoutumance à une drogue, notons que même chez les gauchistes pro-Stras bien peu proposerait la prostitution comme avenir professionnel à leurs filles ou même simplement comme job d’été, quant bien ils proclameraient que « la prostitution est un travail comme un autre ». Affirmer que parce qu’une infime minorité revendique un « statut de travailleuse du sexe », il faudrait les suivre, tient d’une logique libérale et non socialiste. Bien des chômeurs sont près à bosser pour moins que le SMIC et certains d’ailleurs le font : faut-il alors réclamer l’abolition des grilles salariales conventionnelles, du SMIC ou de la durée hebdomadaire du temps de travail ? Lorsqu’une grève est décidée avec piquets et blocage des entrées, faut-il laisser entrer les non-grévistes au nom de la « liberté individuelle » ? Faut-il généraliser le travail du dimanche au nom de quelques employées, soigneusement triées sur le volet par le patronat, qui revendiquent cette « liberté » devant les caméras ?
Pour mettre les choses au clair, l’abolition de la prostitution n’a jamais signifié la répression contre les prostituées. Le Nid, une des principales organisations abolitionnistes, a aussi été une des premières à dénoncer la loi Sarkozy sur le racolage passif. De la même façon, si la répression contre ceux qui font la manche ou qui fouillent dans les poubelles est une ignominie, notre idéal n’est certainement pas une société où l’on serait « libre » de mendier ou de faire les poubelles, mais bien d’une société où personne ne serait contraint, par la misère, à mendier ou à se nourrir dans les poubelles ! De même, nous voulons une société où personne ne soit contraint à se prostituer et sommes donc abolitionnistes. Banaliser, au nom de la « liberté individuelle » d’une infime minorité, la prostitution comme le fait le STRASS, c’est banaliser une forme particulière de violences contre les femmes et c’est justifier la marchandisation du corps humains, plus exactement la marchandisation de celui des femmes pauvres. Comme bien des organisations petites-bourgeoises qui veulent les avantages du libre marché mais sans les inconvénients, le STRASS est peut-être sincère lorsqu’il revendique la « libre prostitution sans proxénétisme ». Mais comment imaginer que les lois de l’économie capitaliste pourraient ne pas s’appliquer à un secteur particulier, surtout un secteur aussi lucratif que « l’industrie du sexe » ? Si la prostitution est un travail comme un autre, alors le proxénète est un patron comme un autre, à la différence que, même dans les pays où la législation la plus libérale est appliquée concernant la prostitution, rares sont les femmes qui « choisissent » ce « métier ». Aux Pays-Bas, en Belgique ou en Allemagne, la libéralisation de la prostitution n’a pas abolit la traite des êtres humains, bien au contraire.
Les positions du PIR ou du STRASS inspirées du post-modernisme dépassent largement ces deux groupes et on retrouve trop souvent à l’extrême-gauche des positions similaires qui au nom de « la parole des premiers concernés » ou « la liberté individuelle d’une infime minorité » en finissent par justifier les pires oppressions.
– On trouvait déjà certains aspects de cette politique dans le tiers-mondisme ou la gauche anti-impérialiste selon laquelle il ne faudrait, au nom du « soutien aux peuples opprimés » ne critiquer ni le FLN vietnamien, ni le Hamas ou le Hezbollah.
– Porte-parole autoproclamé des « indigènes », le PIR va jusqu’à affirmer que la lutte contre l’homophobie ne concerne pas les habitants des quartiers populaires ou s’oppose, dans une logique typiquement racialiste, aux couples mixtes.
– Nous devons combattre ces influences réactionnaires au sein de l’extrême-gauche et affirmer au contraire, non seulement notre internationalisme, mais aussi notre universalisme. Nous sommes des êtres humains et par ce simple fait « rien de ce qui est humain ne nous est étranger ».
Je suis heureuse de voir que toutes les discussions qui sont systématiques censurées sous les articles féministes peuvent avoir lieu sous les articles antiracistes.
Et je suis heureuse de voir que des gens sont capables de repousser les pièges identitaires lorsqu’ils sont appliqués au concept de race.
J’aimerai que la même critique puisse être appliquée au « genre », et sans que les femmes qui tiennent leur limite soient traitées de tous les noms.
« Donc selon toi, on ne devrait pas parler des States, de la Palestine, du Chili, de Hong kong, … parcequ’on est en France et pas ailleurs… »
Rien à voir. L’article parle de la situation en France. S’il parlait de la situation aux States j’irais pas écrire qu’au Chili la situation est différente. C’est pas le sujet. Le sujet c’est le racisme en France. Et venir opposer le racisme au Maghreb, ce qui est une tactique classique de l’extrême droite, c’est juste direque le probléme en France n’existe pas ou est moins grave car au Maghreb il serait pire. Ou au Chili ou à petaouchnok. Si le racisme au Maghreb t’interesse publie un article dessus et on en parle. viens pas troller un article sur le racisme en France.
Nous ressortir des vieux trucs d’avant la modé prudence pour ressasser les mêmes haines contre les racisées et celleux qui les défendent est une de leurs tactiques habituelles :
https://nantes.indymedia.org/articles/35832
Et en rajouter une couche :
https://nantes.indymedia.org/articles/50840
La réponse est toujours la même :
Nous ressortir des vieux trucs d’avant la modé prudence pour ressasser les mêmes haines contre les racisées et celleux qui les défendent est une de leurs tactiques habituelles :
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https://nantes.indymedia.org/articles/50840
La réponse est toujours la même :
Pourquoi les « anti-racialisateurs » (et aussi celleux qui les soutiennent) font partie du problème… et non de la solution
par une personne blanche
« Depuis plus d’un an une campagne politique acharnée et réactionnaire est menée par les « anti-racialisateurs ». Diffusion de textes, brochures, émission de radio, collage, perturbations.
Ielles ont la prétention (et le culot) de se présenter en fins connaisseurs des mouvements politiques qui luttent contre le racisme et comme si ces questions politiques leurs tenaient vraiment à cœur.
S’autoproclamant comme les vrais révolutionnaires et les vrais anti-racistes, ielles sont parties en croisade pour défendre la pureté de l’idée révolutionnaire contre l’ « idéologie racialiste » (qu’ielles ont inventé de toute pièce), qui serait en train de s’infiltrer dans « les organisations et milieux politiques qui vont de l’extrême gauche jusqu’aux libertaires ».
Cette prétendue « idéologie » n’apporterait que du confusionnisme et serait le symptôme de la perte de perspectives révolutionnaires. Elle ferait infiltrer dans ces milieux des idées racistes (camouflées en progressistes), à travers l’utilisation de mots et catégories qui viennent du pouvoir (« race ») ou de leurs dérivés (comme « racisé-e », etc), et qu’on devrait donc rejeter en bloc si on est des vrais.
Ielles essaient de nous faire croire que toutes les personnes qui utilisent ces mots sont pareilles et défendent le même discours. Elles sont toutes racistes. Des ennemies à combattre et à éliminer des milieux qui se veulent révolutionnaires.
Mais tout n’est pas perdu, vu qu’ielles sont arrivées pour sauver et pour défendre ces milieux !
Alors vite, il faut faire comprendre à tout le monde qu’à cet endroit-là se situerait le point de rupture, autour duquel il y a urgence à se positionner, pour se donner la possibilité de rouvrir des vraies perspectives révolutionnaires.
Sans blague ?! Merci de nous protéger de ce grand danger, tout en essayant de nous apprendre la vie et la révolution. Bien essayé, mais raté. » ……
https://nantes.indymedia.org/articles/36245
> Modération
Comment Publié: le vendredi 25 novembre 2016 à 22:50 par modo
Article validé et commentaires cachés à priori pour éviter le trollage. Des commentaires (et donc leurs réponses) ont été cachés également pour le motif suivant :
Les articles qui accusent de « racialistes » les personnes qui s’organisent en non-mixité/construisent collectivement des luttes autour de l’analyse de la société hiérarchisée en terme de race n’ont rien à faire sur indymedia nantes. Le site permet la publication d’articles venant de personnes et de groupes qui choisissent la non-mixité comme moyen d’auto-organisation, et c’est certainement pas aux personnes non concernées de venir publier des articles pour dire a quel point c’est contre-révolutionnaire. Une identité de lutte n’a rien a voir avec un mouvement identitaire.
Pour rappel le racialisme c’est un mouvement scientifique du 19ème et qui a créé des catégories sociales, raciales, de genre… et qui justifiait les systèmes d’oppression, la colonisation, l’exploitation de races, de classes, des femmes,… On notera aussi que ces racialistes – en plus de n »être que des blancs –, disposaient de canaux de communications larges et de positions de pouvoir comme par exemple être au gouvernement, dans les médias et facs réputées etc.
Peut être aussi faudrait se calmer sur le PIR et Bouteldja et arrêter de tout ramener a elleux. Tou-te-s les militant-e-s antiracistes ne sont pas forcément affilié-e-s au PIR.
Enfin bref, vu le contexte raciste actuel, c’est pas très étonnant que ce genre de position ressortent, sauf qu’indymedia ne sera pas utilisé pour être le relais de ce type de discours.
https://nantes.indymedia.org/articles/50840
La race ça t’agace ?
Pour rappel, le 28 octobre 2016 à Mille Bâbords, un groupe de personnes racisées s’est organisé pour empêcher une « discussion » animée par des auto-dénommés « anti-racialisateurs » (cf leurs textes) autour de ce qu’ils appellent les dangers du « racialisme ».
C’est le paroxysme d’un conflit qui dure depuis deux ans et qui s’est traduit notamment par des départs des collectifs de Mille Bâbords et de Mars Info à Marseille, mais aussi du Rémouleur à Paris.
Nous ne souhaitons pas nous adresser aux « anti-racialisateurs ». Nous nous adressons plutôt ici à toutes les personnes qui ont participé à la diffusion de leurs idées, et à celles qui n’ont pas été choquées par leurs publications sur des sites d’info et d’organisation politique. Nous ne pouvons que constater que ces personnes sont à notre connaissance toutes blanches et que cela n’est pas anodin, même si, bien sûr, loin de nous l’idée de déduire leur position de leur couleur de peau.
L’arrogance avec laquelle la « polémique » a été écrite, dite, publiée est impressionnante : sans prendre le temps de se taire, d’essayer de comprendre, d’écouter ce que les personnes concernées ont à dire de l’oppression qu’elles vivent.
Il nous semblait nécessaire, en tant que blanches, féministes et dans une perspective révolutionnaire, de nous désolidariser de ce milieu politique qui n’a pas su intégrer dans ses luttes les analyses post-coloniales (et parfois aussi féministes). D’expliquer, une fois de plus, que ces « anti-racialisateurs » et ceux qui diffusent leurs idées ne peuvent pas être nos camarades.
Le contenu de ce texte est sans prétention, il redit de manière succincte des choses beaucoup mieux développées par des personnes directement concernées par le racisme et qui ont passé beaucoup plus de temps à analyser
cette domination, à lutter contre.
https://iaata.info/La-race-ca-t-agace-2136.html
Où est-il écrit, dans le texte, que le sujet est: le racisme EN FRANCE?
Ce texte donneur de leçons est effectivement ahurissant. À tel point que je me demande encore si c’est pas une blague de mauvais goût de quelqu’un pour se foutre de la gueule des tenants des politiques de l’identité. On tombe de plus en bas je trouve…
J’ai donc pas tellement envie de participer au « débat » sur ce texte, mais comme je vois qu’il y a du monde ici, je me dis que peut-être certain.e.s auront envie de lire d’autres réflexions sur ces mêmes thématiques.
Par exemple sur la page « antiracisme » d’Infokiosques y a quelques très bons textes:
https://infokiosques.net/antiracisme
– « Je sais bien mais quand même » ou les avatars de la notion « race », par Colette Guillaumin
https://infokiosques.net/spip.php?article1449
– « L’universel lave-t-il plus blanc ? » : « Race », racisme et système de privilèges, par Horia Kebabza
https://infokiosques.net/spip.php?article1165
– Ce qui se passe quand les Blanc·he·s changent, par bell hooks
https://infokiosques.net/spip.php?article1727
– Bouteldja, ses « sœurs » et nous, par Mélusine
https://infokiosques.net/spip.php?article1356
– Le dilemme de Cologne. Quel espace politique pour les femmes racisées ?, par Mélusine
https://infokiosques.net/spip.php?article1612
– Nécrologie des politiques de l’Identité, par Flower Bomb
https://adnihilo.noblogs.org/post/2020/07/22/necrologie-des-politiques-de-lidentite/
Dans TOUS ces textes (à part celui de Colette Guillaumin, qui ne parle pas d’un point de vue racisé), on peut lire que les auteur.e.s, donc directement concerné.e.s, n’attendent aucune condescendance, aucune soumission, aucune allégeance, de la part des « non-concerné.e.s ». Histoire de remettre dos à dos les « antiracialistes » et les « identitaristes », qui nous font tou.te.s chier mais qui prennent trop de place avec leurs discours simplistes et hautains.
« Où est-il écrit, dans le texte, que le sujet est: le racisme EN FRANCE? »
Parce que le texte s’adresse à nous (vous) sur un site français et en français sans faire référence à une situation dans un pays spécifique. Donc il s’adresse à des lecteurs vivant en France. Mais tu sais trés bien ce que tu fais. C’est la tactique classique de l’extrême droite. Va plutôt publier dans le courier des lecteurs du Figaro
De l’urgence d’en finir avec « le racisme anti-blanc »
Parler de « racisme anti-blanc » c’est confondre ce qui relève des émotions, de la colère et ce qui a trait aux discriminations. En d’autres termes, c’est confondre les relations interpersonnelles et les rapports sociaux [1]. Ainsi, si Fatima, Mohammed, ou Fatou traitent Marie et Louis de « sales français » (relation interpersonnelle), le désagrément certain que constitue l’insulte sera mis sur le même plan que le fait que Fatima, Mohammed et Fatou risquent de voir leur CV refoulés en raison de leur couleur de peau, celle-ci signifiant une origine « autre », qu’elle soit réelle ou supposée (rapport social).
Par ailleurs, on pourrait réfléchir au fait qu’être anti français, c’est être anti blanc, aux yeux de ceux qui s’émeuvent des ravages dudit « racisme anti-blanc ». C’est bien la preuve que le cœur du problème est la division raciale qui sous-tend la définition de l’être français ; division incarnée par la séparation entre les français « de Souche » et les « issus de » ; division parfois reprise par les « issus de » contre les « de Souche », ce qui justifierait l’usage de la notion de « racisme anti-blanc ».
Or dans ce contexte, il ne peut y avoir de commune mesure entre les positions de ceux qui discriminés, peuvent insulter par rage, et ceux qui se retrouvent privilégiés par un rapport social. Considérer le racisme anti blanc c’est tenir pour équivalent des barrières sociales concrètes telles que des discriminations à l’embauche ou au logement, et des insultes qui peuvent toucher des personnes, sans être le reflet de pratiques structurelles concrètes. En effet voit-on son CV refusé en France parce qu’on est blanc ?
L’évocation d’un « racisme anti-blanc » rappelle l’urgence qu’il y a à redéfinir le racisme selon les enjeux contemporains, et une fois le racisme redéfini de manière pertinente et l’utilité du concept établie, il convient de démontrer en quoi le « racisme anti-blanc » ne tient pas.
Mais avant cela, il faut préciser que le terme « non blanc » qui sera employé tout au long du texte est problématique de par son aspect binaire en divisant l’humanité en blancs et non blancs , de par sa capacité à faire croire que tous les vécus de non blancs se confondent, au sens où arabes, noirs, indiens, asiatiques auraient les mêmes histoires indépendamment des origines, et peut-être surtout, de par sa nomination par le négatif, par opposition au terme « personnes de couleur » qui désigne les non blancs de manière positive, c’est à dire en ne les nommant pas par rapport à ce qu’ils ne sont pas, mais à ce qu’ils seraient.
Toutefois, parler de non blancs reste utile dans la mesure où il s’agit de parler des discriminations à l’encontre des personnes qui, peu importe leurs origines réelles ou supposées, ne passent pas pour blanches dans la société, et ont donc un vécu particulier – vécu modulé bien sûr par d’autres variables comme la classe sociale, l’âge, le lieu de vie, ou le sexe. De plus, l’expression « personne de couleur » est très négativement connotée en langue française, alors qu’elle est par exemple revendiquée par des non blancs en Allemagne, où des associations de « People of color » ont vu le jour [2]. Par ailleurs, l’expression « racisme anti-blanc », comme face à face de l’expression « racisme » qui suppose d’emblée le racisme envers les non blancs, tend à montrer la prégnance de cette conception binaire en blancs et non blancs, même s’il s’agira dans ce texte de s’en saisir pour en déconstruire les effets. […]
https://lmsi.net/De-l-urgence-d-en-finir-avec-le-racisme-anti-blanc
Sauf que dans les ressources citées à la fin du text il y en a un certain nombre from the States et que même certaines sont directement en anglais.
Tactique de l’extrême droite: J’ai tout simplement été témoin d’un certain racisme (notamment anti-noir), cautionné par les mao-libertaires, de la part de leurs camarades qui sont issus d’un pays « non impérialiste » et tout un tas de témoignages là dessus.
Si tu veux plus de détails…
Pourquoi les « anti-racialisateurs » (et aussi celleux qui les soutiennent) font partie du problème… et non de la solution
https://iaata.info/Pourquoi-les-anti-racialisateurs-et-aussi-celleux-qui-les-soutiennent-font-1688.html
Depuis plus d’un an une campagne politique acharnée et réactionnaire est menée par les « anti-racialisateurs ». Diffusion de textes, brochures, émission de radio, collage, perturbations.
Ielles ont la prétention (et le culot) de se présenter en fins connaisseurs des mouvements politiques qui luttent contre le racisme et comme si ces questions politiques leurs tenaient vraiment à cœur.
S’autoproclamant comme les vrais révolutionnaires et les vrais anti-racistes, ielles sont parties en croisade pour défendre la pureté de l’idée révolutionnaire contre l’ « idéologie racialiste » (qu’ielles ont inventé de toute pièce), qui serait en train de s’infiltrer dans « les organisations et milieux politiques qui vont de l’extrême gauche jusqu’aux libertaires ».
Cette prétendue « idéologie » n’apporterait que du confusionnisme et serait le symptôme de la perte de perspectives révolutionnaires. Elle ferait infiltrer dans ces milieux des idées racistes (camouflées en progressistes), à travers l’utilisation de mots et catégories qui viennent du pouvoir (« race ») ou de leurs dérivés (comme « racisé-e », etc), et qu’on devrait donc rejeter en bloc si on est des vrais.
Ielles essaient de nous faire croire que toutes les personnes qui utilisent ces mots sont pareilles et défendent le même discours. Elles sont toutes racistes. Des ennemies à combattre et à éliminer des milieux qui se veulent révolutionnaires.
Mais tout n’est pas perdu, vu qu’ielles sont arrivées pour sauver et pour défendre ces milieux !
Alors vite, il faut faire comprendre à tout le monde qu’à cet endroit-là se situerait le point de rupture, autour duquel il y a urgence à se positionner, pour se donner la possibilité de rouvrir des vraies perspectives révolutionnaires.
Sans blague ?! Merci de nous protéger de ce grand danger, tout en essayant de nous apprendre la vie et la révolution. Bien essayé, mais raté.
https://nantes.indymedia.org/articles/36245
> Modération
Comment Publié: le vendredi 25 novembre 2016 à 22:50 par modo
Article validé et commentaires cachés à priori pour éviter le trollage. Des commentaires (et donc leurs réponses) ont été cachés également pour le motif suivant :
Les articles qui accusent de « racialistes » les personnes qui s’organisent en non-mixité/construisent collectivement des luttes autour de l’analyse de la société hiérarchisée en terme de race n’ont rien à faire sur indymedia nantes. Le site permet la publication d’articles venant de personnes et de groupes qui choisissent la non-mixité comme moyen d’auto-organisation, et c’est certainement pas aux personnes non concernées de venir publier des articles pour dire a quel point c’est contre-révolutionnaire. Une identité de lutte n’a rien a voir avec un mouvement identitaire.
Pour rappel le racialisme c’est un mouvement scientifique du 19ème et qui a créé des catégories sociales, raciales, de genre… et qui justifiait les systèmes d’oppression, la colonisation, l’exploitation de races, de classes, des femmes,… On notera aussi que ces racialistes – en plus de n »être que des blancs –, disposaient de canaux de communications larges et de positions de pouvoir comme par exemple être au gouvernement, dans les médias et facs réputées etc.
Peut être aussi faudrait se calmer sur le PIR et Bouteldja et arrêter de tout ramener a elleux. Tou-te-s les militant-e-s antiracistes ne sont pas forcément affilié-e-s au PIR.
Enfin bref, vu le contexte raciste actuel, c’est pas très étonnant que ce genre de position ressortent, sauf qu’indymedia ne sera pas utilisé pour être le relais de ce type de discours.
Ce texte est issu du blog lechodessorcieres.net et écrit par wu zetian une afro descendante. Il retrace les mécanismes subtils et moins subtils du racisme ordinaire, de la surdifficulté d’en parler aux blancHEs et des mécanismes systématiques qu’ yel mettent en place pour s’en défendre.
[ Edit : Je n’ai pas besoin que l’on m’explique l’esclavage, je suis afro-descendante, mes ancêtres étaient de esclaves et j’ai pris la peine de me renseigner sur le sujet parce que je me sens concernée.
Faire une digression sur le sujet en pointant que dans d’autres cultures, l’esclavage a existé sans même se décentrer de notre vision occidentale (oui il y a une différence entre prisonnier de guerre/ personne payant ses dettes / personne considérée comme un objet pouvant rapporter de l’argent, ce sont les 3 statuts globaux de l’esclavage et non l’esclavage n’est pas inhérent à l’humanité, il existait et existe des cultures où il n’y a pas d’esclavage), comme si ça allait effacer l’horreur de la traite négrière par des argumentations à base « c’est manichéen », c’est raciste, encore plus lorsque c’est en utilisant l’esclavagisme chez les arabes ou chez les juifs, c’est du notallwhite servi sur du racisme anti-arabe ou de l’antisémitisme. Ça n’efface rien du tout, et vous essayez juste de vous déculpabiliser. Je vous renvoie à l’article qui va être publié prochainement « pourquoi votre argument de l’esclavage irlandais est merdique », qui approfondira cette énième tentative immonde de minimiser la traite négrière.
Et pour mettre les choses au clair : la traite négrière n’était pas motivée par le racisme. Mais par l’appât du gain (ne pas payer des gens pour faire le sale boulot, quoi de plus rentable ?), c’est du capitalisme.
Tout-e personne faisant cette digression verra son commentaire supprimé. Ne nous faites pas perdre notre temps, et le votre par la même occasion. ]
(Dans cet article, je vais aborder des attitudes auquelles je suis confrontée continuellement. Ne vous en déplaise, oui ça parle de vous les blanc-hes. Les allié-es en carton, et seulement de ces personnes-là. TW : pouvant choquer l’ego fragile de blanc.
Avant toute chose, je mets une définition claire et nette de ce qu’est le racisme : le racisme est une oppression institutionnelle et systémique subie par les racisé-e-s. Elle est le résultat de l’esclavage et de la colonisation, d’une domination économique, culturelle et politique où les blancs sont privilégiés. (Les fervents défenseurs du racisme anti-blanc go cry away, où je me délecterai de vos larmes). Il n’y a pas de racisme individuel qui pourrait justifier le « racisme anti-blanc ».
La posture d’allié-e si décriée, est pourtant utile. Diffuser la parole des concerné-es est le plus long, le plus difficile et pourtant l’essentiel du travail. Oui, mais voilà : ça ne se résume pas qu’à ça. Et quand il s’agit d’être allié-e pour lutter contre le racisme… il y a du travail. Je vais donc, dans un premier temps, faire un rappel de ce qu’est le rôle de l’allié-e que j’illustrerai avec des exemples, vécus. Cet article sera publié en plusieurs parties. Voici la première.
Rappel : un-e allié-e est une personne non-concernée par une discrimination qui soutient les concerné-e-s dans leur lutte contre cette discrimination.
La question est donc comment être un-e bon-ne allié-e quand il s’agit de racisme ?
Accrochez-vous (ça ne va pas être agréable, beaucoup ont un ego fragile). Je vais donc lister ce qu’il ne faut SURTOUT pas faire et qui est pourtant le plus répandu.
Le « parler petit nègre »
(J’ai repris le terme utilisé par Frantz Fanon, faute de trouver mieux.)
Le « parler petit nègre » caractérise ces manières méprisantes, oppressives et condescendantes que vous avez lorsque vous vous adressez à nous. Les mécaniques oppressives citées après sont à y inclure. La psychophobie latente dont nous pouvons être accusé-es (« faire des fixettes », être « obsédé-e » par le racisme… c’est validiste.) quand nous parlons de racisme. Refuser de nous croire quand nous disons que telle personne est raciste. Comme si nous avions besoin de vos validations. Ne pas prendre en compte nos vécus sur ce sujet, pour couiner sur notre violence (Un mythe répandu colonialiste : « les indigènes, ces personnes sauvages et violentes ». C’est le même schéma.). C’est se plaindre de nos emportements, parce que « nous sommes déraisonnables » (implicitement « Aaaah ces racisé-e-s incapables de se contrôler », le bon vieux mythe du colon qui sait mieux que les esclaves ce qu’yels veulent elleux-mêmes, ça vous parle ? C’est la même manière de faire. Honte à vous.). […]
https://mars-infos.org/la-decence-cheres-blanches-2010
Indymedia Nantes est devenu un site de délation où n’importe quel psychopathe frustré peut se donner une impression de pouvoir en s’inventant une vie militante de justicier.
C’est à se demander s’il reste encore des modos au courant de leur propre charte :
«Les principes du médiaktiviste doivent être respectés (pas de sensationnalisme, pas de documents pouvant compromettre des personnes, respect du droit à ne pas être filméE ou photographiéE, pas de collaboration avec les autorités). Par conséquent le collectif s’autorise à supprimer les informations pouvant compromettre ou reconnaître une personne non publique et/ou sur sa demande.»
Mais peut-être que la charte a changé, dans ce cas il faudrait nous mettre au courant.
Je ne comprends pas de quoi tu parles. Le passage de la charte que tu sites vise à prévenir les attaques personnelles contre des individu.e.s
Il n’y a évidement pas de soucis à dénoncer des systèmes, des pratiques ou des classes dominantes (les patron.ne.s, les flics, les politicien.ne.s, les hommes, les blanc.he.s
il s’agissait bien d' »attaques personnelles [et délirantes] contre des individu.e.s », qui ont été enlevées par un-e modo
ça montre qu’il n’y a aucune coordination entre les modos
Venir par pitié ou par culpabilité en nous disant : « Je comprends ta colère mais… » Stop ! Vous ne pouvez pas comprendre ma colère parce que vous ne comprenez pas comment je vis le racisme, alors ne le dites pas. Le « mais » qui est là pour nous recadrer est oppressif. J’y reviendrai plus tard. C’est s’énerver bruyamment des actes racistes visibles (alors que vous n’êtes pas capables de faire votre introspection), en prenant donc encore la place, notre espace de parole sur ces sujets…etc.
« L’appropriation culturelle est un sujet passionnant… » je m’arrête là : Ce qui est un « sujet passionnant », on le vit. Au quotidien. Si c’est pour en discuter comme un scientifique tout-puissant qui se penche sur le sujet du racisme par curiosité malsaine et sans aucune empathie, ce n’est pas la peine, allez voir ailleurs.
Le whitesplaining
Whitesplaining : expliquer le racisme à une personne concernée.
Aaaah le whitesplaining. Le plus prévisible, ennuyeux et indécent des procédés. Quelques pistes pour éviter de faire du whitesplaining :
N’utilisez pas une divergence d’opinion dans un débat entre plusieurs personnes racisé.e.s pour appuyer vos arguments. C’est mesquin et fallacieux. Nous ne sommes pas un groupe avec un avis unanime. C’est nier nos identités, nos parcours, nos individualités. C’est oppressif donc raciste (le racisme n’a pas besoin d’être « conscient », et la plupart du temps ne l’est pas).
Exemple : « Xxxx, merci ! Enfin quelqu’un qui comprend la différence entre racisme institutionnel et racisme individuel »
Il n’y a pas de racisme individuel qui justifierait le mythe du « racisme anti-blanc ».
La « caution racisée » pour appuyer vos arguments, c’est raciste. Vous n’avez pas à utiliser l’avis d’un-e concerné-e à votre avantage. Jamais. C’est oppressif et fallacieux. C’est raciste. Je vais plus le développer.
La caution « antiraciste » :
On connaît tous les « je ne suis pas raciste, j’ai un ami arabe/noir » ou « mais Xxx qui est noir/arabe/asiatique, il ne dit pas ça. »
Utiliser la parole d’un-e concerné-e pour vous conforter dans vos opinions c’est oppressif. Si vous avez un minimum de considération, comprenez que nous ne sommes pas toujours d’accord entre nous, mais ça ne vous donne pas le droit de nous utiliser pour vous conforter dans votre place de privilégié-e. Cependant, cette technique peut être utilisée de manière plus vicieuse.
Exemple : Suite à une discussion sur le white-passing (personne racisée, probablement métisse qui a l’air physiquement d’un-e blan-che, lui conférant des privilèges. Cependant, yel n’échappe pas au racisme), une personne concernée explique que le rôle des personnes en white-passing est de relayer la parole des personnes racisées ne l’étant pas. Quelques jours plus tard, une raciste utilise cet “argument“ pour clôre une remarque juste à propos du terme « racisée ».
Pourquoi est-ce problématique ?
Mise en hiérarchie de qui est la mieux placée par une dominante. C’est oppressif. Ce n’est pas à vous, les blanc-hes, de départager les débats. Ce n’est pas à vous de distribuer les points et de décider qui est la mieux placée pour parler. Détourner une parole de son sens originel, c’est le mécanisme de la caution : diviser en profitant de notre diversité pour nous la reprocher. Dois-je préciser que ça pue ? Je préfère le dire, c’est à croire que beaucoup ne connaissent pas la décence. Le racisme nous aliène tou-te-s. Il arrive donc que des personnes concernées ne soient pas déconstruites et appuient des propos racistes. Il arrive aussi que des personnes ne puissent pas ou choisissent de ne pas se déconstruire, c’est leur choix. Mais si une autre concernée vous le reproche et que vous êtes appuyé par des personnes racisées ça ne signifie pas que vous êtes exempt de remise en question. La masse qui adhère à vos propos n’est pas un argument.
– Ne parlez pas à la place des concerné-e-s. Juste non.
Exemple : « xxxx, au vu de ce que tu as fait, yyy est mieux placé pour venir en parler »
– Mise en hiérarchie de qui est la mieux placé-e par un-e dominant-e. C’est oppressif et fallacieux. Et c’est une attitude de colon, ces personnes qui savent tout mieux que tout le monde.
– Vous n’avez pas à distribuer les points, ni à décider de qui est le mieux placé pour parler, pour s’énerver.
Les White tears
(Est-ce que quelqu’un voudrait penser aux blancs, s’il vous plaît ?)
Les white tears : monopoliser l’espace quand il s’agit d’aborder le racisme pour… pleurer sur sa condition de blanc. Un autre incontournable.
Exemple : Suite à plusieurs commentaires racistes : « Ça ne sert à rien, on a beau s’excuser, ça ne vous conviendra jamais ». Si on vous dit que ça ne convient pas, c’est que l’interlocuteur voit votre mauvaise foi. Ne nous prenez pas pour des idiot-e-s. Le racisme est un sujet important, ce n’est pas un sujet sur lequel vous avez le droit d’être léger, surtout pour s’excuser. Votre ego de blanc-he n’est pas le plus important, alors que nos ressentis face à vos propos racistes, vous n’en avez rien à faire. La réciprocité, voyez-vous.
Comment s’excuser ?
On présente ses excuses. Réellement. Et rapidement. Le faire de mauvaise grâce se verra. Et donc ne sera pas pris comme des excuses sincères.
On ne se dédouane pas derrière avec des justifications pour au final… ne pas s’excuser. -> À bannir « je m’excuse mais.. ».
On ne formule pas de manière à insinuer que c’est la faute de l’interlocuteur. Ce n’est pas s’excuser. -> À bannir « je m’excuse si… ».
On prend réellement en compte le ressenti de l’interlocuteur. Oui, c’est possible !
Autre exemple : Suite à une explication sur pourquoi le racisme anti-blanc n’existe pas, un long commentaire où une personne racisée détaille chaque acte discriminant qu’elle subit. La réponse de l’interlocutrice blanche ? « C’est raciste de parler de “babtou“ (qui désigne tout simplement les blancs), c’est faire le jeu du FN. » Une personne vient de vous décrire son quotidien, et celui-ci est difficile. Rangez votre égo, nous haïssons (et nous essayons de le changer) le système. Pas vous particulièrement, même s’il faut reconnaître la contribution individuelle de chacun dans celui-ci. De plus « c’est faire le jeu du FN », c’est du chantage. Big news : Ce n’est pas vous qui décider des modalités. Si « un allié » préfère se vexer à ce terme plutôt que de se remettre en question, on s’en passe allègrement.
Le chantage
Quelques exemples typiques pour mieux comprendre :
« Je suis cultivé-e, j’ai lu Frantz Fanon donc je comprends mais si vous refusez d’admettre avec d’autres que le racisme anti-blanc n’existe pas, yels iront voir le FN… »
(Soupir)
Chèr-es blanc-hes. Arrêtez de nous dire comment mener nos luttes. Nous ne sommes pas à votre service. Nous savons quoi faire, nous sommes grand-e-s. Vous est-il arrivé de penser que ce genre de remarque, on les a entendu, lu 100 00 000 fois ? Non ? Maintenant, vous le savez. Et vous arrêtez.
Phrase du troll typique :
« Je suis d’accord mais (pour dire en fait qu’yel n’est pas d’accord) ».
–> Si vous n’êtes pas d’accord dites-le directement. Nous n’avons pas de temps à perdre avec votre hypocrisie stylistique. Parce que ça ne tourne pas autour de vous, vous savez ?
Si ces personnes préfèrent aller voter FN que de se remettre en question ce n’est pas une grande perte, ce n’est que mon avis.
Edit : la petite touche de classisme “j’ai lu Fanon“ me fait doucement rire. Y’a pas que lui comme référence, le saviez-vous ? Les sœurs Nardal, qui ont créé l’intersectionnalité et ont participé au mouvement de la négritude, on les a oubliées, je me demande bien pourquoi…
« Soyez pédagogues ! Au lieu d’être agressives ! Vous verrez que plus de monde adhérera. »
La pédagogie, c’est quoi ? Une personne en position de domination par des connaissances théoriques qu’elle diffuse. Mais.. Nous ne sommes pas en position de domination. Il s’agit de nos vécus. Énorme différence. Prenez le temps d’écouter, ça peut être intéressant, la modestie, l’ouverture d’esprit et l’empathie.
Encore une fois : Vous n’avez pas à nous dire comment faire. Ça ne se fera pas à vos modalités. Puisque vous n’êtes pas concerné-es. C’est tout.
Puisqu’il s’agit de nos vécus, bien sûr que nous pouvons être sensibles. Nous avons autant le droit que vous d’être faillibles, d’être des êtres émotionnels. En disant ça vous nous niez ce droit, celui d’être humain. On est là pour changer les choses. Pas pour vous faire de la lèche. Le privilège de ne pas être atteint par cette discrimination, vous permet de rester calmes. Quand il s’agit de racisme, ce n’est pas notre cas. Nous avons chacun-e nos limites, nos caractères. Mais n’attendez pas de nous de tendre l’autre joue.
Nous ne sommes pas vos parents. Il y a pleins de ressources sur Internet grâce au travail de la part de concerné-es, recherche qui nous est essentielle et qui vous prémâche tout le boulot. Vous pouvez vous renseigner par vos propres moyens. Et en demandant correctement, pas quand on est énervé-e-s…
Nous ne sommes pas là « pour donner envie »…ce n’est pas du marketing, vous n’êtes pas en position de négocier, vous n’êtes pas touchés par le racisme.
« Vous restez en non-mixité ? Mais c’est communautariste ! Comment voulez-vous qu’on s’y intéresse ? »
Chèr-e-s blanch-e-s : les premiers communautaristes…c’est vous. Dans les médias français, combien de journalistes racisé-es par rapport au nombre total de journaliste ?
Combien de films avec des protagonistes racisé-e-s par rapport au nombre de protagonistes sur le nombre de films qui sortent tout court ?
Combien de mannequins racisé-e-s publiés par rapport au nombre de mannequins publié au total ? (et je peux continuer ainsi très longtemps)
Comment expliquer qu’étrangement plus la classe sociale est aisée, moins il y a de personnes racisé-e-s dans cette classe ?
Combien de fois le racisme est-il abordé comme thématique (toujours à notre désavantage, qui plus est) ?
Vous savez la réponse. Il y a une écrasante majorité de représentation pour les blancs. Les plus aisés sont les blancs, parce que privilégiés. (Je ne nie pas qu’on puisse être blanc et pauvre. Je précise qu’il y a plus de pauvres racisé-e-s que de pauvres blancs. Étrangement. Quelle coïncidence !)
Communautariste, dites-vous ? Je vous retourne le compliment.
Encore une fois : ne nous dites pas quoi faire.
« Dans chaque lutte, les allié-es sont nécessaires »
Ça peut-être un avantage, mais ce n’est pas nécessaire.
Ça induit une mécanique fallacieuse où l’on devrait accepter les plus médiocres, parce qu’yels sont “nécessaires“. Or, nous n’avons pas non plus envie de subir une énième fois des agressions dans un espace où yels s’estimaient relativement bien, parce que vous vous estimez essentiels alors que vous ne voulez pas vous remettre en question. On peut s’en passer aisément.
Le Tone Policing
« T’es agressive ! »
« Pourquoi être si violente, c’est dommage.. »
« J’aime beaucoup te suivre, mais tu es très dure dans ta façon de t’exprimer.. »
Un incontournable. Le plus courant même. J’explique : le tone policing (police du ton en français) c’est donc reprocher à quelqu’un sa manière de s’exprimer pour annuler tous les arguments qu’yel a expliqué avant, ou pire, expliquer quand et comment une personne concernée doit s’énerver au nom du « pacifisme », ou d’une espèce de chantage où l’interlocuteur de mauvaise foi, ne prend pas en compte les arguments d’une personne à cause de son ton.
Le problème ? C’est que le fond vaut au moins autant que la forme, pour un propos. Dénigrer le fond parce que la forme ne vous “convient“ pas, c’est un caprice. La non-violence c’est aussi ne pas provoquer les concernées (les personnes qui s’expriment maladroitement sont donc pas visées). Il y a plusieurs degrés de violence, notamment la violence insidieuse et la violence clairement posée. S’étonner de voir quelqu’un s’énerver alors que vous l’avez cherché…c’est se foutre du monde. Ne pas chercher la base du problème pour pleurer sur les conséquences, c’est facile, trop facile. Oui nous nous énervons, à des moments différents, pas de la même manière, certain-es ont plus de tact, d’autres non, et d’autres ont plus ou moins de patience, c’est comme ça. Nous n’avons pas à être “parfait-e-s“. Parce que nous sommes humaines (Oui c’est redondant, mais y’en a qui comprennent pas ça). C’est notre droit autant que le vôtre de s’énerver, d’en avoir marre, de ne pas vouloir expliquer… Respectez-le, vous qui êtes si prompts à nous le reprocher et à l’utiliser comme argument pour vous défendre ensuite (comment dit-on déjà ? l’hôpital qui se fout de la charité). À aucun moment vous n’êtes les mieux placés pour nous dire quand et comment s’énerver. Aucun. Se permettre ça, c’est oppressif. La remise en question n’a jamais signifié vous caresser dans le sens du poil.
NB : Arrêtez d’utiliser MLK pour l’opposer à Malcom X et nous silencier. Idem pour Césaire et Frantz Fanon. Pour votre culture personnelle je vous invite à lire « Why we can’t wait » de MLK. Les deux premiers cités ont été amis vous savez ? Les injonctions au pacifisme alors que les grands leaders du pacifisme ont tous été assassinés, autrement dit rattrapés par la violence, c’est une vaste blague. Le pacifisme ne fonctionne que si toutes les parties respectent cette manière de faire. Dans une société basée sur la violence, j’ai un énorme doute sur son efficacité. Et de toute façon, vous n’avez pas à nous dire comment mener nos luttes. Nous ne cherchons pas une validation de votre part.
pour illustrer, je conclus ce paragraphe avec une citation de Malcom X : « Je ne crois en aucune forme de non-violence. Je crois qu’il est possible d’être non-violent avec des personnes non-violentes. Mais lorsque vous avez affaire à des ennemi-e-s qui ne connaisse pas la non-violence, en ce qui me concerne, je pense que vous perdez votre temps «
Il ressort des commentaires qu’il y a des ressources différentes ou divergentes sur ces questions/approches/analyses/idéologies…
Donc il n’ y a pas un ou des consensus !
work in progress
Contribution antiraciste au mouvement social actuel du point de vue de blanc·hes.
Ce texte s’inscrit en soutien à la création du collectif Riposte Antiraciste Populaire et à la suite de leur texte « Du racisme dans le mouvement social et étudiant ».
Nous ne faisons que répéter ce que ces organisations antiracistes ont déjà dit, théorisé et expliqué longuement et depuis des années au sein des mouvements. Nous écrivons ce texte car nous voulons affirmer que, pour les blanc·he·s également, l’antiracisme doit être une des priorités de la lutte. Nous espérons que ce texte puisse être entendu, écouté et débattu au sein de toutes les organisations et milieux blancs.
Sur le racisme de la gauche institutionnelle :
La gauche française se caractérise par son absence de prise en compte de la question raciale [1]. Les exemples sont nombreux et depuis la lettre de démissionécrite par Aimé Césaire en 1957 dénonçant le « fraternalisme » du PCF, rien n’a changé. Au sein de la France Insoumise, par exemple, la majorité des député·es ne semblent pas voir les couleurs : quand François Ruffin l’enquêteur fait un hommage, lors de la Journée Internationale du Droit des Femmes, aux femmes membres du personnel d’entretien de l’Assemblée, il omet de dire que ces femmes ne sont pour la plupart pas blanches.
De même, quand Frédéric Lordon et François Ruffin lancent un appel à faire la « fête à Macron » le 5 mai sans même mentionner les luttes antiracistes, les luttes des exilé·es ou la loi Asile et Immigration actuellement portée par LREM et soutenue par le FN, à quoi jouent-ils ? Ont-ils peur du grand remplacement, eux aussi ? Ou font-ils preuve de paternalisme, s’imaginant que les exilé·es et les non-blanc·hes sont incapables de s’organiser politiquement ? Car l’argument de l’ignorance ne fonctionne plus : les organisations antiracistes n’ont jamais cessé de tenter d’éduquer les blanc·hes à l’antiracisme politique. La hiérarchisation des luttes opérée par Lordon et Ruffin n’est pas qu’un enjeu théorique : elle est aussi une question de qui est mis en lumière, et qui est mieux rétribué symboliquement dans sa lutte.
« Nous sommes de celles et ceux qui s’organisent », et pourtant :
Dans nos milieux militants, autonomes ou libertaires, nous sommes les premier·es à critiquer la centralité absolue de la lutte des classes affichée par les centrales syndicales ou les partis : pourtant, nous nous devons de faire notre autocritique face à un antiracisme qui n’est bien souvent que de façade. Lorsque les antiracistes parlent de race, nous répétons trop souvent qu’iels mettent de côté la lutte des classes : en réalité, l’antiracisme politique radical a toujours été acteur de la lutte des classes, et en est même l’un des protagonistes principaux, depuis les luttes de décolonisation jusqu’aux combats actuels de l’immigration et des quartiers populaires.
Face à la multiplication des luttes, nous devons tou·tes faire des choix et, même si personne ne peut être présent·e partout, nos choix reflètent au quotidien l’importance secondaire que nous accordons aux luttes antiracistes.
Le milieu autonome est marqué par une glorification de l’émeute et de la spontanéité, et le cortège de tête semble être une fin plutôt qu’un moyen pour beaucoup : dès lors, nos choix sont dictés par nos affects et par un égoïsme certain car nous favorisons toujours les luttes dans lesquelles nous pouvons avoir le beau rôle, être protagoniste, avoir et prendre la parole considérée comme légitime, obtenir notre dose d’adrénaline.
Or nous nous faisons les allié·es du racisme d’État et d’une hiérarchisation des luttes lorsque nous favorisons systématiquement les mobilisations blanches ou parisiano-centrées, quand nous préférons les manifs des cheminot·es ou les 11h Nation aux rendez-vous antiracistes. Le 13 avril, les militant·es et collectifs autonomes ont préféré appeler à la manifestation cheminote en désertant le rassemblement devant la préfecture de Bobigny qui devait permettre à 150 exilé·es de construire un rapport de force pour l’obtention de papiers, favorisant une fois de plus le grand frisson du cortège de tête au rôle de personnes solidaires de second plan.
Nous nous faisons les allié·es de l’exotisation des luttes antiracistes lorsque nous nous déplaçons en banlieue uniquement pour des mobilisations contre les violences policières : là encore, il s’agit de rassemblement dans lesquels nous attendons l’étincelle et l’émeute et fantasmons un sujet révolutionnaire qui serait le jeune racisé de banlieue. Nous exotisons les luttes antiracistes quand nous nous rendons aux manifestations pour Théo et pas à celle des exilé·es et des collectifs de sans papiers, car ce qui nous intéresse au final c’est le fantasme d’une haine partagée de la police, et que nous ne nous investissons pas dans la charge politique difficile et longue des luttes antiracistes autres.
Nous nous faisons les allié·es du racisme d’État quand nous parlons d’expulsion de la ZAD et des universités, et jamais des expulsions des exilé·es ; quand nous parlons des militant·es incarcéré·es, et pas des Centres de Rétention Administrative ou des milliers de personnes non-blanches de nationalité française qui représentent la majorité de la population carcérale ; quand nos tracts actuels parlent de convergence des luttes avec les cheminot·es ou les postier·es sans évoquer la lutte contre la loi Asile et Immigration. Quand quelqu’un s’exclame, à Tolbiac, que la mort d’Adama Traoré « n’est pas une question raciale mais une question sociale », il ne fait pas que révéler son ignorance de l’existence du racisme d’État : il étouffe (même inconsciemment) toute revendication antiraciste pour lui imposer son analyse de classe qu’il considère comme absolue.
L’invisibilisation des luttes antiracistes dans nos combats ne correspond pas à un manque de temps ou à un défaut d’organisation. Nous sommes capables de nous organiser collectivement : en à peine 48h, de toute la France, des renforts se sont organisés pour aller secourir la ZAD et la défendre. Nous sommes puissant·es et capables de créer des rapports de force qui entrainent des victoires. Le problème n’est donc effectivement pas un manque d’organisation.
Pourtant, combien des universités parisiennes ayant voté un communiqué de soutien à la ZAD ont voté un communiqué de soutien aux exilé·es de Paris 8 ? Combien d’universités en lutte se sont-elles organisées pour faire ne serait-ce qu’une seule récupération de nourriture, une seule caisse de solidarité, sans que ce soit des exilé·es de Paris 8 et des personnes solidaires qui soient venues intervenir en AG ? Combien de pages de collectifs ont publié un agenda des luttes reprenant la moindre petite manifestation syndicale sans relayer le rassemblement de Bobigny ou les deux dernières manifestations contre la loi Asile et Immigration ?
Il faut se rendre à l’évidence : la convergence des luttes est une convergence blanche, un concept vide de sens qui permet aux blanc·hes de demander aux racisé·es de réduire au silence leurs propres luttes et de les accuser de diviser le mouvement lorsqu’ils critiquent le racisme au sein de la gauche blanche.
La gauche blanche n’est même pas digne d’être une alliée, alors qu’on lui demande d’être une complice.
Sortir de la moralité, passer au politique :
« Assez de l’antiracisme folklorique et bon-enfant dans l’euphorie des jours de fête. »
11’30 contre les lois racistes, morceau collectif.
Le constat est fait : nous sommes absent·es des luttes antiracistes. Nous en revenons à l’éternelle question de la gauche : « que faire ? ».
Pierre Tevanian nous offre une solution pratique, qui « consiste à être autant que possible aux côtés des sans-papiers, des filles voilées exclues de l’école, des émeutiers emprisonnés, de tous ceux qui luttent contre l’impunité policière… – à être en somme partout où des non-blancs se réunissent pour détruire la domination blanche. (…) Elle consiste à être non pas un blanc honteux ou un blanc complexé, comme des adversaires m’accusent de l’être, mais un traître blanc. Il ne s’agit pas de détester sa couleur ou de détester les siens, mais de détester son privilège, et le système social qui le fonde. »
Nous ne devons pas considérer que si des groupes antiracistes se montent, que des collectifs en non-mixité racisée s’organisent, la lutte antiraciste doit être rayée de l’agenda politique blanc.
Il nous faut d’abord investir les luttes antiracistes et être présent·e à leurs appels à rassemblement, manifestation, mobilisation, à offrir notre soutien matériel et politique. Au sein de ces luttes, il nous faut accepter de nous voir renvoyer à notre statut de blanc·he, peiner à trouver notre place, se questionner sans cesse.
Il nous faut aussi et surtout rendre nos luttes réellement antiracistes : inviter systématiquement des collectifs antiracistes à nos conférences, se tenir à disposition pour effectuer le travail de pédagogie antiraciste souvent très coûteux pour les racisé·es, soutenir l’auto-organisation des racisé·es au sein de nos AG, collectifs ou associations, accepter et faire accepter que certaines décisions ne nous appartiennent pas. Il nous faut être le relais permanent de leur parole – sans nous approprier ces luttes et nous projeter au devant de la scène -. Il nous faut parler de Mai 67, qui en 3 jours de révoltes en Guadeloupe a vu plus de revolté·es noir·es tomber sous les balles de la police que mai et juin 68 n’ont vu d’étudiant·es blanc·hes tué·es.
Il nous faut faire un travail constant en interne, dans nos groupes affinitaires, orgas, communautés blanches : pousser la problématique antiraciste, lutter pour l’hégémonie culturelle. En bref : cesser de faire de l’antiracisme un débat pour en faire un préalable obligatoire de toutes nos luttes.
A la suite de la rencontre autour des problématiques racistes dans les mouvements sociaux organisée par Riposte Antiraciste Populaire le 23 avril, nous souhaitons que ce texte contribue à une réflexion collective au sein de la gauche blanche.
Cette discussion n’est pas une simple discussion : c’est une convocation pour les blanc.he.s qui se prétendent antiracistes.
Tâchons d’être acteur·trices de la destruction de la domination blanche.
Tâchons d’être des traitres·ses à notre race.
Signé : quelques blanc·hes.
Notes
[1] La « question raciale » n’est pas la question de la « race » au sens biologique. Il est entendu qu’il n’y a pas de races biologiques, la « race » est uniquement et purement une construction sociale, mais qui a des conséquences matérielles.
https://paris-luttes.info/a-nos-ami-e-s-blanc-hes-10048
La kyriarchie est un concept désignant les systèmes d’oppression combinés, l’idée que le capitalisme, le patriarcat, la suprématie blanche, l’hétéronormativité, la cisnormativité, la théocratie et d’autres systèmes auxquels nous n’avons pas forcément donné de noms, sont tous connectés, s’influençant et se soutenant réciproquement. Le mot « kyriarchie » est aussi un raccourci verbal pratique qui permet d’éviter d’avoir à lister tous les systèmes d’oppression chaque fois qu’on veut expliquer ce concept. Cela signifie que tous ceux qui luttent contre l’oppression, de quelque manière que ce soit, ont le même combat, et que nous luttons simplement sur une myriade de fronts différents.
L’intersectionnalité implique l’idée que nous sommes privilégiés par certains de ces systèmes, opprimés par d’autres et que, parce que ces systèmes s’influencent, nos privilèges et nos oppressions s’entrecroisent. Cela signifie que chacun d’entre nous a sa propre expérience de l’oppression en fonction de sa combinaison particulière de classe, de genre, de race, de sexualité, de handicap, d’âge etc. [6] [7].
L’analyse de lutte des classes a tendance à séparer le capitalisme des autres systèmes dans la kyriarchie. Comme nous l’avons déjà expliqué, le capitalisme agit différemment des autres systèmes d’oppression basés sur l’identité et la culture, mais il serait trop simpliste de renvoyer ces oppressions a des aspects principaux ou secondaires du capitalisme. Le patriarcat, en particulier, a existé bien avant le capitalisme industriel moderne et, il y a des preuves a cela, avant même l’invention de la monnaie [8], et il n’est pas difficile d’imaginer une société post-capitaliste au sein de laquelle les oppressions et rôles liés au genre soient toujours valables [9]. Les anarchistes étant opposés a tous les systèmes d’oppression, nous reconnaissons que ne combattre que le capitalisme n’est pas suffisant, et que les autres oppressions ne disparaîtront pas d’elles-même « après la révolution ». Si nous voulons une société post-révolutionnaire libérée de toutes les oppressions, il faut que tous les opprimés aient un rôle égal dans sa création, et cela signifie qu’il faut écouter les expériences d’oppression que nous ne partageons pas et essayer de comprendre comment chaque système opère : de manière isolée, en relation avec le capitalisme et d’autres systèmes d’oppression, et en tant que partie de la kyriarchie [10].
Nous avons pour habitude de parler du sexisme ou du racisme comme étant des instruments de division de la classe ouvrière. La kyriarchie nous permet de sortir de la primauté de classe tout en gardant cette analyse présente à chaque instant. Tout comme le sexisme et le racisme servent à diviser au sein de la lutte des classes, le capitalisme et le racisme divisent au sein des luttes de genre, et le sexisme et le capitalisme divisent les luttes antiracistes. Tous les systèmes d’oppression divisent les combats contre tous les autres systèmes avec lesquels ils s’entrecroisent. Ainsi nous expérimentons des contradictions personnelles dans la combinaison particulière de nos privilèges et de nos oppressions et nous privilégions les luttes qui nous semblent prioritaires au détriments des autres, ce qui nuit au final à la solidarité. C’est pourquoi le troisième article des “Buts et Principes” [11] de la FA (du Royaume-Uni) met en garde contre les alliances inter-classistes, mais nous devrions également interdire les campagnes qui avancent la cause d’un groupe opprimé contre les intérêts d’un autre, pas juste contre une classe. Cela ne signifie pas que chaque campagne doit mettre en avant la cause de chaque lutte de manière égale, mais que nous devons être conscients de la façon dont nos privilèges peuvent nous rendre aveugles à d’autres oppressions au sein de notre action. Nous devons considérer un ensemble beaucoup plus large que la lutte des classes quand il nous faut analyser si une campagne fait progresser ou régresser le mouvement anarchiste. Être capable d’analyser et de montrer la façon dont les systèmes d’oppression s’entrecroisent est vital, de même qu’être capables de les attaquer à leurs intersections afin d’unir les luttes est certainement la meilleure façon de construire la solidarités entre divers fronts idéologiques.
Quelques exemples :
Au début du XIXe siècle, il y a eu différentes grèves de travailleurs masculins dans le textile contre les femmes employées dans leurs usines parce que leurs salaires, moins élevés, tiraient celui des hommes vers le bas [12]. L’intersection du capitalisme et du patriarcat signifiait alors que les femmes étaient opprimées par les capitalistes en tant que travailleuses et en tant que femmes (elles étaient exploitées pour un salaire moins élevé que les hommes), et par les hommes en tant que femmes et travailleuses (maintenues dans la sphère domestique, effectuant un travail encore moins bien payé). Quand les conditions ont changées avec la mécanisation, il a été plus difficile de restreindre les femmes à une répartition des tâches traditionnelle, les syndicats ont finalement entendu la voix de la raison et ont lancé des campagnes aux intersections des systèmes, autorisant les femmes à rejoindre les syndicats et menant des luttes pour que leurs salaires soient revus à la hausse.
Des années 70 à aujourd’hui, certains courants du féminisme radical ont refusé d’accepter la légitimité des luttes trans*, refusant la présence de femmes transgenres dans les espaces féministes non-mixtes (voir les controverses à propos de Radfem 2012 et certain des ateliers à « Women Up North 2012 » à propos de leurs politiques de « femmes nées femmes »). Le résultat est tel que nous l’avons décrit : au final, les plus opprimés prennent des coups des deux côtés (ici du fait de la cisnormativité et du patriarcat) dans le cadre du féminisme, ce mouvement qui est censé être en première ligne de la lutte contre l’oppression qui affecte ces deux acteurs (le patriarcat), échouant à l’une de ses intersections les plus évidente. Ceci a aussi mené à la scission du mouvement féministe et à la stagnation de la réflexion suite à l’échec de la communication avec les activistes trans*, dont les priorités et les luttes recoupent presque parfaitement celles du féminisme. Un élément plus positif parmi ces exemples récents est l’alliance de groupes de militantes féministes et trans* pour contester la politique d’admission de Radfem 2012. Ceci favorisant la communication, une plus grande solidarité et la possibilité d’actions communes entre ces groupes.
Les exemples précédemment cités montrent que penser à nos privilèges et oppressions est essentiel pour s’organiser, pour reconnaître les points sur lesquels les autres luttes se connectent avec les nôtres et quel peut être notre rôle dans ces situations, où nos expériences vont être utiles et où elles vont être problématiques, où nous devons écouter avec attention et où nous pouvons apporter une contribution constructive. Reconnaître qu’un privilège existe signifie également admettre qu’il n’est pas seulement de la responsabilité du groupe opprimé de défier le système qui l’opprime, mais qu’il en est de la responsabilité de tous, parce que faire partie d’un groupe privilégié ne signifie pas être neutre mais bénéficier d’un avantage. Ce qui signifie que lorsque nous rejoignons une lutte contre nos propres privilèges nous devons avoir à l’esprit qu’il n’est pas question de devoir ou de culpabilité ni même d’altruisme, car toutes nos luttes sont connectées. Plus nous pouvons faire d’alliances en dépassant ces oppressions qui nous divisent, plus nous pouvons nous unir contre les forces qui nous exploitent. Aucun-e d’entre nous ne peut le faire seul-e.
La réaction de Trump qui se targue de restaurer “la loi et l’ordre” annonce une campagne de répression étatique contre-révolutionnaire aussi inouïe dans ses proportions que l’insurrection qui a embrasé les rues américaines. Malheureusement, les médias et les activistes sociaux-démocrates ont participé à cette campagne de désinformation ciblant les anarchistes et les antifascistes, en prétendant par exemple que la violence avait été le fait de provocateurs.rices blanc.hes. Parmi les choses les plus répugnantes qu’on a pu observer depuis l’apparition des groupes réformistes qui cherchent à s’accaparer la situation, on peut notamment citer les cas d’activistes dénonçant des émeutier.es présumé.es sur les réseaux sociaux ou allant même jusqu’à restreindre physiquement des “casseur.euses” pour les remettre à la police.
Plutôt que de voir de la solidarité dans les actes des anarchistes et des antifascistes qui participent de manière décentralisée aux émeutes, de nombreuses voix s’élèvent pour remettre en question la légitimité des affrontements avec la police en évoquant “l’opportunisme politique des agitateur.rices blanc.hes”. Parmi elles, on entend notamment les défenseur.euses privilégié.es du politiquement correct, ainsi que les “leaders” sociaux-démocrates afro-américain.e.s qui cherchent à s’attirer les faveurs de la majorité blanche. Non seulement ces accusations absurdes font écho à d’autres thèses complotistes émanant de ces groupes sociaux, mais de surcroît il est évident que les anarchistes et les antifascistes blanc.he.s ont joué un rôle considérable dans ce front de résistance violente par rapport à d’autres populations non-blanches et prolétaires politisées de manière plus informelle mais qui ne pouvaient plus composer avec la misère quotidienne qu’on trouve aux États-Unis.
En tant qu’anarchistes de toutes origines et anti-identitaires, nous rejetons en revanche tout discours nous accusant d’avoir tenté de faire de la “récupération” vis-à-vis des luttes strictement afro-américaines. Nous serons systématiquement les complices de toute insurrection visant à mettre à mal le suprématisme blanc, plutôt que des “allié.es” qui “font leur part” bien au chaud devant leurs écrans ou dans les isoloirs.
Les études critiques de la blanchité (les Whiteness Studies ou/et Critical Whiteness) se sont développées à partir des États-Unis d’Amérique dans le sillage des mouvements sociaux-démocrates et réformistes pour les droits civiques adossées à un système libéral (au sens de : parlementarisme fédérale libérale). Rien de révolutionnaire là dedans !
La blanchité, les premier·e·s concerné·e·s, comme le décolonialisme et l’indigénisme, le postcolonialisme sont devenues des référence importantes ou centrales pour nombres de militant·e·s et d’ universitaires racialistes. Ce petit groupe de personnes assez influent médiatiquement détournent, modifient, dénaturent et simplifient les concepts et recherches légitimes et scientifiquement fondées pour répondre à leur triste agenda politicien d’entrepreneu·se·r·s identitaires minables.
Nombre d’événements, d’ateliers et de séminaires organisés mettent en avant ces manières de penser. Pourtant, l’utilisation de ces théories sabote carrément les luttes antiracistes. Ces dernières années, le manque de clarté des politiques des identités, elles-mêmes imprégnées de racisme, prennent la forme, presque risible, d’un grand « concours des identités ».
Si vous avez commencé à vous intéresser aux différentes luttes de justice sociale (anti-racisme, féminisme, droits LGBT+…), vous avez peut-être déjà entendu le mantra qu’il faut « écouter les concerné·es », qu’il ne faut « pas parler à leur place », qu’iels sont « les mieux placé·es pour parler d’un sujet qui les touche ».
Le problème, c’est qu’on explique rarement pourquoi, et cela mène à quelques confusions, en plus de provoquer des réactions assez fortes de la part des non-concerné·es telles que : « « Mais c’est ridicule, c’est pas juste, pourquoi je pourrais pas donner mon avis sur le sujet ? » »
Est-ce qu’un·e personne concerné·e a toujours raison ?
Non. Les personnes concerné·es par une même oppression ont pour seul point commun d’être susceptibles de rencontrer les obstacles spécifiques de cette oppression. C’est tout. Les concerné·es ne forment pas un groupe monolithique. Avant d’être « des concerné·es », comme on dit dans certains milieux militants ou universitaires, ce sont des individu·es avec une histoire et des convictions propres.
Être concerné·e ne donne pas la science infuse : on n’est pas forcément politisé·e, on ne se rend pas forcément compte que ce que l’on vit n’est pas « normal » ou est spécifique à ce trait de notre identité. Et concerné·e ou pas, nous vivons tou·tes dans la même société, et on a tou·tes intégré les mêmes idéologies racistes, LGBTphobes et sexistes. Ce qui fait qu’en tant que concerné·e on peut avoir intégré notre oppression (c’est-à-dire qu’on peut la légitimer). Une femme peut tout à fait avoir des propos misogynes, par exemple.
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Être concerné·e ne donne pas la science infuse.
On ne voit pas subitement la lumière parce qu’on est concerné·e. Cela demande un certain accès à la connaissance pour remettre en perspective nos vécus, et tou·tes les concerné·es n’y ont pas forcément accès (car souvent ce savoir n’est pas produit par les institutions et le milieu académique, ou alors il n’est pas mis en avant, et surtout il faut savoir qu’il existe et où le chercher).
Quand on dit : « « Il faut laisser parler les concerné·es » », ça ne veut surtout pas dire que tou·tes les concerné·es diront forcément des choses pertinentes sur leurs oppressions. Dire ça, c’est tomber dans l’essentialisme (« « Tous les gens qui ont le trait A pensent forcément X ou sont forcément Z. » »). Or, l’essentialisation c’est justement ce que les concerné·es combattent dans les luttes de justice sociale !
Est-ce qu’un·e non-concerné·e a forcément tort ?
Non.
Un·e non-concerné·e peut tout à fait avoir un avis pertinent sur une oppression qu’iel ne vit pas.
Mais il faut se demander : comment a-t-iel formé son avis ? Pour cela, iel a dû forcément écouter ou lire les témoignages des concerné·es pour avoir un aperçu de leur vécu, et iel a sûrement lu des ouvrages qui théorisent et qui prouvent l’aspect systémique (c’est-à-dire ce qui caractérise l’oppression) des inégalités subies par les concerné·es. Ouvrages probablement écrits par des concerné·es, ou du moins fortement inspirés par les travaux de celleux-ci. À l’origine, ce savoir ne vient donc pas des non-concerné·es, puisqu’iels sont toujours obligé·es à un moment ou à un autre de s’en remettre à l’expérience des concerné·es. Si on ne vit pas quelque chose, et si les personnes qui le vivent n’en parlent pas, on ne risque pas de savoir que ce vécu existe et donc d’en parler !
Ensuite, il faut se rappeler que si en tant que non-concerné·e on peut avoir un avis pertinent, cela reste abstrait pour nous : on n’y est pas confronté·es, on n’a pas expérimenté dans notre chair ce que cela fait, on ne peut qu’imaginer ou sous-estimer la fréquence des micro-agressions, des obstacles liés à une condition qu’on ne vit pas. On reste en dehors ; et, non, ce n’est pas un gage d’objectivité qui rendrait notre avis encore plus pertinent, au contraire… Ça ne fait que rendre une partie du savoir inaccessible.
Faut-il d’abord laisser parler les concerné·es ?
Étant donné qu’on peut maîtriser le sujet indépendamment du fait qu’on soit concerné·e ou non, on pourrait se dire que l’identité des personnes qu’on laisse parler n’a pas d’importance. Penser que tant pis si la personne n’est pas concerné·e, si elle est pertinente, ça fait avancer le débat.
Sauf que ce n’est pas si simple. Outre le fait que les personnes non concerné·es puisent leur savoir des concerné·es et qu’iels n’ont pas l’expérience du terrain, il y a un problème supplémentaire. Quand il y a une oppression systémique, il y a forcément d’un côté les dominé·es (les concerné·es) et les dominant·es (les privilégié·es) de l’autre.
Ce rapport de force ne peut pas être ignoré car il a des conséquences sur la façon dont notre discours va être perçu. Les concerné·es qui s’expriment sur leur oppression sont rarement écouté·es, pris·es aux sérieux, invité·es sur des plateaux de télévision ou de radio, mais sont au contraire contraint·es au silence, moqué·es, et accusé·es d’affabulation. Bref, iels dérangent, on ne veut pas les croire, on ne leur accorde aucun crédit, et iels ne sont jamais légitimés en tant qu’expert·es aux yeux des dominant·es.
Au contraire, un·e non-concerné·e, même quand iel défend les concerné·es, bénéficie de son privilège : iel est vu comme plus objectife, plus compétent·e, iel est davantage pris·e au sérieux, invité·e sur les plateaux et considéré·e comme expert·e de la question (alors que, comme on l’a vu, entre une personne concernée et ellui, à connaissances égales, il manque toujours l’expérience du terrain !).
Quand un·e non-concerné·e s’exprime, iel confisque la parole d’un·e concerné·e tout·e aussi pertinent·e qu’ellui (car non, il n’y a pas de pénurie d’expert·es concerné·es, on ne se donne juste pas la peine de les chercher) et diminue par la même occasion leur temps de parole sur ce sujet.
Même quand un·e non-concerné·e veut bien faire, iel confisque la parole des concerné·es, se l’approprie (surtout quand iel « oublie » de citer ses sources) et en tire profit (gloire, respect, et même argent s’iel est maître·sse de conférences, auteurice, chercheureuse, etc.).
C’est particulièrement problématique puisqu’un·e non concerné·e ne réinventera jamais la roue, c’est donc profondément injuste qu’iel soit loué·e alors que, pour un même discours, les concerné·es prennent des risques (violence physique et sociale répressive, stigmatisation…).
Les luttes sociales sont aussi un vecteur d’émancipation pour les concerné·es. Reprendre la parole, maîtriser le discours, occuper l’espace, c’est aussi retrouver une certaine forme de pouvoir. Ne plus être un « objet » de discours, mais un « sujet ». C’est aux concerné·es de choisir les modalités de leur lutte, et c’est à elleux de donner le ton.
La question n’est donc pas d’avoir raison pour pouvoir parler quand on n’est pas concerné·e, mais d’apprendre à se taire pour laisser émerger les voix des concerné·es. Quand bien même on est;certain·e que notre avis de non-concerné·e est pertinent, est-ce vraiment le bon moment pour le partager ? Est-ce qu’on ne risque pas de faire taire un·e concerné·e ? Est-ce que ça n’a pas déjà été dit par un·e concerné·e ? Si oui, est-ce que c’est pas un peu malvenu d’écraser son discours avec le nôtre alors qu’on ne dit rien de nouveau ?
Est-ce qu’en toutes circonstances, seul·es les concerné·es doivent s’exprimer ?
Non. Si dans la majorité des cas, les non-concerné·es doivent apprendre à se taire et à écouter, il y a quelques cas où leur voix peut être utile s’iels respectent quelques conditions.
Parce qu’étonnamment (non), les non-concerné·es ont tendance à prêcher la bonne parole auprès des concerné·es en disant : « Oui, oui, je suis d’accord » (ou pire, en leur expliquant leur propre vie), ou en prenant la parole dans une discussion ouverte mixte (quand les concerné·es sont déjà venu·es sonner l’alerte), mais prennent rarement le risque de l’ouvrir là où il peut y avoir des répercussions sociales pour elleux (c’est-à-dire dans une assemblée exclusivement composée de non-concerné·es, entre ami·es ou au travail).
Le premier cas évident où l’on peut prendre la parole, c’est donc lors d’une discussion entre non-concerné·es. Exemple : si vous n’êtes qu’entre hommes et que des propos sexistes sont prononcés ou qu’une théorie fumeuse sur les féministes vient d’être énoncée, alors oui, là, parlez ! Vous n’accaparerez la parole de personne, et ça permet d’amener les voix des concerné·es à des endroits auxquels iels n’ont pas accès.
Le deuxième cas, un peu moins évident, c’est quand on jouit d’une certaine audience ou d’une certaine position (car on est youtubeureuse, blogueureuse, prof, etc.). Mais pas n’importe comment : c’est bien d’en parler, mais en prenant le soin de toujours citer les travaux des concerné·es et d’inviter son audience à aller se renseigner auprès d’elleux, et ne surtout pas en tirer profit personnellement. Le mieux restant évidemment de faire une interview des concerné·es. Bref, en amplifiant leur voix, en leur donnant accès à d’autres espaces, et non en les écrasant.
Le troisième cas, le plus dur à cerner, c’est pour éviter la surcharge de travail des concerné·es. La pédagogie, c’est éreintant. Les concerné·es font face aux mêmes intox et argumentations foireuses 450 fois par jour, et répètent encore et toujours les mêmes choses. Encore plus épuisant : la colère. À chaque affaire symptomatique d’une oppression, c’est encore et toujours les concerné·es qui sonnent l’alerte, publient des analyses de l’affaire dans des blogs ou des revues militantes parce que les médias mainstream n’en parlent pas, ou peu, ou mal (exemples courants. : les mouvements sociaux à Mayotte ou en Guyane, les affaires de violences policières). Ce sont encore et toujours elleux qui organisent des pétitions et des mobilisations, et bien souvent iels sont seul·es dans la rue… Dans ce cas-là, ça peut être aux non-concerné·es de prendre le relais, gérer les trolls sur les réseaux sociaux, rédiger d’autres billets de blogs ou articles de journaux (en citant les sources), inviter ou interviewer les lanceureuses d’alerte, relayer les pétitions, rameuter des non-concerné·es pour les mobilisations (si elles sont mixtes).
Mais encore une fois, cela est fait pour soulager les concerné·es et amplifier leurs voix, ce qui veut dire qu’il ne faut pas présumer de leurs besoins : plutôt que d’arriver comme læ sauveureuse, concertez-vous, demandez aux concerné·es là où vous pouvez aider, et surtout ne leur envoyez pas tou·tes les trolls (non, ce n’est pas cool de mentionner la super militante afrofem que vous admirez quand vous voyez un propos raciste : gérez-le vous même sans l’éreinter encore plus, elle doit déjà avoir une quantité de trolls suffisante dans ses mentions du jour).
En bref, en tant que non-concerné·e, il y a des cas où on peut parler, pas pour donner n’importe comment un avis sorti de son chapeau, mais au contraire pour partager les avis des concerné·es que l’on trouve pertinents et amplifier leur voix. Il n’y a pas à respecter un moralisme identitaire qui cache souvent un autoritarisme essentialiste.
C’est encore les Sorcières qui ont le mieux répondu
Le chantage
Quelques exemples typiques pour mieux comprendre :
« Je suis cultivé-e, j’ai lu Frantz Fanon donc je comprends mais si vous refusez d’admettre avec d’autres que le racisme anti-blanc n’existe pas, yels iront voir le FN… »
(Soupir)
Chèr-es blanc-hes. Arrêtez de nous dire comment mener nos luttes. Nous ne sommes pas à votre service. Nous savons quoi faire, nous sommes grand-e-s. Vous est-il arrivé de penser que ce genre de remarque, on les a entendu, lu 100 00 000 fois ? Non ? Maintenant, vous le savez. Et vous arrêtez.
Phrase du troll typique :
« Je suis d’accord mais (pour dire en fait qu’yel n’est pas d’accord) ».
–> Si vous n’êtes pas d’accord dites-le directement. Nous n’avons pas de temps à perdre avec votre hypocrisie stylistique. Parce que ça ne tourne pas autour de vous, vous savez ?
Si ces personnes préfèrent aller voter FN que de se remettre en question ce n’est pas une grande perte, ce n’est que mon avis.
Edit : la petite touche de classisme “j’ai lu Fanon“ me fait doucement rire. Y’a pas que lui comme référence, le saviez-vous ? Les sœurs Nardal, qui ont créé l’intersectionnalité et ont participé au mouvement de la négritude, on les a oubliées, je me demande bien pourquoi…
« Soyez pédagogues ! Au lieu d’être agressives ! Vous verrez que plus de monde adhérera. »
La pédagogie, c’est quoi ? Une personne en position de domination par des connaissances théoriques qu’elle diffuse. Mais.. Nous ne sommes pas en position de domination. Il s’agit de nos vécus. Énorme différence. Prenez le temps d’écouter, ça peut être intéressant, la modestie, l’ouverture d’esprit et l’empathie.
Encore une fois : Vous n’avez pas à nous dire comment faire. Ça ne se fera pas à vos modalités. Puisque vous n’êtes pas concerné-es. C’est tout.
Puisqu’il s’agit de nos vécus, bien sûr que nous pouvons être sensibles. Nous avons autant le droit que vous d’être faillibles, d’être des êtres émotionnels. En disant ça vous nous niez ce droit, celui d’être humain. On est là pour changer les choses. Pas pour vous faire de la lèche. Le privilège de ne pas être atteint par cette discrimination, vous permet de rester calmes. Quand il s’agit de racisme, ce n’est pas notre cas. Nous avons chacun-e nos limites, nos caractères. Mais n’attendez pas de nous de tendre l’autre joue.
Nous ne sommes pas vos parents. Il y a pleins de ressources sur Internet grâce au travail de la part de concerné-es, recherche qui nous est essentielle et qui vous prémâche tout le boulot. Vous pouvez vous renseigner par vos propres moyens. Et en demandant correctement, pas quand on est énervé-e-s…
Nous ne sommes pas là « pour donner envie »…ce n’est pas du marketing, vous n’êtes pas en position de négocier, vous n’êtes pas touchés par le racisme.
« Vous restez en non-mixité ? Mais c’est communautariste ! Comment voulez-vous qu’on s’y intéresse ? »
Chèr-e-s blanch-e-s : les premiers communautaristes…c’est vous. Dans les médias français, combien de journalistes racisé-es par rapport au nombre total de journaliste ?
Combien de films avec des protagonistes racisé-e-s par rapport au nombre de protagonistes sur le nombre de films qui sortent tout court ?
Combien de mannequins racisé-e-s publiés par rapport au nombre de mannequins publié au total ? (et je peux continuer ainsi très longtemps)
Comment expliquer qu’étrangement plus la classe sociale est aisée, moins il y a de personnes racisé-e-s dans cette classe ?
Combien de fois le racisme est-il abordé comme thématique (toujours à notre désavantage, qui plus est) ?
Vous savez la réponse. Il y a une écrasante majorité de représentation pour les blancs. Les plus aisés sont les blancs, parce que privilégiés. (Je ne nie pas qu’on puisse être blanc et pauvre. Je précise qu’il y a plus de pauvres racisé-e-s que de pauvres blancs. Étrangement. Quelle coïncidence !)
Communautariste, dites-vous ? Je vous retourne le compliment.
Encore une fois : ne nous dites pas quoi faire.
« Dans chaque lutte, les allié-es sont nécessaires »
Ça peut-être un avantage, mais ce n’est pas nécessaire.
Ça induit une mécanique fallacieuse où l’on devrait accepter les plus médiocres, parce qu’yels sont “nécessaires“. Or, nous n’avons pas non plus envie de subir une énième fois des agressions dans un espace où yels s’estimaient relativement bien, parce que vous vous estimez essentiels alors que vous ne voulez pas vous remettre en question. On peut s’en passer aisément.
Le Tone Policing
« T’es agressive ! »
« Pourquoi être si violente, c’est dommage.. »
« J’aime beaucoup te suivre, mais tu es très dure dans ta façon de t’exprimer.. »
Un incontournable. Le plus courant même. J’explique : le tone policing (police du ton en français) c’est donc reprocher à quelqu’un sa manière de s’exprimer pour annuler tous les arguments qu’yel a expliqué avant, ou pire, expliquer quand et comment une personne concernée doit s’énerver au nom du « pacifisme », ou d’une espèce de chantage où l’interlocuteur de mauvaise foi, ne prend pas en compte les arguments d’une personne à cause de son ton.
Le problème ? C’est que le fond vaut au moins autant que la forme, pour un propos. Dénigrer le fond parce que la forme ne vous “convient“ pas, c’est un caprice. La non-violence c’est aussi ne pas provoquer les concernées (les personnes qui s’expriment maladroitement sont donc pas visées). Il y a plusieurs degrés de violence, notamment la violence insidieuse et la violence clairement posée. S’étonner de voir quelqu’un s’énerver alors que vous l’avez cherché…c’est se foutre du monde. Ne pas chercher la base du problème pour pleurer sur les conséquences, c’est facile, trop facile. Oui nous nous énervons, à des moments différents, pas de la même manière, certain-es ont plus de tact, d’autres non, et d’autres ont plus ou moins de patience, c’est comme ça. Nous n’avons pas à être “parfait-e-s“. Parce que nous sommes humaines (Oui c’est redondant, mais y’en a qui comprennent pas ça). C’est notre droit autant que le vôtre de s’énerver, d’en avoir marre, de ne pas vouloir expliquer… Respectez-le, vous qui êtes si prompts à nous le reprocher et à l’utiliser comme argument pour vous défendre ensuite (comment dit-on déjà ? l’hôpital qui se fout de la charité). À aucun moment vous n’êtes les mieux placés pour nous dire quand et comment s’énerver. Aucun. Se permettre ça, c’est oppressif. La remise en question n’a jamais signifié vous caresser dans le sens du poil.
NB : Arrêtez d’utiliser MLK pour l’opposer à Malcom X et nous silencier. Idem pour Césaire et Frantz Fanon. Pour votre culture personnelle je vous invite à lire « Why we can’t wait » de MLK. Les deux premiers cités ont été amis vous savez ? Les injonctions au pacifisme alors que les grands leaders du pacifisme ont tous été assassinés, autrement dit rattrapés par la violence, c’est une vaste blague. Le pacifisme ne fonctionne que si toutes les parties respectent cette manière de faire. Dans une société basée sur la violence, j’ai un énorme doute sur son efficacité. Et de toute façon, vous n’avez pas à nous dire comment mener nos luttes. Nous ne cherchons pas une validation de votre part.
pour illustrer, je conclus ce paragraphe avec une citation de Malcom X : « Je ne crois en aucune forme de non-violence. Je crois qu’il est possible d’être non-violent avec des personnes non-violentes. Mais lorsque vous avez affaire à des ennemi-e-s qui ne connaisse pas la non-violence, en ce qui me concerne, je pense que vous perdez votre temps »
Les derailings
Faire des derailings : synonyme français : digression, faire un hors-sujet par rapport au sujet initial, qui est de dénoncer un mécanisme raciste, est indécent. C’est le mot.
Par l’un des procédés cité plus haut, ou reprendre un argument fallacieux cité par une précédente personne.
En philosophant sur un problème réel. Ça ne montre pas que vous ayez de l’intérêt à la chose, ce n’est pas respectueux… bref. Ne le faites pas.
En comparant le racisme avec d’autres oppressions, en essayant de le mettre sur le même plan que le racisme…non. Chaque discrimination a ses propres mécaniques, et donc par essence, différemment subie. Ce n’est pas pareil.
Exemple : à propos de l’appropriation culturelle, un long commentaire de white tears, l’auteure se targuant d’être oppressée par le fait qu’elle est teufeuse. S’en suit une remarque raciste. Débat sur cette remarque. Le dérailing : « Mais peut-on être discriminé par un choix de vie ? ». Ce n’est pas le sujet. Sur un sujet aussi grave, que nous subissons réellement, faire ça…ce n’est pas montrer qu’on prend en compte la souffrance de l’autre. Ce n’est pas montrer une attention à nos peines. C’est irrespectueux. […]
Wu Zetian
La maladresse
« Ce n’est qu’une erreur… »
« Ça arrive à tout le monde de merder. Vous êtes parfaits, vous, peut-être ? »
« Elle a merdé, elle s’est excusé, que demander de plus ? »
Comment minimiser l’impact d’un acte ou d’un propos raciste en une phrase. Pourquoi ne faut-il pas le faire ? Parce que vous niez les ressentis des concernés. Parce que le racisme n’est pas une maladresse, c’est la preuve que vous n’êtes pas déconstruit. Assortie de cette phrase en guise de défense, cela montre qu’en plus vous ne voulez pas vous remettre en question. Pendant que vous vous vexez, vous ne participez pas à l’amélioration de nos quotidiens faits de micro-agressions de ce genre. Vous n’êtes donc pas un allié-e avec cette attitude. Vous êtes-vous posé la question des conséquences que ça peut avoir sur notre moral, votre déni, votre agressivité condescendante ? Pensez-y maintenant. De plus, s’excuser et reconnaître ses torts, ce n’est pas se rabaisser contrairement à ce que plusieurs peuvent croire. Se remettre en question, c’est aussi une question d’humilité. La petite culpabilisation du « Que demandez-vous de plus ? » illustre le fait que ça vous arrache un membre de devoir faire cette remise en question… Respirez, décentrez-vous, vous n’êtes pas concerné-e-s et le « moi je », ça n’est pas productif. Quant à « Vous êtes parfaits, vous, peut-être ? » même schéma, avec l’argument fallacieux qu’il faut être indulgent parce que faillibles. Vous n’acceptez pas qu’on le soit, mais vous utilisez ce fait à votre avantage. Mauvaise foi, j’écris ton nom…
L’ethnocentrisme
Juger un sujet avec son avis d’occidental, en oubliant les particularités culturelles des autres pays. Gros sujet aussi. Nous, occidentaux, nous pensons nous-mêmes « plus évolués » que les autres. Fatalement, on se permet de faire la leçon aux autres alors que la réalité ne correspond pas à nos préjugés et que nous ne sommes pas les mieux placés pour venir faire la morale… C’est l’ethnocentrisme.
Sauf que. Les historiens et nous-mêmes avons la mémoire courte, du moins on ne nous fait apprendre que le plus reluisant, de manière mensongère. Avant de critiquer les discriminations des autres pays, il me semble opportun que l’on parle de notre propre système discriminatoire. Autrement dit, de balayer devant notre porte.
L’injonction à l’exemplarité
L’injonction à l’exemplarité consiste à nous demander, à nous, d’être exemplaires, de ne pas nous énerver… C’est une mécanique pour silencier les concerné-e-s. Sauf que… nous ne vous devons rien. Nous avons le droit autant que vous d’être énervés surtout sur un sujet qui nous concerne et pas vous. Nous sommes autant faillibles que vous, parce que nous sommes aussi des êtres humains. C’est nous-mêmes qui décidons. On ne va pas vous remercier mille ans d’être allié-e-s, c’est votre choix. Un progrès sera fait quand on arrêtera de nous sommer de nous comporter mieux que vous afin que vous adhériez à nos luttes. Ce n’est pas un plan marketing, la lutte contre le racisme. Nous ne vous sommes tributaires en rien (oui je suis redondante, mais c’est quelque chose qui est difficile à assimiler, de ce que j’ai vu). Le fait que l’on soit en mesure de vous répondre vous gêne, parce que ça signifie que vous n’avez pas de prise…et qu’il va falloir vous déconstruire. La mauvaise foi, tout ça, quoi.
Le colorblind
« Mais au fond nous ne sommes qu’une seule race ».
C’est biologiquement faux. ESPÈCE Humaine. Retenez-le. À vie.
« Mais pourquoi se préoccuper des races ? C’est raciste ! »
Faux. Profondément faux. En parler en tant que facteur discriminant est un premier pas pour déconstruire.
« Je ne me sens ni blanc ni noir… »–> Privilège de blanc.
« J’aime pas les catégorisations… »
–> J’y viens en dessous.
Les phrases ci-dessus ont le point commun de nier le problème du racisme. Pourquoi ? Choisir de ne pas y faire attention c’est un privilège de blanc. Parce que les personnes racisées, yels, seront catégorisées d’office, et continuellement. De manière insidieuse ou évidente, qu’importe. Il y a d’abord les questions, les remarques mal placées « Tu viens d’où ? Non, je veux dire, vraiment tu viens d’où ? » / « Vous êtes nombreux chez vous ? / Les femmes sont toutes voilées chez vous ! / T’te façon vous êtes tous des voleurs dans ce pays. / Fais l’accent antillais/africain pour voir ? » Et j’en passe. Rien qu’avec ces exemples, la catégorisation est faite. Le « Tu viens d’où ? » indique clairement que vous ne pouvez pas habiter ici, en pays “civilisé“, personne noir/arabe/latino/asiatique que vous êtes. Puis viennent les blagues racistes. L’impossibilité de se reconnaître dans les canons de beauté actuels. Les gens qui se méprendront sur vos fonctions, votre statut. Etc. Il ne s’agit pas de le faire à l’échelle individuelle. Simplement de se rendre compte des rouages de ce système qu’est le racisme. De le nommer pour en parler. Pour faire évoluer les choses. Mettre des mots sur des événements est important, ça permet d’exprimer ce que l’on ressent, vous savez ? C’est pareil. Nier et bloquer sur ce mot c’est refuser d’en parler et d’être utile, donc. Il ne s’agit pas de catégorisation gratuite. C’est par nécessité des concernées que ça existe, et c’est fait par elleux. De plus, c’est le système raciste (et surtout allié-es en carton) qui fait cette catégorisation. Nous le reprocher à nous, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Not all Whites (pas tou-tes les blanc-hes) !
Même procédé que le « not all men », quand le racisme est abordé, un-e blanc-he vient ramener sa fraise et lâcher le pléonasme universel « pas tous les blancs ! ».
On le sait.
On parle d’attitude. Donc il n’y a pas de généralisation gratuite. (Puis vous le faites bien non ?)
Vous faites partie de ce système raciste et vous en bénéficiez… Alors oui, tous les blancs sont racistes, vous êtes les dominants. Les racisé-e-s l’assimilent, ce sont les oppressé-e-s. Point barre.
Vous pouvez aussi mettre votre ego de côté deux secondes…vous n’êtes pas le centre du monde.
La déconstruction : admettre & écouter
Face à tous ces propos vomitifs, que faire ? Se déconstruire. Comment ? En commençant par admettre. Admettre que les mécanismes cités plus haut ne sont pas dû au hasard.
« Les blancs s’estiment supérieurs aux noirs » disait Frantz Fanon dans “Peau noire, masques blancs“. C’est toujours le cas aujourd’hui, pas par essence ( alors on arrête de pleurer), mais bien par acquis. On nous apprend à estimer que les blancs sont supérieurs. Et fatalement, vous vous estimez aptes à parler de sujets dont vous ne connaissez rien. Ce qui sont des “sujets intéressants“ pour vous, pour nous, c’est nos vies. Il faut le prendre en compte. En expliquant une oppression à laquelle vous n’êtes pas confrontés par exemple, implicitement vous exercez une domination, vous prenez l’espace de parole qui nous revient pour ces sujets. Ce genre d’attitude résume pourquoi la non-mixité est nécessaire. On peut se passer de vous. Sachez-le, vraiment. Souvenez-vous : ne pas monopoliser l’espace. Si vous n’êtes pas concerné-e-s, dans le doute, taisez-vous, c’est le mieux. Évidemment, s’il y a question, il y aura réponse (si la personne veut). Mais ne parlez pas à notre place. Ne nous dites pas quoi faire. Ni comment faire. Remettez-vous en question, avant d’aller pointer le problème chez les autres. Ne défendez pas vos potes racistes. Yels sont assez grands pour se mettre dans la merde, yels sont assez grands pour s’en dépatouiller. Arrêtez le chipotage sur un terme, pour découvrir que vous n’avez rien compris… dites-le directement. On n’a pas de temps pour le chipotage sur des mots qui vous gênent, ces termes-là nous conviennent, ils sont là pour NOUS aider. Tout est une question d’attitude, il est tout à fait possible de recadrer, d’expliquer aux autres personnes non-concerné-e-s, ce qui est problématique lorsqu’il y a propos oppressifs. Mais il ne faut pas arbitrer la discussion. Il ne faut pas s’approprier la lutte des concerné-e-s. L’enjeu de l’attitude est là.
Non, ce n’est pas « se rabaisser » que de faire ça. C’est juste un peu de modestie, pour montrer que vous savez ce que d’autres endurent à propos de racisme. Si vous estimez que c’est “rabaissant“, imaginez ce que ça fait d’être continuellement prise pour plus bête que je ne le suis. Par vous !
Vous êtes chef d’un mouvement intersectionnel dans la vie réelle ou sur des réseaux sociaux, des forums ?
Remettez-vous en question à double titre ! Vous êtes un exemple pour les participant-es…ça a son importance. Si vous vous relâchez, les gens le feront aussi.
Non, je ne déteste pas les blanc-he-s (malgré les délicieux commentaires de whites tears, vous avez faux, encore faut-il que vous ayez pris la peine de lire l’article en entier ???? ). Je déteste ce système. Alors arrêtons de tourner en rond voulez-vous ?
Autre chose : Cela devrait être normal de ne pas être raciste, donc n’espérez pas des cookies, des encouragements…c’est la même attitude que les pro-féministes, celle dont vous vous plaignez, vous savez ?
« Attention je ne nie absolument pas que ce soit discriminant mais (le nie dans la suite) »
– > Si tu sais que tu vas être accusé de le faire, c’est peut-être parce que ça l’est… Simple suggestion.
« Bien sûr que l’islamophobie c’est nul, mais comment rire des pays comme l’Arabie saoudite où la femme n’a pas de droits ? »
–> Plus sérieusement, l’ethnocentrisme du colon « C’est mieux chez moi heiiin ! Je vais faire la leçon aux autres pays, tiens. » … non. Les concerné-es sont les plus à mêmes de le faire, puisqu’yels le vivent.
« Dire que je suis raciste c’est insultant »
–> Non. Être raciste, c’est avoir des propos oppressifs. Ni plus, ni moins. Tant mieux que vous culpabilisiez de peur de l’être. Mais ce n’est pas une insulte.
« Tous les arabes/antillais/africains/asiatiques font ça/sont comme ça… »
–> NON. NON. Non. L’Afrique et l’Asie sont des continents. Il y a plusieurs cultures différentes aux Antilles et dans les pays arabes. Arrêtez de généraliser, ça pue.
Suite à une remarque où on lui dit de la fermer car elle n’est pas concernée :
« Moi, dominant-e ? (En random) Je suis trans, NA, grosse, etc… »
Ce n’est pas un concours. Subir le racisme, ça n’est pas “marrant“. C’est ignoble d’utiliser les discriminations que l’on subit pour oppresser d’autres.
Vous restez privilégié quand il s’agit de racisme, parce que vous êtes blanc. Il faut savoir placer les choses dans leur contexte.
« Mais c’est violent de parler de « race », de « racisme »…
Non en fait…notre société bien-pensante ( colorblind poooower) les a rendus tabou. Mais ce ne sont que des qualificatifs.
Il faut savoir de quoi on parle à un moment donné. Pour résoudre n’importe quel problème il faut savoir de quoi on parle. Parler de “race“ en tant que construction politique et facteur discriminant, ce n’est pas valider l’eugénisme. C’est parler du fait que les blancs sont privilégiés.
« Oui mais ça prend un certain temps de déconstruire, il faut laisser les autres faire des maladresses »
Le racisme n’est pas une maladresse. C’est réel. On le subit ! Considérer des propos racistes comme des « maladresses » c’est minimiser la gravité de l’acte, de la souffrance que ça inflige. Ce n’est pas à vous de juger de la gravité de toute manière. Au mieux, c’est un aveu, de dire ça. Ça prouve que vous n’êtes pas déconstruit et que vous n’avez pas envie. Soyez honnêtes et rejoignez les partis bien gentiment racistes( PS, Front de Gauche…y’a le choix), il y aura de la place pour vous là-bas.
Nous n’avons pas tou-t-es le temps d’attendre. Pendant que vous mettez 150 ans à bien vouloir faire l’effort de comprendre nos vécus, où vous avez merdé, on survit, les autres triment, continuent d’encaisser la violence…ce n’est pas la même chose qu’une simple erreur de mathématiques. Encore une fois, c’est minimiser l’impact que ça a.
« Ce n’est pas ce qu’il a voulu dire, c’est juste une gaffe, en ce moment yel/il/elle a ça, ça, ça, ça, ça comme souci, c’est compliqué pour yel/lui/elle »
Si un propos raciste est pointé, ce n’est pas la peine que vous, blanc-hes, veniez nous expliquer les véritables intentions. Vous n’êtes pas concernés. Taisez-vous, on gère.
Tout le monde a des soucis personnels, un vécu difficile, des traumatismes. Ce n’est pas une excuse pour être oppressif. Ça n’explique rien, d’ailleurs. Juste un relâchement. Et ce n’est pas une preuve qu’on puisse vous faire confiance, en fait.
Être oppressif ce n’est pas juste une maladresse.
« Arrêtez de vous plaindre c’est fini l’esclavage ! »
Je vous invite à vous renseigner sur le néocolonialisme. Celui qui fait qu’Haïti paie une dette pour oser être un pays libre vis-à-vis de la France.
Celui qui a autorisé qu’on répande des produits toxiques hautement cancérigènes, au détriment de la faune et la flore, de la santé des habitants et des personnes travaillant dans les bananeraies en Martinique et en Guadeloupe. (à la Réunion, à contrario)
Celui qui privilégie les békés (descendants des colons) dans les Caraïbes, ces personnes ayant la mainmise sur toutes les ressources, plus les relations avec le gouvernement pour instaurer la vie chère, où chaque produit coûte en moyenne 40% plus cher qu’en Métropole. Où l’on se retrouve obligé de partir étudier, travailler en métropole.
Celui des républiques bananières. Celui qui oublie que la traite négrière existe toujours en Mauritanie. Celui qui invite des habitants d’ex-colonies à venir travailler en France pour ensuite nier à leurs descendants leur identité française. Et la liste est très longue. Donc chut. Vraiment, c’est mieux, surtout pour vous.
« Mais vous ramenez tout au racisme… »
> Ce n’est pas à vous, blanc-hes de décider si ce sujet est assez abordé ou pas. Faites avec. Vous prenez déjà trop de place sur des sujets qui NOUS concernent, alors vraiment, faut se taire dans ces cas-là. « En parler » ne signifie pas, en parler bien, avec les concerné-e-s.
LES SORCIÈRES