La révolution du 4 août 1983 ne fut pas seulement une révolution humanocrate, une révolution instaurant le CDR avec délégués révocables, pas seulement une révolution anti-impérialiste, anti-esclavagiste, elle fut aussi une révolution écologiste.

« C’est donc un crime contre les générations du Burkina Faso, c’est-à-dire contre l’éternité même du Burkina Faso que de ne penser qu’à soi, c’est-à-dire tout pour soi et le désert pour les générations à venir. Nous combattrons ce genre de crime-là comme de l’exigence de notre société et de l’exigence de notre pérennité de notre révolution, de notre pays, de sa dignité et de sa liberté. »

Sankara était un visionnaire. En 1985, au moment où très peu de personnes parlaient de sauver la planète et ne se préoccupaient pas d’environnement, lui en a fait un des axes de sa politique.
En 1988 dans la France impérialiste grande donneuse de leçons humanistes, sur 38 million d’électeurs, le seul candidat écologiste n’avait eu qu’un million de voix La France de Mitterrand venait d’assassiner 6 mois avant (le 15 octobre 1987) le seul dirigeant politique au monde mettant l’écologie dans ses priorités.
Assassiner Sankara, ce fut assassiner l’écologie…. mais Mitterrand n’était pas à un crime près…. il l’a montré en 1994 au Rwanda…. un génocide criminel contre un million ou détruire la planète ne dérangeait pas les socialistes.Thomas Sankara a lutté contre la désertification du Burkina Faso.Dans son « Discours aux forestiers : trois luttes, trois victoires  » du 22 avril 1985, il décide que partout au Burkina des arbres seront plantés. 
Sankara définit de « crime » contre les générations futures la destruction de l’environnement.

Sankara commence son discours aux forestiers du 22 avril 1985 par le constat que la destruction de l’environnement a modifié le climat, les saisons,a tué la faune et la flore…. et rend les vivres bien moins abondantes dans le pays.

« Cette semaine révolutionnaire que nous vivons, aujourd’hui même, a une signification particulière et le fait aussi qu’il se tienne en ce lieu est suffisamment évocateur et nous fait comprendre les soucis que les responsables du développement de notre faune et notre flore connaissent chaque jour. En effet, il y a seulement quelques années nous n’aurions pas pu nous retrouver en ces lieux dits “bois de Boulogne”, tant les arbres étaient nombreux, tant la forêt était réelle et dense. Aujourd’hui, nous voyons ces arbres rachitiques et peut-être aussi, si nous n’apportons notre soutien, sans lendemain.

 La révolution du 4 août 1983 a apporté énormément à la Haute-Volta devenue Burkina Faso, pays sous tutelle colonialiste extrêmement pauvre. Mais elle a aussi apporté énormément à l’Afrique toute entière continent subissant les esclavagistes européens étatsuniens et maintenant asiatiques (chinois principalement), et à l’humanité toute entière…Les CDR comité de la défense de la révolution constituent le socle de l’humanocratie qui sauvera l’humanité des destructeurs de Terre que sont les impérialistes les capitalistes et leurs alliés.

Pour Sankara une révolution sans CDR n’a pas de sens.

« Les CDR sont nés dialectiquement en même temps que la révolution au Burkina Faso. [Applaudissement] Parce que… à l’instant même où nous avons prononcé le mot révolution dans ce pays, la nécessité de la défendre s’est fait sentir et celui qui parle de révolution sans prendre les dispositions pour protéger cette révolution commet une grave erreur et méconnaît les capacités de lutte, les capacités de destruction de la réaction.
Pour notre part, nous avons invité le peuple dans la nuit du 4 août, à se constituer partout en Comités de défense de la révolution parce que nous ne nous faisions pas d’illusion : la révolution allait être attaquée. Elle l’a été, elle l’est et elle le sera. Donc, les Comités de défense de la révolution l’ont été, le sont et le seront. [Applaudissement] Rien de ce qui a été fait de positif sous la révolution n’a pu être réalisé sans les CDR. » Discours de Sankara au premier congres des CDR » Premier Congré des CDR

Ce sont les CDR les délégués révocables – système que nous avons amélioré avec des quotas et en l’élargissant aux fonctionnaires  –  qui doivent sauver la Terre et l’humanité !
Le système des spoliateurs, la démocratie a permis la destruction de la Terre en favorisant la mise au pouvoir des représentants des criminels écologiques. Il faut d’urgence la remplacer par l’humanocratie qui mettra au pouvoir des milliers de Sankara, Lumumba, Amilcar Cabral, N Krumah !Le plus honnêtes, les plus courageux, quotas statutaires et quotas fonctionnels, doivent être ceux qui auront les rênes du pouvoir.

C’est pourquoi, il me semble important que chacun de nous apporte son soutien aux camarades qui, à l’égal de ceux qui tiennent les armes pour combattre d’autres ennemis, se sont équipés eux pour régénérer notre environnement. Hier, le Burkina Faso était un pays vert, un pays couvert. Nous avions de jeunes forêts. Mais depuis que des hommes blancs ont essayé d’écrire et de décrire le Burkina Faso jadis la Haute-Volta comme ils l’ont baptisé, ils ont introduit la notion de forêt galerie pour maintenir la différence d’avec ces autres forêts où les Savorgnat de Brazza, les Livingstone jouaient au Tarzan pour reconquérir des zones et les terres des autres. Mais nous avions déjà la forêt.
À cette époque, là où la forêt n’avait pas conquis des espaces, c’était d’immenses et d’épais tapis que constituaient les hautes herbes. C’est ce qu’on appelait la savane. Le tout avait fini par créer un univers. Si ce n’était plus l’Eden qu’Ève, pécheresse dit-on, et Adam nous ont fait perdre, c’était une image et une réplique sur terre de ce paradis que ces deux individus n’ont pas su conserver. Et puis, à cette époque, l’homme vivait heureux. Il vivait heureux car il n’avait jamais faim. La nature venant compléter d’une manière riche et suffisante les efforts que lui-même faisait pour se nourrir. Il suffisait de tendre la main et de recueillir sinon cueillir des fruits. Il n’avait jamais soif, l’eau coulait abondamment. Dans le souvenir des peuples du Burkina Faso, dans notre histoire il y a à cette étape des souvenirs de traversées de rivières impétueuses. Ce qui signifie que les rivières étaient nombreuses dans notre région. L’homme ne connaissant pas la maladie comme nous la connaissons aujourd’hui. La nature procurait également les éléments pour se soigner. Les animaux parlaient à l’époque. Les animaux parlaient, vivant dans la promiscuité avec lui, dans un voisinage immédiat, chacun procurant à l’autre ce dont il a besoin, peut-être plus souvent, l’homme dominant l’animal, mais en tout cas l’équilibre existait. Aujourd’hui, nous avons cessé de parler de forêts et même simplement de forêts galeries.
Depuis un certain temps, nous parlons, s’agissant de la destruction du Burkina Faso, de savane ; mais cela ne fait qu’une mutation, car entre-temps de manière brutale, de manière choquante le terme savane a disparu pour faire place à un nouveau terme, le sahel. Le sahélisation nous a gagnés. Et puis il sera dit que le 13 mars 1985 est une date historique. Une date qui pour les écoliers et pour tous ceux qui aiment l’histoire événementielle, signifiera l’annonce, l’arrivée du désert. En effet, c’est le mercredi 13 mars 1985 que chacun, scientifique et profane, amoureux de la nature et déprédateurs invétérés, chacun de nous a compris que le désert avance, que le désert est déjà à nos portes, que le désert est déjà au-dessus de nous, il ne lui reste plus qu’à s’abattre sur nous. Quand, entre le soleil et les hommes du Burkina Faso, s’est établi un écran, un écran de tristesse qui a plongé notre univers dans les ténèbres. Ce jour-là ce fut un jour de réflexion. Ce fut peut-être un jour de prise de conscience.
Et cette tristesse sera éternelle et grandissante si nous ne développons pas une stratégie de lutte pour conjurer ce sort malheureux, pour conjurer cette fatalité, ce sort qui nous a été jeté par nous ne savons qui.
Aujourd’hui, nous constatons que le Burkina Faso n’est plus ce qu’il était. Nous constatons que les mares se sont asséchées, que ce qui s’appelait forêt a disparu. Nos ancêtres ont eu la clairvoyance de créer des bois, des bois sacrés, derniers refuges de l’écologie qu’ils regrettaient déjà. Ces bois sacrés leur avaient permis de professer la protection de la nature. En effet, les interdits, les tabous faisaient en sorte que l’on respectait la nature et permettaient à la nature de se reproduire de façon heureuse. Les arbres, les animaux n’étaient point détruits de façon sauvage, mais c’était largement insuffisant. Nous devons l’admettre. Aujourd’hui, nous constatons que la saison des pluies semble connaître un décalage. On parle même de perturbation écologique des saisons.
Beaucoup  se souviendront, c’est peut-être néocolonial, que chaque 14 juillet était accompagné systématiquement de pluies qui battaient les enfants. Le soir, la fraîcheur venue, l’on allait acclamer le gouverneur. Il n’y a plus rien de cela.
C’est peut-être heureux que le gouverneur soit parti, c’est même sûrement le cas et nous espérons que celui-ci en repartant n’a pas emporté avec lui la pluie du 14 juillet. Et s’il l’avait fait il nous appartiendrait de reconquérir notre pluie, notre droit.
Chaque jour, le désert avance et totalise pour notre région une vitesse effrayante de 10 000 mètres par an de conquête. Cette conquête est-elle le fait que les régions du sahel, Dori, Gorom-Gorom, Djibo ne sont plus des régions productrices de certaines semences que dans le temps nos cultivateurs allaient chercher là-bas ! Au contraire les populations qui y sont accompagnées de leurs bêtes, mais des bêtes efflanquées ayant perdu la moitié de leur valeur nutritive, ce cortège-là descend et aide à accélérer l’avancée du désert.
Chaque année la nappe phréatique baisse d’au moins six mètres. Six mètres, c’est ce qui suffit à rendre les méthodes traditionnelles de forage inopérantes. Six mètres par an c’est ce qui suffit à rendre indispensable, obligatoire, la lourde machinerie des immenses ateliers de forage qui équipent aujourd’hui certains services et qui vont de records en records, des forages de 50 mètres à 75 m, 100 m et même à 200 m et plus. Demain peut-être on forera le sol pour trouver l’eau à la même hauteur qu’on fore pour trouver le pétrole. Tant mieux si le pétrole et l’eau jaillissent ensemble. »

Après le constat alarmant de la situation écologique au Burkina, Sankara désigne les responsables.
Il commence par responsabiliser les Burkinabè, qui, habitués aux méthodes utilisées sous domination coloniale, continuent d’avoir des pratiques anti écologiques.

« Nous hommes sont responsables de cette situation, largement responsables de ce qu’il est. Nous en sommes responsables, mais n’en prenons pas conscience de façon collective. Nous sommes au Burkina Faso 7 millions d’habitants. En considérant que nous avons 7 millions de foyers, en considérant qu’une charrette tractée par un âne mesure 4 à 5 mètres, si vous faites la somme de la consommation annuelle du bois de chauffe au Burkina Faso et que vous la convertissez en nombre de charrettes mises bout à bout, elles vont du Cap jusqu’au Caire et les calculs les plus précis nous montrent qu’elles dépassent le Caire et vont au-delà de Tel-Aviv ! C’est cela notre consommation annuelle. Pouvons-nous nous permettre chaque année d’aligner un convoi de ce genre ? La responsabilité des hommes se situe dans son devoir de protéger la nature, mais saute aux yeux face à son irresponsabilité. Le mégot de cigarette que nous jetons par inadvertance peut provoquer ce feu de brousse dévastateur. Chaque fumeur doit se sentir à partir de maintenant responsable des feux de brousse. Chaque fumeur doit se sentir à partir de maintenant passible des peines qui sont attachées aux crimes que constituent les feux de brousse. Il n’y a pas qu’eux, il y a aussi les autres.
La paresse naturelle de l’homme fait que ce feu de brousse est utilisé comme méthode culturale pour aller vite et facilement, mais aussi comme besoin de résolution des carences des sols. La potasse qui s’y dépose aide à la fertilisation. Mais au bout d’un certain nombre d’années, même le paysan finit par se poser la question : est-ce que la potasse nécessaire obtenue par le feu de brousse suffit à compenser la pauvreté qu’il amène au sol en le calcinant 
La responsabilité de l’homme se situe aussi au niveau de la coupe du bois. Une coupe sauvage. Une coupe nécessaire tant il est vrai qu’aujourd’hui la cuisine a besoin d’énergie, et la source la plus facile pour nous reste encore le bois. Notre action de dégradation, de destruction et de perturbation de l’écologie se situe aussi dans le type d’élevage que nous avons au Burkina Faso. Élevage contemplatif, de cueillette, élevage qui n’est jamais assorti d’une comptabilité du coût du prix de revient de la bête, du troupeau.
Aucun éleveur ne sait combien lui coûte son troupeau. Il suffit d’avoir les éléments de la reproduction de ce troupeau et de le laisser dans la nature. Nous estimons que s’il est normal que l’homme use de tous les moyens pour vivre et survivre, s’il est normal que chacun de nous pense à vivre heureux, il est indispensable que nous nous posions aussi la question de ce que deviendront les générations à venir.
C’est donc un crime contre les générations du Burkina Faso, c’est-à-dire contre l’éternité même du Burkina Faso que de ne penser qu’à soi, c’est-à-dire tout pour soi et le désert pour les générations à venir. Nous combattrons ce genre de crime-là comme de l’exigence de notre société et de l’exigence de notre pérennité de notre révolution, de notre pays, de sa dignité et de sa liberté. »

Puis Sankara s’en prend aux principaux responsables de ces changements, les impérialistes.

Ce sont les mêmes qui sont responsables de la misère, de la mise en esclavage des Africains qui ont détruit la Terre. C’est pourquoi la lutte révolutionnaire anti impérialiste anti capitaliste et la lutte pour l’environnement sont une seule et même lutte. 


« Mais nous situons également la responsabilité de la perturbation de l’écologie en dehors du Burkina Faso. Tous ces engins que l’on envoie dans l’espace pour aller chercher nous ne savons exactement quoi, cette guerre des étoiles à laquelle se livrent ceux qui ont fini de faire la guerre des villes sur terre, toutes ces nuisances, toutes ces pollutions que l’on déverse dans la nature, dans les mers ont certainement pour conséquence de perturber l’ordre établi des choses. Et cela ne se fait qu’au profit des grands déprédateurs que sont ces excités qui sont en train de se livrer à une espèce de java, j’allais dire à une espèce de danse sabbatique dans l’espace. Ce sont ceux-là que nous dénonçons. Il sont leur part de responsabilité mais hélas, c’est encore eux qui possèdent la science et la technologie suffisantes pour décrire de façon scientifique et rigoureuse les conséquences de leurs actes incalculables. Mais lorsque nos scientifiques, lorsque l’Institut burkinabè d’Énergie se sera mué en un grand centre de recherche, il dira certainement à la face du monde entier qu’un engin dans l’espace provoque très certainement un décalage des pluies. L’IBE dira un jour de façon très précise que le fait de dévaster l’Amazonie aujourd’hui a des conséquences sur notre Burkina Faso. Tout comme il prouvera de façon rigoureuse que les sociétés qui exploitent les forêts dans les pays frères et voisins du Burkina Fao, ces sociétés-là, non seulement ont pillé et sucé à sang nos frères qui sont allés travailler sur ces chantiers, mais aussi elles ont condamné les populations qui sont restées au pays car elles ont perturbé le cycle normal des pluies. La responsabilité ne s’arrête donc pas à nos frontières. C’est pourquoi nous voulons être solidaires de tous les peuples qui ont engagé un combat contre la désertification. Si au Mahgreb l’on plante des arbres, le Burkina Faso doit saluer l’acte comme étant positif. Chaque fois que des “canadairs” décolleront en France pour aller éteindre des feux provoqués par des pyromanes, ils expriment ainsi leur tristesse et leur déception dans une société qu’ils ont supportés péniblement ; lorsque des canadairs décolleront de Marseille pour aller éteindre des feux, nous au Burkina Faso nous applaudirons la lutte contre la désertification, contre le désert. Cette forme de cancer ne doit pas être l’affaire d’un seul peuple, mais de tous les peuples. Et pour qu’elle devienne effectivement et de manière victorieuse l’affaire de tous les peuples, il faut que tous les peuples entretiennent le dialogue. Ce dialogue de combat contre leurs ennemis. Le désert est un ennemi, il faut le combattre. Il y a à côté d’autres ennemis, il faut les combattre. »

Pour Sankara les principaux responsables de la destruction de la planète sont les impérialistes c’est pour cela selon lui que la lutte contre l’impérialisme et la lutte pour l’environnement sont une seule et même lutte.