Mais peu importe le blocage de l’URL principale, puisque le site était relancé au nez et à la barbe de l’État en janvier 2012, sous une autre URL : https://copwatchnord-idf.eu.org. Leurs auteurs affirmaient simplement : « Le ministère de l’Intérieur français a voulu nous interdire. Il a échoué ».

Alliance éructait, dénonçant la lâcheté des auteurs du site et appelant de ses vœux une répression judiciaire féroce. Elle n’est jamais venue, parce que les militant-es de Copwatch Nord-IDF ont toujours été plus malins que les informaticiens à un euro du ministère de l’Intérieur.

Saisie d’un nouveau référé, la justice a de nouveau fait bloquer le site Copwatch Nord-IDF, mais a refusé le blocage des 34 sites miroirs, ainsi que “le blocage de sites futurs”. Nouveau camouflet !

C’est donc tout naturellement que le site renaquit dès le 31 janvier 2012 à l’adresse https://copwatchnord-idf.info/

Dans l’année suivante, le collectif Copwatch Nord-IDF s’est employé à infiltrer forums et groupes facebook de policiers pour en extraire un certain nombre d’informations compromettantes pour les forces de l’ordre, notamment sur le racisme inhérent à l’institution policière.

Le collectif tiendra un an avant de cesser ses activités pour des raisons qui lui appartiennent.

Près de 10 ans après cette expérience subversive unique, mais pourtant banale outre-Atlantique (le Copwatching s’y est démocratisé depuis le passage à tabac de Rodney King en 1991), alors que George Floyd est mort sous les yeux du monde entier et que les syndicats de police et l’État français essayent de faire adopter des lois empêchant toute prise d’image, Désarmons-les ! considère qu’il est plus que crucial de ressortir des cartons cette pratique légitime et nécessaire.

Désarmons-les ! appelle à la création de dizaines de groupes de copwatching dans les quartiers populaires, à l’alimentation de canaux telegram, instagram et snapchat dédiés, ainsi qu’à l’utilisation de l’application UVP mise à disposition par Urgence Notre Police Assassine.

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Note de Manif’Est : Malgré l’utilité évidente de l’application UVP pour filmer et témoigner de violences policières, de sérieuses inquiétudes existent quant à la sécurité de cette application. En particulier, on peut lire une analyse ici dans laquelle l’auteur parvient à accéder à toutes les données des utilisateurs et utilisatrices de l’application.

Ces vulnérabilités ont depuis été corrigées. Néanmoins, l’impossibilité de consulter le code source de l’application (qui n’est pas public) afin d’en vérifier la sécurité, et le fait qu’elle embarque plusieurs trackers sont autant d’éléments jetant le doute sur les garanties de sécurité et d’anonymat que ce genre d’application se doit d’offrir à ses utilisateur·ices.

Si vous souhaitez malgré tout installer et utiliser UVP, nous vous recommandons de le faire sous pseudonyme, avec une adresse email dédiée, et en ne renseignant aucun élément personnel dans vos données d’inscription.

TROIS RECOMMANDATIONS :

  1. si vous choisissez de centraliser les informations et images recueillies, ne le faites pas par le biais d’outils informatiques non sécurisés et stockez ces données sur des serveurs ou disques durs chiffrés, tout en utilisant un VPN ou le réseau TOR pour accéder à internet et communiquer, y compris sur votre téléphone ! (Riseup VPN et TOR Brower/Orbot sont de très bons outils pour ordinateurs et portables).
  2. nous alertons sur notre opposition politique et éthique à l’utilisation de cette pratique à l’occasion d’actions politiques ou de révoltes (manifestations, émeutes…), la prise d’image restant un outil à utiliser avec prudence et sans mettre en danger les personnes qui luttent de façon radicale contre l’État et le système. L’image peut s’avérer utile à la répression si elle montre d’autres personnes que les policiers et les victimes de violences policières.
  3. la pratique du copwatching peut être risquée, c’est pourquoi nous ne conseillons aucunement de filmer les policiers de façon ostentatoire lorsqu’on n’est pas protégé par une foule ou un collectif de personnes solidaires. Attention lorsqu’on filme à rester hors de portée des policiers et à ne jamais s’en approcher à moins de 20 mètres, en veillant si possible, à mettre son visage et son corps à l’abri derrière un obstacle en cas de tir de balles de caoutchouc.

Nous comptons sur vous, faites attention à vous !

Que naissent dix, cent, mille « Copwatch » !

Article à retrouver sur le site de Désarmons-les !

N.B. : Ne pas confondre COPWATCH NORD IDF avec copwatch france et ses avatars “désobéissants” : ICI et

Pour aller plus loin :