Référendum d’initiative citoyenne ou révolution ?
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Gilets jaunesRévolution
Nous l’écrivions il y a quelques jours dans un texte qui a tourné : le RIC est une porte de sortie pour le pouvoir. Aujourd’hui, cette affirmation se vérifie. Les médias nous font bouffer du RIC matin, midi et soir. Pour autant, et en réalité nous le savons tous, rentrer chez nous avec le RIC, c’est retourner au chagrin, sans rien de plus dans le frigo. Mais alors, que faire ? Que proposer, vers où aller ?
Le RIC est une porte de sortie pour le pouvoir. Car on le sait bien, au final : le pouvoir ne nous donnera rien sur le terrain social. Ce qu’il nous a concédé jusqu’ici de plus gros est invisible, n’est pas une mesure en positif, c’est simplement le gel des prochaines mesures contre nous, suspendues le temps du mouvement.
C’est aussi une porte de sortie pour la partie du mouvement qui a peur d’elle-même, de ce qu’elle pourrait être amenée à faire pour gagner. Car la question que tout le monde se pose, c’est celle-là : jusqu’où devrons nous aller pour nous faire entendre, pour vivre mieux ?
Ce mouvement est dur. Les Gilets jaunes ont arrêté les voitures et camions en faisant barrage comme ils ont pu, parfois avec leurs corps. Quiconque est allé sur les ronds points le voit bien, le danger est présent, bien qu’on l’oublie, à se faire frôler par des voitures toute la journée. Dés le premier jour, une femme est morte. Le bilan s’est considérablement alourdi depuis. Et cela risque d’empirer, notamment car la police est d’une rare violence. Déjà, à Marseille, une vieille dame est morte, heurtée au visage par une grenade lacrymogène.
Ce mouvement est très violemment réprimé. Le pouvoir en place n’a pas hésité à menacer de mort les participants aux manifestations. Autoriser une manif tout en menaçant de mort ses participants est assez inédit comme pratique !
Mais ce mouvement tient. Les participants aux blocages sur les ronds points, aux manifs, ont tenu quand même. Malgré la répression, malgré les menaces, les amendes, les coups, les peines de prison ferme, les gilets jaunes ont tenu. Et dans ce climat tendu, nous avons avancé. Occupé la rue, mené des actions coups de poings… Jusqu’à faire trembler Macron.
Alors, le vertige ?
Quand on en arrive là, le geste de révolte qui est à l’initiative de ce mouvement reste comme suspendu, pris de vertige devant l’ampleur de sa portée. Car finalement, les mouvements sociaux, y compris 36 ou 68, se sont arrêtés, empochant des améliorations sociales. On pourrait causer de ce bilan, savoir si les mouvements d’alors ne se sont pas fait avoir, mais ce n’est pas le sujet. Ce mouvement n’a pas le luxe de cette question, il n’a rien obtenu, ou si peu, de la poudre de perlimpinpin. Il n’y a pas de « grain à moudre ». Nous avons face à nous une porte fermée à double tour. Les possédants ont jeté la clé. Pour sortir de notre cage, il faudra la fracasser : cela s’appelle une révolution. Et elle fait peur. On nous l’a tellement matraqué, qu’une révolution était dangereuse ! Tous les moments de remise en cause du pouvoir produisent de la peur. En 68, on appelait ça « le bloc de la trouille ». C’est une réaction logique, il s’agit d’un saut dans l’inconnu.
Le RIC est alors apparu, comme un moyen de s’épargner la révolution, plébiscité par nombres de gilets jaunes. Et sur le papier, on comprend cet enthousiasme. Un moyen de reprendre le contrôle à la base, sans risquer les coups de matraque, la répression. Le problème, c’est que les mêmes conditions qui font que nous n’avons rien obtenu jusqu’à présent conduisent aussi à penser que le RIC ne changerait rien : la classe possédante est prête à tout pour conserver son pouvoir social.
Que s’est il passé dans les autres pays ?
En Grèce, les gouvernements ont valsé. Les politiciens ont tous préféré démissionner qu’en finir avec l’austérité. Puis est arrivée l’alliance entre Syriza et ANEL, c’est-à-dire entre nationaliste et extrême-gauche. Et… Ils ont lâché comme les autres !
Pourtant, les grecs avaient répondu non au référendum sur l’austérité. Un référendum proposé par le gouvernement lui-même, mais qu’il n’a pu respecter. On retrouve des situations similaires en Argentine, en Espagne… Pourquoi ? C’est une question de force. Le pouvoir du capital, de l’argent, est une immense force. Face à lui, l’indignation, l’appel à la pitié n’est rien.
Songeons à la gravité terrestre qui tire tout corps vers le bas. Pour la contrer, on peut se plaindre tant qu’on veut, il nous faudra utiliser nos muscles, nous mettre en mouvement. Les muscles de cette société, ce sont les millions de prolos. La seule force capable de s’opposer à celle du capital, la voici. En temps normal, cette force est allongée, rivée au sol par le capital, qui la pompe comme un vampire. Avec ce mouvement, elle s’assoie et fait trembler le pouvoir. Reste à nous mettre debout : c’est la seule position d’où un combat peut être gagné. Et ce combat, nous n’en ferons pas l’économie.
En haut ils ne peuvent plus
Nous l’écrivions plus haut. La réalisation la plus importante du mouvement, c’est d’avoir stoppé les mesures contre nous pour un temps. Mais l’agenda est toujours là. Ce n’est pas par malveillance que les gouvernants nous imposent leur sales attaques. C’est parce qu’ils défendent le profit. Nous sommes à l’heure du flux tendu. A l’heure de l’austérité sans limite. A l’heure du grand appauvrissement.
Une époque du capitalisme où celui-ci n’a plus rien à lâcher. Ils n’arrivent même pas à nous donner trois sous sur le SMIC ! Nous l’écrivions au sujet du Brésil il y a peu, ce système vieux de deux siècles s’accroche à la vie avec la rage de la sénilité, ses mains serrées telles des griffes autour de notre cou. La prochaine crise approche et eux le savent. Toute mesure prise pour desserrer l’étau où nous sommes pris la précipitera. Précipitera les faillites, les krachs boursiers. Alors, tout est bon pour gagner du répit, gratter encore des bénéfices.
En bas nous ne voulons plus.
Nous sommes à bout. On a beaucoup parlé de goutte d’eau faisant déborder le vase. Mais ce n’est pas un vase, c’est un océan, où nous sommes en train de nous noyer ! Alors nous sommes tombés dans la rue et nous nous sommes aperçus que nous étions des millions. Que nous refusions d’avoir peur quand le pouvoir nous menaçait de mort. Que nous voulions continuer. En nous défiant de tous les représentants, toutes les instances à même de nous trahir. Mais nous en avons oublié une : nous-même. Car dans ce mouvement désespéré, le RIC est apparu comme une dernière planche de salut, un sursaut d’espoir.
Défions nous de l’espoir. L’espoir est une drogue qui intoxique. Qui amène à l’attente, que finalement tout s’arrange. Qu’on pourrait rentrer à la maison et attendre que tout aille mieux. Cela marche dans les fables. Mais dans ce monde-là, non. Dans ce monde, il nous faudra nous battre. Dans ce monde, les capitalistes n’auront que faire de nos votes s’ils ne vont pas dans leur sens. Souvenons-nous du Chili d’Allende, du coup d’état de Pinochet qui marque la fin de la tentative de réforme sociale. Souvenons-nous que chaque fois qu’on a dit aux exploités qu’il pouvait faire confiance à la démocratie, ils ont été écrasés. On nous dit que le RIC nous permettrait de faire passer les lois que nous voulons. Rappelons que ceux qui possèdent ce monde ne respectent pas ces lois. Rappelons que le passage de la démocratie à la dictature peut-être très rapide, si nous touchons aux intérêts des puissants. Et demandons-nous si le RIC nous protègera de la répression.
Alors, nous en appelons à tous les partisans du mouvement. Toutes celles et ceux qui se sont levés, et qui dans la lutte se sont retrouvés. Et nous leur disons : ne nous arrêtons pas, RIC ou pas RIC. Ayons confiance en nous-même. Seuls les exploités ont les ressources pour stopper la catastrophe en cours. Nous sommes face à un monstre à plusieurs visages. Celui de la misère, de l’exploitation, de la destruction de ce monde. Il a pour nom capital, et grandit à chaque minute en dévorant nos vies. Nous ne le stopperons pas avec des bulletins de vote.
La révolution, le mot est vertigineux, comme un pic immense qui touche le ciel. Mais de la haut, les étoiles sont plus proches, et l’air est pur. Alors ne cédons pas à la peur et au repli. Parlons d’amplifier le mouvement. Reprenons les ronds points. Explorons les pistes de l’extension de ce mouvement, comme celle de la grève. Elle fait son chemin, cette question. C’est que là ou elle est posée par les salariés, les patrons tremblent.
Osons lutter. Osons vaincre.
P.-S.
Article connexe :
https://paris-luttes.info/non-a-la-ricuperation-11284
Sur la question de la grève :
http://www.19h17.info/2018/12/16/droit-de-reponse-la-greve-pour-respirer/
Sur le « concept » de Révolution :
https://paris-luttes.info/sur-le-concept-de-revolution-11318
« Gel des prochaines mesures » ? Macron a annoncé qu’il allait faire la réforme du chômage comme prévu, qu’il repoussait vite fait la réforme des retraites. Que les réformes qu’il avait déjà faites serait pas discutables (genre abolition de l’ISF etc). Parlons même pas de ce qu’il a fait avant d’être président (loi travail etc). Perso j’ai pas entendu qu’il gelait quoi que ce soit. Il a filé 100 balles et 1 mars ok, mais il a rien gelé.
Déjà, vu le caractère totalement contradictoire des différentes expressions des Gilets jaunes, dire qu’il s’agit d’un « mouvement » relève d’emblée de l’abus de langage.
Ensuite, si ce « mouvement » n’a rien obtenu, c’est surtout parce qu’il n’exerce aucun rapport de force face à l’Etat ! Il a mis le gouvernement de Philippe dans la mouise, mais c’est surtout du fait de l’aveuglement des ministres. Pour le reste, comme le dit le commentaire précédent, le pouvoir n’a rien cédé du tout !
« Ce mouvement tient ». Ah bon ?!? Ils sont combien à « tenir »? Très, très peu. Alors non, ce « mouvement » ne « tient » rien du tout ! Et il ne gagnera plus rien que des coups ! Parce que s’il y a quelque chose de vrai dans ce texte, c’est que la répression est dure. Donc maintenant, ceux qui vont s’entêter – pas « tenir », s’entêter – vont en prendre plein la poire, et c’est déjà en cours.
Quant à l’utilisation du terme « révolution », il faut être clair : une révolution est une revendication politique positive, un but, une alternative à la société actuelle. Il n’y a rien de tout cela dans les Gilets jaunes, c’est bien pour cela qu’ils sont totalement impuissants et que le pouvoir, à travers le RIC, va les instrumentaliser CONTRE la classe ouvrière.
Donc la chose la plus intéressante qui puisse se passer, c’est que ce pseudo-mouvement disparaisse, le plus vite possible. Il est maintenant une entrave au mouvement social et à l’émergence d’une véritable alternative à la société capitaliste.
Le CCI avoue ses ambition, qui n’ont pas varié : que « ce pseudo-mouvement disparaisse, le plus vite possible ».
On ne peut pas être plus clair : dans la plus pure tradition stalinienne, soit on prend la tête d’un mouvement, soit on le dénigre par tous les moyens, même les plus abjects, jusqu’à le faire disparaître.
Si le mouvement « n’exerce aucun rapport de force face à l’Etat », que peut-on dire du rapport de force que peut exercer le CCI, même en s’alliant avec ses innombrables scissions ?
D’ailleurs, toujours les méthodes staliniennes, ça n’empêche pas le CCI qui veut que le mouvement « disparaisse », de s’afficher honteusement en marge des manifs pour y distribuer ses tracts. On exècre le mouvement dans indymedia, mais on essaie de l’utiliser dans la rue pour sa propagande : on appelle ça comment ?
La moindre des honnêtetés politiques serait de leur dire « rentrez chez vous, vous avez rien à foutre là, vous servez la bourgeoisie », mais c’est pas ce que j’ai lu dans vos tract.
La révolution, of course !
« »Déjà, vu le caractère totalement contradictoire des différentes expressions des Gilets jaunes, dire qu’il s’agit d’un « mouvement » relève d’emblée de l’abus de langage. » »
C ‘est exactement la définiton de la mouvance anarchiste .
En plus de détester tout le monde, le CCI déteste tout particulièrement les anarchistes.
On ne peut pas lutter contre l’instinct !
…de foutre une discussion en l’air ! Comment on fait ? On demande à l’expert 12h16 : on attaque celui qui parle et pas ce qu’il dit, et on lui attribue des positions délirantes, qu’on s’amuse à ridiculiser ensuite. Tout un art !
Donc, un : je ne suis pas le CCI, pas la peine de me faire porter son chapeau !
Deux : les « méthodes staliniennes du CCI » n’ayant pas l’ombre d’une réalité, peut-être que 12h16 pourrait nous expliquer ce dont il s’agit ! Je pense qu’on va attendre longtemps une explication…
Trois : le « rapport de force » contre l’Etat ne peut être que celui d’une classe sociale, le prolétariat. Ça ne peut aucunement être le fait d’une organisation… ni de la petite-bourgeoisie qui gangrène les Gilets jaunes, ce qui explique les drapeaux tricolores, la Marseillaise, les revendications anti-migrants, celles contre les taxes et les charges, qui n’ont rien à voir avec des revendications prolétariennes !
Je signale au passage qu’une organisation pour le coup très stalinienne, le NPA, SOUTIENT PLEINEMENT les Gilets jaunes. Il va falloir être un peu cohérent…
Bon, on reprend les questions :
– en quoi les « Gilets jaunes » seraient-ils un mouvement, vu le caractère complètement hétéroclite de leurs expressions et revendications, et leur refus de toute unité ?
– Où les Gilets jaunes ont-ils établi un rapport de force avec l’Etat ?
– En quoi les Gilets jaunes sont-ils un acquis pour le mouvement social, prolétarien et révolutionnaire ?
Dès que 12h16 aura répondu à ces questions, on pourra examiner en quoi sa critique du CCI a une quelconque valeur. En ce qui me concerne, les réponses, je les ai données un peu plus haut.
il ne faut n’avoir jamais été sur un rd point pour sortir ce mensonge :
ni de la petite-bourgeoisie qui gangrène les Gilets jaunes,
mensonge,plus malhonnéteté intellectuelle!
et tu donnes des leçons politiques ,rigolo !!
tu n’aimes pas ce que tu n’as pas initié,ce que tu ne contrôles pas,ce que tu ne comprends pas,qui ne crie pas toutes les 5 minutes,vive Bakounine.
tu seras toujours loin du peuple,des souffrants,ta révolte n ‘est que bavardage sectaire,sans volonté de comprendre