Petit compte-rendu subjectif du blocage de janvraie au pied de cheviré.
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Retraites 2019
J’arrive donc, pas très bien réveillé, sur le parking du Mac-do à 6h du matin. Une quinzaine de personnes sont déjà présentes. Deux voitures de flics surveillent les carrefours à proximité. Le gérant du Mac-do nous demande de garer nos voitures ailleurs et nous menace de fourrière, mais on ne l’a pas écouté, sans que ça porte à conséquence.
On arrive a vaincre l’inertie et à commencer une discussion collective. Lequel des deux rond-points on bloque ? Les deux ? On décide rapidement de n’en bloquer qu’un, celui du côté Mac-do du périph. On passe plus de temps pour discuter de si c’est un blocage total ou un blocage filtrant. On galère à trouver un consensus. On a peur de passer trop de temps à discuter. Finalement, on part vers le rond-point sans avoir tranché. On s’est dit que le gros des troupes pouvaient aller à pied bloquer le rond-point et que des gens pouvaient suivre en voiture et « se laisser bloquer au rond-point », pour s’assurer que se ne soient pas des conducteur-rice-s speed qui occupent la place. Mais finalement, ça ne s’est pas vraiment fait.
Tandis qu’on s’installe sur le rond-point, les flics se rapprochent pour nous observer. On est à ce moment-là qu’une soixantaine. Mais ils n’interviennent pas. On bloque entièrement le rond-point. La plupart des gens bloqué.e.s restent très patient.e.s. Au bout d’un moment assez long, on laisse passer quelques voitures. D’autres personnes, un peu en retard nous rejoignent. On est une centaine. De l’autre côté du rond-point, c’est blocage total.
Je reconnais plusieurs appelistes. J’appelle appelistes, les membres d’un groupe affinitaire très organisées, implanté sur la Zad, à Nantes, à Rennes et dans beaucoup d’autres villes. Les appelistes sont très investis dans certaines luttes et dispose d’une grande force matérielle. Ce matin, par expemple, illes ont apporté de quoi barrer les routes, faire du feu, du thé, du café et des gâteaux pour tout le monde. Le problème, c’est que je n’ai pas du tout confiance dans ces appelistes. Au cours des nombreuses fois où je me suis trouvé à leurs côtés, j’ai souvent remarqué qu’illes maniaient des doubles discours, qu’illes lâchaient leurs ancien.ne.s allié.e.s quand illes n’en avait plus besoin et qu’illes prenaient les décisions entre elleux, sans consulter ou informer les autres personnes. Leurs analyses politiques et leurs stratégies sont assez opaques et semblent souvent être dirigés vers l’accroissement de la puissance de leur groupe.
De plus – comme beaucoup de gens – je garde une rancune tenace envers les appelistes ainsi qu’un profond sentiment de trahison pour des conflits qui se sont joués sur la Zad. Autant vous dire que je ne me suis pas senti très à l’aise sur le blocage (ni sur le bocage d’ailleurs). Je suis donc soigneusement resté du côté du rond-point où illes étaient peu présent.e.s. Et j’ai boudé les petits gâteaux.
Ce qui me m’emmerde, c’est qu’on est plein à ne plus trop les supporter, mais qu’on arrive rarement à nous organiser sans elleux, à être – nous aussi – une force de proposition. Enfin bon.
Un moment il y a eu quelqu’un de bien vénère qui a essayé de forcer le barrage en voiture. Il semblait prêt à rouler sur les gens pour pouvoir passer. On a fini par lui libérer le passage, mais il a payé le prix : un essuie-glace et un rétroviseur. Les flics sont arrivés quand illes ont vu qu’il y avait une embrouille et illes ont tenus à secouer un peu le conducteur alors qu’on avait à peu près régler le problème.Les flics ont exigés à plusieurs reprises que le barrage soit filtrant. Plusieurs camion de la CDI sont garé à proximité. De notre côté du rond-point, on laissait passer quelques voitures de temps en temps mais quand même pas beaucoup. De l’autre côté, le barrage tiens bon, aucune voiture ne passe.
On décide de rester jusqu’à 10h. Puis une grosse partie du groupe décide d’essayer d’aller sur le périph. Les flics dégagent celles et ceux qui sont resté sur le rond-point et empèchent les autres de gagner le périph. L’action s’arrête un peu avant l’heure prévu, mais on est quand même bien satisfait. Les bouchons ont contaminé une partie du centre ville et ont mis beaucoup de gens en retard au travail. L’économie a bien été bloquée !
Depuis Rennes, je plussoie le passage sur le CMDO-appelisme gang aka la bourgeoisie militante autoritaire opportuniste
Je ne suis pas allé à ce blocage mais je fais les mêmes constats que toi. Le 5 décembre, c’était autour de la cagette des terres qu’on pouvait les voir. Moi non plus je n’ai pas gouté à leur bouffe, j’ai préféré mes gâteaux secs. Pourtant je ne suis jamais allé à la ZAD, avoir vu leurs pratiques à Nantes m’a amplement suffit, les brochures zaddissidences et d’autres m’ont aussi permis de mieux comprendre. C’est vrai qu’elles et ils ont de gros moyens matériels, que la puissance de leur « machine de guerre » augmente et leur carnet d’adresses se remplit. Ce sont des caméléons et par stratégie, ils peuvent facilement passer d’une alliance contradictoire à une autre. Comme le déclare Eric Hazan patron de la Fabrique qui les publie: « Parce que les ennemis de mes ennemis ne sont pas vraiment des amis, mais un peu quand même ».
Quand on n’est pas militant et qu’on utilise déjà une bonne partie de son temps et de son énergie à sa propre survie, c’est difficile de faire face à tout çà!
S’organiser sans elles et eux, d’accord! mais sur quelles bases?
Jeudi 5/12 dans une très petite ville en centre bretagne petit blocage filtrant tranquille mais quand même un joyeux petit bordel pour un bled de 3500 habitants!Nous étions aussi assez bien organisé-es(mais pas trop quand même…)avec du thé,du café,de la bouffe,de quoi faire du feu…et tout ça sans les appelos!incroyable!
J’ai perso suivi des fois de près des fois de loin la lutte de la zad pendant des années de la manif occupation du sabot en 2011 jusqu’à la victoire de l’automne 2017 puis l’écrasante défaite du printemps 2018 en passant par le 22/02/2014 ou le weekend du refaire un dôme.
A mon sens tant de moment à proprement parler historiques qui ont grandement contribué à me forger politiquement…et je pense que c’est pareil pour des milliers d’autres gent-es ça jamais rien pourra m’enlever cet idée là!
Je comprend également très bien la colère et l’amertume ressentie par beaucoup aujourd’hui même si pour ma part je suis vite passé à autre chose après la défaite en 2018(merci quand même les gilets jaunes!).
Sinon depuis longtemps et partout,pendant les Communes de Paris,de Kobané ou d’Oaxaca,pendant la guerre civile espagnole,au Chiapas,lors des mouvements des Black Panthers,de l’American Indian Movement ou lors de la lutte contre le Dapl à Standing Rock les gen-tes n’ont jamais attendu
qu’un groupe d’intellos petits bourgeois bla bla du Limousin écrivent très bien des supers romans sur ce que pourrait(peut être?) être une insurrection…et heureusement ça ne les as bien sur pas empêché-es de penser et construire l’auto organisation en termes de bouffe,d’agriculture,de soins,d’autodéfense etc,etc…
De la même manière à mon avis très,très peu de participant-es à l’occupation des ronds points(à mon sens expérience massive d’auto organisation) d’il y a un an n’ont ne serais ce qu’une seule fois entendu parler de Tarnac,du comité invisible et autres joyeusetés.Donc laissons les à la place qu’ils méritent et faisons en sorte qu’elle reste relativement insignifiante…en gros un peu comme ce qu’il s’est passé avec les fafs pendant les gilets jaunes(de ce que j’en ai vu).Après pourquoi pas ne pas s’inspirer de leurs outils et de leurs organisation?il est à mon avis largement possible même si pas forcément facile de reconstruire en parallèle des choses relativement semblables d’un point de vu matériel tout en se passant de leur petite mentalité de petit-es politicien-nes pourri-es.
Bien sur chaque contexte local est particulier,sans doute beaucoup de choses sont elles plus faciles en milieu rural qu’en métropole déjà en premier les flics ne nous attendent pas forcément là surtout si on sait se passer de facebook pour communiquer sur nos actions.
Il est certains que beaucoup de choses deviennent beaucoup plus facile si on a un peu de contact sympa avec des travailleureuses locaux et leurs bons plans récup,si on est dans un groupe ou amitié et confiance sont déja construite,si un-e tel-le a des connaissances en soudure,maniement de tronçonneuse,médics,peut mettre à dispo son fourgon pour transporter le bordel…
tout ces savoirs s’apprennent,beaucoup d’outils s’acquièrent ou se bricolent à peu de frais(petite pensée admirative aux parapluies révolutionnaires de Hong Kong…et de Rennes!) et tout ça sans prendre sa carte au CMDO bien sur!
Nous avons vu des thermos de café se transformer en armes de ralentissements massives,tu proposes un café aux routier-ères même sans bloquer vraiment, le mec ou la fille en a un peu(beaucoup?) ras le cul de pas mal de trucs(comme en fait pas mal de monde), est enchanté-es de cette belle petite occasion de faire une petite grève du zèle,il s’arrête une demi heure boire un café et taper la causette au milieu de la route et hop ça fait un joli petit bouchon!
Toujours sans sa carte au CMDO il est toujours possible d’aller essayer de discuter avec les syndiqué-és c’est fort interessant et visiblement eux aussi en ont ras le cul de pas mal de trucs…y compris parfois de leurs syndicats,ça alors!
Voila,voila quelques considérations sur la situation actuelle à mon avis ya vraiment moyen de bien rigoler si on provoque les bonnes rencontres,faites quand même tou-tes très gaffe à vous ça risque d’être un peu chaud…comme si ça l’étais pas assez jusque là! mais espérons qu’un jour(bientôt!)la peur changera vraiment de camp…
bisous,bisous coeur coeur pailettes et barricades!