Article de Wallonie Libertaire

Ce dimanche 31 mars se déroulait une énième marche climats qui avait été rejointe par un certain nombre de gilets jaunes venus de Belgique, de France et des Pays-bas. Dès le départ les écolos réformistes se tenaient à distance du bloc composé de gilets jaunes et de diverses personnes plus radicale. Quelques GJ ont témoigné.e.s sur facebook qu’iels avaient dans un premier temps voulu “s’intégrer” dans le reste de la manif, mais au vu de l’hostilité des réformistes teinté d’un mépris de classe affiché, iels ont vite rejoint le bloc…

Mais le pire restait à venir, les réformiste allaient montrer clairement leur vrai visage.

En effet, une fois arrivé rue de la loi, le bloc gj prend la tête de cortège et là… Les pseudo-écolo réformistes s’arrêtent et laissent volontairement une distance s’installer. Histoire de bien réafirmer qu’iels n’ont rien à voir avec ces énergumène insoumis.e.s et révolté.e.s. Faut bien dire que pour les réformistes la révolte sociale cela ne les intéresse. Iels ne veulent pas changer les règles du jeux. Iels veulent une loi climat qui ne changera surtout pas les rapports sociaux en place. Et encore moins bazarder le plateau de ce jeux pourri qui ne nous a jamais amusé qu’est le capitalisme.

Quelques tags sont posés et quelques vitres de la commission européenne parte joyeusement en éclat. Un flic en civil tente d’arrêter à lui seul une personne. Ce fût pour lui un échec cuisant, il se prend une ruée de coup et la personne est désarrêtée.

Après cela, les flics se mettent en mouvement pour nasser les gilets jaunes, les marcheur.euse.s réformiste vont non seulement les laisser passer mais aussi leur faciliter la tâche. En effet, des “stewards” (ou plus réalistement des auxiliaires de police bénévole (sic)) vont agripper des gilets jaunes pour les livrer et empêcher physiquement d’autres de se refondre dans la manif. Au moins iels ont bien choisi la couleur de leurs chasubles: bleu comme la flicaille. Iels auraient même pu aller plus dans l’honnêteté et directement y annoter “policier.e bénévole”. Enfin peut-être certain.e d’entre-elleux s’y seront découvert une vocation et iront postuler pour rejoindre les rangs de l’infâme maréchaussée.

Une nasse finit par se former autour d’un groupe d’une septantaine de personnes. Un petit groupe reste face au flics et gueule quelques slogans en solidarité. Mais la majorité de la manif continue son chemin comme s’iels n’en n’avaient rien à faire voir sont heureu.x.ses d’être débarassé.e.s de ces trouble-fêtes.

Non content de s’être déjà bien distancié durant la manif, certain.e.s organisateur.trice.s sont allé.e.s en rajouter une couche dans les médias.

Anuna De Wever de Youth For Climate a déclaré : « C’est dommage que des casseurs viennent détruire des choses car nous avons toujours manifesté de manière propre et pacifique. Nous nous distancions totalement de ces actes ». Quant à Kim Lê Quang de Rise For Climate il a ajouté « La police a fait son travail et a pu isoler les fauteurs de troubles. Heureusement, il n’y a pas eu de blessés parmi nos manifestants ».

Le jaune et le noir ne font visiblement pas “propre” dans leur vision de la manif et ne font pas parti de “leurs” manifestant.e.s. Niveau convergences des luttes et respect des diversités de stratégie, on repassera…

La police semble également espéré encore plus de collaboration abjecte venant de certain.e.s manifestant.e.s et a lancé un appel à la délation sur les réseaux sociaux…

Bien évidement, il ne s’agit pas de mettre tout.e.s les individu.e.s (dont certain.e.s sont probablement de bonne volonté et ne cautionnent pas les actes mentionnés) composant cette marche dans un même sac accusateur mais bien de pointer non seulement les actes de certain.e.s mais aussi le rôle profondément néfaste des orgas réformistes en tant que structure politique voulant ménager de petits arrangement avec le pouvoir, l’ennemi éternel de tout changement radical.

Le réformisme a toujours étouffé les braises de la révolte

Depuis que la contestation sociale existe, celle-ci a pris diverse forme.

Certaines consistent à se poser en opposition au pouvoir, à exiger directement et sans intermédiaire, à instaurer un rapport de force pour parvenir à ses revendications voir à vouloir la destruction pur et simple du pouvoir et de tout rapport de domination.

Certaines consistent à s’emparer du pouvoir par la force et on a bien vu ce que cela a donné…

D’autres encore consistent à utiliser les outils des dominant.e.s, négocier, parler et faire concession sur concession pour passer des réformes insignifiantes et finir par s’accrocher au pouvoir en oubliant ses idéaux initiaux. C’est une vieille histoire. Un bel exemple en est la social-démocratie, qui a peu à peu a dénaturer et trahi le terme de socialisme, qui rappelons le, à la base à pour but l’instauration d’une société sans classe ni état mais qui maintenant fait penser à une bande de politicien.ne.s corrompu.e.s faisant passer des mesures d’austérités et qui sert la bourgeoisie.

Plus récemment, on a également vu les ravages du réformisme avec les partis dit de “gauche radical” tel que Syriza en Grèce, qui une fois arrivé au pouvoir ont laissé tombé toute radicalité pour poursuivre des politiques d’austérités.

De la même manière, les syndicats autrefois combatifs sont devenus de grosses machines bureaucratique dont l’existence même dépend du pouvoir. Ils sont devenus de ce fait non seulement inoffensif mais sont en plus devenus des médiateurs qui semblent (semblaient avant le mouvement GJ?) incontournable de la contestation sociale.

Par ailleurs ce glissement de la combativité à la médiation, s’est fait lentement par la légalisation des syndicats. De fait, quand ceux-ci étaient illégaux, ils ne pouvaient être qu’en opposition avec le pouvoir. Ils ne pouvaient être que dans un rapport de force vis-à-vis du pouvoir. Quand ils sont devenus légaux, ils sont également devenus des interlocuteurs “légitime” aux yeux du pouvoir et du patronat et ils leurs a fallu dès lors préserver cette nouvelle position.

Ces grosses orgas écolo se posent désormais, elles aussi, en médiatrice de la révolte. Il faut suivre ce qu’iels ont décidé.e.s, adopter leurs modes d’actions ne laissant aucune place à l’initiative individuelle. Elles ne veulent pas renverser l’ordre établi, leur existence en dépend tout autant que celle des syndicats actuels. Ce qui encore une fois, ne veux pas dire qu’il n’y a pas des individu.e.s en leur sein qui veulent réellement changer les choses mais la structure bureaucratique et tellement attaché à l’image de “bon interlocuteur” qu’elles veulent se donner en tant qu’organisation formel, les empêchent d’être un outil efficace pour atteindre ce but.

En donnant de faux espoirs qu’il suffirait de voter (ou d’aller marcher) pour changer les choses, qu’il vaudrait mieux s’accommoder du pouvoir plutôt que d’aller l’affronter, le réformisme a tué (et continu à le faire) la contestation sociale tout comme il tue la contestation écologiste. Bref, le réformisme a toujours visé l’aménagement et la conciliation plutôt que la transformation.

La collaboration avec le pouvoir dans ce contexte, n’a malheureusement rien d’étonnante, c’est une constante du réformisme.

L’écologie n’est pas soluble dans le réformisme

La situation est dramatique. La catastrophe écologique est déjà là. La ligne rouge est déjà franchie. On n’a plus le temps pour avancer lentement, on n’a plus le temps pour des réformes misérables qui finissent par se perdre dans le statut-quo. Le capitalisme et l’industrie détruisent tout, la faune, la flore et nous par la même occasion.

Le capitalisme vert est une fumisterie. Polluer moins pour polluer (un peu) plus longtemps, ce n’est pas une solution.

Le système de production capitaliste exige de produire toujours plus, de vendre toujours plus, d’engranger toujours plus de profits. Pour nous vendre des merdes inutiles, il ira jusqu’à extraire le dernier gramme de minerai des sols. Pour construire des aéroports, des centres commerciaux ou des pistes de ski intérieur, il ira jusqu’à déraciner le dernier arbre.

La bourgeoisie et le pouvoir tiennent à leurs privilèges et veulent les protéger à tout prix. Iels préfèrent qu’on crève tou.te.s plutôt que d’en finir avec ce système inégalitaire. Les responsables de la catastrophe écologique sont les même qui nous exploitent et nous maintiennent dans la misère.

Notre pseudo-démocratie, ce n’est que de la poudre aux yeux. Nos soit-disant “représentant.e.s” ne servent que leurs intérêts propres et ceux de leur caste de privilégié.e.s. Tout est bien rodé pour que rien ne change.

Dans ce contexte, la seul vraie écologie qui puisse exister est une écologie qui veulent renverser radicalement ce monde et mettre fin au capitalisme, à toute forme de pouvoir et à tout rapport de domination.

La violence ce n’est pas briser des vitrines

Briser les vitres de la commission européenne qui mène des politiques anti-pauvres et qui participe jours après jours à la destruction de la moindre parcelle de nature pour le profit de quelques multinationales, ce n’est pas de la violence. Une vitrine ça se remplace en quelques heures, les vies détruites par la misère, la faune, la flore détruites par leur politique, les blessures dû à la police, ça ne se répare pas. La plus grande violence est bien là. Dans leurs politiques mortifères, dans l’exploitation salarial, dans le système raciste, sexiste, homophobe et plus généralement oppressifs qu’iels maintiennent.

Le bris de vitrine a une haute valeur symbolique. C’est une brèche dans le statut quo et la paix sociale. Un bref instant de liberté où le pouvoir et la bourgeoisie ne semble plus être inatteignables, invincibles mais peuvent être directement touchées en leur coeur. Il rend la lutte contre l’autorité plus concrète.

Au-delà de la symbolique, il a aussi une valeur stratégique en touchant directement à la seul chose qui importe aux capitalistes: leurs portefeuilles.

De ce fait quand les vitres d’une institution ou d’une grosse entreprise volent en éclat, ce n’est pas un hasard ni un acte irréfléchie

Au contraire, c’est un acte porteur d’un sens fort et d’une signification claire.

Bien souvent les dégradation ont permis d’attirer l’attention sur des questions et des luttes qui autrement auraient été ignorées.

N’oublions pas qu’aucun de nos “droits” ou “acquis” n’ont été obtenu en demandant gentilement — droit de vote y compris-. N’oublions pas que les premières réductions de temps de travail ont été obtenu suite à l’insurrection wallonne de 1886… Les oppresseur.euse.s ne lâcheront pas volontairement leurs privilèges. Iels useront sans aucun doute de leur monopole légal de la violence par le biais de la police et de l’armée s’il le faut.

N’oublions pas non plus que s’il n’y a pas d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes, pas de central nucléaire à Plogoff. pas de barrage sur l’eau noire à Couvin, ce n’est pas grâce aux marches pacifistes mais bien aux cailloux et aux barricades!