Votre tribune, reprise désormais sur à peu près tout ce qui se rencontre en matière d’open-publishing francophone, laisse une impression très étrange. En effet, quelle violence !

Après le communiqué du collectif No Border de Rivesaltes datant lui aussi du 1er août, où votre départ était signalé, nous étions nombreuZxEs à nous interroger sur les difficultés rencontrées pour organiser cette Taz. Difficultés qu’on devinait bien, dans le contexte de restriction répressive qui s’accroit de semaine en semaine en France et plus généralement en Europe. On comprenait que le fait cette Taz ait été annoncée depuis plusieurs mois, ne signifiait pas pour autant qu’elle soit préparée comme le sont habituellment les grand’messes d’appareils.

La surprise au lire du sens de votre départ, c’est que vos raisons ressemblent fort à la déception face à une attente de cet ordre. Vous dites d’ailleurs que le souci de s’organiser suivant des principes d’autogestion ne relevait pas selon vous, des premières priorités.

Dans de nombreux collectifs de tous ordre, les personnes enfilent leurs godasses, astiquent leurs pouces pour aller à Rivesaltes.

On se dit qu’il faut qu’elles s’attendent à quoi au juste ? à quelque chose d’inorganisé, d’anarchique (sic), où le débat ne sera pas possible ? Et sur le fond ?
Votre crédo de « faire converger les luttes » justifie-t-il en soi qu’un rassemblement de cet ordre n’ait aucun intérêt, faute de pouvoir s’y consacrer ?
Intuitivement qu’en ressentir ? qu’une équipe de gens sans grands moyens, a décidé de réunir un maximum de personnes se sentant concernées par les différentes déclinaisons du problème de frontière. Grand et vaste sujet, proposé à ré-appropriation par celles et ceux qui l’éprouvent, le désapprouvent, s’y retrouvent enferméEs.

Sans vous connaître on imagine très bien le boxon pénible duquel vous êtes échappées. On s’étonne d’autant que depuis des mois vous n’ayez même pas pensé à alerter sur le sujet…

Se retrouver à quelque individuEs isoléEs pour préparer une mobilisation massive, c’est le type même de l’exercice casse-gueule, on est d’accord.

Toutefois était-il pertinent d’interpeler comme vous le faites les lectrices et lecteurs qui passent, sans interpeler aussi, de manière clairement explicite, les personnes qui le vivant elles aussi, on décidé de continuer et tenir ?

Vous reprochez à ces personnes de n’avoir pu débattre sur le fond et c’est un reproche sérieux qui vaut qu’on le pèse. Mais dans ce cas qu’est-ce qui vous empêchait de publier sur le sujet depuis le départ de cette demande, plutôt que de ne le faire qu’à trois semaines de la TAZ, alors que vous décidez de ne même pas y participer ?

Soyez alors plus claires. Quelle est votre intention en publiant cette tribune au dernier moment ?

Entendez vous sciemment décourager les volontaires à se rendre à Rivesaltes ? Dans ce cas l’exposé que vous faites reste extrêmement ambigu sur ce qu’en dehors de l’aspect matériel, elles et ils devraient en redouter.

Quant à l’exposé politique, s’il se concentre sur des dysfonctionnements et désaccords manifestes dans l’approche d’opposition et de lutte, il demeure certainement insuffisant pour décourager à manifester contre les ravages libéraux et les stratégies d’enfermement d’aujourd’hui.

Vous semblez vous-même dans un brouillard assez épais, exprimant en particulier que ces dix jours auraient pu d’une certaine façon permettre d’avancer sur des problématiques des très long terme comme celle de « repenser nos modes et méthodes d’intervention » ou « mettre le vieux monde à la casse ».

On n’a jamais lu dans le projet que celui d' »un campement pour la liberté de circulation et d’installations, et pour s’opposer au contrôle social sur toutes les personnes avec ou sans papiers« .

Pour qui fonctionne en électron libre ou en petit collectif, ces motifs suffisent. Non qu’il faille certes aller camper dans un coral comme des boeufs américains sans envisager d’y penser, d’y réfléchir et communiquer.

Mais il apparaît que ce que vous dénoncez en fait de dérives militantes, ben on le retrouve dans votre argumentaire sur le stakanovisme en matière de débats intensifs et autres attentes d’AGs et craintes de perturbations par la popotte… alors ?

Le seul point sérieusement inquiétant dans votre argumentation, c’est celui du risque d’exposer des sans-papier. Et le paradoxe c’est qu’utilisant internet, vous découragez en priorité celles et ceux qui y ont accès et pas obligatoirement les personnes concernées. En somme vous prenez le risque en publiant de démobiliser toutes celles et ceux qui, se rendant physiquement à Rivesaltes, pourraient justement prévenir leur exposition excessive…

Bon ben tout ceci pour répondre un peu à la trainée de poudre que répend votre texte depuis sa parution sur A-InFos.
Et pour compatir aussi vis-à-vis des personnes qui n’ont ni décidé de vous suivre ni d’annuler.

Aux Elétronnes et Electrons sans frontières de décider :)