La détermination des gens à contester, bousculer, bordéliser nous a tou·te·s remonté·e·s comme des pendules. Après moultes hésitations nous ne faisons plus semblant d’aller nous frotter à la rue. Pourtant il reste des éléments dérangeants, des choses qui ne passent pas…

Ça y’est au final on y est, avec ou sans gilet, plus ou moins actif, mais clairement il y a une participation. Comment faire maintenant pour ne pas tout avaler, pour ne pas se faire déborder par l’enthousiame et laisser de côté à la fois des gens, des attentions et des principes. Nous nous sommes dit que ça valait le coup de partager nos doutes et nos craintes pour savoir comment agir et ou réagir.

Drapeau français et Marseillaise

C’est une constante du mouvement, un incontournable, il faut supporter ces symboles de la nation française un peu partout. Bien évidemment que tout ce qui est « français » n’est pas à l’extrême droite. D’autant qu’à plein de moment le mouvement n’est pas tout blanc et parfois même moins que le milieu militant plus classique. Pourtant quand on parle de problème sociaux, politiques et économiques, la tentation de l’unité nationale est un réel danger. C’est bien la République universelle, la disparition des frontières, la solidarité internationale qui doit nous servir de boussole. Couvrons les Marseillaise par des slogans en faveur des réfugié·e·s, lançons les débats pour ne pas laisser de place à des solutions nationales. Il serait bon aussi que chacun·e fasse circuler les informations sur la présences réelle des groupes fascistes organisés. Il nous faut des informations fiables pour savoir comment agir.

Confusionismes et démocratismes

Le Référendum d’Initiative Citoyenne monte de plus en plus comme LA solution miracle à tous nos problèmes. En effet, enfin nous pourrions avoir droit au chapitre. Le peuple pourrait dicter sa conduite au élite. En plus d’être porté par des confusionistes aux accointances louches comme Chouard [1], c’est une machine à perdre. L’analyse qu’en fait La classe en gilet jaune, qui revient sur l’expérience suisse et d’autres référendums en Europe, est très juste et mérite d’être lue intégralement. Pour résumer, c’est, d’une part, ouvrir une porte à Macron pour s’en tirer à bon compte sans rien lâcher en monnaie sonnante et trébuchante, et d’autre part c’est une machine à perdre. « Ce dispositif est avant tout un bon moyen pour créer de l’agitation sur de faux problèmes de société. En revanche, quand il s’agit de ce qui compte vraiment, nos conditions sociale, de vies, de travail et donc qui met en jeu les profits des riches capitalistes, alors plus question de laisser passer ! C’est qu’au final, on est en plein dans la politique politicienne avec ces dispositifs. Et que ce n’est pas notre domaine. C’est logique, qui d’autres que les politicards ont intérêt à nous dire que la solution est dans les urnes, alors que nous sommes de plus en plus nombreux à nous abstenir, et avec raison ! »
Ensuite, si le refus d’une représentation pour les gilets jaunes a été massif à l’AG de sesquière du dimanche 9 décembre. Le refus du système représentatif est moins claire. Bon tout le monde n’est pas obligé d’être anarchiste, mais ce décalage entre refus de la représentation et volonté que le gouvernement nous écoute peut être une question interressante à poser.

Un “apolitisme” orienté

Les groupes Facebook ne sont pas si ouverts que ça. On a vu comment le RIC prend une place phénoménale en très peu de temps, a contrario essayer de faire passer un article de IAATA.info ou même de Bastamag sur le groupe Facebook Blocage 17 novembre Toulouse est impossible en dehors des commentaires. Et ce même quand il s’agit d’un compte rendu factuel sur les comparutions immédiates, par exemple. Il ne s’agit pas de crier à la censure mais c’est une façon d’orienter la lutte et de lui limer les ongles et les dents. Si nous ne nous préoccupons pas collectivement des inculpé·e·s et des condamné·e·s nous ne pourrons pas continuer. La répression n’est pas un accident c’est l’outil de l’État pour nous faire rentrer à la maison.

Une inclinaison de classe pas consommée

Il semble bien que l’aspect poujadiste des Gilets Jaunes soit aujourd’hui quelque-peu dépassé. La grogne contre « les taxes » a partiellement fait place à une colère sur les conditions de vies, les salaires et pour la dignité face au pouvoir jupiterien qui n’interagit que par la violence policière ou sociale. Quelques scènes de la première AG des Gilets jaunes qui s’est déroulée à Sesquière le 9 décembre interrogent néanmoins : là où une personne qui prennait la parole en se présentant comme syndicaliste était huée, une autre qui se disait patron et élu à la Chambre de commere n’a suscité quasi aucune réaction. Sans en tirer trop de conclusion ça nous semble montré la confusion qui règne encore sur cette dimension.

Notes

[1] voir l’article que nous avons posté récemment sur le bonhomme.