GANDHI, DERRIERE LE MYTHE : Gandhi superstar (partie 1)

Le problème avec Gandhi c’est pas tant qu’il fut un « petit » bourgeois opportuniste, raciste, et hypocrite, comme il en existe tant d’autres. Mais plutôt que tant de personnes éprouvent le besoin de le prendre en exemple, d’en faire un symbole de la lutte pacifiste, faisant de ce pacifisme une idée éclairante que tout bon citoyen en demande de changement se doit d’adopter. Exit la révolution, bienvenue dans l’époque du free hug. En bon père de la nation, il aurait prouvé à lui tout seul l’efficacité de cette « nouvelle » méthode de contestation politique et sociale, en donnant naissance à l’Inde indépendante. Et le voilà propulsé représentant officiel mondial de la coolitude et ce pour des siècles et des siècles à venir, amen. Car oui, outre l’affinité historique et les liens étroits entre le pacifisme et le christianisme, Gandhi rappelle assez fortement la figure de Jésus le sacrifié. Notre superstar, tel le christ, mal nourri, l’air gentillet et vaguement ahuri, proche des miséreux et d’ascendance noble, est venue propager la bonne parole dans le coeur des hommes. Suivi par des hordes de fidèles fanatisés, qui encore aujourd’hui chantent ses louanges avec ferveur. Comme Jésus s’en est déjà pris plein la poire, il m’a paru judicieux de démonter, par le récit de ses actions et à l’aide de ses propres mots, l’ampleur de la supercherie qu’est le mythe de Gandhi et de son pacifisme à géométrie variable. Et comme il y a beaucoup à dire, j’ai scindé son parcourt en trois parties, ici nous commencerons par ses débuts en tant « qu’activiste » au service de sa majesté, et nous finirons dans un prochain numéro par la fin, avec son assassinat, logique.

A 24 ans, après un diplôme de droit en Angleterre et un rapide retour en Inde, il s’installe de 1893 à 1915, en Afrique du Sud dans la région du Natal, qui comme l’Inde, est toujours colonisée par l’Angleterre et où il réside une forte communauté d’immigrés indiens.

Le premier « combat » qu’il y mène consiste à revendiquer que les Indiens puissent voyager en train dans les wagons réservés aux blancs et pas dans ceux réservés aux noirs. Bim. S’il commence très rapidement à militer pour l’égalité des droits, c’est uniquement en faveur d’une certaine « race », celle dont il se revendique. Encore que Gandhi ne réclamait même pas l’égalité juridique entre tous les hommes de son ethnie. Non, il exhortait les pauvres à la patience et à l’acceptation de leur sort jusqu’à leur future réincarnation. Car ne pas combattre l’adversaire colonisateur par l’insurrection des classes populaires, mais tenter de convaincre la puissance coloniale de son propre intérêt à s’appuyer sur les dirigeants issus des classes dominantes indiennes, voilà quelle sera invariablement la philosophie politique du petit mahatma nationaliste.

Et quand Gandhi, ce grand rebelle, décide de lancer des pétitions pour le droit de vote en plein territoire colonisé, c’est uniquement à l’intention des Indiens du Natal, à aucun moment il n’imagine une lutte commune entre les populations locales. La première brochure de Gandhi s’intitule significativement : « Appel à tous les Anglais d’Afrique du Sud », la deuxième « Le droit de vote des Indiens ». Puis lorsqu’il fonde le parti du Congrès des Indiens du Natal, dont il devient le dirigeant, jamais il ne fait le moindre geste pour s’adresser ou entrer en contact avec des représentants de la communauté noire. Tous ses gestes, en bon politicien, il les réserve aux blancs et aux autorités.

Comme Gandhi approuvait et légitimait le système de castes en Inde, il comprenait et acceptait la logique raciste qu’était l’apartheid sud-africain. Il a par exemple cherché à interdire aux africains l’accès au quartier indien de Johannesburg.

Car Gandhi c’est un gentil qui, lors d’un meeting à Bombay le 26 septembre 1896, lâche des atrocités de ce genre :

« Notre combat est une lutte continuelle contre la ségrégation que nous inflige les européens en tentant de rabaisser les indiens au niveau du simple cafre (nom péjoratif donné aux noirs) dont l’occupation est de chasser et dont la seule ambition est de rassembler du bétail pour acheter une femme et passer le reste de sa vie dans la paresse et dans la nudité. »

Et le tout en faisant preuve d’une sympathie débordante à l’égard de la puissance coloniale, aussi oppressive soit elle. Il écrit ainsi dans son autobiographie, au chapitre intitulé « deux passions » :

« Je crois bien n’avoir jamais connu personne qui ait nourri dans son coeur autant de loyauté que moi envers la Constitution Britannique… Dans toutes les réunions auxquelles j’assistai, au Natal, l’usage était de chanter le God Save The King. J’estimais de mon devoir de joindre ma voix à celle de mes compagnons. Non que je n’eusse conscience des imperfections de la domination britannique ; mais, dans l’ensemble, je la jugeais acceptable. Je croyais que la domination anglaise était en somme bienfaisante pour ceux sur qui elle s’étendait… »

Aussi le pacifisme n’est apparu en réalité que tardivement dans la philosophie de Gandhi. En effet, toujours en Afrique du Sud, en 1899, en espérant légitimer la demande de citoyenneté des populations indienne du Natal, lors de la deuxième guerre des Boers [1], il se porte volontaire pour lever une brigade indienne au service de l’armée britannique. Les autorités n’étaient pas convaincues de la valeur de ses hommes à la peau trop bronzée, mais sur son insistance, elles finissent néanmoins par céder et par les former comme brancardiers. On aurait pu croire que l’horreur que dû être l’expérience de ce premier conflit, d’une armée déportant et massacrant des paysans pauvres, aurait suffi à calmer ses ardeurs guerrières, et à l’aider à se rendre compte que l’extermination de population, quel que soit l’aide qu’on y apporte, n’est jamais une « bonne chose ». Mais tel ne fut absolument pas le raisonnement de notre apprentisoldat – infirmier qui, en 1906, remit son uniforme et rempila pour un deuxième génocide au service de l’empire, cette fois envers les tribus zoulous. En tant que sergent major, et pour récompenser son ardente dévotion (servitude) sur le champ de bataille, Gandhi se verra desservir des médailles durant ces deux guerres.

Dans son autobiographie, au chapitre « La révolte des Zoulous », on peut lire : « Les journaux nous apportèrent la nouvelle de la « révolte » des Zoulous au Natal. Je n’avais aucune raison d’en vouloir aux Zoulous : ils n’avaient jamais fait de mal à un Indien. J’avais de grands doutes sur cette « révolte » en soi. Mais je croyais que l’Empire Britannique existait pour le bien du monde. Un sentiment sincère de loyalisme m’empêchait ne fût-ce que de souhaiter qu’il arrivât malheur à l’Empire. Que la « révolte » fût bien ou mal fondée, ne pouvait donc vraisemblablement affecter ma décision. Le Natal avait créé une Force de Volontaires de la Défense, et il ne tenait qu’à celle-ci de recruter le plus d’hommes possible… Je me tenais citoyen du Natal, étant donné l’intimité des liens qui m’unissaient à ce pays. J’écrivis donc au Gouvernement pour lui faire savoir que j’étais prêt, si besoin était, à former un Corps d’Ambulanciers indiens. Il me répondit aussitôt en acceptant mon offre… J’appris au quartier général que l’essentiel de notre travail serait de soigner les blessés zoulous… Les blessés qu’on nous avait confiés n’avaient pas reçu leurs blessures en combattant. Un groupe d’entre eux étaient retenus à titre de suspects. Le général les avait condamnés à recevoir le fouet. Le fouet avait causé des plaies sérieuses. Comme on ne les avait pas soignés, leurs plaies étaient en train de s’envenimer. Les autres blessés étaient des Zoulous fidèles. On avait eu beau leur distribuer des insignes pour les distinguer de l’« ennemi », les soldats avaient ouvert le feu sur eux par erreur. En plus de ce travail, je devais préparer et dispenser les remèdes prescrits aux soldats blancs. Je m’en tirais sans trop de mal, étant donné la formation que j’avais reçue. Cette mission me valut des rapports étroits avec nombre d’Européens… »

Ici, avec ses propres mots, Gandhi envoie valser le prétendu caractère pacifique de son rôle et de celui de ses ambulanciers dans ce conflit. On comprend clairement que sa participation dans une guerre au service d’un empire, contre des populations paysannes ou autochtones, loin d’instaurer la paix, ne fait que légitimer ce conflit raciste et meurtrier, et par là-même toute la philosophie coloniale. S’il tenait vraiment au respect de toute vie, j’ai du mal à comprendre ce qu’il a été foutre sur un champ de bataille, qui plus est du côté de l’envahisseur despotique. Et s’il avait été réellement non – violent, ses talents d’avocats, en bon petit légaliste qu’il était, auraient pu lui servir, par exemple, à tenter d’empêcher tout massacre et donc tout affrontement.

Sergent major médaillé et pacifiste, tout un concept que j’ai décidément bien du mal à saisir. Et quand ensuite il fut avéré que cette collaboration, n’eut pas l’effet escompté et ne rendit pas du tout les colons plus réceptifs aux revendications indiennes, ceux qui avaient suivi Gandhi lui demandèrent des comptes et il leur a tenu ce discours :

« Je ne regrette pas de vous avoir donné ce conseil. Je maintiens que nous avons bien fait de participer à la guerre. Ce faisant, nous n’avons que rempli notre devoir. Peut-être ne devons-nous pas espérer de récompense pour le prix de nos peines ; mais c’est ma ferme conviction que toute bonne action finit par porter ses fruits. »

En effet bien plus tard son Karma se chargera de lui renvoyer à la gueule ses « bonnes actions », en lui collant une balle. Nous avons pu ici apercevoir les manifestations de la pensée raciste du petit mahatma rieur et l’engagement politique douteux qui en découle. Dans la suite nous verrons comment il va parvenir à faire concorder sa pensée pacifiste, rappelons-le, avec la guerre des bouchers, et comment il va grâce à ses méthodes d’actions réformistes et non-violentes réussir à saper la plupart des révoltes sociales et ouvrières de son pays…

 

[1] Guerre opposant la République Sud-Africaine du Transvaal et l’Etat Libre d’Orange au Royaume-Uni, au Canada et à l’Australie. Notons que c’est lors de cette guerre qu’apparureNT les premiers camps de concentration destinés à interner les familles boers et les noir-Es (dans des camps séparés). 120 000 personnes y passèrent. Boers est un terme désignant les Etats sudafricains fondés au 19e siècle par des descendants de colons de langue néerlandaise.. (Note de DelendaEst)

 

[Repris de la revue apériodique anarchiste Attak Attak et repartagé par la brochure anarchiste Delenda Est]

 

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GANDHI, DERRIERE LE MYTHE : Gandhi, le Retour (partie 2)

Cet article est la deuxième partie d’un article publié dans le précédent (et premier) numéro d’attakatak. Dans le premier volet je détaillais les méfaits du petit homme mystique en Afrique du Sud, ses discours et ses engagements racistes, ainsi que sa participation toute pacifiste à des massacres de guerre.

Et donc, le 9 janvier 1915, Gangan revient en Inde en promettant à l’empire britannique d’enrôler au moins 500 000 hommes dans les bourbiers-charniers de la première guerre mondiale qui s’annonce. Pour Gandhi, c’est une aubaine que de pouvoir participer à la grande boucherie au service de la couronne. Il pense ainsi, en bon stratège de guerre, que sacrifier quelques milliers de vies sur des champs de bataille permettra à l’Inde de s’attirer la faveur de la puissance coloniale et d’ainsi peut-être pouvoir négocier avec elle une indépendance partielle. « Si nous voulions améliorer notre statut en faisant appel à l’aide et à l’esprit de coopération des Britanniques, notre devoir exigeait que, pour gagner leur appui, nous fussions avec eux en ces heures difficiles… » ou encore « Nous sommes considérés comme un peuple lâche. Si nous voulons faire mentir ce reproche, il nous faut apprendre l’usage des armes ». S’il y a bien un million d’Indiens qui iront combattre loin de chez eux, cet engagement ne suscitera chez les Anglais aucune concession en vue d’une quelconque indépendance. Loupé ! Qu’à cela ne tienne, à l’horizon du deuxième affrontement mondial, et malgré 90 000 ouvriers de l’industrie de Bombay qui manifestent contre toute participation à l’effort de guerre, Gandhi le persévérant proposera à nouveau sa candidature de recruteur, mais à la condition cette fois explicite d’obtenir l’indépendance de l’Inde à la sortie du conflit, condition qu’il n’obtint pas. Ne sachant dès lors plus à quel puissant État en guerre quémander un peu de soutien, Gandhi fait adopter une résolution qui déclare que le parti du Congrès (auquel il appartient) ne veut nuire ni « à la défense de la Chine et de la Russie » ni « à la campagne de défense des Nations Unies ». Aussi, en 1940, Hitler ne lui semble pas si dangereux que ça : « Hitler aurait pu être un allié, et peut encore l’être », toujours en fin stratège, il apprécie ses talents militaires « Je ne veux pas voir les Alliés défaits. Mais je ne crois pas Hitler aussi mauvais qu’il est dépeint. Il fait preuve de capacités étonnantes et il semble gagner ses batailles sans trop de sang répandu ». Il entretient avec lui une correspondance, tout comme avec Mussolini, chez qui il admire la politique économique, notamment agraire. En septembre 1946, Gandhi exprimera sa sympathie pour le « grand peuple » de l’Union Soviétique, dirigée par « un grand homme comme Staline ». C’est que chez Gandhi, « la nonviolence est un concept vaste et souple » (c’est lui qui le dit) : manger des animaux c’est pas bien, mais participer aux grands massacres internationaux pour réaliser des objectifs politiques en s’attirant le respect des maîtres, ça c’est faire preuve d’une « violence de vie inéluctable à la vie elle-même ». Amis de la paix, contemplez votre leader.

Gandhi est souvent présenté comme le père de l’indépendance, l’ami des miséreux, le sauveur du peuple indien… Mais en réalité, il a surtout sauvé les classes dirigeantes d’une révolution sociale qui, en renversant la domination coloniale, pouvait aussi s’attaquer à tout le système de domination, ce que ni l’Angleterre ni la bourgeoisie indienne n’avait intérêt à voir s’accomplir. En effet, depuis 1906 en Inde (et ailleurs) règne une forte « agitation » sociale, où les ouvriers enchaînent les grèves et les blocages et où les paysans se révoltent contre leurs exploiteurs, les propriétaires terriens. Les partis politiques sont comme toujours à des années lumières des préoccupations des plus pauvres. Ces riches autochtones souhaitent l’indépendance de l’Inde et la création d’un grand État-nation qui pourrait enfin être dirigé par eux. Ils oeuvrent à diffuser les idéaux nationalistes, via des voies propagandistes, parlementaires ou même terroristes. Mais ils n’arrivent pas à toucher les milieux populaires, qui sont trop occupés à essayer de survivre et à lutter contre leurs oppresseurs directs : les patrons, les propriétaires et la police.

La bourgeoisie indienne et ses ambitions s’organise principalement au sein d’un parti politique appelé « Parti du Congrès », qui réunit des tendances progressistes et libérales. Grâce principalement à ses appuis financiers et à l’aura de Gandhi, qui en 1915 en devient une des figures principales, il va rassembler de plus en plus d’électeurs jusqu’à devenir le parti le plus important de l’Inde. Par conséquent, il sera légèrement audible par les puissances anglaises qui feront semblant de prêter oreille à ses demandes tout en refusant d’octroyer réellement la moindre concession. Le Congrès, qui a les yeux rivés sur le pouvoir, n’a comme horizon indépassable que l’indépendance de l’Inde. Et pour y accéder sans froisser les puissants qui pourraient se révéler de futurs partenaires indispensables à la survie du nouvel État-nation, il convient de l’obtenir avec l’assentiment du maître colonial, en suppliant gentiment, sans jamais hausser le ton et en contenant les élans émancipatoires du peuple [2] qui refuse d’être asservi plus longtemps. Gandhi et son parti vont tenter d’empêcher les grèves de se propager, ils vont condamner les émeutes populaires et vont toujours préserver la diplomatie parlementaire de l’action spontanée et révolutionnaire.

Mais comment Gandhi a-t-il pu se construire cette réputation de demi-dieu, d’homme sain qui a vu la lumière, de guide spirituel visionnaire ? Au vu du nombre de livres, d’institutions et de posters à son effigie, on doit bien constater que notre époque l’a consacré comme icône de la pop-culture et des milieux gauchistes. Si on peut facilement hypothétiser sur les causes d’un tel engouement auprès des mouvements réformistes, il est plus difficile de comprendre pourquoi, au début de 20e siècle, il va parvenir à rassembler des foules de fidèles autour de lui. Il me faudrait un nombre assez conséquent de pages supplémentaires pour tenter d’apporter une réponse satisfaisante à cette question. Les causes d’un tel rayonnement sont sûrement multiples, et celles qui me semblent les plus intéressantes à développer ici, sont celles qui expliquent pourquoi et non pas comment cette immense notoriété s’est construite, quelle en était l’utilité, quels intérêts cela pouvait servir. On peut déjà trouver un élément de réponse en constatant que les premiers à chanter les louanges du mahatma ne triment pas dans les champs et les usines, ne crèvent pas non plus la dalle sur les trottoirs, mais dorment dans de jolies villas, dirigent des entreprises, ont de jolis diplômes avec lesquels ils accèdent à des fonctions confortables. Et dans un pays gangréné par la faim et le mysticisme religieux, son aura va permettre de galvaniser les foules, de les rendre perméables aux intérêts des classes indiennes bourgeoises et d’enfin dévier leur rage et leur volonté de changement vers le nationalisme et l’édification d’une classe dirigeante indienne et hindouiste de préférence. Gandhi est donc vu comme l’homme de la situation pour tout un tas de nantis aux dents longues, asphyxiés par la domination coloniale. Récupérer le grondement qui vient de la rue pour pouvoir faire pression sur la couronne anglaise, tout en canalisant la grogne pour qu’elle ne se retourne pas contre les intérêts de ceux qui se voient en futurs dirigeant de la future nation, en voilà une jolie stratégie. De là, on peut comprendre l’intérêt pour beaucoup de mettre à la tête des révoltes un homme qui pourrait jouer le parfait jeu politique de rassurer les pauvres d’une main, tout en protégeant les intérêts des riches de l’autre. Il restait à lui fabriquer un mythe et à en faire la pub. Ainsi, Gandhi va soigneusement choisir son image en abandonnant le costume occidental que portent ses homologues du Congrès, en utilisant les symboles religieux et en singeant une vie d’ascète. S’il prenait certes place dans des wagons de 3e classe, c’est avec des dépenses extraordinaires qu’il en exigeait la redécoration au préalable, tout comme la rénovation de quartiers entiers de taudis lorsqu’il séjournait parmi les intouchables [3]. Aussi, le fait que Gandhi habitait fréquemment une demeure luxueuse où il était l’hôte d’un des plus grands industriels de l’Inde (Birla), n’empêcha pas que plein de pauvres reconnaissent en lui leur berger. Au point où on en est, autant faire sauter le suspense direct : malgré les épidémies de révoltes, non il n’y aura pas de révolution en Inde, les riches peuvent dire merci à Gandhi, l’homme qui a contribué à ce que surtout rien ne change. Bien sûr, il se dit concerné par la misère et entend la soulager, principalement en jeûnant et en critiquant le progrès, en rendant le système de production plus humain et en se basant sur des économies plus locales et artisanales. En somme, il conçoit tout un vaste programme de réformes nationales pour que les Indiens puissent manger, prier et vivre en paix, mais que surtout les possédants ne soient pas dépossédés, ou en tout cas pas tout de suite, et pas comme ça, bref, on verra plus tard. Pas étonnant que plein de bobos occidentaux effrayés par la pauvreté, mais pas au point de remettre tout le système en question, trouvent dans la parole du petit mahatma une philosophie réformiste qui leur soulage la conscience tout en épousant parfaitement leur mode de vie privilégié.

Mais observons directement les faits :

– Début 1918, Gandhi intervient dans une grève des ouvriers des filatures d’Ahmedabad. Il arrive et exige que la lutte soit non violente, se limite à des objectifs clairs et réalistes, ne déborde pas du cadre de l’industrie, c’est-à-dire qu’elle ne remette surtout pas en question l’ensemble du fonctionnement économique et social du pays. Il entame une grève de la faim et refuse que les ouvriers se joignent à lui, les dépossédant de leur lutte et de leurs objectifs. Entretenant de très bons rapports avec les gros patrons, il calme les revendications et la rage des travailleurs et les grévistes voient une infime partie de leurs revendications satisfaites, leurs patrons allant même jusqu’à leur offrir des « friandises [4] », chouette.

– En mars 1919, alors que les grèves et les manifestations de masse se radicalisent, Gandhi propose sa première grande campagne d’action non-violente. Pour protester contre les lois Rowlatt, qui prolongeaient les pouvoirs répressifs du temps de guerre et permettaient au gouvernement d’emprisonner sans jugement, il décréta une journée de « hartal » en avril. À l’origine, le mot signifiait « grève générale ». Gandhi lui donna le sens de journée de jeûne et de prière. Et pour bien marquer ce changement de perspective, il ira jusqu’à condamner des actes de sabotage commis sur une ligne de chemin de fer, en usant de son chantage préféré : s’imposer un jeûne de pénitence pour des « fautes » commises par d’autres mais provoqué par lui (selon lui). Mais la colère ne se laisse pas aussi facilement contenir, et ce sont des milliers d’affamés qui descendent dans les rues et embrasent différentes régions du pays. Durant cette période d’agitation, hindous et musulmans manifestent côte à côte et fraternisent dans la lutte, au point qu’un rapport officiel du gouvernement souligne cette « fraternisation sans précédent ». Gandhi est alors furieux que le mouvement ait débordé du cadre qu’il lui avait imposé. Et comme c’est lui qui fixe les règles du jeu, et pas les principaux concernés, il décide d’y mettre un terme 3 jours seulement après son lancement. Mais, toujours loin de refluer, la rage s’étend un peu partout, des groupes de résistance à la répression sont mis en place par les manifestants, peu enclins à se laisser massacrer sans réagir. C’est l’armée et l’aviation anglaise qui viendront tenter de l’étouffer dans un bain de sang. À Amritsar, dans la région du Pendjab l’armée tira à la mitrailleuse sur la foule rassemblée dans un lieu clos, sans aucune possibilité de s’échapper, il y eut entre 400 et 500 morts et plus de 1200 blessés. Gandhi déclara alors dans une lettre à la presse qu’un « résistant civil ne cherche jamais à mettre le gouvernement dans l’embarras ». Non à la violence libératrice, oui à celle de l’armée, décidément quel tendre rebelle ce Gandhi.

– Les six premiers mois de 1920 voient se soulever un million et demi de travailleurs à travers tout le pays. Le mouvement ouvrier ne faiblit pas et ce (grâce) en l’absence de toute direction politique, un parti communiste presque inexistant et des syndicats timorés voire muets. Quant au parti du Congrès, il constate « Il ne sert à rien de se dissimuler que nous traversons une période révolutionnaire ». Faute de parvenir à l’arrêter, la bourgeoisie indienne tente alors à nouveau de se porter à la tête des révoltes et pour ce faire Gandhi élabore un programme de « non-collaboration dans la nonviolence » qui est adopté par le parti du Congrès en septembre 1920. Les actions « radicales » mises en avant par le parti sont le boycott des élections aux nouvelles assemblées consultatives, des établissements scolaires et des tribunaux. Autant de mesures qui ne concernent donc qu’uniquement la bourgeoisie indienne grande ou petite. Quant aux miséreux, le programme les encourage « au retour au filage à la main » et au boycott des vêtements britanniques. Point. Mais si cette campagne rencontra un succès certain, les crèves-la-faim ne s’arrêtèrent pas là.

– 1921, l’agitation continue et prend carrément l’aspect d’une rébellion ouverte dans le Pendjab et dans la région côtière de Malabar. Le mouvement culmine lors de la visite du prince de Galles. Gandhi et ses suiveurs décident d’user d’intimidation, de soudoiement et de tromperie pour dissuader la population d’assister aux apparitions publiques du prince ; ils répandirent le bruit que la police avait ordre de tirer sur les indigènes et que la nourriture traditionnellement offerte aux pauvres lors des visites princières serait empoisonnée. On est pas à un mensonge près quand il s’agit de commander dans l’intérêt de tous, ou si ce n’est de la plupart, ou en tout cas de quelques-uns, bref, de commander quoi. Mais les journées de grève décrétées à Bombay pour l’occasion se transforment en émeutes. Gandhi va à nouveau réprimander les révolutionnaires et commence un jeûne de cinq jours pour protester contre les violences émeutières survenues.

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« A la minute même où les travailleurs comprennent que le choix leur est offert de dire oui quand ils pensent oui, et non quand ils pensent non, le travail devient le maître et le capital l’esclave. Et il n’importe absolument pas que le capital ait à sa disposition des fusils, des mitrailleuses et, des gaz empoisonnés, car il restera parfaitement impuissant si le travailleur affirme sa dignité d’homme en restant absolument fidèle à son non. Le travail n’a pas besoin de se venger, il n’a qu’à rester ferme et à présenter la poitrine aux balles et aux gaz empoissonnés, s’il reste fidèle à son « non », celui-ci finira par triompher. »

On fumait de la bonne dans son ashram apparemment.

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– En février 1922 une petite ville va brûler un comico avec les flics qui se trouvaient dedans (en Inde aussi ils aimaient bien les brochettes de poulet grillé). Gandhi en conclut que le « peuple » n’est pas mûr, « Je me rendais compte que, avant qu’un peuple fût en mesure de pratiquer la désobéissance civile, il devait en comprendre entièrement la signification la plus intime. Cela étant, avant de nous lancer à nouveau dans la désobéissance civile à l’échelle des masses, il fallait former un groupe de volontaires bien éprouvés et au coeur pur, et comprenant parfaitement les rigueurs du Satyâgraha. Eux pourraient expliquer ces rigueurs au peuple et, par une vigilance de tous les instants, le tenir sur le droit chemin ». Bim, on peut traduire sa pensée par : vous qui vous révoltez pour vos vies êtes des incapables, moi je sais où quand et comment, soumettez-vous à mon jugement et à ma milice au coeur pur, aka rhétorique dictatoriale basique. Dans la résolution rédigée début 1922, le parti du Congrès insiste sur la nécessité de respecter les « droits légitimes des propriétaires terriens » à percevoir le loyer des terres et la nécessité de payer les impôts et les taxes « légitimement dues ». Il n’est pas question de violence ou de non-violence, mais de respecter les intérêts des possédants.

– En 1930, Gandhi propose une nouvelle campagne… contre le monopole du sel exercé par le gouvernement britannique. Ça a l’avantage d’être une revendication « populaire » tout en excluant la grève et la lutte, puisqu’il s’agit d’effectuer une marche symbolique vers la mer. Le tout largement médiatisé, avec équipe de tournage et compagnie, pour le plus grand plaisir de « l’opinion publique » occidental, déjà conquise par la démarche pacifique, démocratique, et donc nonrévolutionnaire, du petit moine politicien. Mais loin de se borner à « fabriquer leur sel dans le respect de la non-violence », on vit les grèves dans les usines et sur le chemin de fer menacer de tout bloquer, et les manifestants toujours plus nombreux s’attaquer à leurs oppresseurs et à leurs possessions. Dans les villages, les mouvements de refus d’acquitter les loyers aux propriétaires terriens se généralisèrent. À Peshawar, qui resta pendant dix jours aux mains de la population, les soldats refusèrent de tirer sur les manifestants. Ces troupes hindoues s’y lièrent avec une foule en majorité musulmane. Il fallut à nouveau l’intervention de l’aviation britannique pour faire revenir le calme. Alors que celle-ci réprimait la population, ce n’est pas sa violence que Gandhi condamnait, mais le refus des soldats indiens de tirer ! « Un soldat qui désobéit à un ordre de faire feu enfreint son serment et se rend coupable de désobéissance criminelle. Je ne puis demander à des fonctionnaires et à des soldats de désobéir, car lorsque je serai au pouvoir, j’utiliserai, selon toute probabilité, ces mêmes fonctionnaires et ces mêmes soldats. Si je leur enseignais la désobéissance, je craindrais qu’ils n’agissent de même lorsque je serai au pouvoir. » Le mec se rêve déjà en commandant suprême des armées, CQFD.

– De mai à décembre 1930, il y eut cent mille arrestations dont tous les leaders du parti du Congrès. Loin de calmer la population, cette arrestation enleva aux insurgés indiens les principaux canalisateurs du mouvement social. Et donc le 26 janvier 1931, le pouvoir britannique, pragmatique, libère sans condition Gandhi et une trentaine de dirigeants qui se déclarent tous prêts à collaborer pleinement avec les autorités, pour qu’ils puissent à nouveau oeuvrer tranquillement à l’encadrement de la révolte jusqu’à son étouffement. Pratique ce Gandhi.

– Pendant la seconde Guerre mondiale, la famine fait entre trois et quatre millions de morts en Inde. Mais dès la fin de l’année 1945, la révolte reprend de plus belle. En février 1946, les marins de la flotte de Bombay, le plus grand port militaire, se soulèvent. Appuyés par les grévistes de Bombay qui viennent ravitailler les bateaux, les mutins purent compter sur la solidarité des révoltés, le parti du Congrès à l’opposé fustigea encore une fois les rebelles. Le mouvement gagne alors d’autres secteurs de l’armée, ébranlant dans ses fondations mêmes l’appareil d’État. Lorsque l’armée britannique lança un ultimatum aux marins, menaçant de « détruire toute la flotte si nécessaire », les insurgés répondirent par une gigantesque grève émeutière. Quant aux soldats indiens enrégimentés, ils refusèrent de tirer sur les émeutiers. Gandhi les traita de « racaille » et de « combinaison impie d’hindous et de musulmans ». Les autorités coloniales firent venir la troupe britannique et des renforts navals considérables pour mener trois jours de répression féroce, tirant sans discrimination sur la foule. Entre le 21 et le 23 février 1946, il y eut officiellement 250 morts. Au même moment, les luttes grévistes furent au point le plus élevé jamais atteint avec la grève insurrectionnelle de deux millions de travailleurs dans un climat de tension extraordinaire.

Les colonisateurs anglais constatant alors qu’il y a un mouvement révolutionnaire irrésistible, préfèrent céder le pouvoir d’eux-mêmes à des nationalistes avec lesquels ils tentent des accords pour conserver leurs intérêts économiques plutôt que de risquer d’assister à une véritable révolution sociale. Le major Attlee déclare qu’il craint un soulèvement révolutionnaire en Inde et c’est comme cela qu’il obtient très rapidement l’accord de la bourgeoisie anglaise pour céder à toute vitesse l’indépendance. En octobre 1946, il explique à la chambre que « tout retard dans l’accession à l’indépendance provoquera des graves troubles révolutionnaires » et que selon lui, il sera inutile et impossible d’amener suffisamment de renforts sur place. La Ligue musulmane (un autre parti politique de l’Inde qui a su judicieusement profiter de la contestation sociale) annonce qu’elle réclame la partition du pays sur des bases religieuses : hindous d’un côté et musulmans de l’autre. Malgré la répression et les diversions racistes, dans les mois qui suivent, des milliers d’Indiens continuent à s’insurger. Dans des régions entières, plus personne n’obéit à l’administration. Dans ces conditions, l’Angleterre accélère à toute vitesse le plan d’accession à l’indépendance. Signé début juillet 1947, le plan de partage entre Inde et Pakistan est adopté le 18 juillet et le nouveau pouvoir installé le 15 août 1947. On n’aura jamais vu un pouvoir colonial aussi pressé de donner sa place ! La formation du Pakistan, composé des régions à majorité musulmanes du nord-ouest et du nord-est de l’Inde, transforma la « nouvelle » Inde en État principalement hindou. Pourtant, des musulmans vivaient à travers le sous-continent indien depuis plus d’un millénaire. Cette partition a précipité des mois de carnages ; jusqu’à deux millions d’hindous, de musulmans et de sikhs ont péri, provoquant l’une des plus grandes migrations de l’histoire humaine. Pendant les quatre prochaines années, plus de 15 millions de personnes, la majorité portant ce qu’elles pouvaient dans leurs bras et sur leurs dos, vont migrer d’un pays à l’autre. Ces nouvelles frontières et les bouleversements tragiques et absurdes qu’elles engendrèrent mirent certainement fin au gigantesque mouvement social qui avait retenti pendant plusieurs décennies dans la péninsule indienne.

Et Gandhi, si souvent encensé pour avoir prôné l’unité entre hindous et musulmans, justifiait aussi les préjugés les plus imbéciles de la religion hindoue qui interdisaient les mariages intercommunautaires et même le simple fait de manger ensemble les mêmes aliments (ou de lutter ensemble contre un même ennemi) ! Et c’est parce que les intouchables (la caste la plus basse de la société indienne) se convertissaient par millions à la religion musulmane, tentant ainsi d’échapper à la condition de sous-hommes qui leur était faite dans la société hindoue, que Gandhi lança à cette époque un mouvement de défense de la dignité des intouchables. Gandhi se mobilisa certes pour quelques menues améliorations de leur condition, mais jamais il ne remit en question l’organisation par caste qu’il jugeait nécessaire et naturelle à la société orientale. Pour lui, cette structuration de la société ne répondait pas d’abord à un principe hiérarchique, mais à un principe de complémentarité : chaque caste remplissait une fonction socio-économique propre à garantir l’harmonie de l’ensemble. « Je considère fondamentales, naturelles et essentielles les quatre grandes divisions (…) les innombrables subdivisions peuvent être gênantes, mais je suis tout à fait opposé à ce qu’on essaye de détruire les divisions fondamentales. Je suis porté à croire que la loi de l’hérédité est une loi éternelle et que toute tentative pour la transformer doit forcément conduire au désordre absolu. Je ne considère pas qu’il soit indispensable à l’esprit démocratique de boire ensemble, de partager un repas et de s’unir par le mariage ». On peut donc comprendre, que les « intouchables », qui se nomment eux-mêmes les « opprimés » n’ont pas vu en Gandhi un homme capable de changer radicalement leur condition d’existence. Mais comme les loqueteux n’écrivent pas de livres et n’accèdent ni au pouvoir politique ni à l’aura culturelle, leur avis quant au projet de Gandhi n’a que peu d’importance aux yeux de ceux qui font l’histoire. Ils n’existent quasiment pas dans les récits qu’on nous loue, laissant toute la place à la bourgeoisie de propager son mythe et sa vérité qui sont, pour ce monde autoritaire, les seules crédibles et dignes d’intérêt.

Qu’on arrête de me dire que Gandhi a sauvé ses pauvres, ni non plus qu’il a donné à l’Inde son indépendance. Tout ça n’existe que dans la tête des gens qui veulent croire qu’un chef éclairé et charismatique puisse lancer un vaste mouvement d’émancipation et amener tout une société à changer. Alors oui, on peut lire que Gandhi était contre le progrès occidental et capitaliste, contre la technologie, et pour un monde sans État, libéré de toute violence. Il a prononcé de longs discours et écrit de beaux livres, mais concrètement, il ne mit aucune action en pratique pour atteindre ces buts. Ah si pardon, il a tenté de s’accaparer le pouvoir politique et de moraliser les plus opprimées. Car pour lui, toute cette société idéale repose sur la religion, et l’esprit pieux de l’homme croyant. Et pour cela, il faut que des hommes éclairés et compétents entreprennent de guider tous ces pauvres ignorants violents vers la voix de la sagesse, de l’illumination. Le but avoué est une société où les rapports humains sont pacifiés, adoucis, où le dominé peut mener une existence paisible auprès de son dominant, tout ça dans le respect mutuel et l’harmonie de la hiérarchie « naturelle ». Mais le pauvre est vil et ignorant, il ne peut pas réaliser le changement qui pourrait le libérer, il ne sait rien, il est dominé par ses peurs et par la mal-nutrition. Il faut donc que des gens plus compétents, des gens qui savent de quoi ils parlent, s’occupent de le diriger, de l’envoyer dans la bonne direction. Et pour ce faire, chaque fois qu’une révolte spontanée éclate, Gandhi la marginalise, l’écarte du reste de la lutte et la décrédibilise. Puis bon, être contre la domination étatique tout en siégeant au parti le plus puissant de l’Inde me semble pour le moins contradictoire. Mais ceux qui aiment acclamer les héros n’ont en général pas peur de s’arranger avec la vérité, de la bricoler pour qu’elle serve leurs intérêts.

Or, pour moi qui ne crois pas que les réformes politiques puissent nous rapprocher de la liberté, qui ne pense pas non plus qu’en opérant sur des conséquences on puisse détruire les racines autoritaires de notre monde de fou. Qui ne crois pas non plus qu’un grand leader puisse libérer tout un peuple avec la force de sa police et de ses discours pleins de promesses. Qui n’ai pas davantage foi en l’humanisme qu’incarne Gandhi, qui veulent tous deux nous faire croire qu’on vit tous dans la même réalité, et que nos espérances et nos intérêts sont les mêmes parce que nous ne sommes au fond tous que de gentils humains. Cet humanisme hypocrite qui promeut une société où chaque individu aurait une part égale de responsabilités dans la perpétuation de cet existant fait de souffrance et d’avilissement. Pour moi donc qui ne crois pas en toutes ces fables qui nous sont martelées jusqu’à l’endoctrinement, Gandhi n’est rien de plus qu’un énième leader politique aux penchants dictatoriaux, au look certes original, mais aux intentions autoritaires classiques et aux méthodes démagogiques et récupératrices connues… Ce type, comme les célèbres humanistes français de 1789, a permis en Inde à la démocratie (autoritaire et capitaliste de nature) de s’implanter durablement, et a empêché de se mettre en place un réel changement qui aurait pu être une réorganisation totale de la société indienne, une transformation radicale des rapports sociaux entre les êtres humains.

 

[Repris de la revue apériodique anarchiste Attak Attak et repartagé par la brochure anarchiste Delenda Est]

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Notes :

[2] Je ne partage pas la notion de peuple. Qu’est-ce que le peuple ? Je trouve cette notion populiste, et surtout elle masque les divergences de fond. Je ne vois que des individus, et ne croit pas aux fantômes, qu’ils se nomment peuple, prolétariat, humanité, ou Dieu. (Note de DelendaEst)

[3] En Inde, les intouchables sont les individus désigné-es comme étant « hors-caste ». Réputé-es mauvais-es, infréquentables, illes subissent l’austracisme et se tapent les pires tafs (ceux vus comme « impurs »,), ainsi que la violence d’Etat et des autres castes. Le système de classe anglais s’est très bien adapté au système de castes indien. Dalit est leur nom en hindi.

[4] c’est ce que Gandhi écrit dans son autobiographie, difficile de savoir de quelle nature étaient exactement ces « friandises ». Ayant lu le reste de la phrase, je penche pour un truc style paniers garnis, mais peut-être qu’ils ont reçus des smartphones ou des machines à laver, qui sait…