Critique du nationalisme et du patriotisme « de gauche »
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Catégorie : Global
Thèmes : Libérations nationales
Les notions de nationalisme et de patriotisme, souvent confondues, s’invitent encore dans le paysage de la gauche française, avec le mouvement mélenchoniste notamment. De même le mouvement catalan, à un point de bouillonnement intense à l’heure où ces lignes sont écrites, nous rappelle tristement que le nationalisme, le régionalisme sont toujours revendiqués par des mouvements se déclarant de gauche. D’aucuns s’étonneront de l’appropriation à gauche d’idées conçues par beaucoup comme de droite. Il convient donc de rappeler l’évolution de ces idées et celle de leur utilisation par la sphère politique, afin de remettre en cause l’idée reçue selon laquelle nationalisme et patriotisme sont l’apanage de la droite. Mais bien plus, il s’agit de montrer en quoi ces notions sont contradictoires avec l’humanisme universel porté par les mouvements de gauche.
Avant d’être une idéologie, le nationalisme est une attitude, la notion apparaît ainsi à la fin du XVIIIe siècle, dans la bouche des contre-révolutionnaires et de certains révolutionnaires modérés, pour dénoncer les excès du patriotisme jacobin. C’est donc bien le mouvement jacobin qui au départ exprime son nationalisme au travers d’un patriotisme exacerbé en usant avec insistance des notions de « Patrie » et de « Nation ». Mais ce sont les circonstances qui l’exigent, c’est-à-dire la guerre. Le nationalisme n’est alors qu’un pragmatisme. La fierté nationale naît en effet de la confrontation à l’étranger, elle se nourrit de l’opposition aux Prussiens, aux Anglais. Le début du XIXe siècle ne fait qu’enraciner cette idée dans la gauche française, résolument nostalgique de l’ère napoléonienne et des idéaux révolutionnaires.
Le nationalisme ne devient vraiment une idée revendiquée par la droite que bien plus tard, même si l’ensemble du XIXe a permis à la droite monarchiste de côtoyer et de cohabiter avec l’idée de patrie et de nation. La rupture se situe véritablement à la fin du XIXe siècle avec la crise boulangiste, qui marque l’effondrement d’une gauche bonapartiste et revancharde et avec l’affaire Dreyfus qui permet la réappropriation de l’idée de nation et de patrie par la droite monarchiste avec des figures comme Paul Déroulède ou Charles Maurras. Le nationalisme devient véritablement une idéologie et le patriotisme une de ses manifestations. La gauche, elle, conserve des contours patriotiques avec les radicaux siégeant à l’assemblée dans les années 1870. C’est l’exemple d’un Clemenceau résolument revanchard ou d’un Jaurès qui allie républicanisme réformiste et idées sociales, ouvrières et révolutionnaires.
La Première guerre mondiale, que l’on a voulu voir comme un consensus politique pour la défense de la Patrie à travers l’expression « d’Union Sacrée », renforce cet état de fait. Cet exposé historique sur les idées nationalistes et patriotiques cultivées par la gauche pourrait se prolonger jusqu’à nos jours et précisément jusqu’au mouvement mélenchoniste, mais ces quelques exemples devraient suffire à illustrer la présence des notions de patriotisme et de nationalisme à gauche. Aujourd’hui Mélenchon multiplie, avec grandiloquence et sans éviter de grossières erreurs, les références à un passé glorieux et à des personnages français d’importance. Il défend la vision d’une France forte à l’international et toujours prête à tenir tête aux autres nations du monde.
Et c’est là que cela devient dangereux. Oui ! Ne nous laissons tomber pas dans un tel passéisme, dans une telle exacerbation des « valeurs » soi-disant françaises. Même le monde militant a ce travers. On peut bien sûr se remémorer les grandes luttes ou les grands moments de cohésion militante, à l’image de la Charte d’Amiens. Mais à trop s’en gargariser, on en vient à négliger ou à sous-estimer notre capacité d’action actuelle. De la même manière il faut s’opposer à toutes les tentatives de réappropriation des notions de « Patrie » et de « Nation » par la gauche, à toutes les tentatives ostentatoires de célébration de la République.
Être patriote c’est affirmer que l’on est fier d’être Français et affirmer qu’un étranger n’a pas la même chance. C’est nier qu’un étranger puisse être fier de son pays en le rabaissant, souvent par ethnocentrisme (de façon inconsciente donc). C’est fantasmer une communauté de gens attachés à des mêmes valeurs, à une même culture et à un même territoire. C’est engager un bras de fer avec les autres pays qui se posent aussi en nations bien établies.
Le nationalisme actuel est d’autant plus pervers qu’il n’exprime pas un désir de se libérer d’une oppression : il manifeste un égoïsme, un individualisme et affirme l’existence d’une autonomie culturelle qui n’est qu’un fantasme. En cela l’autonomisme catalan, porté par la gauche républicaine formée en un parti bien structuré depuis 1931, est un exemple paradigmatique. À première vue, on pourrait s’en réjouir parce qu’il serait une énième manifestation de l’autodétermination des peuples. Mais à bien y regarder, c’est le souhait de l’entre-soi, d’un nationalisme provocateur et de l’autonomie d’une nation catalane construite de toutes pièces depuis les années 1980. Il n’a rien à voir avec les mouvements nationalistes d’Amérique latine du XIXe souhaitant l’émancipation du joug occidental, ou les mouvements anticoloniaux d’Afrique au XXe. Le mouvement indépendantiste catalan justifie son action en faisant émerger l’idée d’une véritable oppression espagnole sur la Catalogne, idée bien fantasmée*.
Nationalisme et patriotisme sont une négation de la solidarité entre les peuples même lorsqu’ils sont exprimés par des figures qui se réclament de gauche. Ils sont en contradiction totale avec l’humanisme qu’une personne de gauche devrait porter. Ils poussent à la compétition entre les peuples, qui ne sont jamais des ensembles aux contours fixes et aux cultures unifiées. Il n’existe pas plus de consensus catalan autour d’une même culture que dans les autres États du monde. Les notions de « leadership », d’hégémonie ne sont que des moyens de cacher des réalités plus crues, c’est-à-dire la domination et la confrontation qui régissent aujourd’hui les relations entre les États.
On pourrait tenter de justifier l’attitude de la France à l’international en invoquant l’agressivité des autres pays et ainsi feindre de ne faire que répondre aux machinations adverses. Mais ce serait négliger à quel point la France a mené, et mène parfois encore, la danse dans le partage colonial, la course à l’armement ou encore l’oppression des peuples. De plus, même contraint par le contexte international, l’État français peut se tourner vers l’entraide, s’il en a la volonté et s’il renonce à faire le jeu de la mondialisation telle que le capitalisme la conçoit. C’est cette incohérence de taille qui enferme aujourd’hui la gauche patriote et républicaine. Elle lui permet certes de trouver de nombreux soutiens et partisans, mais la mènera tôt ou tard, si ce n’est déjà fait, à faire marche arrière dans nombre d’autres domaines en ayant le souci de ne pas froisser l’orgueil français.
P.-S.
* Les accords de 1979 et de 2006 sont dans l’ensemble assez favorables à l’autonomie catalane. De plus, il ne s’agit pas de défendre ici l’Espagne post-franquiste mais avant tout de rappeler que le nationalisme catalan a érigé un ennemi pour mieux fédérer.
peuple ?
patrons + prolos unis ?
front populaire ?
aux chiottes !
En ce moment, on lit et on entend de tout sur ce qui se passe en Catalogne. Que dans le camp des « unionistes » (en France on dirait « jacobinistes ») transpire la haine, la revanche, le mensonge et l’oubli, rien d’étonnant. Mais que cela submerge également la gauche espagnole (PSOE, PCE et même PODEMOS par certains côtés) ou une partie de l’extrême-gauche espagnole, c’est inquiétant (NB : nous avons la même chose comme réaction en France).
Il est donc bon de rappeler aux militants communistes (et anarchistes) que le droit à l’autodétermination des peuples ne se négocie pas et n’est donc pas à géométrie variable ; quelque soit le peuple et les forces qu’ils choisissent pour y arriver. Si les militants communistes (ou anarchistes) n’ont pas le contrôle de cette lutte, c’est leur problème. On ne peut pas dire « attendez que nous soyons prêts pour mener cette lutte ». Ce qui compte c’est de déterminer si cette lutte pour l’indépendance fait obstacle ou non à la marche au communisme ; si elle représente un progrès par rapport à la situation du moment. Si elle fait obstacle, on s’y oppose en proposant une alternative supérieure. Sinon, on y participe au côté d la frange prolétarienne, en apportant une dimension sociale, progressiste et démocratique à cette lutte.
La décision finale appartient de toute façon au peuple au travers son vote. On pourra critiquer le résultat, mettre en lumière les dangers mais en aucun cas nous n’avons le droit, nous communistes (et anarchistes) de nous opposer au vote. Alors, que dire de la Catalogne ?
Tout d’abord il faut quand même se souvenir que la gouvernement monarchiste actuel est issue de l’entérinement du coup d’état de Franco via la Constitution de 1978. Constitution largement dictée par les forces phalangistes et l’armée à l’époque. Donc, quand les catalans indépendantistes (car il en existe beaucoup aussi unionistes) réclament une république, ils ne font que revendiquer la situation qu’était celle de l’Espagne avant ce coup d’état. Et cela est d’autant plus juste que cette république de 1934 avait été élue démocratiquement.
Il faut savoir qu’à l’époque de Franco est après, ceux qui portaient cette revendication indépendantistes en Catalogne appartenaient à des organisations de gauche et d’extrême-gauche et à des syndicats (NDR : malgré ce qu’on écrit ou dit, il y a des prolétaires de toutes origines dans le camp indépendantiste. J’invite les camarades à aller sur place sinon, à lire la prose des organisations révolutionnaires qui militent sur place). La bourgeoisie catalaniste n’a réellement rejoint massivement le camp indépendantiste que récemment, quand le statut d’autonomie accordée en 2008 (identique à celui du Pays Basque) a été en partie retoquée en 2010 par le Conseil Constitutionnel espagnol à la demande du Parti Populaire. bien sûr, il existait déjà dans cette bourgeoisie catalane des positions indépendantistes de droite, mais ceux et celles qui le défendaient ne militaient pas ouvertement à l’époque (ce qui explique à ce jour, la divergence entre l’ANC et la CUP). Enfin, s’opposer au droit à l’autodétermination, au prétexte (fallacieux) que c’est la droit catalaniste qui mène la danse, c’est quelque part être l’idiot utile d’un nationalisme espagnol, qui fleure bon le franquisme. A mon avis, les forces de gauches et révolutionnaires espagnoles devraient profiter de cette brèche pour réclamer le retour au régime républicain dont les espagnols ont été spoliés après le coup d’état de Franco et, pourquoi pas, une république fédérative, sociale et de progrès. Ce qui, en attendant un renforcement du camp communiste, nous mettrait sur la bonne voie en créant les conditions objectives. Or, là, on assiste à un statut-quo sur une situation monarcho-nationaliste et réactionnaire au bénéfice de la droite espagnole rance du PP et des phalangistes revanchards.
Il y a de fortes chances que les élections du 21/12 (assemblée de la généralité de Catalogne) voient la défaite du camp indépendantiste (toutes tendances confondues) et sans doute la victoire du centre droite (Ciudadanos). Le PSC (PSOE local) espère tirer son épingle du jeux et pour le Parti Populaire c’est la grande inconnue à ce jour. D’ici le 21/12, on va sans doute assister à des provocations des durs du camp unioniste, à la chasse aux sorcières indépendantistes.
Au minimum, il nous appartient à nous communistes (et anarchistes) français, d’apporter notre soutien au peuple catalan qui refuse le nationalisme espagnol et qui réclame une république.
Il est bon visiblement de rappeler au commentateur précédent qu’il ne fait que nous resservir ce que tous les staliniens, y compris trotskystes et maoïstes, nous ont toujours raconté pour justifier leur soutien à des cliques bourgeoises soi-disant « progressistes » contre d’autres : le « droit à l’autodétermination des peuples », contrairement à ce qu’il raconte, n’a jamais fait partie de ce que défendait le mouvement ouvrier, et c’est une des erreurs des Bolcheviks d’avoir soutenu ce mot d’ordre HISTORIQUEMENT BOURGEOIS, puisqu’il date des insurrections nationales de 1848 ! On va laisser Rosa expliquer ça mieux que moi :
« Assurément, dans tous les cas, ce ne sont pas les « nations » qui ont fait cette politique réactionnaire, mais seulement les classes bourgeoises et petites-bourgeoises, qui, en opposition complète avec les masses prolétariennes de leur pays, ont fait de ce « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » un instrument de leur politique contre-révolutionnaire. Mais – et nous touchons ici au nœud du problème -, le caractère utopique, petit-bourgeois, de ce mot d’ordre nationaliste consiste précisément en ceci, que, dans la dure réalité de la société de classes, surtout dans une période d’antagonismes extrêmes, il se transforme en un moyen de domination de la classe bourgeoise. Les bolcheviks devaient apprendre à leurs dépens et à ceux de la révolution que, sous le règne du capitalisme, il n’y a pas de libre détermination des peuples, que, dans une société de classes, chaque classe de la nation cherche à se »déterminer » d’une manière différente, que, pour les classes bourgeoises, les considérations de liberté nationale passent complètement après celles de la domination de classe. La bourgeoisie finlandaise, comme la petite-bourgeoisie ukrainienne, étaient entièrement d’accord pour préférer la domination allemande à la liberté nationale, dès que celle-ci devait être liée au danger du « bolchevisme ». »
Rosa Luxemburg ne faisait que souligner à quel point ce mot d’ordre pourri des Bolcheviks a pu coûter cher à la classe ouvrière partout où il a été appliqué, et ce n’est pas le reste de l’histoire du XXe siècle qui la démentira, puisque « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » a systématiquement été utilisé pour écraser la classe ouvrière partout dans le Tiers-monde !
Quant à l’affirmation que le « peuple » pourrait prendre une « décision finale » « au travers de son vote », on va juste demander à 23h58 depuis quand le « peuple » est autre chose que l’amalgame des bourgeois, petits-bourgeois et prolétaires, et où et quand la bourgeoisie ne décide pas du résultat des scrutins démocratiques ! C’est toujours la bourgeoisie qui gagne les élections, et pour cause : c’est à elle, ça lui appartient, la démocratie est un PRODUIT du capitalisme développé et de l’Etat. Lénine a écrit un très bon texte sur la question, ça s’appelle les Thèses sur la démocratie bourgeoise, ça a été publié au cours du premier Congrès de l’Internationale Communiste en 1919, mais il y a visiblement toujours des gens qui se disent communiste et ne l’ont pas lu :
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/03/19190304.htm
Mais de toute façon cette sinistre pantalonnade va bientôt prendre fin, et se montrer sous son véritable jour : une farce dont les dindons sont les prolétaires !
Ni Espagne ni Catalogne, lutte de classe !
Certains, dans les années 60 étaient aussi contre le « féminisme » car il dressait une partie de la classe ouvrière contre l’autre. Leur slogan c’était, non au féminisme, lutte des classes! Ils se sont de même opposés à l’indépendance de l’Algérie au nom du non au nationalisme qui divise les prolétaires algériens et français, lutte des classes! C’est une vieille rengaine qui un peu comme la Révolution est la solution à tout. Surtout la bonne solution pour ne pas chercher de solution.
Aujourd’hui ne pas défendre la partie du peuple catalan qui est réprimée c’est de fait laisser le gouvernement espagnol continuer à faire ce qu’il veut. Donc de fait considérer que le gouvernement espagnol opprime moins les prolétaires que ne le ferait le gouvernement catalan. C’est assez étrange comme positionnement.
Quant à ce qui est des écrits et des actes de Lénine le peuple russe et soviétique les a jugés depuis suffisamment de temps pour qu’on oublie ces sinistres pantins qui on noyé la belle idée de communisme dans des flots de sang.
La lutte de classe n’est pas que Lénine ( ou les marxistes marxien-ne-s)
Le nationalisme c’est caca !
Bien sur que la lutte des classes ce n’est pas que Lénine. Je répondais au post qui citait Lénine.
Mais même si la lutte des classes est une réalité elle ne doit pas servir à occulter d’autres problématiques. La disparition de toutes les frontières est certes l’objectif mais ne pas tenir compte des réalités c’est aller à l’encontre de ce pour quoi on se bat. Le militarisme aussi c’est caca, mais si les en 39:45 ou en 36/39 les gens n’avaient pas prit les armes et même dans le cadre d’armées régulières aujourd’hui on serait encore sous un régime nazi et tous les juifs et les opposants auraient été exterminés.Et pourtant l’antimilitarisme a été brandi par les libertaires pour refuser la résistance en 1940. Saut la CNT espagnole mais c’est une autre histoire.
La même chose pour condamner l’insurrection algérienne. A part la FCL personne chez les libertaires ne l’a soutenue. Ni au PCF d’ailleurs.
Donc parfois les prises de position simplistes et « dans la ligne » bah ça marche pas.
Cacalénine nous ressort la logique de la bourgeoisie dans sa réponse, ce que les révolutionnaires ont toujours entendu de la part de « leurs » exploiteurs : si tu ne défends pas mon camp, c’est que tu es avec celui « d’en face »! Mais le « camp d’en face », c’est tout autant celui du Capital et de la bourgeoisie que celui de « mes » bourgeois !
Ce n’est pas parce que le gouvernement de Madrid réprime celui de Barcelone qu’il vaudrait mieux défendre le second ! C’est la même chose sous une autre forme ; qu’est-ce que les exploités et opprimés ont à défendre en soutenant un groupe de capitalistes contre un autre ? Rien du tout ! Au contraire, ils ont tout à y perdre.
Ce qui nous ramène à l’Algérie, et à d’autres exemples bien plus actuels : chez les bellicistes, ne pas défendre un camp est forcément faire partie de l’autre, c’est ce que le gouvernement français disait à tous les pacifistes et révolutionnaires en 14/18. Ceci dit, concrètement, soutenir l’indépendance de l’Algérie, c’était détruire la lutte de classe, et c’est d’ailleurs bien ce qui s’est passé : les prolétaires algériens qui se sont trouvés embarqués là-dedans se sont retrouvés tout aussi exploités qu’avant, mais par des bourgeois « de chez eux »; qu’ont-ils gagné ? Rien, au contraire, ils ont tout perdu, toute leur expérience de lutte, toute leur indépendance de classe, toute la vision politique qu’ils pouvaient avoir, ils ont tout abandonné à « leurs » bourgeois et ont ainsi été livrés pieds et poings liés à leurs exploiteurs ! Et bien entendu ils en ont pris plein la gueule aussitôt « l’indépendance » arrivée !
On retrouve la logique bien bourgeoise du discours de Cacalénine sur la Seconde guerre mondiale, un archétype du discours antifasciste ; mais pour les révolutionnaires le Nazisme n’est pas un ennemi particulier, il est un ennemi tout autant que les autres bourgeoisies, et il n’a pu prendre son importance monstrueuse que parce que le mouvement ouvrier a été vaincu en 1917/23. Sans cette défaite, jamais Hitler n’aurait pu prendre le pouvoir, ni imposer une logique belliciste aux prolétaires allemands qui, rappelons-le, avaient par leur révolte arrêté la Première guerre. Sans la défaite de la Révolution russe, jamais Staline et les démocrates du genre Churchill ou Roosevelt ne seraient arrivés au pouvoir. On peut demander à Cacalénine ce qu’il sait exactement de la situation des internationalistes dans les années 30, lorsqu’ils se faisaient assassiner ou déporter aussi bien en Allemagne qu’en Russie, en France qu’au Mexique, en Espagne qu’en Italie. Qu’aurait fait Cacalénifiant ? Il nous aurait dit que l’important, c’est de combattre le Nazisme ! Exactement ce que tous les bourgeois de l’époque disaient, d’ailleurs, PCF compris ! Et c’est bien parce qu’ils n’étaient pas d’accord que les révolutionnaires se faisaient assassiner aux quatre coins de la planète par les Nazis comme par les Staliniens…
De toutes les façons, Cacalénine se retrouve là dans le même camp que les Churchill, Roosevelt, Staline, De Gaulle et consort : merci beaucoup, très peu pour moi ! Du reste, l’idée que nous serions encore sous un régime nazi sans la Seconde Guerre est une totale absurdité : le Nazisme répondait à une fonction particulière dans une période donnée, celle de préparer la guerre et de militariser à toute allure l’Allemagne, il est tellement inadapté à la situation actuelle que même Franco – pas vaincu en 1939, lui ! – a cédé la place à la soi-disant démocratie ! Et la soi-disant « démocratie » dispose de forces de répression qui n’ont rien à envier à celles de n’importe quelle « dictature »…
La Seconde Guerre n’a jamais eu pour but de détruire le Nazisme, mais de régler les comptes impérialistes entre grandes puissances, et notamment d’écraser une bonne fois pour toute l’impérialisme allemand qui prenait trop de place. Le coup de la « dictature » allemande qu’il fallait écraser, on nous l’a fait aussi en 1914, mais là, les prolétaires ont assez vite compris qu’on se moquait d’eux ! Ce qui n’a malheureusement pas été le cas en 39/45…
Démocratie et dictature sont les deux faces de la même pièce capitaliste, la même logique bourgeoise d’exploitation ; c’est sûr qu’on préfère être exploité à la suédoise que torturé à la syrienne, mais a-t-on le choix ? C’est toujours de toute façon de l’Etat capitaliste que l’on parle.
Alors, le « soutien » au « peuple opprimé » catalan est une vaste rigolade, la resucée nationaliste d’une vision bourgeoise usée comme un vieux fond de culotte ! On devrait soutenir les politiciens bourgeois catalans parce qu’ils se font taper dessus par Madrid ? Quant à ce qu’est exactement le « peuple » catalan, on va rire un bon coup : ce sont les paysans et les petits patrons politiquement complètement arriérés qui sont les principaux soutiens de l’indépendantisme catalan ! Pour détruire le capitalisme ? Non, bien sûr : pour exploiter les prolétaires à leur compte sans être embêtés par le gouvernement central ! En ayant moins d’impôts à payer ! En ayant moins de lois sociales à respecter ! En baissant les salaires ! En favorisant les bourgeois « nationaux » contre les importations de produits mondialisés ! On connaît cette musique…
Et c’est ça qu’il faut défendre ? Quelle rigolade ! Autant gueuler « vive le Capital national » tout de suite devant la Generalidad (avec un D, je ne parle pas le catalan !) de Barcelone !…
Refuser cette logique, c’est toute la différence qu’il existe entre nationalistes – et par conséquent bourgeois ! – et internationalistes. On est bien d’accord sur une chose : il n’y a aucune conciliation possible entre les deux…
« Il nous aurait dit que l’important, c’est de combattre le Nazisme ! Exactement ce que tous les bourgeois de l’époque disaient, d’ailleurs, PCF compris ! Et c’est bien parce qu’ils n’étaient pas d’accord que les révolutionnaires se faisaient assassiner aux quatre coins de la planète par les Nazis comme par les Staliniens… »
Cette seule phrase me suffit.
Si les Churchill et autres Staline (et je conchie tout autant l’un que l’autre) n’avaient pas fait le boulot comme disent certains et bah il n’y aurait plus aujourd’hui aucun révolutionnaire internationaliste de fer ni aucun juif vivant sur cette planète. Parfois il faut savoir faire des choix et être pragmatique. La belle tour d’ivoire c’est bien devant son ordi.
Itou pour l’Algérie: Les prolétaires algériens auraient plus perdu avec l’indépendance!!!!!!! Vive le colonies quoi.
Voilà ou mènent ces raisonnements abscons.
Les prolétaires algériens ont perdu car dans le conflit pour l’indépendance ils n’ont pas eut les forces nécessaires pour gagner, comme pendant la Commune ou la Révolution russe. Leur effort révolutionnaire a été vaincu comme il l’a été par les Versaillais ou les Bolchéviques. C’est tout. Ils ne sont pas restés les mains dans les poches à attendre en se disant que de toute façon régime tsariste ou gouvernement bolchévique c’est tout comme. Capitalisme privé contre capitalisme d’État.
Pour la Catalogne , qui bien entendu est très loin de tout cela c’est quand même une opportunité pour le mouvement ouvrier révolutionnaire d’avancer ses pions. Jusqu’où, tout dépendra de sa force. Il n’y a que dans les périodes de déstabilisation que quelque chose peut bouger.