une FAQ sur l’anarcho-transhumanisme
Catégorie : Global
Thèmes : Anarchisme
Lieux : InMySpaceship
Trouvé sur Le trou du lapin
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une FAQ sur l’anarcho-transhumanisme
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« ANARCHO-TRANSHUMANIST FAQ »
C’est quoi tout ce machin sur l’anarchisme et le transhumanisme ?
Le terme “anarcho-transhumanisme” est relativement récent, à peine mentionné dans les années 80, publiquement adopté dans les années 2000 et seulement réellement popularisé durant la dernière décennie (note de traduction : texte écrit dans les années 2010). Mais il représente un courant de pensée qui a toujours été présent dans les théories et cercles anarchistes depuis William Godwin*, qui associait la pulsion d’améliorer et de parfaire nos relations sociales à la pulsion de nous améliorer et nous parfaire, nous, nos corps et nos conditions matérielles.
L’idée derrière l’anarcho-transhumanisme est simple :
Nous devrions chercher à étendre notre liberté physique tout comme nous cherchons à étendre notre liberté sociale.
En ceci nous nous voyons comme l’extension logique ou un approfondissement des engagements existants anarchistes envers la maximisation de la liberté.
Le « Transhumanisme » est souvent superficiellement caractérisé dans les médias par un désir de vouloir vivre pour toujours, ou bien de télécharger son esprit dans un ordinateur, ou bien par des fantaisies d’IA auto-améliorante qui arriverait de manière soudaine et qui transformerait le monde en un paradis. Et il y a des gens qui sont attiré.es par ces choses. Mais le seul précepte déterminant du transhumanisme est que nous devrions avoir plus de liberté à nous changer nous-mêmes.
En ceci le transhumanisme crée une ouverture pour une attaque sur les essentialismes statiques et il fait partie de discours plus larges dans les théories féministes et queer autour des identités cyborg et des « inhumanismes ». Le transhumanisme peut être vu soit comme une critique agressive de l’humanisme, ou bien comme un rallongement de valeurs humanistes spécifiques au-delà de la catégorie d’espèce arbitraire de « l’humain ». Le transhumanisme demande que l’on interroge nos désirs et valeurs au-delà de l’arbitraire de Ce Qui Est, en n’acceptant ni l’autorité de constructions sociales arbitraires comme le genre, ni une loyauté aveugle au fonctionnement actuel de nos corps.
Naturellement, les questions trans ont été au cœur du transhumanisme depuis au moins le manifeste transhumaniste de 1983. Mais le transhumanisme étend radicalement la libération trans pour la situer dans un ensemble plus vaste de luttes pour la liberté dans la construction et l’exécution de nos corps dans le monde environnant. Les anarcho-transhumanistes travaillent sur des projets immédiatement pratiques qui donnent aux gens plus de contrôle sur leurs corps comme les cliniques d’avortement, la distribution de naloxone, ou bien le fait d’imprimer en open-source des prothèses pour enfants. Mais nous posons aussi des questions radicales comme pourquoi est-ce que notre société n’est pas seulement OK avec le fait de laisser dépérir et mourir les seniors mais moralise également en faveur de leur extermination perpétuelle.
La prolongation de la vie humaine n’est certainement pas l’entièreté du transhumanisme, mais c’est un exemple important d’une lutte que nous avons ouverte et combattus largement seul.es, ce qui est choquant. L’idée qu’une « bonne vie », d’un point de vue objectif, s’étend à 70 ou 100 ans mais pas au-delà est clairement arbitraire, et une telle opinion est à la fois détenue de manière presque universelle et farouchement défendue. Beaucoup d’ancien.nes transhumanistes furent choqué.es par la bizarrerie de cette réponse, mais elle illustre comment les gens peuvent devenir de grands défenseurs d’injustices existantes par peur de devoir reconsidérer les a-priori de leurs propres vies. De la même manière que des gens vont défendre le service militaire obligatoire ou le fait d’assassiner des animaux pour avoir de la nourriture, les arguments en faveur de la mort sont clairement des rationalisations défensives :
« La mort donne son sens à la vie »
En quoi est ce que la mort à 70 ans a plus de sens que la mort à 5 ans ou à 200 ans ? Si une vieille de 80 ans peut vivre et travailler sur sa poésie pendant au moins 5 décennies de plus, est-ce que ça va tant affecter votre capacité à trouver du sens à sa vie que vous voudriez la faire assassiner ?
« On finirait par s’ennuyer »
Donc construisons un monde qui n’est pas chiant ! Sans même regarder les possibilités folles qui sont contenues dans l’anarchisme et le transhumanisme, ça nous prendrait trois mille centaines d’années de lire tous les bouquins actuellement existants. Il y a déjà 100 millions de chansons enregistrées dans le monde. Des milliers de langues avec leurs propres écosystèmes d’associations conceptuelles et de poésies. Des champs de recherches entiers à étudier sur des sujets riches et fascinants. Des ensembles vastes d’expériences et de nouvelles relations à essayer. On peut bien avoir quelques siècles de plus au moins pour tester tout ça.
« L’accumulation de perspectives anciennes et statiques boucherait le monde »
C’est assez absurde et horrible de faire immédiatement appel au génocide comme meilleur moyen de résoudre le problème de personnes qui ne sont pas assez plastiques/malléables dans leurs perspectives et identités. Plus de centaines de milliards d’humains sont mort.es depuis l’émergence de l’homo sapiens. Au mieux elleux étaient uniquement capable de transmettre une infime part de leurs expériences subjectives, leurs idées et rêves avant que tout ce qui restait en elleux ne soit éteint abruptement. Les gens disent que chaque fois qu’un.e ainê.e meurt c’est comme une bibliothèque qui est brûlée. Et bien on a perdu 100 milliards de bibliothèques durant toute l’existence d’homo sapiens. Il y a sans doute des myriades infinies de manières que nous pourrions vivre et changer, mais ce serait bizarre en effet si le standard actuel de fin soudaine massive et irrécupérable était universellement idéal.
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Ceci est un exemple éclairant car il va au cœur de ce que le transhumanisme peut offrir comme amplification du radicalisme de l’anarchisme : la capacité à demander une justification aux normes et conventions non-examinées, de remettre en cause les choses déjà acceptées.
L’anarcho-transhumanisme érode beaucoup d’autres de nos a-priori et hypothèses à propos du monde, il cherche à étendre et à explorer l’étendue de ce qui est possible. Le radicalisme c’est le fait de pousser nos a-priori et modèles dans des contextes étrangers afin de voir ce qui va perdre en cohérence, ce qui nous permet ensuite de clarifier quelles dynamiques sont plus enracinées, de manière plus fondamentale, et l’anarcho-transhumanisme cherche pousser l’anarchisme à travers ce genre de clarification – afin de lui donner une meilleure forme pour gérer le futur. Le rendre capable de combattre dans n’importe quelle situation, pas juste celles extrêmement spécifique de contextes donnés.
C’est facile de dire « tout ce machin sur des possibilités science fictionnelles distantes c’est juste une grosse distraction tant qu’on a nos luttes actuelles » mais on ne demande pas d’abandonner les projets actuels de résistance et de construction d’infrastructure anarchiste, cela dit c’est le fait de penser au futur qui nous a amené nos plus grandes avancées. En effet il est possible de dire qu’une grande part de la potentialité anarchiste a historiquement dérivée de nos prédictions correctes. Et ceci est un motif largement répandus. Bien que l’internet soit évidemment un site majeur de conflit aujourd’hui, beaucoup des libertés encore procurées à travers ce dernier furent gagnées par les radicaux il y a des décennies de cela, qui cartographiaient les ramifications et l’importance de ces choses bien avant que l’état ou le capitalisme ne les rattrapent et n’essayent de s’intéresser aux ramifications de certaines batailles.
De l’autre côté, s’il y a une chose à retenir des deux derniers siècles de lutte, ça devrait être qu’il prends souvent aux radicaux beaucoup de temps pour émettre et déployer des réponses. Nous nous sommes adaptés très lentement aux conditions changeantes et au mieux il nous a pris une décennie pour essayer des approches variées, choisir les bonnes, et les populariser. Nous avons une tendance grandissante à rejeter le futurisme et de dire à la place « on résoudra tout ça par la praxis » mais ce que ce rejet veut vraiment dire c’est « on comprendra par tâtonnement quand les choses nous rattraperont et on n’a pas vraiment le temps pour des années d’essais, d’erreur et de maladresse ».
Beaucoup de gens sont en train de comprendre que la simplicité de nos réponses et notre temps d’adaptation très lent nous ont souvent laissé prévisibles aux puissants, nos réponses intellectuellement court-termistes déjà intégrées dans leurs plans, et ainsi nos luttes fonctionnant plus ou moins comme des soupape de pression pour la société.
Ça peut sembler bizarre et distant d’essayer d’interroger ce que les anarchistes veulent vraiment dire par « liberté » lorsqu’on considère un contexte où les « soi » et « individus » ne sont pas clairement définis et les appels conventionnels à l’autonomie s’estompent. On pourrait chercher à balayer du revers de la main l’existence de jumeaux siamois qui utilisent leurs pronoms bizarrement ou bien les gens qui vivent leur esprit de manière multi-camérale, et ainsi les désigner comme « hors sujet » ou « cas marginaux » et dire que les technologies empathiques de communications de cerveau-à-cerveau sont trop distantes pour valoir même d’en parler (peu importe les couples qui ont déjà utilisés les prototypes limités existants). Mais ce que fait un rejet de tout ce qui sort d’une expérience personnelle particulière c’est que ça confine l’anarchisme à un contexte limité et connus, le laissant ainsi dans le même camp des tendances historiques superficielles et bientôt désuètes comme le jacobinisme – incapable de parler de manière plus large ou de proclamer une profondeur ou un enracinement de nos positions éthiques.
Si cent ans plus tard l’anarchisme devient une de ces idéologies ou religions poussiéreuses qui s’accroche à un vieux cadre théorique et refuse de se mettre à jour pour changer ce qui est technologiquement possible, le monde perdra beaucoup.
Il est important de rester clair cependant : des considérations proactives du possible ne sont pas pareilles que de la préfiguration obtuse. Les anarcho-transhumanistes ne font pas l’erreur de demander un futur spécifique unique – en projetant un plan général et en demandant que le monde y obéisse. Non, ce en faveur de quoi nous nous exprimons c’est la possibilité d’une multiplicité de futurs.
* : Godwin est fréquemment cité comme le premier anarchiste proéminent des temps modernes – même si proudhon est le premier a avoir explicitement utilisé le terme. Godwing était un philosophe proéminent et un utilitariste, mais fut éclipsé par sa partenaire et amante Mary Wollstonecraft (souvent cité comme la première féministe moderne), et leur fille Mary Shelley (souvent citée comme la première auteur de science-fiction). Godwin appelait à l’abolition de l’état, du capitalisme, et de beaucoup d’autres formes d’oppressions mais il regroupait souvent beaucoup de celles-ci avec des appels à l’extension radicale de la capacité technologique, ce qui incluait les possibilités de vision long-terme comme l’extension de la durée de vie ou le fait de défaire la mort. Godwin était juste un des nombreux anarchistes historiques qui parlait en termes distinctement transhumanistes. Voltairine De Cleyre par exemple acclamait le développement de plus grandes libertés technologiques et voyait le but final d’une « vie idéale où les hommes et femmes seraient comme des dieux, avec des pouvoirs divins à apprécier et à souffrir. »
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<b>Est-ce que se focaliser sur le futur ne retire pas quelque chose au présent ?</b>
Si on vivait de manière directe dans le présent sans aucune réflexion on n’aurait pas de conscience de soi. La récursion mentale – créer un modèle de nous-mêmes, des autres et du monde – est centrale à la conscience elle-même. Ce qui définit un esprit en tant qu’esprit c’est sa capacité à penser avec anticipation de ce qui va suivre. De ne pas juste se laisser rouler le long de la pente comme une pierre, mais d’appréhender notre contexte, le paysage de nos choix et chemins possibles et parfois de choisir ceux qui ne vont pas offrir une satisfaction immédiate.
Bien sûr, il y a toujours le danger de se détacher de tout mais il y a des dangers à tout si on agit de manière stupide. Le futurisme n’oblige en aucun cas à se déconnecter des luttes du présents. Par exemple, refuser une réforme qui pourrait nous mettre bien dans le court terme mais qui affecterait sérieusement notre capacité à agir sur le long-terme. Les libéraux sont fameux pour leur tendance à rejeter le futur, « sur le long terme, nous serons tous morts » comme disait Keynes, une attitude qu’ils utilisent ensuite pour justifier des actions court-termistes comme la dévastation écologique ou le fait de donner à l’État plus de pouvoir sur nos vies. Il semblerait que parfois nous devons améliorer nos vies sur le court terme pour pouvoir continuer à combattre, mais nous devons toujours rester conscient.es de ce que nous laissons partir en échange. Sinon on se retrouve avec des anarchistes qui soutiennent des politiciens socialistes.
Ce n’est pas qu’il y a absolument 0 chances que l’on arrive à une sorte d’utopie socialiste démocratique qui améliorera immédiatement nos corps et esprits, si on s’y mets toustes, le problème est plutôt qu’il y a une limite à ces améliorations. Et une fois accomplies, ces tendances autoritaires pourraient s’approfondir et devenir plus dures à renverser pour les générations futures.
Pareillement un effondrement permanent de la civilisation pourrait améliorer les vies des (quelques) survivant.es mais elle contraindrait pour toujours nos options et aspirations à plus de liberté.
<b>Quelles réflexions est-ce que l’anarcho-transhumanisme offre à un projet de résistance ?</b>
Si le fascisme est si puissant, pourquoi est-ce qu’il n’a pas triomphé totalement ? Notre monde serait bien pire qu’il ne l’est aujourd’hui. Malgré toutes les choses que nos ennemis ont pour eux-mêmes – toutes les vastes quantités de richesse et de force coercitive accumulées, tous le contrôle infrastructurel et idéologique, toute la plannification et surveillance systémique, toutes les manières qu’ont les humains d’être inclinés par défaut envers le sophisme, la cruauté et le tribalisme – ils ont clairement été bloqués sur de tous les fronts. Et ces sociétés et mouvements qui ont cherchés à réclamer les forces de l’autoritarisme plus directement ont échoués. Nous – malgré notre propre myriade d’échecs et d’imperfections – avons encore et encore, gagnés. Il y a légion de ceux qui sont loyaux au pouvoir absolus, à la soumission irréfléchie et à la simplicité violente. Et pourtant nous avons affaiblis leurs ambitions, surmontés leurs visions du monde, répliqué de manière créative, nous les avons anticipé et avons changé le monde sous leurs pieds.
Nous sommes en train de gagner parce que les gens libres sont des meilleurs inventeurs, stratégistes, hackers et scientifiques. Où l’idéologie – ou plutôt la psychose infectieuse – du pouvoir échoue c’est dans sa faiblesse nécessaire à mobiliser la complexité. Le pouvoir contraint nécessairement le possible, tandis que la liberté cherche à le libérer.
Avoir à notre disposition plus d’outils nous donne plus de manières possibles d’approcher un problème. Tandis que le « choix » que certains outils nous procure peut être superficiel et de faible profondeur causale ou impact et ainsi choisir certains outils peut restreindre nos choix, à la fin on ne peut pas continuellement maximiser la liberté sans aussi continuellement étendre nos boites à outils.
Des degrés de liberté plus larges issus de tels outils vont rendre plus capables les attaquant.es comme les gens sur la défense. Là où il y a plusieurs voies à travers lesquelles attaquer et défendre, l’attaquant n’a en choisir qu’une seule tandis que lea défenseur doit appréhender toutes les lignes de défense, rendant la défense d’institutions et d’infrastructures étendues rigides de plus en plus difficile.
Ainsi si on adopte la grille de lecture la plus large le développement technologique mène à l’augmentation des capacités des minorités à résister à la domination et rends les schémas culturels du consensus et de l’autonomie de plus en plus nécessaires – car en un certain sens tous le monde obtient un droit de veto.
Pareillement les technologies d’information libèrent une rétroaction positive dans le champ de la complexité socioculturelle. Bien que des technologies d’information grossières comme la télévision ou la radio furent saisies et contrôlées par l’état et le capital pour former une infrastructure monopolistique favorisant une culture monolithique, l’étendue large de technologies que nous avons brouillées les unes dans les autres en « l’internet » ont vite résistés cette tendance et facilitent à l’inverse une hypercomplexité des discours et sous-cultures fluides.
Ceci procure une source incroyable de résistance car cela rends le contrôle de masse de plus en plus dur. Ce qui est considéré comme cool change très vite et est très varié et contingent et les politiciens et business se marchent dessus à essayer de comprendre ce qu’ils sont censés exploiter.
Notre complexité socioculturelle en rétroaction constitue une sorte de singularité sociale, un reflet de la singularité technologique – un processus où des réflexions technologiques s’impactant de manière collaboratives le font trop vite pour être prédites ou contrôlées.
La Silicon Valley est désespérée d’éviter la réalité que la profitabilité nette de toute l’industrie de la publicité est sur le déclin. Depuis l’avènement de l’internet les gens ont commencés à comprendre le bordel et les publicitaires ont de moins en moins d’impact. Tout ce qui reste marginalement efficace avec les jeunes générations ce sont les campagnes de ciblage individualisées – quand les compagnies s’essayent aux memes ou payent des influenceurs. Mais ceci souffre clairement de retours diminuants. Quand une sousculture de mode hypercomplexe est composée de 30 personnes, ça vaut pas la peine à Doritos d’essayer de les cibler.
<b>Qu’est-ce qui fait que votre analyse de la technologie est moins superficielle que celle que le primitivisme en fait ?</b>
Le transhumanisme n’est pas l’affirmation que tous les outils ou applications de ces derniers sont – dans tous les contextes – totalement fantastiques et sans aspects problématique à considérer, naviguer, rejeter, remettre en question, ou changer. Et le transhumanisme n’est pas non plus une acceptation de toute l’infrastructure ou de toutes les normes d’outillage qui sont actuellement en existence. Nous n’avançons pas que toutes les technologies sont positives dans toutes les situations spécifiques, que les outils n’ont jamais de biais ou d’inclinations, ou qu’un ensemble arbitraire de « plus grandes » technologies devrait être imposé. Nous avançons plutôt que les gens devraient avoir plus d’agentivité et de choix sur comment elleux décident d’interagir avec le monde.
Être mieux informés et avoir un plus grand éventail d’outils est essentiel à cela. Parce que dans l’étendue la plus large des choses, « technologie » désigne juste une manière de faire les choses, et la définition de liberté c’est d’avoir plus d’options ou de moyens disponibles.
Notre réalisation est que – bien qu’il y aura beaucoup de complications contextuelles en pratique – à la fin on veut plus d’options dans la vie et dans l’univers. De la même manière que les anarchistes ont argumentés qu’avoir le plus grand nombre de tactiques variées à notre disposition était bien. Parfois une tactique ou outil va faire le taf, parfois non. Mais étendre la liberté nécessite forcément d’étendre les options technologiques.
Ce qui est déplorable à propos de notre condition actuelle c’est la manière qu’à la technologie d’être réprimée jusqu’à ce que la seule chose qui soit permise c’est une sorte de monoculture technologique, souvent associée à des biais tranchant. D’un côté ceci vient de la suppression et de l’effacement de technologies plus simples et primitives mais de l’autre côté elle vient également du ralentissement vicieux et de l’empêchement du développement technologique grâce aux lois de propriété intellectuelle et myriade d’autres injustices. Pareillement les conditions du capitalisme et de l’impérialisme déforment quelles technologies sont profitables et ainsi quels projets de recherches reçoivent des ressources.
Ça ne veut pas dire que toutes les inventions technologiques sous le capitalisme sont intrinsèquement corrompues ou inutiles. Et ça ne veut certainement pas dire que nous devrions recommencer depuis le début, ignorant toutes découvertes ou connaissances accumulées durant notre trajectoire.
Mais beaucoup des industries et formes de commodité qui sont standardisées dans notre société existante seraient insoutenables ou indésirables dans un monde libéré.
Par exemple : Il y a des centaines de manière de créer des panneaux solaires photovoltaïques, mais quand la République Populaire de Chine utilise du labeur esclave et l’expropriation afin de saisir, raser et empoissonner des larges étendues de terre, elle réduit le coût de certains minéraux terre-rare – orientant ainsi le flux monétaire en direction de la recherche en approches photovoltaïques qui utilisent des terre-rares peu coûteux plutôt que des alternatives viables qui utiliseraient des matériaux plus communs. Pareillement deux siècles auparavant – utilisant pas grand-chose d’autre que de simples miroirs – Augustin Mouchot démontra un engin solaire fonctionnel viable (efficient en coût à l’époque) à l’exposition universelle. Il serait partis en production de masse si les britanniques n’avaient pas gagnés leurs guerres en Inde, leur permettant de réduire en esclavage de larges populations et de les utiliser afin d’extraire du charbon, réduisant dramatiquement le prix du charbon.
Ceci n’est pas un ensemble d’affirmations un peu farfelues mais de faits historiques. La violence institutionnelle va fréquemment altérer la profitabilité immédiate de certaines lignes de recherche par rapport à d’autres. Des mineurs canadiens sont remplacés par des esclaves congolais travaillant dans d’horribles mines de coltan.
Le primitivisme sur-simplifie la situation, disant que ce qui existe doit nécessairement être la seule manière pour certaines technologies d’exister. Il implique fréquemment un arc unique de développement où tout est dépendent du reste, ignorant souvent la grande latitude et diversité d’options et échouant à étudier le vaste potentiel de reconfiguration à notre disposition.
<b>Est-ce que vous êtes au moins opposés à la civilisation ?</b>
N’importe quelle discussion de « civilisation » va nécessairement impliquer des récits vastes et supra simplistes. Notre histoire actuelle est bien plus riche et compliqué que ne pourrait la décrire n’importe quelle histoire de Grande Force Historique. Les systèmes de pouvoir ont été avec nous depuis très longtemps et sont profondément imbriqués dans presque tous les aspects de notre société, notre culture, nos relations interpersonnelles, et notre infrastructure matérielle. Mais si l’on parle de quelque caractéristique ou « culture des villes » fondamentale, la conclusion de la présence de la domination dans cette culture est présente dès le début de la réflexion.
Il y a toujours eu des dynamiques de pouvoir contraignante dans toutes les sociétés humaines, des chasseurs cueilleurs à tous le reste. Bien que les sociétés de large échelle ont naturellement permises des formes plus expressives de domination, celle-ci n’est pas inhérente.
Lorsque l’on regarde l’Histoire dans sa généralité, les cités ont été très diverses dans leurs degrés de hiérarchies internes et relations avec les sociétés et environnements alentours. Un nombre de cultures citadines n’ont laissés pas traces de hiérarchies ou violence. Ce qui devrait être gardé en mémoire c’est que par définition les cités plus anarchistiques ou égalitaristes n’ont pas perdu d’énergie à construire de gigantesques monuments ou à mener des guerres, et ainsi ont naturellement moins de réalisation proéminentes dans l’Histoire. De plus, parce que nous vivons actuellement sous un régime oppressif global, il va sans dire que des sociétés plus libertaires ont eues à être conquises et on sait que les vainqueurs tendent à détruire les archives. Pareillement, des historiens non-anarchistes sont partis du principe que la présence de la moindre coordination sociale ou invention technologique dans des cultures citadines pacifique et égalitariste comme Harappa prouvaient la présence d’une autorité de type étatique – même lorsqu’il n’y avait aucun signe de cela et même des indications fortes du contraire.
La concentration urbaine a émergée dans des endroits comme les îles britanniques avant l’agriculture. En effet dans beaucoup d’endroits autour de la planète où la terre ne pouvait pas permettre la continuité de cités permanentes les gens ont quand même lutté afin de se rejoindre les un.es les autres dans des nombres toujours plus larges quand et comment elleux le pouvaient. Fréquemment les premières sociétés étaient à la fois des chasseurs cueilleurs et des citadins temporaires, alternant au gré des saisons.
Ceci ne s’aligne pas avec un récit des cités comme des pures agrégations de richesse et de pouvoir – une sorte d’erreur unique cancérigène. Si les cités sont une si mauvaise idée alors pourquoi est-ce que les gens avec d’autres options les ont volontairement choisi ?
La réponse bien entendu est que vivre en large nombres augmente les options sociales à la portée des individus, ouvrant ainsi à une plus grande diversité de relations possibles parmi lesquelles choisir.
Au lieu d’être confiné à une tribu de centaines ou deux cents individus – et peut-être une tribu voisine ou deux – vivre dans une ville permet aux gens de former des affinités avec des gens venant d’au-delà du contexte de leur naissance, et ainsi de former de manière organique des tribus de leur propre choix. Ou mieux encore de se débarrasser de l’insularité de clusters sociaux fermés. Il n’y a pas de bonne raison à pourquoi vos ami.es devraient toustes être forcé.es à être amis entre elleux aussi. Les villes permettent aux gens de former une panoplie de relations qui s’étendent en de vastes et riches réseaux.
Un tel cosmopolitisme permet et encourage l’empathie nécessaire à transcender l’étranger tribal ou national. Il étends nos horizons, permettant l’entraide sur des échelles incroyables, aidant bien plus qu’auparavant à faire fleurir des écosystèmes culturels et cognitifs bien plus riches. S’il y a la moindre caractéristique définissant une « culture des cités » ou une « civilisation » c’est bien celle d’une anarchie sauvage, d’un déchaînement de complexité et de possibilité.
Ce que nous voulons est un monde avec la connectique fleurissante du cosmopolitisme, mais sans la centralisation et les caractéristiques sédentaires de beaucoup des civilisations jusqu’à présent. Nous voulons remplir la promesse du potentiel radical des villes qui ont menées les humains à vouloir en former, volontairement, encore et encore, à travers l’histoire.
<b>Pourquoi s’en soucier alors que l’effondrement de la civilisation est inévitable ?</b>
Il est vrai que nos infrastructure et économie présentes sont incroyablement fragiles, destructrices et insoutenables – de bien des manières elles servent et sont inter-reliées à des systèmes sociaux oppressifs. Mais il y a bien d’autres formes possibles. Notre civilisation globale n’est pas un tout magique, mais un terrain vaste et complexe où s’opposent bien des forces et tendances concurrentes.
« L’inévitabilité » d’un effondrement supposément à l’horizon est en réalité elle-même très fragile. N’importe quel développement unique pourrait massivement la prévenir. Une abondance d’énergie propre et peu coûteuse par exemple, ou une abondance de métaux rares peu coûteux. Chacun mènerait à l’autre étant donné que de l’énergie peu coûteuse signifie du recyclage de métal plus efficient en coût ce qui veut dire plus de batteries, moins chères, et un accès étendue à des sources d’énergie comme le vent. La Terre n’est pas un système fermé et par exemple beaucoup de corporations importantes sont en train d’essayer d’atteindre les astéroïdes les plus proches, si riches en métaux rares qu’ils amèneraient un crash dans les marchés des métaux et feraient trembler toutes les mines de notre planète.
Notons aussi qu’il y a peu de chance qu’un effondrement nous amène un éden idyllique. Beaucoup de centres de pouvoir survivraient sûrement, pratiquement nulle part on ne verrait un retour à un contexte pré-âge de bronze, des milliards mourraient des morts horribles, et la soudaine explosion de destruction écologique serait absolument incroyable. Il s’avère même que la soudainement éruption de forêt dans les latitudes du nord empirerait, de manière perverse, le réchauffement climatique car les arbres sont des mauvais puits à carbone et des changements à l’albédo de la terre (à cause de forêts plus sombres) l’amènerait à absorber plus d’énergie du soleil.
Peu importe les chances, nous devons combattre contre l’holocauste insondable d’un effondrement. Nous avons une obligation à lutter, à avoir une certaine agentivité sur notre futur et notre environnement et à prendre nos responsabilités. C’est seulement avec la science et la technologie que nous pourrons réparer d’anciens désastres comme le Sahara, gérer le démantèlement des horreurs et réensauvager la plupart de la Terre.
<b>Mais est-ce que les énergies et technologies vertes ne sont pas justes un mythe ?</b>
Ceci est faux. Si on lit avec un peu de profondeur sur les technologies vertes sur lesquelles des vrais personnes travaillent, ces dernières ne sont pas des idiots ayant systématiquement oubliés les analyses de cycle de vie. Ces scientifiques considèrent bien les choses comme le béton, les coûts de transport, et la densité de stockage d’énergie. Les capitalistes adorent greenwasher des absurdités dans des communiqués de presse, mais les vrais discussions sur les avancées en énergies vertes observent les réels changement dramatiques par ordres de magnitude. Des réductions d’empreinte hautement plausibles par des facteurs de 100x ou 1000x constitueraient des différences monumentales, pas juste une réforme triviale. Les humains ont toujours eu un effet sur notre environnement et les écosystèmes terrestres n’ont jamais été statiques. Notre but ne devrait pas être un sorte de style de vie inchangeant et fortement contraint avec une empreinte de zéro mais plutôt de nous permettre l’ingéniosité et l’exploration de méthodes qui ne défoncent pas la terre.
Si l’on met une petite part de l’énergie hydrocarbure actuelle dans le solaire on aurait assez de pouvoir pour le remplacer. C’est possible d’obtenir un pouvoir incroyablement fort du solaire en utilisant même de la technologie du XIXème siècle à base de miroirs et de tuyaux à vapeurs. Il y a beaucoup d’options de batteries condensées et beaucoup d’autres en train d’être développées, des choses comme du stockage biochimique à haute-densité, etc. Pendant ce temps les photovoltaïques ont sautés toutes les barrières supposées et ont diversifiés les matériaux nécessaires, ce qui inclut des approches très simples avec de petites empreintes écologiques. Les retours d’énergie du solaire sont proches de 12x et ça continue. On en est à un point où des gouvernements comme l’Espagne ont rendus illégale l’utilisation privée du solaire sans payer une grosse taxe afin de maintenir la compétitivité des énergies fossiles et des grilles centralisées – ils ont même commencés à effectuer des raids sur les maisons équipées de panneaux solaires.
Bien que le nucléaire soit encore bien associé avec des choses négatives parmi les écopunk des années 80, beaucoup de ces questionnements sont seulement valides par rapport aux réacteurs de l’époque de la guerre froide. Spécifiquement les réacteurs construits pour être hautement centralisés, gérés par les états, et fonctionnant uniquement avec des produits permettant la production de sous-produits d’armement. De l’autre côté beaucoup de réacteurs au fluorure de thorium n’ont littéralement pas la capacité à générer une fusion du coeur, opèrent grâce à un matériau radioactif qui est déjà présent de manière abondante sur toute la surface de la planète et laissent des restes avec une demi-vie plutôt courte.
Pareillement, bien que des reportages peu fiables de « fusion froide » et des affirmations sur-enthousiastes à propos de la fusion normale dans les années 80 ont fait de la fusion un gag télévisuel, elle demeure une source raisonnable et connue d’énergie propre seulement limitée par des problèmes d’ingénierie plutôt que par des problèmes de science basique. Et l’histoire récente a été emplie d’une chaîne de succès graduels.
Bien que tout ça puisse procurer de l’énergie peu coûteuse, la seule manière de renverser le réchauffement climatique global (note de traduction : ce texte date de 2016) c’est avec des technologies négatives en carbone qui laissent derrière elle du carbone solide comme sous-produit. Il y a déjà bien des manières prouvées de faire ça, d’anciennes méthodes de gazéification à un ensemble d’approches de pêche d’algues.
Qu’aucunes d’entre elles n’aient été adoptées plus largement est une question politique. La violence étatique subventionne notre infrastructure incroyablement inefficace parce que ceci aide à soutenir des entités économiques centralisées de large échelle. Pareillement, beaucoup de notre consommation énergétique va présentement à la guerre et à d’autres frivolités, la demande et l’offre sont aggressivement déformées et les coûts environnementaux sont systématiquement écartés de certaines compagnies et industries.
Les chose n’ont pas à être comme ça. Le développement technologique étends nécessairement les options et donc ça ne devrait pas nous surprendre que nos innovations technologiques récentes nous ont écartés de structures infrastructurelles centralisées massives et en direction d’approches organiques, décentralisées et reconfigurables en alignement avec l’imprimerie 3D et l’open-source.
<b>Est-ce que c’est pas juste faire des plans sur la comète que de faire référence à des technologies qui n’existent pas présentement ?<b>
Il y a une distinction profonde et très importante entre « physiquement faisable mais pas encore mise en place » et « qui sait ».
Disons pour l’exemple que personne n’a encore construit de cabane dans les arbres renversée. Personne n’en a même conçu. Pourtant on peut reconnaître immédiatement que c’est possible. Il faudrait que quelqu‘un s’attelle au design, trouve une bonne manière de gérer quelques challenges (la base ou le « sol » de la structure qui fait face au ciel devra être couverte d’un matériau qui résiste à l’eau) et ensuite de la construire. Et peut-être que ça aurait l’air très bizarre et les gosses trouveraient ça fun. Mais l’idée c’est ça : on a pas à débattre de si c’est « impossible » à construire ou non. Les problèmes de la cabane sont des problèmes d’ingénierie/construction/faire-les-calculs, qui peuvent prendre plus ou moins longtemps, mais qui peuvent être faits.
La plupart des choses dont on parle tombe largement dans le champ de ce qui est faisable – il n’y a pas de possibilités qu’ils soient empêchés par la physique, les maths, la chimie, et autres – on parle pas de trous de ver par exemple. Ce sont juste des problèmes d’ingénierie, quoique des problèmes imposants. Sur lesquels la plupart des expert.es sont déjà penchés, et à propos desquels le consensus établis est confiant. Le minage d’astéroïdes par exemple est au même rang que les satellites de années 50. On sait qu’on peut le faire, que ça pourrait réussir, il faudrait juste faire tous le taf de préparation avant.
Rien de ceci n’est « magique », ce dont on parle est très simple, très conservateur au sens de « ces choses seront évidemment possibles ». Des estimations sur quand elles le seront sont évidemment subjectives, mais il faut vraiment tomber dans du déni de science pour prétendre que produire des robots-mineurs est absolument impossible ou nécessite des quantités équivalentes de labeur humain.
<b>Est-ce que la technologie ne se fait pas un intermédiaire de nos expériences et ne nous empêchent-elles donc pas ainsi de vivre des vies directes ?</b>
Toutes les interactions causales sont « intermédiées ». L’air se fait intermédiaire du son de nos voix. Le champ électromagnétique et n’importe quel matériau intermédie notre capacité à voir. La culture et le langage intermédient ce que nous arrivons à exprimer plus ou moins clairement en termes conceptuels.
On pourrait penser que ceci est « trivial » mais c’est une notion profonde. Il est difficile de procurer un métrique objectif de ce qui constitue comme « plus de médiation » et il est encore plus dur d’essayer de dire qu’un tel métrique a une signification réelle.
Il n’y a pas d’« expérience directe ». Voir quelque chose nécessite une quantité incroyable de traitement de signaux par les colonnes neurales dans notre cortex visuel en des signaux toujours plus abstraits. Des artefacts de ce traitement peuvent être relevés dans les illusions d’optiques et les hallucinations à motifs. Et de l’autre côté nos expériences changent ce que nos circuits de reconnaissance de motifs forment et avec quelles forces. De vivre de manière « directe » sans médiation reviendrait à ne pas faire l’expérience de quoi que ce soit ou à ne pas penser du tout.
Bien sur on peut essayer de distinguer entre les médiations « créées par les humains » ou non, mais une telle distinction n’a rien a voir avec la corrélation fondamentale sur à quel point nous faisons l’expérience d’une chose de manière viscérale ou correcte. Bien qu’il y ait une différence dans le danger ressentis lorsque quelqu’un met sur écoute ou censure le réseau wifi mesh communautaire, de telles interférences ou sabotages s’appliquent de bien des manières à toutes les formes et moyens de communication, ce qui inclut les constructions culturelles et linguistiques.
C’est un non-sens que de parler de « plus » de médiation plutôt que de parler de différentes « saveurs » avec des bénéfices et inconvénients contextuels. Même John Zerzan porte des lunettes afin d’améliorer sa capacité à vivre et interagir avec le monde autour de lui. De bien des manières les technologies modernes peuvent être utilisées pour étendre la profondeur et la richesse de notre interaction avec la nature et avec les un.es les autres.
<b>En quoi les anarcho-transhumanistes diffèrent iels des autres transhumanistes ?</b>
Le transhuamnisme est une position très simple et ainsi un large éventail de personnes y ont été attirés. Inévitablement, certaines sont chiantes, court-termistes, naïves ou réactionnaires.
Heureusement une grande part du contingent réactionnaire a abandonné le transhumanisme lorsqu’il ont réalisés à quel point les éléments libérateurs y étaient attachés. « La mort de la binarité de genre ? C’est pas pour ça que je me suis engagé ! ». Beaucoup de ces idiots sont parti en direction d’une forme de fascisme-pour-les-nerds appellée « néoréaction/NRX » qui fait partie de l’alt-right. Dans un renversement particulièrement évocateur, beaucoup d’entre eux sont en faveur de l’effondrement de la civilisation. Ils s’attendent à ce que ceci mène à un paysage post-apocalyptique où leurs notions absurdes d’essentialisme biologique règneront – un monde où les « vrais males alphas » dirigeront comme chefs de guerre et le reste d’entre nous seront utilisé à travers le viol, l’esclavagisme ou la chasse. Ou bien où nous serons forcés de retourner à des relations d’échelle tribales, permettant au mieux de maintenir une identité nationale (de petite échelle), des hiérarchies interpersonnelles et un traditionalisme. D’autres imaginent des petits fiefs corporatistes et une sorte de Dieu IA qui les aiderait à maintenir les hiérarchies désirées en empêchant les groupes opprimés d’avoir accès, de comprendre ou de développer de la technologie.
Bien sûr ces fascistes peuvent aller crever dans le feu et la foudre. C’est cool qu’iels aient quitté le transhumanisme et on espère faire partir le reste des leurs.
Malheureusement bien que les réactionnaires explicites soient partis, une majorité des transhumanistes s’identifient présentement avec le libéralisme, le socialisme étatique, la social-démocratie ou d’autres cultes technocratiques du pouvoir. L’instance la plus fameuse étant Zoltan Istvan qui a à la fois tenté de devenir président et est la plus grande honte du transhumanisme.
Bien sûr nous trouvons les transhumanistes non-anarchistes extrêmement naïf politiquement, au mieux, et extrêmement dangereux au pire, mais nous pensons aussi que le transhumanisme sans l’anarchisme est une position totalement intenable.
Un monde où tous le monde a une agentivité physique plus large est un monde où les individus sont sur-capacités et sont ainsi obligés de résoudre les désaccords à travers le consensus comme si tous le monde avait un droit de veto, plutôt que d’essayer de le faire à travers la coercition de la démocratie majoritariste.
Procurer aux gens les outils mais essayer également de restreindre par le dessus ce qu’iels peuvent faire avec ces outils ou bien ce qu’iels peuvent inventer est juste impossible sans mettre en place une forme de système absurdement autoritaire à l’extrême qui supprimerait presque toutes les fonctions de tous ces outils. Ceci peut être vus dans le combat pour imposer la « propriété intellectuelle » sur l’internet, ou dans la guerre envers le General Purpose Computing. En ce sens les transhumanistes étatistes échouent à atteindre les idéaux transhumanistes à cause de leur peur sous-jacente de la liberté et des prolos sur-capacités.
À un niveau philosophique il est impossible de réconcilier la posture du transhumanisme qui vise à augmenter notre agentivité dans nos corps et environnement avec une défense des institutions sociales oppressives qui réduisent fortement notre agentivité.
Cette différence de valeurs surgit dans un ensemble de différences. Nous sommes bien enclin.e à laisser les états et capitalistes monopoliser le contrôle ou le développement de nouvelles technologies et nous soutenons une résistance sérieuse à la fois à une attaque sur leurs infrastructures centralisées ainsi qu’à la libération de leurs recherches et outils pour tous le monde. Tuer Google est d’importance capitale.
Enfin il y a un courant décevant dans les cercles transhumanistes non-anarchistes qui se focalise sur le développement de l’intelligence artificielle plutôt que la libération et l’encapacitation des milliards d’esprits déjà existants sur cette planète. Si nous voulons une explosion d’intelligence alors le meilleur chemin vers cela serait la libération et l’empouvoirement de tous les Einsteins potentiel.les actuellement piégé.es dans des taudis, favelas, mines à ciels ouverts et champs du monde. De plus il est assez horrible de voir que l’approche par défaut face à l’IA consiste à dire « comment pouvons-nous la contrôler/réduire en esclavage le plus efficacement possible ? ». Si nous devions produire de tels enfants, iels mériteraient compassion et liberté.
<b>En quoi est-ce que l’anarcho-transhumanisme diffère de l’accélérationisme de gauche (L/ACC) ou du Fully Automated Luxury Communism / Communisme de luxe entièrement automatisé (FALC) ?</b>
Nous ne sommes pas marxistes mais anarchistes et ainsi notre analyse va un peu plus profondément que la simple économie politique. Les anarchistes se focalisent sur la domination et les contraintes à tous les niveaux, pas juste le macroscopique ou l’institutionnel. Et en tant qu’anarchistes nous ne voulons pas seulement une société sans classes, nous voulons un monde sans relations de pouvoir – notre analyse éthique s’attaque aux dynamiques de pouvoir interpersonnel ce qui inclus des dynamiques plus complexes, subtiles, informelles ou même des relations mutuelles de domination et de contrainte.
Bien que nous partagions les aspirations pour un monde où les efficiences de technologies mènent à un monde d’abondance libéré de l’écrasement du travail il est impossible aux anarchistes d’accepter leurs prescriptions « verticalistes ». Nous nous opposons pareillement à l’immédiatisme court-termiste mais voyons dans les détails de leurs « stratégie » les mêmes vieux réflexes marxistes suggérant le désir d’établir une élite qui managera la révolution/société.
Cette allégeance les mènent à sympathiser et à mal identifier des aspects de notre monde, suggérant que certaines structures corporatistes et étatiques reflètent des hiérarchies nécessaires plutôt que des cancers gaspilleurs élevés par la violence systémique et supprimant activement la science et le développement technologique.
Plus largement le marxisme partage la tendance troublante avec son rejeton idéologique le primitivisme, de parler en termes mystiques par des abstractions macroscopiques comme « le capitalisme » ou « la civilisation ». Dans leur analyse, ces entités sont imbues d’une sorte d’agentivité ou d’intentionnalité et tout ce qui est à l’intérieur d’elles est vu comme une dynamique constituante servant un plus grand tout, plutôt qu’en conflit ou réarrangeable. Ceci va souvent empêcher aux deux idéologies de voir des aspects d’un monde meilleur grandissant dans l’enceinte du vieux monde, ainsi que des opportunités pour un changement et une résistance significative qui ne sont pas juste des ruptures totales cataclysmiques.
<b>Est-ce que l’anarcho-transhumanisme intersecte avec le véganisme ?</b>
Très fortement ! Des biohackers anarchistes ont travaillés sur des projets pour réussir à produire les enzymes laitières critiques à la production de fromage – met juste de la levure dans une cuve tiède avec du sucre et laisse leschoses se faire ! D’autres ont par exemple travaillé sur la production artisanale d’algues qui produisent des protéines et glucides à partir de la lumière du soleil plutôt que l’agriculture conventionnelle, éliminant les aspects meurtriers de l’opération de tracteurs.
Encore plus loin, sur le long terme, après le réensauvagement de la majorité de la planète, une gestion plus consciente de nos écosystèmes pourrait nous amener à faire quelques modifications pour réduire la souffrance nette. Ou même découvrir comment parler aux dauphins et les convaincre d’arrêter d’être des gros connards violeurs.
<b>Comment est-ce que l’anarcho-transhumanisme addresse les questions des personnes handicapés/ aux capacités différentes et les personnes qui ne sont pas neurotypiques ?</b>
Comme on s’y attendrait, les positions transhumanistes et anarcho-transhumanistes sont de laisser un milliard d’architectures physiques et cognitives fleurirent ! Nous voulons radicalement attaquer et retirer les stigmatisations et normes sociales contraignantes pour qu’une plus grande diversité d’expériences puissent être vécues sans oppression. En même temps, nous voulons aussi procurer aux gens les outils pour exercer un contrôle sur leurs corps, esprits et conditions de vies. Il devrait revenir à tout un chacun de déterminer ce qui constitue un empêchement oppressif dans leurs propres vies… ou bien quelque chose qui constitue une part de leur identité et expérience de vie unique.
Finalement nous cherchons à brouiller et interroger les distinctions entre « handicap » et « augmentation » ainsi que celles entre « désir » et « besoin ». Aucune « base de référence » ne devrait être normalisée de manière oppressive.
<b>Pourquoi la couleur bleu ?</b>
Le bleu a une longue histoire en tant que symbole du futur. Le bleu est la couleur du ciel et des océans, des horizons distants à explorer. Le pigment bleu est très rare à l’état naturel, et les roses et fleurs bleues représentent plus généralement l’artificiel, le futuriste, l’espoir et l’infini. Le bleu est plus généralement la couleur caractéristique utilisée dans la science-fiction.
Le bleu connote également l’accélération et la vitesse, avec les couleurs « décalant vers le bleu » lorsqu’un.e observateurice accélère en direction d’un objet.
Bien sûr, plus simplement et évidemment, nous avons choisi le bleu il y a de cela une décennie parce que c’était la seule couleur sur la rouge chromatique des écoles anarchistes qui n’avait pas été choisie. Nous voulions établir et définir nos idées et aspirations d’une manière qui ne suivait pas les oppositions rouges vs verts classiques des années 90. Il était important de nous différentier des courants plus conventionnels du syndicalisme et du communisme, sans essayer de nier ou de dominer des représentations existantes de ceux-ci. Beaucoup d’entre nous sont entousiastes à propos d’aspirations classiques partagées par Kropotkin et Bookchin, d’autres sont des post-leftists intensément critiques de l’organisationalisme et de la rigidité idéologique, d’autres viennent de traditions orientées vers les marchés comme le mutuellisme. Mais beaucoup de ces différences sont orthogonales à notre focalisation partagée sur les conditions physiques et les moyens technologiques.
Le débat le plus intéressant ne porte pas sur des systèmes économiques du XIXème siècle mais sur comment nous voulons vivre dans l’univers et quelles valeurs nous devrions adopter en accord avec cela. Dans le combat entre verts et bleus nous sentons qu’il est particulièrement intéressant que les primitivistes aient choisis la couleur de la terre et nous celle du ciel.
Bien sûr il faut noter que dans beaucoup d’autres contextes le symbolisme de couleur peut varier, par exemple quand un parti politique exprime son orientation à travers une couleur, le bleu est souvent revendiquer par les conservateurs. Mais dans d’autres spectacles étatistes on trouve d’autres appropriations chromatiques par des enfoirés déplorables. Le noir repris par les fascistes, le rouge par les tankies et les nazis. Le rose par les social-démocrates. Nous ne ressentons pas le besoin de nous soucier des schémas de couleur internes de nos ennemis, pas plus que eux ne ressentent le besoin de le faire par rapport à nous. Nos politiques sont évidemment l’exact opposé de celles du conservatisme.
source : http://blueshifted.net/faq/
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