1 – Le Défenseur des Droits confirme que ces armes sont particulièrement dangereuses. Depuis 2007, nous recensons plus de 50 personnes gravement mutilées au visage, ayant perdu un œil, ainsi que deux morts, suite à des tirs de LBD 40. Des centaines d’autres ont été blessées à des degrés divers par des balles en caoutchouc. Le bilan a été particulièrement lourd ces derniers mois, avec deux adolescents mineurs qui ont perdu un œil à Cachan et Asnière-sur-Seine, et un décès à Auxerre. En novembre, une manifestante nantaise frôlait l’amputation de sa jambe suite à un tir policier. Le LBD 40 est une arme mortelle et mutilante.

2 – Le Défenseur des Droits n’émet que des avis symboliques. Le président de l’assemblée Nationale, François De Rugy, s’est empressé de le rappeler en précisant que ce rapport «n’engage en rien l’Assemblée ». Cela fait des années que le Défenseur des Droits produit des rapports mettant en lumière les violences policières, et que simultanément, le gouvernement arme d’avantage ses forces de l’ordre et que ces violences s’aggravent dans l’impunité généralisée. S’il n’est pas suivi d’effet, ce rapport n’a qu’un rôle cosmétique.

3 – Il y a quelques années, le Défenseur des Droits préconisait l’abandon du Flash-Ball, la première génération d’arme tirant des balles en caoutchouc. Le gouvernement avait répondu qu’il le remplaçait par le LBD 40, beaucoup plus puissant et plus précis. Aujourd’hui, le Défenseur des Droits prône l’abandon du LBD 40, alors que de nouvelles armes encore plus dangereuses sont données aux forces de l’ordre. Par exemple le PGL-65, qui équipe déjà les CRS, une sorte de fusil mitrailleur qui permet de propulser en rafale des balles en caoutchouc et des grenades sur des civils. Du reste, il n’est désormais plus exceptionnel de voir un policier sortir une arme de service dans une situation de maintien de l’ordre. Le changement de doctrine induit par les Lanceurs de Balles a banalisé, pour les policiers, le fait de tirer sur des individus. 

Nous continuons de nous battre contre le processus de militarisation de la police, et l’impunité dont jouissent les membres des forces de l’ordre auteurs de violences. Les décisions de « non-lieu » qui viennent d’être rendus suite aux décès de Rémi Fraisse, à Sivens et d’Hocine Bouras, tué d’une balle dans la tête dans un véhicule de gendarmerie, en sont les exemples les plus éloquents.

L’Assemblée des Blessés par la police, Nantes, 11 janvier 2018

[Photo : un policier brandissant un LBD 40 lors d’une manifestation à Nantes]