Le jour où j’ai entendu cette phrase, mon égo de personne fumeuse (mais pas mécontente d’avoir arrêté d’imposer mes comportements alcoolisés à mes potes) a pris un coup. Oui, j’avais vaguement conscience avant que que la clope pourrissait pas mal la vie des gen.tes qui y consentaient pas vraiment. Mais là ça m’a un peu fait l’effet d’une bombe. Rien à répondre, je reste coit.e, et prend la claque.

J’ai pas arrêté de fumer, mais cette phrase me revient régulièrement en tête. Du coup, je gère ma culpabilité de pollueureuse en essayant de faire un peu plus gaffe à ce qui ce passe autour de moi. Et j’me véner sur des blagues pro clope, même si j’me surprends à en faire encore. J’me véner sur les gen.tes qui font pas l’effort d’aller fumer dehors, quand illes ne savent clairement pas si tout le monde autour est partant pour une session d’enfumage collectif. J’me véner surtout dans ma tête d’ailleurs, j’voudrai avoir plus le courage d’aller prendre la tête aux personnes qui fument en soirée, histoire que ça soit moins d’autres qui aient à le faire.

Je suis fumeureuse, je sais ce qu’est une addiction. L’addiction elle est dans le fait d’aller fumer dehors, par moins quinze ou sous la pluie, s’il n’y a pas d’autre choix. Et bien dans les espaces qui se veulent accueillants et moteur de réflexions pour que chacun.e puisse se sentir bien, ça serait logique qu’il n’y ait pas d’autre choix.

J’imagine déjà le scénar :
«  – Hey, tu pourrais venir à cette soirée, tu vas voir, c’est hyper chouette et bienveillant. Y a plein de fanzines, de la bonne musique, un stand de prévention des risques, de la bouffe végan et parfois sans gluten, des cocktails maisons avec ou sans alcool, le tout à prix libre, tu verras, c’est génial !
– […]
– Ah…T’es non fumeureuse et tu supportes pas l’odeur de la clope… Ben déso alors, ça va pas le faire… (Avec éventuellement un « T’sais, normalement les gen.tes font gaffe, mais bon là, il fait froid dehors…) »

Voilà. Je voulais une petite pointe de cynisme, elle y est. Parce que je ne peux pas m’empêcher de trouver ça dur de voir des potes quitter des soirées complètement blazé.es parce que c’est irrespirable. Peut – être que les addicts de la nicotine ne réalisent pas. Mais j’en doute fort. J’crois surtout qu’en soirée on est là pour se faire plaisir, qu’on a surtout pas envie de se priver. Moi lx premièr.e. Avant de me priver de clope, aujourd’hui de me priver de la compagnie de personnes qui n’ont pas envie de subir nos clopes. J’doute pas qu’il y ait un fort truc social et socialisant aussi, mais j’ai pas envie de me lancer dans une analyse ici.

J’veux pas passer pour un.e donneureuse de leçon en ayant un ton trop agressif, et/ou (me) faire croire que je gère toujours ma nuisance pour les autres. Loin s’en faut. A des moments je suis bien content.e quand la clope dérange personne, ou quand lx pote prend sur ellui pour que j’me mette bien. Mais j’ai pas envie de laisser aux personnes qui subissent ça le soin de gérer cette merde. Alors j’écris ce texte. Comme ça la parole des permièr.es concerné.es peut parler d’autres choses pendant que j’prends le relai. Pas très original comme démarche, hein ? Faut croire qu’on a pas fini d’étendre le spectre des dominations/nuisances qu’on exerce les un.es sur les autres. Dans ma tête, le tabac (ou quoi que tu mettes dans ta clope/pipe/E-cigarette/…) entre dans ce spectre. On a mis un moment à y mettre l’alcool, et même si c’est pas non plus la teuf (haha..) de ce coté là, ça me paraît assez communément admis que si toi, ou tes potes pour toi, ne gérez pas tes comportements relous sous alcool, tu ne seras plus lx bienvenu.e en soirée. Et ben la consommation de clope, c’est pareil. Sois on la gère pour limiter les nuisances qu’elle engendre, soit on se casse !

Pour qu’on ait plus à se réjouir avec amertume qu’une soirée se passe dans une MJC* parce qu’au moins « là bas, ce sera non fumeur ». Bordel c’est triste.

J’voulais pas faire un fanzine alors je m’arrête là. Va falloir penser à arrêter d’imposer nos clopes aux autres (parenthèse sur le fait qu’on pense toujours aux enfants à protéger d’la clope, et pas à leurs complices qu’ont dix piges de plus, c’est quand même pas banal…) sous peine de (j’espère!) les voir nous faire manger nos mégots par la racine.

 

Ps : J’parle de soirée, parce que par là où je traîne, le reste du temps ça fait plutôt attention. Mais évidemment que le tabagisme sans consentement, c’est pas mieux le matin.

Pps : J’parle de consentement et de non consentement, pas sans me souvenir d’où, par qui et pourquoi ces pratiques/thématiques ont été visibilisées. Je ne veux pas les détourner, mais bien les étendre à plein d’autres domaines de nos vies.

A celleux qui rétorqueront qu’on a qu’à pas aller en soirée, nous répondrons :
« On ne lutte pas contre l’exclusion par l’inclusion mais bien par la destruction des forces qui excluent **».

Au passage, ça n’a rien à voir mais c’est l’occas’ et c’est gratuit, big up aux personnes qui ont subi des perquiz’s à Grenoble la semaine passée. Force et courage !

* Maison.. de je sais pas quoi. Bat géré par l’état, ou ses administrations.
** Librement inspiré de la brochure Comment détruire le monde – Breakdown Edition