Il n’y a pas de sujet révolutionnaire
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Themes: AnarchismeRévolution
Il y a plus d’un siècle et demi, un philosophe d’Allemagne, grâce au mécénat d’un industriel lui aussi ouvriériste, écrivait et publiait des théories sur le rôle messianique du prolétariat, classe la plus révolutionnaire de l’histoire, juste devant la bourgeoisie. Le prolétariat était la classe ultime, car sa lutte déboucherait selon Marx – c’est scientifiquement prouvé par lui-même – sur la fin de l’histoire, le communisme. Dès lors, le prolétariat est entouré d’une auréole sacrée, la misère noire que subissent les individu-es englobé-es dans cette classe ne peut que les amener à se révolter. Sauf les plus miséreux-ses d’entre eux, qui, sans le savoir, sont des contre révolutionnaires pétris d’idées réactionnaires. Des sous-hommes, pardon, des sous-prolétaires.
A partir de là, le prolétariat devient le sujet révolutionnaire. Il faut se battre avec lui, pour lui. C’est en lui que réside la destruction du vieux monde. Critiquer ce prolétariat comme étant un fantôme, ou pointer du doigt de nombreuses choses parfaitement dégueulasses au sein de cette classe vous range immédiatement dans le camp de la réaction, car c’est bien connu, le monde est divisé en deux camps. Les quelques anarchistes, individualistes… qui s’y sont essayé-es n’étaient bien sûr que des petits-bourgeois. Mais moins chouettes que Engels. Mais peu importe ces empêcheurs de catégoriser en rond, la majorité des anarchistes, fortement influencé-es par Marx, a rejoint la théorie. Par, pour, et avec le prolétariat. D’où une fascination pour les usines, le progrès industriel… Plus il y a de prolos, plus le soleil radieux du communisme est proche. Le prolétaire, sujet révolutionnaire, historique et scientifique s’il vous plaît. Aujourd’hui encore, quiconque, tel-le un-e hérétique, ose émettre des critiques sur le classisme est un bourgeois. Le prolo est une figure sainte.
Malheureusement pour ces militant-es de classe, le monde est bien plus complexe, les individu-es qui le composent également. Le prolétariat a complètement échoué dans sa mission historique. Fredy Perlman disait même que le prolétariat est plus raciste que la bourgeoisie… Étonnant ? Non, pour qui n’est pas pétri d’autoritarisme de classe. Mais alors, que faire ? Il nous faut un nouveau sujet révolutionnaire sur qui reposera la Révolution.
Ce fut tour à tour les femmes, avec le mouvement féministe qui pris de l’ampleur dans les années 70, plus encore les femmes prolétaires, victimes historiques de la double exploitation. Malheureusement, le patriarcat sévit toujours, y compris chez les prolétaires et dans les milieux révolutionnaires, mais chut !
Vint alors parfois la figure du sous-prolétaire, redevenu-e humain-e. Surtout chez les insurrectionalistes, pour qui la guerre sociale, c’est forcément de la balle, du moment qu’il y a de la casse et du feu, les intentions c’est autre chose. Quand des dealers défoncent des caméras de surveillance, guerre sociale mon pote !
Vinrent aussi les migrant-es, les jeunes de banlieue, aujourd’hui pour les plus mystiques ce sont les musulman-nes, ce sont les LGBTQ+ pour les plus progressistes, ça n’en finit jamais. Dans ce merveilleux pays, aujourd’hui le Sujet Révolutionnaire porte un gilet de couleur jaune.
Parce que sans sujet révolutionnaire, pas de révolution. Sans une
communauté de destin, opprimée, rien ne bougera. Tout est bon à prendre pourvu que ce soit des opprimé-es. Pas d’individu-es. Pas d’histoire. Rien de tout cela. La lutte des classes/LGBTQ+/anti-raciste etc etc comme vecteur unique. Le mieux est d’être femme-Lumpen-“racisée”-musulmanne-lesbienne-trans-neuroatypique-non valide, et là on est arrivé au bout du Sujet Révolutionnaire.
Caresser une communauté, donc un fantôme, dans le sens du poil brillant sous prétexte que les individu-es la formant subissent une ou des oppressions – qu’il ne s’agit aucunement de nier – n’a jamais rien changé et ne changera rien au fait que la destruction du vieux monde n’est pas une question de drague de sujets révolutionnaires qui n’existent que dans la tête de militant-es, philosophes, universitaires (parfois les 3) qui ne peuvent penser l’histoire que mécaniquement. L’insurrection des individu-es ne dépend pas d’une classe, d’un genre, d’une origine, ou d’un taux d’exploitation, d’oppression. Mais d’une rage qui naît dans le ventre de l’individu, pendant que ses potes vont au foot ou au bar, ou sont devant Netflix. D’une volonté de détruire non seulement le pouvoir, mais aussi les relations sociales, imprimées en soi depuis l’enfance. La réalité est toujours plus complexe. Il n’existe aucun sujet révolutionnaire, seulement des révolutionnaires en manque de sujets.
La fierté prolétarienne, l’identité, tout çà c’est de la merde mais je ne me vois pas faire la révolution avec des cadres sup, des huissiers, des patrons de toutes sortes, quand même. A moins qu’elles et ils rompent avec leurs fonctions et leurs milieux.
Ce texte fait montre d’une très belle incompréhension de ce que sont les classes sociales ; la « vision messianique » des ouvriers, l’idée que le prolétariat, ce sont des « individus agglutinés », l’idée que les prolétaires sont avant tout des ouvriers d’usine, la vision du « progrès industriel », la confusion entre exploitation et oppression… Ce sont là des visions qui ne sont pas de Marx, mais qui sortent… de chez les Staliniens !
Alors, que les petits-bourgeois ne comprennent pas ce qu’est la classe ouvrière, Marx l’expliquait déjà très bien à travers Proudhon et Bakounine. Mais il faudrait quand même poser la question : qui est révolutionnaire dans la société ? Ce qui signifie : qui a un PROJET de société alternative ? Et là, la classe ouvrière, classe associée par sa position de seule classe productrice dans le capitalisme, classe à la fois exploitée, capable de comprendre son exploitation – qui n’a rien à voir avec l’« oppression » – et classe qui a un projet historique qui rompt avec le capitalisme, est toujours la seule classe révolutionnaire.
La rage n’est pas une réflexion ; c’est un sentiment purement nihiliste qui est profondément nuisible socialement. Et pour être révolutionnaire, il faut vouloir détruire la société, mais aussi avoir une idée de ce qu’il faut faire pour en construire une nouvelle. Le ou les auteurs de ce texte ont la « rage » parce que ça ne va pas assez vite à leurs yeux ? La réponse date de la révolution française : révoltés, encore un effort ! Vous deviendrez révolutionnaires ! Et comme le disait Lénine : les deux qualités d’un révolutionnaire sont la patience et l’humour !
nihilisme
nom masculin
1. Idéologie qui rejette toute croyance ; qui refuse toute contrainte sociale.
2. Négation des valeurs bourgeoises dominantes.
https://warzonedistro.noblogs.org/post/tag/nihilism/
Un petit journal sur le chaos et le nihilisme de race
https://fr.theanarchistlibrary.org/library/flower-bomb-en-fait-toutes-les-personnes-noires-n-ont-pas-de-probleme-avec-les-dreadlocks-de-bl
Révolte juvénile [sic] et contre-culture : Les nihilistes russes des «années 60»
https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1990_num_31_4_2248
MANIFESTE DES NIHILISTES FRANCAISES
Que les hommes s’amusent à bavarder à perte de vue sur la Révolution, libres à eux ! Les femmes nihilistes, lassées de tant d’atermoiements, ont résolu d’agir.
Méditant l’anéantissement de la bourgeoisie, elles sont disposées à tous les sacrifices pour hâter la réalisation de cette entreprise, elle puiseront, dans la haine inextinguible qui les dévore, la force nécessaire pour surmonter tous les obstacles.
Mais comme ce projet grandiose ne peut s’exécuter en un jour, elles prendront leur temps, se réservant d’employer, de préférence, l’empoisonnement, et par intermittence, afin de venir plus facilement à bout de l’engeance maudite.
Les femmes nihilistes suppléeront aux connaissances scientifiques et aux procédés de laboratoire qui leur font défaut, par la mixtion à petites doses, dans les aliments de leurs exploiteurs, de substances délétères qui sont à la portée des plus pauvres, et d’un maniement facile par les femmes les plus ignorantes et les plus inexpérimentées.
Parmi cent ingrédients d’un effet immanquable, nous citerons l’extrait de saturne, qui s’obtient en quelques jours si on laisse séjourner du plomb en grenailles ou en morceaux dans du vinaigre.
Des parcelles de viande corrompues.
La ciguë, que l’on confond si souvent avec le persil, et qui croît partout, le long des chemins, sur le revers des fossés.
Nous rendrons, du moins, à nos lâches oppresseurs une partie du mal qu’ils nous font tous les jours. Nous supporterons plus gaiement la tyrannie, sachant que la vie de nos ennemis est à notre merci… Ils veulent être les maîtres ! — Qu’ils en subissent les conséquences !
Déjà depuis trois ans que la ligue existe, plusieurs centaines de familles bourgeoises ont payé le fatal tribut, dévoré par un mal mystérieux que la médecine est impuissante à définir et à conjurer.
À l’œuvre donc, vous toutes qui êtes lassées de souffrir, et qui cherchez un remède à vos misères imitez les femmes nihilistes !
Le Drapeau Noir N°4 – Dimanche 2 septembre 1883
Cette définition du nihilisme est erronée et extrêmement réductrice, elle semble concerner trois américains et notre commentateur/trice.
Tu peux partager à la virtualité ta definition? Car moi je suis d’accord, meme en n’etant pas le plus des nihilistes.
Pour être nihiliste, il faut mourir. Bon courage à vous.
je ne suis pas nihiliste. J’écris ce texte d’un point de vue anarchiste
Oui mais je crois que notre camarrade ici en dessus il est quelque chose mais il ne veux pas trop nous dire…
Juste s’il n’y a pas de cause au dessus de la sienne il semble que c’est preferable qu’on meurt. Hmm. La tcheka, la tcheka.
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