Révolution ou terrorisme ?
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Tous, par-delà nos différences. Car non seulement les propos de Jann Marc ont été déformés sciemment par le pouvoir politique, médiatique et judiciaire, non seulement il s’en est très clairement expliqué en reconnaissant sincèrement qu’il s’était exprimé maladroitement et que son propos pouvait prêter à confusion, puis en proposant de lui-même une autre formulation sans malentendu possible, mais surtout Jann Marc a toujours répété haut et fort son désaccord le plus total avec les jihadistes qu’il a toujours qualifiés d’ennemis, au même titre que le pouvoir qui s’acharne sur lui.
Jann Marc, ni aucun d’entre nous, n’a la moindre affinité avec les théocrates purulents et leurs serviteurs zélés, aussi réactionnaires qu’inégalitaires, exactement aux antipodes de nos désirs d’émancipation et d’égalité sociale.
Ni dieu ni maître. Ni capitalisme ni djihadisme. Que dire de plus ?
Une chose encore, qui est sans doute la plus importante. En agissant ainsi, le pouvoir a un objectif précis : continuer sa fabrique dans l’opinion d’une jonction — pourtant totalement imaginaire — entre terroristes intégristes et révolutionnaires anticapitalistes. Les éditocrates l’ont clairement annoncé : l’ennemi, c’est le terrorisme « islamo-gauchiste ». Hollande y a fait lui aussi allusion, récemment, aux côtés de Merkel, en demandant à cette dernière un renforcement européen dans la lutte « contre tous les terrorismes. » La confusion est totale, elle est volontaire et elle a besoin de noms, de coupables, d’exemples.
Jann Marc est de ceux-là. Sa liberté, à nouveau menacée, n’est que l’instrument d’un pouvoir qui joue quotidiennement avec les humains, qui les maltraite, qui les fourvoie, qui les massacre aussi, ne l’oublions pas, diversement, ici et ailleurs, et qui vient ensuite nous faire la leçon, nous parler de terreur, quand c’est lui qui sème la peur à longueur d’année, ciment de son édifice.
Car dans cette confusion, ce que le pouvoir oublie de dire, c’est que des révolutionnaires comme Jann Marc ne s’attaquent jamais à des innocents : ni l’insurgé grec qui tient un pavé ou un cocktail Molotov dans sa main face aux serviteurs zélés du pouvoir qui viennent piétiner ses initiatives autogérées et arrêter ses compagnons, ni le rebelle zapatiste qui lève son arme pour ne pas obéir aux injonctions de l’état mexicain, ni la camarade kurde du Rojava qui combat à la fois les troupes de l’état turc et celles de Daesch, ni même le jeune ouvrier anarchiste Caserio qui, en 1884, ose assassiner l’arrogant et ignoble président Sadi Carnot pour défier tous ceux qui cherchent à nous dominer.
Le terrorisme, ce n’est pas ça. Le terrorisme, c’est semer la terreur dans la société, en frappant aveuglément dans la population, quels que soient les motifs invoqués. D’ailleurs, remarquons que les terroristes de Daesch ne s’attaquent jamais à nos dirigeants, mais à des innocents sans pouvoir particulier, jamais à leurs homologues fascistes en France, qui pourtant répandent un racisme dévastateur à l’égard des musulmans, mais des personnes qui au contraire défendent notre diversité.
A l’inverse, frapper précisément le pouvoir sans jamais toucher aux innocents — quoiqu’on pense de cette stratégie, qu’on soit d’accord ou pas — ce n’est pas du terrorisme, c’est une forme de guerre sociale, d’action politique, de lutte révolutionnaire. Une forme qui a marqué l’Histoire, parmi d’autres.
Le pouvoir est aujourd’hui devenu tellement autoritaire et violent qu’il a de plus en plus peur de la riposte populaire. Il sait que, tôt ou tard, par trop d’arrogance, par trop de souffrance, par trop d’humiliation, certains choisiront de le frapper à la tête, de plus en plus nombreux. C’est inévitable et il le sait.
La confusion que sème le pouvoir, en sacrifiant Jann Marc sur l’autel du mensonge, n’a pas d’autre but : essayer de détourner l’opinion de la colère légitime qui un jour le détruira, d’une façon ou d’une autre.
Courage Jann Marc, mon ami, mon camarade, par-delà nos différences.
Yannis Youlountas
http://blogyy.net/2016/06/25/revolution-ou-terrorisme/
Procès de Jean-Marc Rouillan: “Je suis contre la France et contre Daech”
“Dire que Jean-Marc Rouillan s’est présenté “combatif” à son procès est un pléonasme. Car le combat semble gravé dans les gênes de l’ancien leader d’Action Directe, condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité pour des assassinats. Ce vendredi, c’est pour apologie d’un acte terroriste qu’il comparaissait devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le 23 février dernier, il déclarait au mensuel satirique marseillais Le Ravi et sur les ondes de Radio Grenouille avoir trouvé que les djihadistes “s’étaient battus courageusement…
http://www.lesinrocks.com/2016/06/25/actualite/proces-de-jean-marc-rouillan-suis-contre-france-contre-daech-11849596/
Qui est renseigné sur les engagements passés et présents de Jean-Marc Rouillan ne peut penser un seul instant que ce dernier puisse défendre, de quelque façon que ce soit, ce que représentent Daesh et l’EI. À moins d’un soudain excès de folie. Et de folie il n’est pas question ici, l’écoute de l’entretien donné sur Radio-Grenouille ce 23 février confirme, si besoin est, de la lucidité du gars. Sur ce point-là déjà soyons rassurés, sa fidélité à son combat de militant communiste révolutionnaire contre toute forme d’impérialisme, contre toute forme de pouvoir étatique se construisant sur la contrainte des corps et des esprits, reste vive, déterminée, et joyeuse.
Ce qui donc mérite d’être étudié, sont les raisons de cette furie médiatique : comment se construit-elle (organisation des mensonges et des approximations), dans quel contexte, pourquoi…
Car si la phraséologie produite par les rouages communicationnels de la domination est vulgaire, et surprend par son obscénité, derrière chaque nouvelle poussée de l’obscène une intelligence est à l’œuvre contre notre liberté d’expression.
“Lorsqu’on écoute cet entretien, on comprend très vite que le hiatus n’est pas, à proprement parlé, sur ce qui se dit sur Daesh (grosso modo, interviewé et intervieweurs sont d’accord sur l’inacceptabilité de ce que propose cet « état » islamique et des moyens employés). Par contre, ce qui pose très vite problème, est le refus de Jean-Marc Rouillan d’accepter le cadre même de la discussion proposée (qu’être contre Daesh ne peut signifier qu’être du côté de ce contre quoi Daesh se mobilise, c’est-à-dire la France démocratique) et l’assignation qui, conséquemment, lui est faite : être un porte-parole de cette démocratie blessée.” […]
https://nantes.indymedia.org/articles/34004
Et une réaction où l’on voit Claude Guillon faire à l’avance le travail du procureur.