Vérité et justice pour aboubakar fofana !
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Catégorie : Local
Thèmes : Quartiers populairesRacisme
Le 3 juillet, lors d’un contrôle d’identité dans le quartier populaire nantais du Breil, Aboubakar a été abattu par un CRS d’une balle tirée à bout portant. La CNT 44 exprime tout son soutien à sa famille et à ses proches.
Loin d’être une bavure, ce meurtre s’ajoute au sinistre décompte de 478 morts depuis 1977, au cours ou suite à une intervention policière. Le rapport de juin dernier de l’IGPN, la police des polices, relève qu’entre 2016 et 2017, l’usage de l’arme a feu par des policiers a augmenté de 54% !
La CNT dénonce le principe de présomption de légitime défense dont jouissent les policiers par défaut, et qui leur permet de tuer en toute impunité. Si cette fois la vérité semble apparaître au grand jour (le CRS ayant avoué avoir menti, parlant désormais de « tir accidentel »), attendons de voir si justice sera faite pour Aboubakar, ou si la police bénéficiera de l’impunité comme dans l’écrasante majorité des affaires impliquant des policiers commettant violences ou meurtres.
Exceptionnellement, ce CRS coupable, trop indéfendable, sera peut-être condamné, la justice faisant exemple d’un cas exceptionnel pour mieux blanchir tous les autres assassins.
La CNT soutient et s’associe à la révolte qui a animé les quartiers depuis la mort d’Aboubakar Fofana, et condamne la répression violente et systématique, ainsi que l’occupation militaire dont ils font l’objet : il faut absolument étouffer la colère des classes dangereuses.
Enfin la CNT condamne l’attitude de la mairie de Nantes et de la société publique de transport TAN, qui ont fait le choix d’isoler totalement le quartier du Breil en n’y faisant plus passer un seul bus, d’instaurer un couvre-feu le 5 juillet, pour mieux faire taire la marche blanche qui était organisée ce jour-là, en invoquant le prétexte d’une « incivilité » commise, bel euphémisme pour décrire un crime d’État !
Depuis les émeutes de 2005, gouvernants et élus locaux mènent en même temps un politique d’éteignoir via les relais de contrôle social et une répression la plus sévère, quotidienne, décomplexée. Sans jamais rien régler de la rage face à une société inégalitaire, raciste et autoritaire.
CNT 44
Sincèrement heureux que la CNT ne reproduisent pas les erreurs de nombreux « libertaires » et léninistes en 2005, construisant une distance rédhibitoire avec les émeutiers et les émeutières.
Par contre, par pitié, arrêtez avec ces appels à la justice et la vérité – comme les collectifs du même nom. Vous maintenez l’illusion d’une justice et d’un Etat neutre, là où il sanctionne un rapport de domination de classe et raciste. Nous n’avons rien à attendre de l’Etat dans ces histoires. Ni justice, ni vérité.
si la cnt était anarchiste cela se saurait
Les notions de vérité, de justice servent l’appareil d’état (et le flic dans nos cerveaux ) ACAB
Vous n’avez rien de mieux à foutre depuis vos petits PC dans vos petits apparts d’anarcho-geeks blancs dont vous ne sortez jamais, rien de mieux à foutre que de venir emmerder les personnes qui luttent en chipotant sur du vocabulaire. Vérité et Justice, c’est la demande des proches. Déso si c’est pas dans le lexique des anarcho-puristes. Allez crever.
Un commentaire de faf a été caché.
Il en reste deux en tête de ce fil
« ce que demandent les proches » … oh la belle excuse à tout !
Anarchiste solidaire, heureux de voir le sens de la mesure qui habite les logiques identitaires que tu portes. On finit par en prendre l’habitude… Alors en gros, ce qui prime c’est notre prétendu foutu génotype, et pas ce que l’on dit. Si justice et vérité est demandé par des proches, ça oblige à ne pas dire ce que l’on pense d’une revendication qui ne me convient pas. Et quand des proches appellent au calme on fait comment ? On ferme nos gueules de prétendus blancs pas suffisamment déconstruits pour accepter le recours à une justice, qui c’est bien connu, elle, n’est pas blanche et encore moins de classe…
C’est un discours qui se mord la queue. C’est fou ce nombre de gens qui postulent à parler au nom d’une classe, d’une race ou d’un genre ou d’un peuple… Et qui intiment à ceux et celles qui ne parle qu’en leur nom de se taire ! Ca sent plus la tradition autoritaire qu’anti-autoritaire et politique qu’anti-politique.
Et en quoi dire cela c’est être « insu ». Tout discours dissonant sur le pouvoir, l’Etat, le réformisme ou la critique des logiques identitaires qui agitent le milieu sont assignés à une identité politique à laquelle tu nous assignes. Vous êtes si nombreux et nombreuses à être tellement friands d’assignations que vous les étendez en tout. Quant à être « insu », est-ce un tare ? Peut-on être révolutionnaire en faisant l’impasse sur l’insurrection ?
Quant à aller crever, ça nous arrivera tous et toutes bien assez tôt ! Pour ma part, je te le souhaites le plus tard possible, et si possible dans un monde où tu n’éprouveras plus le besoin d’assigner tes contemporains et contemporaines à leur supposé genre, race ou classe sociale. Bref un monde où nous aurons fait voler tout cela en éclat…
c’est qu’on préfère le mensonge et l’injustice – chacun son camp, pas de milieu
« Il en reste deux en tête de ce fil »
J’imagine que c’est notamment de mon commentaire dont il est question. En un seul commentaire tu atteints déjà le point Godwin…
Tu comprendras aisément que je ne pousserais pas davantage la discussion avec ta pomme, puisque tu es si perspicace à démasquer le Gruppengroup Fuhrer que je suis. Mais un Gruppengroup Fuhrer insu cela va de soi…
Allez béco,
« Si l’on exige ni justice ni vérité, c’est qu’on préfère le mensonge et l’injustice – chacun son camp, pas de milieu »
La justice et la vérité dont il est ici question et celle de l’Etat !
Quant à chacun son camp… Il y a des moments historiques où les anarchistes et une bonne part des cénétistes espagnols y ont perdu des plumes. A force de front commun on finit rapidement avec une balle dans la nuque…
« La justice et la vérité dont il est ici question et celle de l’Etat ! »
Ce n’est que toi qui le dis.
La justice n’est pas toujours celle de l’État, mais elle se réfère toujours à une autorité extérieure aux individus. Elle peut être divine, on a pu voir le carnage qu’on généré les appels à la faire régner, et ce déjà bien avant les croisades. Elle peut être étatique, et celle-là on la connaît bien. Elle peut aussi être bolchévique, et on se demande si dans ce cas elle vaut bien mieux que l’étatique. Elle peut aussi consister à mettre dans des coffres les gens qui critiquent trop durement ou trop réellement.
Dans tous les cas elle se réfère à un corpus idéologique tiers et supérieur aux individus qui l’appellent de son nom. Tous les gens qui utilisent ce terme la voit comme quelque chose de plus élevé que nous, quelque chose qu’on devrait respecter plus que les individus auxquels elle s’applique.
Ce concept n’est pas compatible avec l’anarchisme qui postule qu’aucun représentant, qu’aucun système de valeurs, qu’aucune loi écrite ou implicite n’est supérieure à nous autres simples mortel·le·s. C’est la réussite du système que de nous observer criant ses mots d’ordre à lui plutôt que de simplement hurler notre soif de «vengeance».
Quant à la vérité, il n’est pas besoin d’avoir beaucoup suivi les cours d’histoire pour comprendre qu’elle est bien souvent à géométrie variable, et reste un prétexte pour justifier toutes les insanités. Pourquoi réclamer la «vérité» ? Quelle «vérité» y a-t-il que l’on attende ? Nous connaissons déjà la vérité, ce flic a assassiné aboubakar parce que c’est un flic raciste cow-boy dans un système policier et étatique qui encourage ses comportements tout en le blanchissant en «justice». Qu’est-ce qu’on peut bien attendre de plus ? Que nos ennemis valident cette version ? Et qu’est-ce que ça peut bien nous faire d’être d’accord avec nos ennemis sur la question des faits qui se sont passés ? Ne nous fions-nous pas à nous-même, à tous les témoignages et à notre intuition propre pour savoir ce qu’est la vérité ? Il n’y a pas à la réclamer à l’état, le terrain de bataille est manifestement ailleurs.
«Vérité et justice» est un slogan purement réformiste, qui réclame qu’on punisse les coupables (pour le coup, les coupables physiques, pas le système tout entier), pour que tout continue comme avant, quand on aura enfin su la «vérité». Mais la vérité est limpide, et la justice n’est qu’un mot pour dire qu’on peut pas prendre les choses en main nous-même et appliquer la réponse que l’on trouve adéquate. C’est un mot qui nous place dans l’expectative, dans l’attente, à l’opposé exact de la théorie anarchiste de l’action directe et du refus de la représentation.
parce que le pur « anarchisme » exigerait de « simplement hurler notre soif de «vengeance» » à partir de quelques certitudes générales, il faudrait se désolidariser des proches d’Abou ?
Bon les intello, fini de se chamailler? Il est temps de passer a la pratique la..
Difficile de rester crédible pour une organisation qui n’a toujours pas pris clairement position sur une autre affaire d’injustice, qui certes ne s’est pas conclue par un mort mais qui reste quand même intolérable pour qui est épris de justice: le viol par un membre de la CNT. Le texte défendant un violeur et mettant en doute la parole de la victime figure toujours sur le site officiel de la CNT. Tant que ce texte n’aura pas été retiré du site officiel je boycotterai tout ce qui émane de la CNT. Même si je suis d’accord sur le fond.
Et concernant Aboubakar: ACAB, empathie et solidarité avec toutes les victimes, des flics et des violeurs.
Pour info, la position de la CNT 44 (auteure du présent texte) sur ce sujet : http://www.cnt-f.org/ulnantes/spip.php?article147
Ce texte n’a pas pu passer sur le site national…
« »parce que le pur « anarchisme » exigerait de « simplement hurler notre soif de «vengeance» » à partir de quelques certitudes générales, il faudrait se désolidariser des proches d’Abou ? » »
Les certitudes n’ont rien de générales,elles ressortent d’un constat de fait et d’analyses sur l’état et sa justice.
elles sont justes.Et précises.
*Et en quoi les « proches » auraient raison à priori? et notre lutte contre l’état devrait être sous la censure de la famille? ha ben bien heureusement que cette famille n’est pas « bien pensante » sur l’état et la justice on serait bien barrés !
Bravo pour la position de la CNT 44. Tu as raison de souligner que, alors que la position des défenseurs du violeur figure toujours sans problème sur le site officiel de la CNT la position des défenseurs de la victime n’y figure toujours pas.
Que ce soit concernant les flics tueurs ou les violeurs, par « justice » (sans majuscule) en tant qu’anarchiste je n’entends évidemment pas « sanction pénale ». « justice » sans majuscule ça signifie seulement avoir une position claire sur ce qui s’est passé; soutien aux victimes et leurs proches (pas forcément la famille…), colère et mépris envers les coupables.
Dans le cas du viol à la CNT on ne demande pas la prison: seulement que la CNT retire ce communiqué nauséabond de son site officiel et le remplace pourquoi pas par celui de la CNT 44? Que la victime et toutes les autres victimes de viol se sentent comprises entendues et soutenues, que les violeurs soient clairement tricards dans les milieux militants.
Rien à foutre de la demande des proches !
Cet argument est une soumission / résignation
Il est excellent votre texte sur le violeur de la CNT. J’ai adoré la fin en mode menaces:
«Notre syndicat n’envisage pas de continuer à militer dans une confédération où la sécurité de tou·te·s n’est pas garantie, et en particulier où les femmes ne seraient pas en sécurité. Nous prendrons nos responsabilités selon les orientations décidées dans les temps à venir par la CNT sur ces questions.. Nous espérons que la CNT sortira grandie de cette affaire, en affirmant un réel positionnement féministe.»
Mais là, ça fait quoi, quasi un an et demi que ça s’est passé, et que la CNT n’a pas changé d’un poil sa position. Quand est-ce que vous avez prévu de quitter cette confédération du coup ? Vous leur laissez une petite dizaine d’années pour se décider ? Mais vous êtes vraiment des guignols ! (bon, vous êtes à la CNT, on s’en doutait un peu)
Ce texte de position c’est vraiment juste pour arriver à dormir tranquille en se disant «moi au moins j’ai raison» mais sans jamais appliquer de conséquences réelles suite à ses menaces. Mais les menaces pour qu’elles restent crédibles nécessitent d’être appliquées de temps à autre (bon ok, là c’est des menaces de clampins, mais d’autant plus)
C’est vrai au fait, vous en discutez encore au moins encore un peu à la CNT? Est-ce que la position de défense de la victime est minoritaire? Vous comptez faire quoi si l’omerta devait continuer?
Le sexisme en milieu militant n’est malheureusement pas l’apanage de la CNT. Les réactions de défense de l’institution, on retrouve ça tout pareil à la CGT. Suffit le lire l’enquete de médiapart parue fin juin : » Violences et agissements existes. L’affaire que la CGT a étouffé ». A la CNT, la révélation du viol a montré, et ça aussi a été violent à encaisser, qu’il n’y avait pas de procédure dans un tel cas, que chaque syndicat décidait tout seul. En l’occurence, le syndicat d’appartenance du gars l’a défendu, blanchi, tout en salissant la victime. C’était assez trash, mais statutairement il n’y avait pas de recours. La CNT est une confédération, les syndicats y ont leur autonomie. D’où plusieurs réactions : soit se barrer, soit voir ce qui peut encore être tenté jusqu’au bout pour remuer cette inertie. Des féministes nous ont convaincu en faisant remarquer que c’était toujours elles qui devaient quitter les organisation quand ça craignait. D’où ce temps long, trop long, jusqu’au prochain congrès, seul capable d’instaurer de nouvelles regles collectives, des trucs de bon sens d’exclusion temporaire, d’enquete par une commission indépendante (ni des potes ni des ennemis de l’agresseur, du violeur), parallèlement au soutien à la victime.
Entre temps on a mené de nombreuses assemblées de discussion sur le sujet (on reste ou on se barre), organisé des sessions de formation sur le patriarcat, eu recours aux camarades du Théatre de l’Opprimé.e avec qui on a monté deux scènes de theatre-forum sur le sexisme parmi les militants.
A la CNT,comme à la CGT ou dans d’autres groupes, les resistances existent, sous pretexte que le feminisme ça va bien cinq minutes mais faudrait pas se laisser envahir par ça, qu’il y a plus important, quand même. C’est là-dedans qu’on est, pas si différent que dans le reste de la société. On a considéré, et on peut tout a fait nous le reprocher, que tout n’était pas perdu et qu’en tous cas, on en pouvait pas jeter l’éponge avant d’avoir essayé. Si on perd on claquera la porte. On ne sait pas si on aura la majorité des syndicats, beaucoup ne sont pas exprimés, soit ne comprenant pas les enjeux soit n’ayant pas assez de forces militantes pour se plonger dans cette réflexion pourtant salutaire.
Bien sûr des viols il y en a partout. Logique que la CNT ne soit pas à l’abri. Ce qui devrait différencier une organisation se revendiquant antisexiste serait la réaction de cette organisation dans son ensemble.
Autonomie des syndicats: on avait compris, puisqu’au moins DEUX (seulement deux!) d’entre eux ont pris la peine de s’exprimer publiquement pour défendre la victime. Et ils n’ont pas été virés pour ça, ouf!
Malgré tout la parole officielle de la CNT n’a pas changé; c’est bien sur le site OFFICIEL de « LA » CNT (dans son ensemble – en tant qu’entité globale) que figure toujours cet ignoble texte défendant le violeur et mettant en doute la parole de la victime! Et tant que ce texte figurera sur le site OFFICIEL et GLOBAL de la CNT, toutes les déclarations contre le sexisme, les séances de théâtre de l’opprimé, les débats en interne… tout ça ne pourra pas contrebalancer ces faits têtus: les communiqués de défense de la victime ne figurent toujours pas sur le site officiel, le communiqué enfonçant la victime et défendant le violeur y figurent toujours.
Pourquoi? Les syndiqués n’ont-ils aucune possibilité d’influer sur ce qui se publie sur leur propre site officiel?
…dans cette brochure : https://cnttds31.noblogs.org/
Extrait de la brochure en question:
« Le 22 novembre 2017, soit seulement neuf jours après l’annonce du viol en congrès, un syndicat parisien influent demande à sa région l’exclusion d’adhérentEs « qui instrumentalisent la question de la lutte contre le sexisme dans leur action destructrice et délétère ». Il se trouve, quelle coïncidence, que trois de ces huit adhérentEs avaient participé au recueil du viol et à la dénonciation de propos homophobes puis sexistes (de la part d’un adhérent fils et neveu de deux cénétistes historiques) et qu’un quatrième a déjà été agressé par Michel. On leur reproche également d’avoir comptabilisé les présences et interventions d’hommes/femmes, de n’avoir pas ouvert le recueil du viol à quiconque voulait se faire un café, et bien entendu, les « lourdes et graves accusations à l’encontre d’un membre de la CNT ». Fait exceptionnellement rare au sein de la CNT, ces huit adhérentEs seront effectivement excluEs le 5 décembre, soit seulement 22 jours après l’annonce du viol en congrès. Le motif aura entre temps été modifié : elleux se seraient auto-excluEs en se réunissant sans autorisation… La bureaucratie stalinienne n’aurait pas trouvé mieux.
Il est à noter que ce syndicat parisien demande dans le même courrier la « mise en sommeil » de la commission antisexiste, alors que par la suite, les exclusions seront présentées comme n’ayant aucun lien avec la question de l’antisexisme, bien entendu !
Il est intéressant de noter que dans l’affaire du viol, l’accent a été mis sur l’impossibilité statutaire d’intervenir depuis l’extérieur du syndicat sur un adhérent violeur, alors qu’il n’a posé aucun souci de s’arranger avec les statuts pour qu’une région exclue plusieurs camarades féministes. L’une des camarades exclues continuera par la suite à être surveillée, plusieurs captures d’écran de son compte Facebook seront envoyées à tous les syndicats par des membres du Bureau Confédéral, et elle sera même prise en photo par l’un d’entre eux lors du rassemblement du 24 juin 2017. »
Oui c’est bien que la CNT 44 ait pris position. Mais une seule fois et puis fini c’est pas assez. Quand on lutte contre un exploiteur on se doit d’être un minimum opiniâtre. Là on a l’impression qu’après cette seule déclaration vous êtes passés à autre chose.