Roberto libero ! tutti.e liberi.e !
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétention
Lieux : Italie
Parmi les sept personnes arrêtées, une est accusée d’avoir dégradé la porte d’un commissariat des Caribinieri à Rome en 2017 et d’autres sont accusées d’avoir incendié des voitures partagées « Enjoy », appartenant à la société italienne ENI.
La qualification « terroristes » de ce genre d’actions est très fréquente en Italie – encore traumatisée par les dites « années de plomb » – et est rendue possible par tout un arsenal juridique parmi lequel le fameux article 270 bis [1]. Ces dernières années, on ne compte plus les opérations qui ont frappé la mouvance dite « anarco-insurrectionnaliste » en Italie avec toujours le même modus operandi qui s’apparente à l’association de malfaiteur dans le droit français.
Pour plus d’infos sur l’opération Bialystok, lire cet article publié sur le site bourrasque-info.org
Rome : des anarchistes arrêté-es. L’opération Bialystock, partie intégrante d’une stratégie
Un nouveau chapitre répressif des Carabinieri du Ros (police politique) en Italie contre des anarchistes, conduit à l’arrestation de sept anarchistes qui sont lié-es à diverses attaques insurrectionnelles… et en solidarité avec les personnes emprisonnées dans l’opération Panico. A cette occasion, l’image du « triangle » anarchiste qui s’étend en Grèce, Italie et Espagne, est transformée en un pentagone en y ajoutant le Chili et l’Allemagne. Les compagnon.ne.s arrêté-e-s sont Claudio Zaccone, 33 ans de (…)
Pour écrire à Roberto :
Roberto Cropo
N. d’écrou : 1010197
Centre pénitentiaire de Fresnes
Allée des thuyas
94261 Fresnes Cedex
France
Fresnes, 13 juin, porco il dio [2] ! (ça se prononce Frèn)
Heilà, ciao, me voilà dans ma nouvelle chambre, mortacci loro [3]…
Alors, je suis à Paris parce qu’ils veulent m’extrader en Italie, je ne sais pas trop ce qu’ils veulent me coller mais je sais plus ou moins qu’il y a terrorisme, association de malfaiteurs, vol, incendie et je ne sais quoi d’autre encore. […]
Repartons du début.
Vendredi matin, à six heures du matin, des bruits de hurlement à côté de mon camion et à peine j’ouvre la porte je me retrouve avec une vingtaine de flics cagoulés et armés [4], me menaçant, me disant de ne pas bouger et qu’ils pourraient tuer le chien. Ils me sortent du camion encore en pyjama et les pieds nus, me mettent à terre sous la pluie et me menottent. Ils me prennent le chien pour l’emmener direction la fourrière. Ensuite ils m’emmènent au commissariat à Sainté, un peu après Carnot où ils me mettent en garde à vue. Et là, j’entends un peu hurler. Après diverses formalités administratives, direction Paris. Il y a cinq voitures qui sont venues de Paris juste pour moi, sous les ordres du parquet de Rome. Arrivé à Paris, garde à vue et ce matin j’ai été au tribunal. Je tiens à préciser que j’étais menotté de Sainté à Paris et les premiers 200 km avec les menottes derrière le dos – je vous dis pas comme ça fait mal – et les yeux bandés. J’ai protesté et ils ont fini par m’enlever le bandeau et et me mettre les menottes devant.
Ce matin au tribunal ils décidaient s’ils me laissaient libre, s’ils m’extradaient, ou s’ils me mettaient en détention, en attente de comparaître… Et le juge m’a transféré ici. J’ai eu un commis d’office et me voilà au placard. Et j’ai vraiment pas envie d’être extradé en Italie !
Après le tribunal, ils me mettent en taule. Pratiques d’arrivée habituelles et ils me mettent chez les arrivants, je suis seul en cellule pour isolement sanitaire à cause de l’épidémie de Covid qui devrait durer 14 jours. Je suis ici depuis trop peu de temps pour comprendre comment ça fonctionne…
Faites tourner l’adresse de la prison comme ça, tou.te.s celleux qui veulent peuvent m’écrire.
Sinon, le moral est bon, j’ai les nerfs d’être ici mais je reste en forme et c’est sûr que c’est pas ça qui va m’abattre, même si porco dio, on est mieux dehors !
Ma tant aimée liberté me manque.
Aux dernières nouvelles, Roberto a finalement accepté l’extradition et aura la réponse suite à son audience, le 8 juillet prochain.
Si vous souhaitez soutenir financièrement Roberto, pour des éventuels virements en prison ou pour des frais d’avocats, vous pouvez faire un don sur la cagnotte en ligne du Collectif d’autodéfense et de solidarité en soutien aux inculpé.es stéphanois.es (Cassis).
Pour écrire aux autres prisonnier.es de l’opération Bialystok :
Claudio Zaccone
C. C. di Siracusa
strada Monasteri 20/C
Contrada Cavadonna
96100 Siracusa
Italie
Flavia Digiannantonio
C. C. di Roma Rebibbia femminile
via Bartolo Longo 72
00156 Roma
Italie
Francesca Cerrone
C. P. de Almeria — El Acebuche CTRA
Cuevas-ubeda, km 2,5
04030 Almèria
Espagne
Nico Aurigemma
Casa Circondariale di Terni
Str delle Campore 32
cap 05100 Terni
(TR) Italie
______
Notes
[1] En Italie, la définition du terrorisme se trouve dans le Code pénal. Tout d’abord, l’article 270-bis dispose que « Quiconque promeut, établit, organise, dirige ou finance des associations visant à commettre des actes de violence à des fins de terrorisme ou de subversion de l’ordre démocratique sera puni d’un emprisonnement de sept à quinze ans. […] ». Ensuite, l’article 270-bis vient préciser que « Sont considérées poursuivre des fins de terrorisme, les conduites qui par leur nature ou leur contexte, peuvent provoquer de graves dommages à un pays ou à une organisation internationale et qui sont accomplies dans le but d’intimider la population, contraindre des pouvoirs publics ou une organisation internationale à effectuer ou à s’abstenir d’effectuer n’importe quel acte, déstabiliser ou détruire les structures politiques fondamentales, constitutionnelles, économiques et sociales d’un pays ou d’une organisation internationale, ainsi que les autres conduites définies comme terroristes ou commises à des fins de terrorisme par les conventions ou d’autres normes de droit international contraignantes pour l’Italie. »
https://blogs.parisnanterre.fr/article/le-terrorisme-en-italie-depuis-1970-entre-protection-et-atteintes-aux-droits-et-libertes
[2] Interjection italienne qui s’utilise comme « P****n » en français.
[3] Interjection en dialecte romain qui veut dire littéralement « leurs sales morts », qui s’utilise aussi comme « P****n » en français.
[4] Roberto a été arrêté par la Sous-direction anti terroriste (Sdat).
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